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Ecrit par Farida IB


Cassidy…


Je relis le contrat de visa que je viens de dater et signer sous la mention lu et approuvé avant de le remettre à un agent de cabinet de visa à Dékon (centre-ville). Il y jette un coup d’œil rapide. 


L’agent : c’est parfait, je vais d’ores et déjà entamer la procédure.


Moi : il faut combien de temps pour obtenir le visa ?


L’agent : comme je l’avais dit à votre amie, il faut attendre trois à six mois. 


Moi écarquillant les yeux : tant que ça ? Ça ne peut pas se faire en deux ou trois semaines ?


Saliha : si on te trouve un travail avant oui.


L’agent confirmant : effectivement.


Moi affaissant mes épaules : j’aurais préféré que ça se fasse dans un bref délai.


L’agent : nous verrons comment nous conformer à vos attentes. Ici nous mettons un point d’honneur sur la satisfaction de nos clients.


Saliha : donc c’est moi qu’on ne satisfait pas, personne ne m’a servi un tel discours quand j’étais venue.


Moi : lol la jalouse.


L’agent (lui faisant un sourire rassurant) : ce n’est pas ça, vous n’avez pas fait cette doléance.


Saliha : considérez donc que c’est fait. 


L’agent sourire enjôleur : votre doléance est prise en compte mademoiselle (s’adressant à moi) je voudrais que vous sachiez avant tout que le contrat que vous venez de signer est un contrat synallagmatique qui fait obligation de résultat avant tout paiement. Toutefois, vous allez donner une avance pour qu’on puisse gérer les frais de démarchage au Koweït et bien évidemment les frais d’envoi de dossier.


Moi plissant les yeux : tout ça fait parti des 500.000 n’est-ce pas ?


L’agent : l'avance oui, les frais de dossiers sont à part et s'élèvent à 50.000 F. Votre amie ne vous en a pas parlé ?


Je me tourne vers Saliha qui fuit mon regard.


Moi : elle a omis ce détail important.


Saliha : ça m’a échappé.


Moi la toisant : tu m’étonnes !


L’agent : ce n’est pas grave, il faut préciser que cette somme prend en charge les frais de procédure, d’assistance, de suivi et de prestation intellectuelle. Et surtout qu’elle est non remboursable quelle que soit l’urgence inhérente au dit contrat.


Moi : ok ça me va, tant que j’obtiens ce visa.


L’agent : vous pouvez nous faire confiance sur ce point. Si vous êtes prête nous pouvons passer au guichet.


Moi : bien sûr, allons-y.


Je m’occupe de ça au plus vite et nous quittons le cabinet après une dernière petite mise au point. Nous nous posons devant une boutique fermée.


Moi à Saliha : comment est-ce que tu as pu oublier les frais de dossiers ? Imagine un peu si je n’avais pas plus d’argent que prévu.


Saliha (la tête baissée) : je n’ai pas eu besoin de les payer moi, enfin j’ai payé ça autrement.


Moi : tu…. Nan ???


Elle hoche la tête.


Moi (ton réprobateur) : tu vas faire ça toute ta vie ? Payer des choses avec ton corps ?


Saliha haussant l’épaule : si c’est ce qui me permet d’avoir ce que je veux pour le moment.


Moi : tu penses un instant à Moustapha ?


Saliha faisant la moue : qu'est ce qui prouve qu'il est sage là où il est 


Moi (sur le ton d'indignation) : ce n'est pas une raison ! Sali ça n'a pas de sens. 


Elle hausse simplement les épaules, le je-m'en-foutisme de cette fille me dépasse parfois. Je souffle et change de sujet.


Moi : à ce qu'il paraît, je viens de faire un pas décisif vers ma liberté.


Saliha taquine : vers ta fuite oui.


Moi (riant de concert avec elle) : comme tu dis, mais j’ai un réel souci avec le délai de prestation.  Comment est-ce que je vais pouvoir échapper à Georges les trois ou six prochains mois ?


Saliha : on trouvera bien quelque chose, pour le moment tiens-toi juste à carreau. Ce type est capable du pire.


