PROLOGUE
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
***Prologue:***
Je suis assis dans ce restaurant en fixant depuis déjà 30 minutes la porte par laquelle est sortie la femme de ma vie. Je n'arrive pas encore à croire ce qui m'arrive en ce moment, je baisse mes yeux et je regarde à nouveau les papiers du divorce qu'elle a posés devant moi afin que je les signe. J'ai beau réfléchir, je n'y arrive vraiment pas. C'est vraiment une mauvaise blague.
Moi TSAMBA MASSALA Daniel Yvan marié et père de 4 enfants, je vais divorcer alors que je n'en ai aucune envie. Je me passe la main sur le visage, ce n'est pas possible, je vais me réveiller d'ici peu de ce cauchemar, c'est sûr. Je ne peux pas divorcer, pourquoi ? Comment ? Que je vais vivre comment sans elle ? Et mes enfants ? Ray ne peut pas me faire ça, non elle ne le peut vraiment pas. Je pensais que ces six mois lui auraient permis de me pardonner et elle serait revenue à la maison avec les enfants, mais rien. Elle revient avec les papiers du divorce? Divorce, sérieux ? ( rire nerveux)
Serveuse: Monsieur, vous prendrez autre chose ?
Moi: ( émergeant ) pardon ?
Serveuse: je demandais si vous voulez autre chose ?
Moi: non merci, apportez ma note. Serveuse: ok, quelques minutes.
Elle est partie et elle est revenue quelques minutes avec ma facture que j'ai réglée avant de m'en aller. Il n'était que 15h mais je n'ai pas pu retourner au boulot, je n'aurais servi à rien du tout là-bas. J'ai donc appelé mon assistant pour qu'il gère tout en mon absence, il me fera un mail pour le compte-rendu. J'ai conduit sans destination fixe et je suis allé me garer non loin de sa maison. À cette heure, il n'y a personne. Je suis resté dans ma voiture je ne sais combien de temps car je réfléchissais. J'ai émergé lorsque j'ai vu sa voiture parquer devant la maison. Elle est descendue de la voiture et a ouvert derrière pour que les enfants descendent . Ils ne sont pas seuls, Grâce, sa sœur, est avec eux. Je les ai regardés prendre leurs affaires et rentrer dans la maison dans la joie et la bonne humeur.
Cette bonne humeur qui six mois en arrière égayait encore ma maison. Six mois que ma vie est détruite, six mois que ma femme m'a quitté en emportant mes enfants, six moi que j'ai coupé les ponts avec ma mère et ses enfants à l'exception de mon frère, ma grande sœur et mon père, six mois que je vis un enfer, six mois que ma vie a basculé. J'avais tout et en un rien de temps, je me suis retrouvé sans rien.
À 18h, je l'ai vu ressortir en compagnie de sa sœur, elles ont papoté quelques instants, se sont fait un câlin, et Grace est montée dans sa voiture et est partie. Ray aussi a fait demi-tour et est rentrée à la maison. J'ai encore regardé pendant un instant vers la maison avant de démarrer et partir de là. Je me suis arrêté un peu plus tard dans ce qui est devenu ma deuxième maison depuis six mois déjà pour boire un verre. C'est Gérard, mon meilleur ami qui est venu me sortir de là à 23h30.
Gérard : ( m'arrachant le verre que je portais à la bouche) maintenant ça suffit Dan , tu vas rentrer chez toi. Regarde toi un peu, tu es complètement ivre.
Moi : laisse-moi G, tu ne peux pas comprendre ma situation.
Gérard : (essayant de me relever de ma chaise) tout le monde te comprend, mais ce n'est pas une raison de boire comme un trou.
Moi: (me débattant) je veux juste oublier G, juste oublier.
Gérard : sauf qu'en te levant, les choses seront toujours pareilles. Tu n'arranges rien en te soûlant Dan, au contraire tu empires tout. Arrêtes ça.
Moi : (me levant en titubant) tu ne peux pas comprendre G, tu ne le peux vraiment pas.
