Prologue
Ecrit par Brenne-junella
PROLOGUE
Vite, vite, vite... Ooooh Aniambye !
Je secouais mes mains bruyamment pour essayer de chasser le stress qui m'envahissait.
Il faut que je me dépêche de boucler ma valise avant qu'il ne rentre, il ne faut surtout pas qu'il vienne nous trouver ici!
Ma valise et celle des enfants bouclés, je range rapidement dans le coffre de la voiture avant d' installer mes deux anges à l'arrière.
Je m'installe à mon tour et au moment où je veux mettre la clé dans le contact, je réalise que dans la précipitation j'ai laissé mon trousseau de clés sur la table!
Ah Rera !!!
Je retourne à l'intérieur en courant, mais je ne le vois plus là où il était posé. J'étais pourtant sur qu'il était là!
Je me mets à paniquer et le stress me gagne de plus belle !
Je retourne tous les coussins des fauteuils, rien!
A la cuisine, rien sur la paillasse ni dans le frigo!
Rho mais les clés la sont où ?!?
Oh Orema ça c'est quelle malchance encore ?!?
A tout hasard, je vais dans la chambre et...
Oh miracle ! Je les trouve sur le lit.
Soulagée, je les récupère et m'apprête à sortir quand j’interromps ma course, soudainement prise de nostalgie...
Il y'a de cela huit ans, je franchissais cette porte dans les bras de celui qui avait promis m'aimer et me protéger jusqu'à la fin de nos jours...
C'était aussi dans cette chambre que je perdis mon innocence et que mes enfants furent conçus.
Cette chambre fut témoin de bons mais aussi...Hélas de mauvais...très mauvais souvenirs qui resteront à jamais gravés dans ma mémoire.
J'essuie d'un geste vif les larmes qui étaient apparus sur mon visage et sors de là en vitesse. En renfermant la porte d'entrée je ne peux m'empêcher d'avoir un pincement au cœur.
Mais bon, il est temps d'aller de l'avant !
Je me retourne et au moment où je lève la tête pour courir vers la voiture, je tombe nez à nez sur... sur mon pire cauchemar !
Je suis tétanisée par la peur.
Il porte Ludovic Junior dans ses bras et tient Syndy par la main.
Mon Dieu mais que fait-il là ? Il n'était pas censé rentrer si tôt à la maison !
Oh ma diuwy!!!
Ludo : Je peux savoir où est ce que vous allez ?!?
Moi : euh...
Syndy : maman a dit qu'on part en voyage papa !
Je n'arrive pas à prononcer un seul mot.
Cet homme m'effraie au plus haut point et je sais d'avance ce qui va se passer.
J'aurai dû faire plus vite! Je m'en veux tellement.
Hélas, il est trop tard pour les regrets maintenant...
Ludo ( me fixant d'un regard noir ) : Ah oui?!? Comme ça tu comptais t'en aller avec MES enfants !!!
Après nous avoir forcé à rentrer dans la maison, il fait descendre Ludovic et se baisse au niveau des enfants.
Syndy : Papa on ne part plus avec maman ?
Ludo ( caressant sa joue ) : non ma puce...
Ludovic : pouquoi papa?
Ludo ( me fixant ) : maman et moi devons avoir une discussion très sérieuse, fit-il en insistant sur les deux derniers mots.Les enfants allez tout de suite dans votre chambre !
Ils s'exécutent et disparaissent dans le couloir pendant que moi je suis toujours statique.
Je suis pétrifiée, on aurait dit une statue ou plutôt une momie, parce qu'en réalité je suis morte depuis bien longtemps déjà au fond de moi.
Je n'arrive pas à bouger et pourtant ce n'est pas l'envie de prendre mes jambes à mon cou et partir loin d'ici qui me manque, mais mes enfants... Je ne pourrai jamais me résoudre à les abandonner !
Il se relève et met les mains dans ses poches tout en s'approchant dangereusement de moi. Par réflexe je recule. Plus il avance, plus je recule et très vite je me retrouve coincée contre la table à manger.
Ludo : Orema, Orema, Orema... <Ti Ti Ti - claquement de langue>. Que veux tu que je fasse de toi ?