Moi hochant la tête : tu as raison.


Saliha : wep, bon la suite c’est quoi ?


Moi (la fixant le sourire au coin) : j’étais justement en train de penser à ton programme d’hier. Et si on le suivait simplement ?


Elle se lève d’un bond.


Saliha : qu'est ce que tu attends ?


Je me lève en riant et nous marchons en direction du boulevard. Nous arrivons devant le festival des glaces où nous  improvisons une séance photo près d’une belle caisse. J’ai profité de la vitre pour me refaire une beauté puis j’ai mis mes lunettes stylées pour taper des poses dignes d’un mannequin. Nous nous échangions les rôles et parfois nous les prenions ensemble. Bref, nous étions en train de vivre notre meilleure vie.


…. Mesdames, je peux me joindre à vous si vous voulez.


Moi gloussant : sans sou…


Saliha excitée : oh c’est lui !!!


Elle contourne le véhicule comme un éclair et va se jeter dans ses bras.


Saliha : le tout mignon, je suis  trop contente de te voir. Nous parlions de toi hier.


Armel l’air perdu : ah bon ?


Saliha : oui, elle t’a appelé en vain. (levant ses yeux sur moi) Vient Cassie, pourquoi restes-tu planter là comme une statut ? Je pensais que tu voulais le voir.


Moi les rejoignant : je n’ai jamais dit ça.


Saliha : rhhoo ne fais pas ta timide.


Je lui lance un regard appuyé qu’elle fait mine de ne pas voir.


Saliha l’air de rien : aller vient ! Ne fais pas attendre le tout mignon.


Moi à leur hauteur : bonjour,


Armel voix tendue : bonjour ça va ?


Moi : bien et toi ? J’ai tenté de te joindre, à plusieurs reprises sans succès.


Saliha intervenant : je vous laisse discuter, je vais prendre des photos à l’intérieur vu qu’on connaît maintenant le proprio.


Elle s’éclipse alors qu’Armel fait une drôle de tête.


Moi intriguée : c’est juste une impression ou tu n’es pas content de me voir.


Armel sec : pourquoi je devais l’être ?


Je lève le sourcil.


Armel : bon qu’est-ce que tu me veux exactement ? 


Moi : juste sympathiser, rien de plus.


Armel : non merci, je ne sympathise pas avec les putes à mon père.


Moi fronçant les sourcils : je te demande pardon ?


Armel : bah tu sors avec mon père non ? Tu es l’une de ses filles.


Moi larguée : quoi ???? Au grand dam de ma vie, je ne sors jamais les pères des gens. D’abord ton père, c’est qui ?


Armel : bah Fulbert Elli.


Moi sidérée : c’est ton père ???


Il hoche la tête l’air désarçonné.


Moi (faisant un signe de croix): que la vierge marie me préserve de sortir avec cet homme. (je le regarde) Pardon ! Ton père, je ne le blaire pas du tout, il m’a donné une mauvaise image de lui.


Armel : je comprends, t'inquiètes. Mon père c'est un homme bien en soi, c'est  son côté Fulbert qui le dérange souvent.


Moi amusée : si tu le dis ! C’est pour ça que tu snobais mes appels ?


Armel : oui, j’avoue et je m’en excuse. Il m’avait laissé croire qu’il avait main mise sur toi.


Moi ahurie : quoi ? Il est fou ? (me couvrant la bouche) Je suis vraiment désolée qu’il s’agisse de ton père.


Armel : c’est rien, je te dois aussi des excuses pour avoir tiré des conclusions hâtives.


Moi : on va dire que nous sommes quittes. Maintenant, tu peux décrocher quand je t’appelle.


Armel : je tâcherai !


On se regarde dans les yeux de façon fugace puis il baisse les yeux pour consulter sa montre.


Armel : euh (relevant sa tête)  il  faut que je retourne au bureau. 


Moi : ok.


Armel : je suis heureux de t'avoir vu et d'avoir eu cette conversation avec toi. J'espère que tu ne m'en veux pas pour les coups de fil laissés en plan. 


Moi : pas du tout, j'espère aussi  que notre rendez-vous tient toujours.


