Prologue

Ecrit par Mayei

Prologue.


On entendait encore le bruit des pas rapides des policiers, ils criaient à tue-tête comme ils avaient pour habitude de faire. Tout le monde était alors cloitré entre les quatre murs de sa maison par peur d’être embarqué comme dommage collatéral. La police venait dans notre quartier très souvent et pour cause, il y avait près de chez nous un fumoir très fréquenté. Les moments où la police débarquait, il n’y avait pas de distinction entre qui est fumeur ou pas. S’il arrive que tu te trouve là par hasard, tu es alors embarqué. J’ai vu ce défilé une bonne vingtaine de fois si bien que je me demande s’ils ne sont pas fatigués de toujours faire des descentes musclées. A chaque fois qu’ils viennent, ils disent arrêter des gens et tout casser mais en moins de deux semaines, les activités reprennent...

- Venez ici vous tous !

La voix de ma mère venait de me tirer de mes réflexions. Ça ne me surprend pas car à chaque fois qu’il y a ce genre de passage, nous avons droit a un « venez ici » et ensuite une bonne leçon de morale et cette nuit n’allait pas échapper à la règle. Nous étions donc autour d’elle mon frère Yann, ma sœur Laelle et moi même.

- Je sais que ce que je vous sors à chaque fois la même rengaine, mais c’est parce que je vous aime tellement que je vous fatigue autant avec mes mots. Je suis contente encore une fois que vous ne soyez pas de ceux qu’on raflera ce soir. Vous êtes tout ce que j’ai de plus cher et précieux sur cette terre. Le fait que vous ailliez vos priorités et que vous excellez à l’école me réconforte encore plus. Je vous en supplie, continuez comme ça et ne vous laissez pas atteindre par les distractions. Ça ne fuit pas, quand vous aurez votre argent vous allez tellement faire que ça vous dégoutera.

Elle a encore continué puis nous avons sorti la nourriture pour remplir nos ventres. 
Maman, ce petit bout de femme si forte et a la fois si fragile, elle est aussi tout ce que j’ai de précieux sur cette terre. C’est elle ma première motivation, c’est à elle je pense à chaque fois que je me concentre pour réviser, c’est à elle que je pense a chaque fois que je suis en salle de compo.

Après la nourriture, nous avons fait la ronde pour la prière du soir. Aujourd’hui c’est au tour de Laelle de diriger.

- Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, 

- - Amen !

- Éternel mon Dieu mon roi, nous te remercions pour tout ce que tu fais dans notre vie. Nous te rendons grâce pour tes bienfaits. Voilà que la nuit est tombée, nous te supplions par le sang puissant et sacré de ton fils Jésus Christ, de bien vouloir nous protéger et de nous accorder la grâce de nous réveiller demain saints et saufs. Continue, d’agir aussi puissamment dans notre vie. Amen
- - Amen 

On a récité le notre père et le je vous salue marie et chacun a fait sortir sa Bible pour lire le passage donné. C’est comme ça chaque nuit et chaque matin, la prière en groupe ne manque jamais, c’est une règle que maman a établi depuis que nous sommes enfant si bien que nous avons fini par en faire un rituel de vie. 
Maman et laelle sont rentrées dormir dans leur chambre tandis que Yann et moi transformions le salon en chambre à coucher. J’avais fini de mettre le drap sur le matelas deux places et je me suis couché, les yeux fixant le plafond. On n’a pas toujours eu cette vie vous savez, par le passé pour avons vécût dans l’opulence sauf que tout ceci a prit fin quand papa est décédé.
Je me rappelle de ce jour comme si c’était hier. Papa de son vivant veillait à ce que nous ne manquions de rien. La famille de papa ne portait pas tellement ma mère en bien et ne ratait aucune occasion de la fatiguer. Elle se plaignait souvent au près de mon père qui essayait de calmer la situation. Puis quand j’ai eu douze ans, Yann neuf et laelle 3 ans, papa a été saisi d’une violente toux pendant que nous étions à table. Maman lui a alors servi à boire pour calmer cette toux mais rien n’y fait, elle était de plus en plus violente. Il a glissé de sa chaise et s’est écroulé devant nous. C’est comme ça que notre père est mort devant nous pendant que maman criait comme jamais elle n’avait crié. 

Des le lendemain, les parents de papa ont assiégé la maison et commencé à mettre nos affaires dehors soit disant que la maison leur appartenait. Du haut de mes douze années, j’ai essayé de me mettre entre eux et ma mère mais c’est la que les injures ont fusé de partout. Comme quoi ma mère est une sorcière, c’est elle qui a tué mon père pour pouvoir hériter de ses biens. Ils nous ont même traités de bâtards car pour eux nous ne sommes pas les enfants de notre père.
La sœur de maman, tata Michelle nous a accueillis chez elle pendant un bon moment mais son mari a fini par en avoir marre. Maman a compris et elle s’est donc retrouvée avec nous sous ces bras dans ce quartier d’Abobo.

Je me suis donc fixé un objectif, je dois absolument réussir dans la vie et faire sortir ma mère de la misère.

Je me nomme Christopher-Alex Niamkey mais Chris pour les intimes, 24 ans et étudiant en dernière année de finance et comptabilité

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