PREMIERE PARTIE
Ecrit par Chroniques Femmes Fatales
Yvette regarda Anna allongée sans vie sur le carrelage de la douche. Elle venait juste d’expirer après un dernier râle, mais, Yvette pouvait encore voir le sang circuler de son entrejambe, et les crachas sur sa bouche. Que devait-elle faire pensa Yvette toute paniquée, elle poussa de son pied, le corps de son amie, celle-ci ne bougea pas. Lentement elle se leva à tâtons et se plaça devant le miroir, elle ouvrit le robinet, et le bruit de l’eau remplit la pièce silencieuse. Elle posa sa main droite sur sa bouche, tandis que de l’autre elle prenait appui, alors elle se mit à crier de toutes ses forces, elle appuyait si fort que les cris mouraient dans sa bouche, engloutis par le bruit de l’eau qui coulait. Elle cessa enfin de crier, et croisa son reflet dans le miroir, elle regarda jusqu'à ne plus rien distinguer. Elle voyait d’autres images, d’autres lieux. Sa vie se mit à défiler devant elle. Elle n’avait que vingt deux ans, elle était étudiante en sociologie à l’université de Douala, tout lui réussissait en ce moment, un petit ami qui l’aimait et qui pouvait tout faire pour elle, une famille adorable, elle était belle et le savait. Alors pourquoi se retrouvait-elle dans cette douche, avec un cadavre en main ? Que c’était-il passé pour que sa vie bascule du paradis en un triste enfer ? Yvette respira un grand coup en fermant les yeux, les larmes sortaient, elle les rouvrit et vit la vérité en face : tout était de sa faute à elle. Elle avait tout détruit autour d’elle. Oui toutes ces vies détruites, c’était à cause d’elle. Anna morte sur le carrelage, c’était a cause d’elle, Alain couché à l’hôpital suite à une amputation, c’était toujours elle. Et Solange… Tout ce qu’elle approchait se détruisait tôt ou tard. Sa vie aurait pu être sans incident, si elle n’avait pas senti en elle, les racines de la convoitise et de la jalousie. Pourquoi avait-elle demandé plus qu’elle ne pouvait avoir ? Plus qu’elle ne devait avoir. Yvette savait bien le jour où tout avait commencé à basculer dans sa vie, c’était ce fameux jour où Solange Nana sa meilleure amie, lui avait annoncé ses fiançailles avec Paul Defoe, son ami d’enfance. Il était médecin aux Etats-Unis. Ils avaient gardé contact après que Paul ait obtenu une bourse en médecine dix ans plutôt. Il travaillait maintenant à Tulsa. Après les fiançailles, Solange devait voyager le rejoindre, elle semblait si heureuse ! A cette annonce, Yvette avait sentit quelque chose de désagréable grandir en elle, elle refusait de s’avouer que c’était de la pure jalousie envers son amie, qui avait cette grande chance. Elle était habituée à être l’amie qui avait plus de chance que Solange. Or celle-ci en épousant Paul, devenait la plus chanceuse des deux. Un mari riche et jeune, elle allait vivre aux Etats-Unis, à coup sûr celle-ci allait réussir et tout avoir par rapport à Yvette. Alain n’avait rien de fameux sauf qu’il était beau, et son père commandant à l’armée de l’air. Il avait fait plusieurs concours nationaux, mais n’avait réussi aucun. Yvette pouvait se l’avouer en cachette, elle voulait tout ce que Solange avait en ce moment. Plus le temps passait, plus sa jalousie grandissait, elle n’eut même pas de scrupules en prenant le numéro de Paul dans le téléphone de Solange, et de causer avec lui via internet tout le temps. Au début, il fut récalcitrant, mais elle n’hésita pas à sortir les grands moyens pour l’avoir. Elle commença à lui envoyer ses photos où elle était toute nue, et sous toutes les formes. Bien évidemment cela fonctionna, et il en voulut plus. Il commença à lui envoyer tout aussi de l’argent pour la récompenser. Yvette pouvait voir le détachement de Paul envers Solange par la tristesse qui se lisait sur le visage de celle-ci. - Je ne le comprends plus Yvette, il est devenu si bizarre. Il veut mes photos où je suis toute nue, or il ne l’a jamais fait avant. Si c’est un test franchement je ne le trouve pas très drôle. Je ne vais pas me mettre nue sur internet, juste pour me marier avec lui… Mais je l’aime depuis que je suis toute petite. - Si tu ne peux pas le faire, ce n’est pas grave, il veut vraiment voir quel genre de fille tu es. Celui qui en pâtissait le plus, c’était Alain. Yvette lui en voulait de ne pas pouvoir lui donner la vie dont elle rêvait. Elle haïssait déjà cette incapacité à ne rien faire par lui même. - Que veux-tu que je fasse de plus Yvette ? Tout mon argent de poche, je te le donne, que dois-je vraiment faire encore pour te satisfaire ? - Je ne veux plus de ton argent de poche, je veux ton salaire. Alain, tu as vingt-six ans, le même âge que Paul, mais tu ne fais rien de ta vie. Tu attends tout le temps des concours que tu ne cesses de rater. Si tout le temps tu rates, cherches ailleurs ce que tu peux faire. Paul lui fait tout pour Solange, sans attendre ses parents. Bientôt elle ira aux Etats-Unis vivre là –bas et avoir une vie de princesse. - Ne me compare pas à Paul ! Tu n’es pas Solange non plus. - Mais je vaux mieux que Solange, et toi tu es plus beau que Paul ! Je été préviens, cherche à faire quelque chose pour gagner ton propre argent, sinon c’est fini entre toi et moi. Quelques temps après, Alain réussit le concours de l’armée, et alla en formation au Nord du Cameroun pour six mois. Solange elle, préparait la venue de Paul, elle semblait aux anges.