Armel (égrenant un sourire) : un de ces quatre !


Moi sourire entendu : en effet, un de ces quatre.


Il interrompt donc la séance de photos de Saliha qui lui fait la conversation un moment avant de consentir à le laisser s’installer au volant. Il essaye de démarrer la voiture à plusieurs reprises sans y arriver. À un moment donné, je cogne la vitre qu’il baisse.


Moi : on peut t’aider à pousser.


Armel : ça ne sera pas très galant de ma part de faire suer deux jolies demoiselles sous ce soleil tapant. Elle finira par céder.


Saliha secouant la tête : ça ne nous dérange pas du tout de le faire. Tu nous vois saper comme jamais, mais on pousse les voitures au port toute la journée.


Je lève les yeux et la regarde dépassée, Armel secoue la tête amusé.


Armel : je veux bien voir ça.


On s’y met avec entrain jusqu’à ce qu’un groupe de jeunes se joignent à nous. La voiture démarre enfin, il remercie tout le monde et nous fait ses adieux avant de partir pour de bons. Nous nous retrouvons des minutes plus tard devant les stands près de la pharmacie du grand marché. Je me prends juste quelques habits essentiellement des robes en prélude à mon voyage sur le moyen orient. Je me suis bien renseignée sur ce à quoi je dois m’attendre là-bas et j’ai surtout pris connaissance de leurs règles de vie. 


On glande un peu dans le marché à faire des achats franchement inutiles pour finir chez mon esthéticien du coin. C’est un type hyper efféminé qui s’y connaît trop bien dans le métier. Si vous pouvez voir les merveilles qu’il a faites sur mes ongles. Saliha par contre a opté pour un vernis naturel au henné après quoi nous nous gavons de l’incontournable Akpan avec ses croupions de dinde et son petit piment à côté. (la base !) Juste après je me fais poser des faux cils au même titre que Saliha qui se fait tatouer les sourcils en plus.


Saliha : la Perle (surnom de l’esthéticien) tu as assuré comme toujours, je te réquisitionne déjà pour mon mariage. C’est pour bientôt.


Je la fustige du regard.


La Perle : no problemo ma diva, tu appelles le 90…… et la Perle débarque à la seconde.


Moi bourrue : la Perle ne l’écoute pas, ce mariage n’aura pas lieu.


Saliha : rhooo Cassie apprends à te dérider de temps en temps.


Moi : on ne plaisante pas sur certains sujets.


On se retrouve sur un stand de maquillage où je m’achète les produits qui manque à ma trousse à maquillage. La vendeuse essaie des échantillons sur nos visages de sorte à nous pousser à faire plus d’achats. Bien évidemment que son coup a marché. Pas mal rusées ces vendeuses. On s’achète quelques bricoles en plus avant de mettre le cap sur un supermarché où je fais le plein de glaces parfum Chocolat-Cannelle (la rebase) qu’on mange pendant le trajet retour. Bref une bonne et épuisante journée de shopping. 



Vendredi, 18 h 34.


Armel…


Appel entrant…


‘ Cause girls like you run, ‘round with guys like me.


‘Til sun down when I come through, ‘I need a girl like you, yeah yeah…


C’est Debbie. Je coupe l’appel et la rappelle aussitôt.


Debbie d’entrée de jeu : toutes mes excuses Bé, je viens de voir tes appels en absence. Nous avons été débordés au magasin cet aprèm.


Moi : pas grave, tu as fini là ? 


Debbie : oui, je suis sur le point de partir. Il y a un cerveau ? (entendez par cerveau plan ou programme.)


Moi : tu peux passer me voir au cabinet ?


Debbie : parce que tu y es toujours ?


Je souffle.


Debbie avec un rire de gorge : ne dis rien, j’ai compris. Je vais faire un saut en allant à la cave.


Moi : pour aller faire quoi là-bas ?


Debbie : bah servir, comme tous les soirs.


Moi : non madame la cave, c’est fini pour toi. 


Debbie : Bé ne commence pas, tu m’as déjà fait ce coup hier.