Moi ( en sanglot) : ...
Ludo ( saisissant mon bras violemment ) : REPOND ! Ou croyais-tu t'en aller ?!?
Moi:...
Il se met à rire aux éclats et ressert son emprise.
Ludo (en me secouant ) : tu n'as pas encore compris que tu ne peux pas m'échapper ! C'est impossible ! Tu m'appartiens! Il va falloir que tu te mettes ça une bonne fois pour toute dans ton crâne!
Moi ( à voix basse ) : Aie... tu me fais mal...
Ludo : Tu dis quoi?!? Tu as mal ? Ah ah ah. Mais rassure toi mon coeur, c'est rien comparé à ce que je compte te faire pour te passer l'envie de vouloir fuir avec MES enfants!
Moi ( apeurée ) : pitié...
Ludo : Pitié ? Non je n'ai aucune pitié pour toi, tu sais pourquoi ?
Moi : ...
Ludo : Parce que tu n'es qu'une sale chienne et je vais te traiter en tant que telle!
Moi ( ton suppliant ) : Oh Ludo...les enfants, par pitié...
Ludo : Ne mêles pas mes enfants à ça !
Moi : Pas devant eux s'il te pl...
PAF ! PAF!
Il vient de me flanquer deux baffes retentissantes très vite suivie d'autres. Chacune encore plus violentes que les précédentes.
Je me protège le visage comme je peux mais les coups de poing qu'il m'assène dans les côtes me font m'écrouler inévitablement lourdement sur le sol.
Instinctivement, je me mets en position fœtale ce qui lui laisse tout le champ libre pour me flanquer des coups de pied dans le ventre en me traitant de tous les noms.
Je subis les coups en silence ne voulant pas alarmer les enfants.
Pour ne pas penser à la douleur, j'emploie une technique qui a fait ses preuves plus d’une fois depuis que les premiers coups avaient commencés à pleuvoir.
Je pense à tous les bons moments que j'ai vécu autrefois quand mon mari était un homme doux, amoureux et qui m'abreuvait de compliments.
C'est ce même homme qui me bât en m'insultant aujourd'hui...
Vraiment la vie n'est rien.
Aujourd'hui je regrette mon choix.
Je me dit que j'aurai dû écouter mes parents. Ils s'étaient formellement opposés à ce mariage. Mais comment j'aurais m'imaginer une seule seconde qu'un homme aussi attentionné à l'époque aurait laissé place au monstre qu'il est devenu aujourd'hui ?!?
Par amour ou par bêtise, j'ai tourné le dos à ma famille et j'ai coupé le contact avec tout le monde.
Je n'existe plus pour eux, je suis sur qu'il pense que je suis morte même ! Si ça continue comme ça, c'est ce qui m'attend de toute façon.
Si seulement j'avais su ...
Après s'être défoulé sur moi, il se releva et referma sa braguette...
Ludo : Je sors et à mon retour tu as intérêt à être là!
Il prend les clés de ma voiture au sol, en voulant me protéger de ses coups je les ai laissé tomber, et s'en va en me laissant la a même le sol, comme une serpillière usagé.
J'ai le corps tellement endolori que je peine à me lever.
Je pleure mais, pas de douleur.
Ses coups ne me font plus mal, depuis le temps je m'y suis habituée.
Je pleure de rage envers moi même.
J'ai été tellement naïve!
Je m'en veux tellement d'avoir cru à toutes ces belles paroles mais tout cela n'était qu’illusion...
Épuisée, je finis par m'endormir sur le carrelage froid du salon.
Driinnnggg Driinnnggg
C'est la sonnerie du téléphone fixe qui me réveille.
Je réussi tant bien que mal à me lever et je décroche juste à temps.
Moi : Allo?
« Bonjour Madame, pourrais-je parler à Madame Adzomo s'il vous plaît ? »
Moi : Heu...C'est moi...
« Bonjour Madame. Je vous appelle depuis l'hôpital
SOS médecin. Madame, je suis au regret de vous annoncer que votre époux Mr Adzomo Ludovic a été victime d'un accident de circulation et malheureusement il n'a pas survécu...on a fait tout ce qui était en notre pouvoir pour le sauver mais...il était déjà trop tard. »
Moi : Ok...merci.