Gérard : (s'adressant à la barmaid) ça fait combien ?
Barmaid : 75000 monsieur.
Gérard : ( écarquillant les yeux en me regardant) lui seul ? Il a bu pour 75000 ?
Barmaid : Oui, il est là depuis 18h et vous connaissez sa boisson.
Gérard : (me regardant l'air sévère en fouillant son porte-monnaie) tenez et gardez la monnaie (à moi) on y va.
Moi: ( boudant) je n'ai pas fini.
Gérard : (sur un ton dur) j'ai dit on y va. Ne me pousse pas à me donner en spectacle ici.
Il le disait en me prenant par le bras pour me mener vers la sortie. Arrivé devant ma voiture, il a pris mes clés, il a ouvert la voiture, m'a sommé de monter et il a démarré jusqu'à la maison. Il a klaxonné, le gardien a ouvert le portail et il est rentré. Nous sommes descendus, il a ouvert la maison et nous sommes rentrés. Une fois la porte fermée, il s'est mis à me sermonner comme il le fait depuis déjà six mois. Il parle et bien sûr je ne l'écoute pas. Il était parti dans son monologue depuis quelques minutes et je l'ai interrompu.
Moi: je l'ai vu aujourd'hui.
Gérard : il n'y a rien de nouveau là-dedans, tu la vois tous les jours.
Moi: nous étions au restaurant cet après-midi elle et moi.
Gérard : c'est plutôt une bonne nouvelle, ça veut dire que sa colère est en train de s'estomper et que vous pourrez peut-être
Moi : (le coupant) elle m'a demandé le divorce.
Gérard : ( écarquillant les yeux et la bouche)
Moi : tu m'entends G (l'empoignant) elle m'a demandé le divorce.
je me suis écroulé à même le sol et me suis mis à pleurer comme un enfant.
Moi : (en pleurs) Rayonne, ma Ray m'a demandé le divorce. Ma femme à moi, après 15 ans de mariage, 19 ans de relation G ( levant les yeux vers lui) G 19 ans de relation. Cette femme c'est toute ma vie. Tu étais là, tu nous as vu depuis le début, tu nous as vu. 19 ans G. Comment je vais faire pour vivre sans elle ? Et mes enfants ? Comment ? Explique-moi comment à cause d'une nuit, une toute petite nuit ma vie a basculé de la sorte ? (Mettant mon doigt vers son visage) une simple nuit ? Une seule nuit a suffi à gâcher toute ma vie.
Je parlais et pleurais en même temps. S'il y a 10 mois en arrière, quelqu'un m'avait dit que je serais le plus malheureux des hommes aujourd'hui, je lui aurais ri au nez tant c'était irréaliste. Moi TSAMBA, l'homme le plus envié du monde, parce que j'avais tout, je dis bien tout. Et ce tout je l'ai échangé contre un rien en une seule nuit, la raison ? Je cherche encore la personne qui pourra me la dire jusqu'à aujourd'hui.
Gérard a pris son téléphone, il l'a pianoté et l'a mis à l'oreille.
« Gérard : Allô bébé (Estelle sa femme) »
« ……. »
« Gérard : je ne vais pas rentrer ce soir. »
« ………. »
« Gérard : je suis chez Dan, je ne peux pas le laisser seul ce soir. »
« ……… »
« Gérard : Ray a demandé le divorce cet aprèm. »
« ………. »
« Gérard : Ok je rentre demain. Embrasse les enfants pour moi. »
« ……… »
« Gérard : Oui, je t'aime aussi bonne nuit. »
Il a ensuite raccroché et s'est dirigé vers mon bar, a pris une bouteille et deux verres et est venu s'asseoir à mes côtés. Il a servi un verre, me l'a tendu et il a fait de même. Nous avons bu jusqu'à pas d'heure et nous nous sommes endormis à même le sol au salon...