Moi : et je suis d’autant plus sérieux, je ne me suis pas échiné pour te trouver un (insistant) Vrai boulot pour que tu me sortes encore l’excuse de la cave.


Je prononce la cave avec un ton d’agacement, ce qui l’amuse.


Debbie : donc si je veux bien comprendre, tout ça, c’est pour le râteau du jour de ton anniversaire ?  


Moi : entre autres, fin j’ai respecté notre deal en quelque sorte.


Debbie rire narquois : dans ce cas, j’arrête de travailler au magasin aussi.


Moi : non cette décision prendra effet à ta prise de poste au magazine, pour la cave par contre prend un effet immédiat.


Debbie : rire* là vous faites preuve de partialité monsieur le juge novice.


Moi : lol ! Bon tu viens ou quoi ?   


Debbie : oui, mais comme tu viens de changer mon programme, je vais passer à la maison me rafraîchir rapidement et venir. Tu seras encore là ?


J'avise avant de répondre.


Moi : je ne crois pas et ça va te faire faire des détours (cogitant) bon tu sais quoi, vas te mettre en condition pour une petite sortie. Je vais de ce pas en faire autant, j’ai envie qu’on passe la soirée ensemble. 


Debbie : on ne l’a pas déjà fait hier ? Et avant-hier aussi !?


Moi : on le fera davantage si les circonstances nous le permettent. Tu as passé dix jours à régler tes comptes avec moi, il faut qu’on rattrape ce blanc.


Debbie ton enchanté : très intéressant comme programme et tu viens ainsi de faire culminer l’amour que j’ai pour toi.  


Moi souriant : c’était le but ma dame de cœur. Vas-y rentre te faire une beauté et profite te débarrasser de ton engin.


Debbie le ton boudeur : pourquoi tu parles de mon bijou comme si c’était un objet encombrant ?


Moi au tac : parce que ça l’est ! Tu m’as nargué avec ça pendant toute notre fâcherie, je ne pouvais plus recourir à nos trajets ensemble d’ailleurs. Mademoiselle me regardait de haut puis démarrait comme si elle avait le feu au cul. Pour te dire franchement, j’ai regretté ces quelques jours de te l’avoir acheté.


Debbie : krkrkrk à ce point ?


Moi : et oui, j’avais même juré de ne plus rien t’acheter. 


Debbie : la chance que j’ai bientôt un boulot qui me permettra d’acheter tout ce que je désirerai dorénavant.


Moi : hmm, ne me fais pas déjà regretter de t’avoir arrangé ce coup.


Debbie : je suis désolée pour toi,  le coup est déjà parti cher. (pause) On se dit à toute Bé, Essi (sa collègue) commence à s’impatienter.


Moi : regardez-moi quelqu’un, elle a des exigences alors qu’on veut la dépanner. 


Debbie : lol ce n’est pas une raison, c’est mal poli de faire attendre les gens.


Moi : touché ! (elle rit) À toute mi amor, tu salues Essi de ma part.


Debbie : ok bisou.


Moi : garde ça jalousement, je le prendrai lorsqu’on se verra.


Debbie : sans souci !


Elle le dit avec des éclats de rire dans la voix. Je raccroche et sitôt je range la paperasse avant de récupérer ma sacoche et son nouvel ordinateur que je garde ici depuis hier pour me faufiler vers la sortie quand Carine, la secrétaire particulière m’intercepte.


Carine : Armel où tu vas comme ça comme un fugitif ?


Moi avec un doigt sur la bouche : chuutt il peut t’entendre. 


Carine (geste évasif de la main): il est sorti (ajoutant) un rendez-vous urgent. Ce n’est pas sûr qu’il revienne avant demain donc tu peux partir à l’aise.


Je lui fais un sourire ravi et attends qu’elle me rejoigne pour descendre les marches de l’entrée principale.


Moi : il fallait me le dire plus tôt.


Carine : il fallait me le demander !


Moi : je n’allais pas prendre le risque de venir à votre étage.


Carine : bah un simple texto serait plus pratique, mais tu rechignes à prendre mon numéro. 


Moi me grattant la tête : ok, donne le moi.