Je raccroche et m'assois le temps que l'information remonte jusqu'à mon cerveau...
QUOI ?!?
Je rêve! C'est sur. Je dois être encore en train de dormir!
Je regarde l'endroit où j'étais allongé quelques minutes plus tôt et sans réfléchir j'y retourne me coucher.
Ludovic est mort ? Non, ce n'est pas vrai !
Je ferme les yeux et les ouvre à nouveau. Non! Je ne dors plus.
Oooh! Sambo a diuwy ga yeno?!?
L'annonce de sa mort me choque mais dans le fond, elle me laisse indifférente.
On vient de me dire que mon mari, ou du moins l'homme avec lequel j'ai été mariée pendant 10 ans est mort et moi je ne ressens rien, ni joie, ni tristesse...
J'ai de la peine, pour sa famille et surtout pour nos enfants.
A défaut d'avoir été un bon mari, c'était quand même un très bon père et les enfants l'aimaient énormément, surtout syndy qui était très proche de lui...
Était !
Je parle déjà de lui au passé! Il y a quelques heures à peine il était là à me battre comme un animal et maintenant tout était finis.
Finis ? Est-ce que c’était vraiment finis ?!?
Non je n’y crois pas, si ça se trouve c’est une blague, oui voilà c’est sur qu’il s’agit d’une de ses blagues de mauvais gout.
Il croit peut être me piéger ainsi ? Me donner de faux espoirs de liberté pour justifier une énième bastonnade au prétexte que j’ai voulu m’enfouir à nouveau.
Non, non, je ne bougerai pas d’ici.
Je l’attendrai bien sagement à la maison.
Au bout de 2h, ne tenant plus sur place, je vais déposer les enfants chez la voisine et monte dans le premier taxi en direction de SOS Médecin.
Sur place, une femme me reçoit et se présente comme le médecin ayant reçu mon mari. Après m’avoir raconter l’état dans lequel mon mari était arrivé et avait été pris en charge, elle me fait entrer dans une pièce dans laquelle des corps étaient recouverts d’un drap.
Elle m’indique celui de mon mari en découvrant son visage avant de s’en aller pour me laisser me recueillir.
Donc c’était même vrai cette histoire la ?!? Il est vraiment mort ???
Son visage était intact et son visage n’exprimait rien de particulier.
C’était fini, vraiment fini, mon calvaire avait pris fin… J’étais libre, vraiment libre ?!?
Moi : OOOOHHHH SEIGNEUR TU ES MERVEILLEUX !!!
Sans m’en rendre compte c’était sorti de ma bouche et un large sourire illuminait mon visage.
Me rendant compte de ce que je suis en train de faire, je me ressaisis, recouvre son visage et sors de cette pièce.
Après avoir appelé sa famille pour les informer de la situation, je rentrai chez moi.
Vraiment la vie n'est rien !
Je vais chercher les enfants chez la voisine et en rentrant à la maison je les envoie dans leur chambre, le temps pour moi de réfléchir à la meilleure manière de leur expliquer la situation.
Au bout de 10min, voyant l’heure avancer je vais les rejoindre pour envoyer Syndy prendre sa douche.
En entrant dans leur chambre.
Ludovic Junior était sur son lit en train de faire du coloriage et Syndy lisait une bande dessinée.
Je m'efforce à ne pas laisser transparaître la douleur que les coups m'ont causé et m'assois sur le lit de Ludovic.
Ludovic : Maman papa est où ?
Moi ( le portant sur mes genoux ) : mon chéri, papa est parti...
Ludovic : où c'est ?
Moi : En voyage...
Syndy ( en nous rejoignant ) : papa est parti pourquoi ? Il va revenir ?
Moi : ma puce je ne sais pas, c'est Dieu qui l'a appelé
Syndy : il est avec lui ?
Moi : Oui mes chéris votre papa est avec Dieu et les anges là haut
Ludovic : Moi je veux partir aussi!
Moi : Ca ne se passe pas comme ça, c'est Dieu qui décide...
Syndy : Donc on ne va plus le voir ?