Je me lève ce matin à cause des rayons du soleil qui avaient déjà envahi la pièce, je ne parle même pas du mal de crâne que je ressens. Il m'a fallu un temps pour savoir où j'étais. J'ai balayé la pièce d'un regard et j'ai vu G allongé au sol et le désordre qui règne tout autour. Ce n'est pas possible, il y a au moins 5 bouteilles de liqueur vides au sol, les assiettes cassées, les marmites de nourriture ouvertes, les verres un peu partout, les chaises et fauteuils renversés, les poufs ça et là, les rideaux décrochés, les vêtements au sol, les albums photos éparpillés et je n'ai pour seul vêtement qu'un boxeur de même que G. Mon Dieu que s'est-il passé ici ?
Toc toc ?
Ces coups frappés à la porte me font l'effet d'un marteau sur ma tête et la douleur est intense.
Toc toc ?
-Daniel, Gérard ouvrez -moi cette porte.
C'est Estelle qui parle, quand je veux me lever, je remarque que j' ai les pieds qui tremblent et le vertige, je me rassoie automatiquement. Mais comme elle insistait tellement derrière la porte je n'ai pas eu d'autre choix que de me traîner jusqu'à l'entrée pour lui ouvrir.
Estelle: ( entrant) je comprends maintenant pourquoi personne ne répond au téléphone toute la journée.
Moi : (assis par terre) toute la journée, qu'il est quelle heure ?
Estelle: 15h45 monsieur.
Moi : (écarquillant les yeux) que quoi ?
Estelle: ( montrant l'horloge accrochée au mur) la montre est devant toi.
J'ai suivi le mouvement pour m'apercevoir qu'il était effectivement 15h45, Seigneur comment est-ce possible ? On a dormi comment pour que ce soit à 15h que nous nous réveillions ?
Estelle : (allant vers son mari) vous n'êtes pas allés de main morte dis-donc. Ard (Gérard comme elle appelle) Ard, Ard (le secouant légèrement) Ard.
Gérard : (endormi) Hun ?
Estelle : Lève-toi bébé.
Gérard : il est quelle heure ?
Estelle: c'est déjà le matin bébé, débout.
Gérard : (boudant) bébé s'il te plaît je suis fatigué laisse-moi encore dormir un peu.
Elle s'est redressée en souriant d'un air malicieux, m'a regardé puis s'est mise à hurler.
Estelle : Oh mon Dieu un incendie, le feu, le feu.
Elle l'a fait tellement fort que G et moi avons bondi sur nos deux jambes lui en criant les "quoi ? où ? Et moi ouvrant la porte. Elle a crié tellement fort que même le gardien a accouru avec le seau d'eau pour éteindre le prétendu feu, ensuite elle a éclaté de rire.
Estelle: ( s'attrapant le ventre en riant) mon Dieu si vous pouvez voir vos têtes actuellement.
Nous l'avons regardé tous les trois l'air mauvais mais cela n'avait pas l'air de l'inquiéter. Elle nous a envoyé nous laver et elle s'est mise à ranger et faire la cuisine. Plus tard, nous avons mangé. Ils sont restés avec moi jusqu'à 19h avant de rentrer chez eux. Je me suis retrouvé tout seul, heureusement qu'aujourd'hui c'est samedi et je n'avais rien de particulier à faire. J'ai regardé mon téléphone et j'ai vu plusieurs appels en absence de ma mère, sans importance et ceux de mon père, je l'ai rappelé. On a pris des nouvelles et j'ai raccroché. J'ai consulté mes mails, j'ai répondu au plus importants puis j'ai éteint et je suis allé me coucher.
Lorsque j'émerge, il est 5h45 je m'assois et je repense à ces dernières 48 heures. Je me lève et je vais vers ma mallette. Je l'ouvre, récupère ces fameux papiers et reviens m'asseoir sur mon lit. Je n'arrive même pas à parcourir le tout tant mes yeux bloquent sur l' en-tête écrit en gras dans un encadré "Requête en divorce". Je ne réalise toujours pas que cela m'arrive à moi, à presque 40 ans, après 19 ans de relation suivie et continue avec ma vie, ma moitié, la femme qui m'a marqué au premier regard. Je m'en souviens comme si c'était hier…