Elle me file sa carte de visite puis nous prenons chacun la direction de nos autos.


Moi la contemplant : jolie comme sa propriétaire.  


Carine (sourire au coin) : je dois le prendre comme un compliment ?


Moi : tout à fait (marchant à la renverse) à demain ma jolie.


Carine : sinon on peut passer la soirée ensemble si ça te dit.


Moi m’arrêtant : ça me dirait bien, mais j’ai des plans avec madame ce soir.


Carine me fixant surprise : ah parce que tu as une madame toi ? Enfin je pensais que, enfin… 


Moi (plus brute que je ne l’aurais souhaité) : et oui, mon cœur est pris. 


Elle fait une grimace à peine perceptible.


Carine : quel dommage ! Elle est bien chanceuse celle là. Bon, tu passes une bonne soirée. 


Moi : de même que toi la jolie mignonne.


D’habitude, elle a un sourire suffisant quand je la désigne par ce surnom de caresse mais là, c’est à peine si elle ne me toise pas avant de démarrer sa moto en trombe. Je la regarde franchir le portail en pensant « désolé d’avoir fait échouer tes plans, très chère ». J’essaie à mon tour de démarrer ma voiture qui toussote des minutes durant  avant de se laisser faire. Je mets l’option tour chez le mécano en réflexion jusqu’au premier feu tricolore à quelques mètres du cabinet. Je sors de ma réflexion pour intercepter le regard ardent de Carine sur moi. En échange, je lui jette un coup d’œil furtif et le feu vire au vert dans un timing parfait pour me permettre de la planter là. En réalité, elle n’est pas mon genre de fille en plus, elle tombe vraiment mal. Je suis plus que décidé à éviter de rentrer dans les combines des filles. Je suis tellement bien et en paix avec moi-même depuis ma réconciliation avec Debbie que pour rien au monde je ne voudrais tout faire foirer.  


C’est sur cette résolution que gare devant la maison. Je fais un tour en cuisine pour saluer ma mère que je n’ai pas beaucoup vu dernièrement. Je la trouve qui s’affaire devant un plateau de légumes avec Marianne comme assistante. Je lance un bonsoir auquel Marianne est la seule à répondre. Je m'approche de cette dernière et lui fais une bise sur la tête. Elle relève sa tête pour me regarder avec sourire.


Moi : ça va pucette ?


Marianne : oui mon amoureux, bon arrivé. 


Moi (répondant à Marianne) : merci, mais pas besoin de me flatter. Je ne t’ai rien ramené aujourd’hui.


Marianne : pff je ne t’aime plus !


Moi : lol ce n’est pas nouveau ça (marchant vers ma mère) maman, tu ne dois pas te plaindre, c’est toi qui as insisté sur « ma punition » et ton mari s’y donne à cœur joie.


Elle tourne un sourire ravi dans ma direction. 


Maman : c’est la seule chose qui réjouit mon cœur ces temps-ci. Je n’ai pas raté la façon dont tu t’impliques dans tes obligations professionnelles, même si je doute que ce soit uniquement cela qui occupe tes journées. 


Je souris et vais l’enlacer par-derrière ma tête reposant sur son épaule. Je change subtilement de sujet.


Moi : ça sent bon par ici, j’espère que je suis inclus dans le menu.


Maman : évidemment que non, il y a les plats que je te sers depuis une dizaine de jours sans que tu n’y touches dans le frigo. Je peux te les réchauffer si tu veux.  


Je ne réponds pas de suite, je vais rincer la carotte que j’ai prise dans son plateau et m’adosse à la paillasse pour la manger.


Moi : c’est gentil, mais non merci. Je n’ai pas trop faim, je me contenterai bien d’un pot de déguè. 


Maman (me toisant à travers son épaule) : dis plutôt que tu passes manger chez l’une de tes nombreuses copines. 


Je souris simplement.


Maman : au fait aux dernières nouvelles, elles sont même combien en tout ? J’avoue que je commence par me faire du souci par rapport à ça. Avant, j’avais le contrôle sur elles et j’arrivais à garder un œil sur toi. Avec ma censure, je ne maîtrise plus rien du tout. On ne sait avec qui tu traînes ni quelle poisse tu peux nous ramener.