Moi : Non vous ne pourrez plus, mais ne vous inquiétez pas, il restera toujours dans vos cœurs...
C'est dur d'expliquer ces choses à des enfants.
Ludovic Junior n'a que 3ans et sa sœur Syndy 8ans...c'est trop tôt pour perdre un parent
~Quelques jours plus tard~
Nous revenons de l'enterrement.
Tout le monde pleurait mais moi...rien.
J'étais incapable de verser ne serait-ce qu' une larme.
Il était allongé dans son cercueil et moi je le regardais comme s'il s'agissait d'un étranger que j'avais en face de moi.
J'ai tenu à ce que les enfants ne soient pas présents. Ils étaient déjà suffisamment traumatisés pour qu'en plus ils aient à subir une telle épreuve. Je les ai donc laissés à la maison avec une soeur de l'église.
La maison était noire de monde.
Il y'avait les diacres ainsi que quelques frères et sœurs de l'église, qui m'ont aidé à tout organiser.
Depuis 3 jours la mère de Ludovic ainsi que sa sœur et son petit frère, étaient là.
Moi : Maman, laisse je vais ranger tu devrais te reposer.
Maman : non, ça va ma fille...
Pauvre femme, ça ne doit pas être facile pour une mère d'enterrer son enfant...elle me fait de la peine.
Maman : Tu veux toujours partir avec les enfants ?
Moi : Oui maman, cette maison me rappelle trop Ludovic et c'est plus pour les enfants. Mais ne t'inquiète pas, tu verras tes petits-enfants.
Mam : oui mais plus comme avant, tu pars pour Franceville quand même !
Moi : Maman, je te promets que tes petits enfants viendront t'embêter comme auparavant.
Je veux partir pour fuir cette maison me rappelant Ludovic.
Je sens sa présence dans chaque pièce, elle me rappelle chaque coups qu'il a porté sur moi, elle me rappelle chaque insulte, elle me rappelle chaque humiliation et à présent il été plus que temps que ma vie change de direction.
Ce deuil dure déjà depuis trop longtemps. Ne pensez surtout pas que je suis une femme indigne et sans cœur.
Non loin de là.
Si je ne ressens rien c'est tout simplement parce que mon tendre et cher époux m'a ôté tout sentiment.
Tout le monde est parti et franchement il était temps.
Les enfants sont endormis et moi je n'ai pas sommeil. Je décide d'appeler Michael car j'ai besoin de me changer les idées...
Moi : Bonsoir Mike!
Mike : Coucou ma puce, comment vas tu ?
Moi : Pas trop mal...
Mike : J'aurais tellement aimé être près de toi mais... ça aurait été trop inapproprié tu sais.
Moi : Oui bien sûr ! Ma belle famille et quelques membres de l'église étaient là
Mike : Je vois... sa mort t'affecte ?
Moi : Non, à toi je ne peux pas mentir. Je dirais même que cela me réjouis un peu...
Mike : Que Dieu me pardonne, mais ce salaud n'a eut que ce qu'il méritait
Moi : Mouais...
Mike : à présent pense à ton futur, tu as le droit d'être heureuse et je veillerai à cela!
Moi : J'appréhende un peu la réaction des enfants. Ils aimaient énormément leur père
Mike : On ira pas à pas
Moi : J'ai peur Mike, Ludovic m'a détruite et je ne crois pas que je serai à la hauteur...
Mike : je serais là et s'il faut que je te réapprendre à aimer je le ferai
Moi : Hum...il faut que j'y aille. La journée a été longue.
Mike : Oui je comprends ne t'inquiète pas. Bonne nuit ma puce.
Moi : Bonne nuit Mikaël !
Mon histoire ?
Elle est assez compliquée et vous voudriez sûrement la connaître !?
Pour cela il me faut vous raconter pourquoi et comment j'en suis arrivée la.
Moi qui étais une jeune fille extravertie et très joviale, me suis transformée en l'espace de quelques années en une femme renfermée et paranoïaque.
Qui suis-je ?
Orema Adzomo née Ogandaga, 30 ans, mère de deux adorables enfants et veuve heureuse de Mr Ludovic Adzomo.