Moi : rire* (taquin) tu veux que je recommence à les envoyer ici ?


Maman : il n’en est pas question ! Tu as le droit de ramener une et à condition que tu veuilles l’épouser.


Moi : je vais donc continuer à faire ma life en sourdine. 


Maman : oui c’est ça ! Le cancer de rein et le sida aussi te guettent.


Moi : rhoo maman ne dis pas des choses pareilles (quittant la cuisine) je vous laisse, je dois sortir toute à l’heure. J’ai une course rapide à faire.


Maman (me lançant un regard aigu) : n’oublie pas de prendre des préservatifs avec toi.


Moi : rhoo maman ça ne se fait pas de dire des choses comme ça devant un enfant.


Maman (tournant un regard circulaire) : où tu as vu un enfant ici ? 


Marianne rit sous capte et je secoue la tête déconcerté. Je vais me préparer aussi vite que je peux, je pense que miss Diapena a déjà mentionné qu’elle a horreur qu’on la fasse attendre. Je la retrouve qui piaffe déjà d’impatience. Le regard quand elle m’aperçoit.


Moi : j’ai été retenu par ma mère.


Debbie : je n’ai rien dit !


Moi : tu n’as pas besoin de le faire, ton regard tempétueux parle assez pour toi.


Elle tire la tronche. J’entreprends de déverrouiller la voiture et actionne d’ouvrir la portière arrière de son côté. Je récupère l’ordinateur que je lui tends. 


Debbie (le fixant le regard plissé) : c’est quoi ?


Moi : tu le saurais si tu me le prenais des mains.


Elle s’en saisit et l’inspecte sous toutes les coutures en grandissant ses yeux au fur et à mesure.


Debbie : c’est un ordinateur, tu m’as acheté un ordinateur ?


Moi : bah tu comptais écrire ton texte sur quoi ?


Debbie me fixant éblouie : j’avoue que je n’y avais pas pensé.


Elle le repose sur la banquette avant de me sauter au cou.


Debbie : oulaaa moi j’ai le plus gentil et prévenant mec au monde. 


Moi : pour une fois que j’ai anticipé…


Elle vient de fondre mes lèvres, je reste d’abord inactif sur le coup de la surprise et lorsque la surprise passe, je m’abaisse pour prendre les choses en main. 


Moi lorsqu’on se sépare : tu deviens impudique ?


Debbie : il le faut bien, tu n’arrêtes pas de m’impressionner.


Moi : sourire* ça n’arrange que l’opposition. 


Debbie surexcitée : attends-moi deux secondes, je reviens. Je vais le déposer.


Elle s’en va et revient en flèche, j’ai quand même eu le temps de chauffer le moteur et de me mettre en position de départ. Elle monte et entreprend de mettre sa ceinture.


Debbie : on va où ?


Moi : à toi de voir.


Debbie me jetant un coup d’œil : allons au Sénateur (son lieu de travail).


Moi fronçant la mine : pourquoi là-bas forcément ?


Debbie se marrant : je m’attendais exactement à cette réaction kiakiakia…


Moi : je suis sûr que tu as un pangolin là-bas que tu ne peux pas t’empêcher d’aller voir.


Debbie : rhoololoo je plaisantais.


Moi : on va quand même vérifier, il y a toujours une part de vérité dans une blague.


Debbie avec un air dépité : lol tu es sérieux là ?  


Moi brute : très !


Elle plisse les yeux et me fixe un moment, mais n’ajoute plus rien et moi non plus. Je gare une vingtaine de minutes plus tard devant la Galerie belle vue où nous sommes tout de suite harponner par sa collègue Diana.


Diana s’écriant : ça, c’est le couple !!  Mon couple !!!!


Elle s’approche et me tape gaillardement dans la main sous le regard attentif des clients. 


Diana : le beau, le beau des beaux, toujours beau !


Debbie entre les dents : Diana arrête, tu attires de l’attention sur nous là.


Moi (simultanément) amusé : j’aime bien la rime.


Diana (ignorant l’intervention de Debbie) : ou bien mon beau ?


Elle recule et me scrute de haut en bas avec admiration.


Diana : mon beau ! Le beau des beaux ! Donne-moi cinq.


On s’entrechoque nos mains en l’air et Debbie roule des yeux. Elle nous suit pendant que nous marchons bras dessus bras dessous.


Diana me susurrant : je vais vous installer à une table spéciale à l’abri des regards, comme ça vous pouvez vous bécot comme bon vous semble.


Moi : j’adore l’idée.     


Diana : au plaisir mon beau. 


On dépasse un type qui suivait le spectacle depuis tout ce temps avec intérêt. Je n’ai pas loupé comment Debbie l’a salué du bout des lèvres et la façon dont il se mord la lèvre en louchant sur son décolleté puis sur ses fesses lorsqu’on lui donne le dos. Ensuite, il se place au bar et suit nos faits et gestes pendant que Diana nous installe à sa place spéciale. J’attends qu’on soit seuls pour en savoir plus sur le type.


Moi : il y a un clown qui te regarde trop depuis toute à l’heure.


Debbie haussant les sourcils : qui ça ?


Moi : tourne discrètement vers ta droite.


Elle tourne complètement sa tête, elle n’a sûrement pas entendu quand j’ai dit discret.


Debbie l’air de rien : oh lui ?C'est mon nouveau patron.


Moi : il a le droit de te regarder comme il le fait ?


Debbie (un geste évasif de la main) : ne calcule pas !


Moi : comment ça ne calcule pas, le type te regarde comme une friandise là !


Debbie (regardant autour de nous) : arrête de crier, tu vas me mettre dans l’embarras là.


Je me lève et lui roule un pèle qui ne vas pas plus loin que ça.


Debbie me faisant les gros yeux : mais qu’est-ce que tu fais ?


Moi : ça lui fait un bon spectacle à regarder maintenant.  


Elle tchipe et je lance un regard de travers au type qui décroche enfin le sien pour les poser sur l’étagère. 


Moi criant pour me faire entendre : weh c’est ça occupe toi de tes oignons, il n’y a rien pour toi ici.


Elle se cache le visage dans une main et souffle en secouant la tête. Diana arrive avec nos cocktails qu’elle dispose devant nous.


Diana : mon couple, ça va comme vous voulez ?


Moi qui réponds : à l’aise.


Diana (posant une main sur mon épaule) : sinon dis-moi le beau, tu prends bien soin de ma copine ? 


Moi (regardant Debbie qui a l’air gêné) : je fais de mon mieux. 


Diana : ah il ne faut pas faire de ton mieux deh, il faut mettre les grands plats dans les petites même, parce que ma cop’s mérite qu’on lui ramène la lune.


Debbie levant les yeux au ciel : qu’est-ce qu’on ne va pas entendre !


Diana : mon beau tu n’as pas attendu comme un moustique ? Un petit moustique, mais qui fait des bruits pas possible.


Moi : oui oui, il était juste à côté.


Debbie tchipe et on en rit. Diana se déplace vers une autre table, ce qui me permet de repérer Djifa à qui on vient d’apporter un tube à chicha et un verre. Je soupire.


Debbie : qu’est-ce qu’il y a ?


Moi : il y a Djifa là-bas.


Debbie suivant mon regard : c’est elle Djifa ? Je savais que je l’avais déjà vu quelque part, elle est régulière ici depuis un certain temps.


Moi vexé : tu m’en diras tant.


Debbie : elle est belle inh.


Moi : hum humm (me levant) j’arrive, je vais la voir.


Debbie : ok vas-y.


Je lui fais un bisou sur la tête, un autre sur le front puis sur les lèvres avant de rejoindre la table de Djifa.


Moi (arrivant à sa hauteur) : tu es vraiment décidée à foutre ta vie en l'air c’est ça ?


Elle lève ses yeux et me regarde avec des yeux ronds.


Djifa : ow ow !


Moi l’imitant : ow ow ! Et oui, je t’es prise en flag ! (avec humeur) Non mais est-ce que tu t’es vue ?


Djifa : rhoo je prends juste du bon temps Armel.


Moi : en faisant la dragonne à cracher de la fumée par tes narines ?


Elle souffle.


Djifa : d’ailleurs, tu fais quoi ici ? Tu m’as suivi c’est ça ?


Moi roulant des yeux : je n’ai pas à faire le gendarme après toi, tu es assez grande pour savoir ce que tu veux faire de ta vie. (faisant un mouvement vers notre table) Je fais comme toi, je suis venue passer du bon temps avec Deborah.


Qui est en train de deviser avec son nouveau patron, je fronce les sourcils direct et fonce sur eux suivie de prêt de Djifa.


Moi : je peux savoir ce qui se passe ici ?


Le Patron : bonsoir,


Moi : bonsoir oui, que lui voulez-vous ?


Le Patron : il ne se passe rien de bien grave, je voulais savoir pourquoi mon employée est assise ici en lieu et place de pas faire ce pour quoi je la paie.


Moi : et bien je vous informe qu’elle est venue ce soir en tant que cliente, elle n’est plus votre employée.


Debbie sur un ton de reproche : Armel !?


Moi en la fixant : tu ne lui as rien dit ?


Debbie : j’allais le faire plus tard, à un moment plus propice. 


Moi : pas besoin de formalité pour ça (jaugeant le type) monsieur, elle ne travaille plus désormais ici. Vous pouvez lui trouver une remplaçante.


Il lance un regard interrogateur à Debbie qui hoche la tête dans un soupir.


Le Patron regardant Debbie : tu viens me voir après pour qu’on en discute. 


Moi : je préfère que ça se fasse ici devant moi.


Le Patron (me défiant du regard) : c’est une conversation privée entre le patron et son employée. 


Moi : hmm.


Le Patron : s'il n'y a plus rien à ajouter, je vais me retirer. Je vous souhaite de passer d’agréables moments avec nous mes dames.


Moi : weh c’est ça débarrassez le plancher !


Debbie : Armel ?


Djifa le regardant partir : euhhh ?


Moi (regard perçant vers Debbie) : quoi ?


Debbie : tu n’avais vraiment pas besoin de faire ça, là il peut refuser de me payer mes droits.


Moi : tu feras le solde tout compte que je te remettrai personnellement, il est hors de question que tu remettes les pieds ici.


Djifa abasourdie : eh beh !!?


Debbie : pffff.


Moi à Djifa : tu t’assois avec nous ?


Djifa : euh pourquoi pas ?


Moi : ok mais tes choses de dragon loin de moi.


Elle fait une grimace en riant, je lui tire une chaise sur laquelle elle prend place avant de faire les présentations.


Moi : Deborah, Djifa ma pote. Djifa, Deborah mi amor. Je pense que vous vous connaissiez.


Debbie lui souriant : oui, elle fait partie de nos clients fidèles de ce mois.


Je lance un regard réprobateur à Djifa qu’elle détourne sur Debbie.


Djifa : moi aussi j’ai beaucoup entendu parler de toi et vu tes photos chez Armel et je dois dire que je trouve plus très belle en vrai.


Debbie : non, c’est toi la plus belle. Tu devrais t’inscrire à un concours de beauté, tu le décrocherais en un tour.


Djifa (une main sur la poitrine enchantée) : c’est vrai ? Je me sens vraiment flattée.


Je lève les yeux au ciel en soupirant.


Moi : c’est parti pour une conversation de bonnes femmes !


Debbie à Djifa : ma belle tu n’as pas entendu comme un moustique là ? Un petit moustique, mais qui fait des bruits pas possible.


Djifa tourne un regard sur elle sans comprendre.


Moi : mouais c’est ça, fait ta maligne.


Djifa la fixant amusée : je vois, tu parlais du petit moustique en face de moi ?


Debbie hochant la tête amusée : oui tu as pigé.


Djifa : je vais le tuer pour toi.


Je la foudroie du regard  lorsqu’elle avance sa main vers moi. Ce qui leur arrache un fou rire.  



Le maître du jeu