Prologue
Ecrit par Womins
Je commence à perdre patience. Je regarde ma montre, une collection limitée de la grande maison Hermès. Le chic à la française, c’est un peu ce qui me caractérise. Je suis bien loin des enseignes qui bordent les Champs-Elysées et de l’accueil plus que charmant de ces gérants aux allures de mannequins qui y travaillent.
Margot (enceinte jusqu’au cou) : Tu pourrais m’aider un peu sinon j’ai bien peur que ta présence ne me soit pas d’une grande utilité.
Moi (cherchant une excuse) : C’est que je ne sais pas trop où commencer Margot. De plus, j’ai une excuse…
Elle peste et elle s’éloigne de moi. Elle a raison, je lui avais promis de passer cet après-midi avec elle et là, je l’abandonnais à son sort. Et puis, pourquoi avait-elle choisi cette journée pour compléter sa layette ? N’aurions-nous pas tout simplement pu aller nous faire dorloter dans un des nombreux centres de beauté de la capitale ? J’aurai mille fois préféré l’accompagner à son cours d’aquagym.
Les dés sont jetés. Je suis déjà là alors autant mieux lui donner un coup de main. Mais par où commencer ?
Moi (me parlant à moi-même) : Ca ne doit pas être bien difficile.
Je range mon téléphone et j’avance entre les rayons. J’ai l’impression que ces enseignes proposent toutes les mêmes articles fades et insipides. Et tous ces « frou-frou » et ces paillettes, serait-ce le grand come-back des bébés disco ? Je suis sans voix. De temps en temps, je m’arrête et je regarde quelques-unes de ces futures mamans au ventre bien rebondi s’extasier devant un bavoir.
Je me saisis de ce qui me semble être une des pièces maitresse de la garde-robe du nouveau-né. C’est petit, brillant et même que j’ai vu trois femmes en prendre, c’est que ça devrait faire l’affaire.
Moi : Margot, regarde ce que j’ai trouvé pour la future princesse.
J’avais terminé cette phrase en caressant son ventre dur.
Margot (arrachant le petit cintre) : Montre-moi ça !
Elle inspira profondément après avoir examiné le petit bout de tissu avec minutie.
Margot : Ma parole, c’est du soixante-sept centimètres. Elle n’est même pas encore née que déjà tu voudrais qu’elle porte des vêtements pour enfants de six mois. Où avais-je la tête en pensant que tu pourrais m’être utile ?
Elle tourna ses talons en direction des caisses ; portant sur son avant-bras quelques pièces qu’elle avait sélectionnées. Je la suis mi-honteuse, mi-heureuse jusqu’à la sortie.
Moi : Ça te dit qu’on prenne un verre dans un ses endroits chics dont j’ai le secret ?
Margot s’arrête et je suis bien obligée de faire pareil. J’espère secrètement qu’elle ne compte pas faire un malaise ou pire accoucher là, dans la rue. Je n’ai jamais eu l’occasion de prendre des cours de puériculture encore moins ceux de sage-femme.
Margot : Alex, je suis fatiguée.
Moi (essayant de la convaincre) : Mais c’est l’occasion de découvrir une nouvelle adresse gourmande, tu en penses quoi ? On pourrait aller se poser tranquille à l’ombre d’une terrasse. Donne-moi le sac que je t’aide.
Margot (tirant le sac pour m’empêcher de m’en saisir) : Et si nous allions à la maison plutôt que dans un de ces endroits snobs ?
Je savais que je ne devais pas la contrarier alors qu’elle est dans cet état mais j’avais bien l’intention de tenter de me soustraire à cette invitation inattendue.
Moi : Tu es sûre ? Tu sais, j’ai envie de te faire découvrir une fabuleuse maison. L’Eclair de Génie. Tu connais ?
Margot (exaspérée) : Ça ne m’intéresse guère. Taxiiiii….
Elle venait d’arrêter le premier taxi libre qui passant par là et s’y engouffrait déjà.
Margot : Tu viens avec moi ou tu vas à ton éclair machin chose.
Moi (malgré moi) : On y va.
Je montais dans ce fichu taxi qui sentait drôlement bon !
Dans le taxi, Margot n’arrêtait pas de parler et de se plaindre de quelques brûlures d’estomac. Elle était déjà comme ça durant sa première grossesse. Grosse, négligée et elle avait tout le temps de petits malaises.
Mais quelle idée de se laisser mettre en cloque une seconde fois ? La maternité outre les désagréments dont j’étais témoin lui offrait-elle des plaisirs que je ne devinais pas ? Certaine de ne pas avoir de réponse à mes questions je me contentais de jeter un coup d’œil à mon agenda.
Aucun diner de prévu ce soir. Juste le retour de mon chéri.
Quatre ans de relation et tout était toujours parfait. Pas une ombre au tableau. J’avais souvent l’impression que pour nous, le sablier du temps s’était arrêté. Et quand il me prenait dans ses bras…
Une voix toute enjouée me sort de ma rêverie.
Noah (me faisant de grands sourires) : Tati, t’es venue me voir ?
Margot : Chéri, laisse ta tati descendre du taxi.
Dès que je fus hors du petit habitacle, Noah me sauta dessus. Je le prenais dans mes bras. A trois ans, il était bien lourd ce petit bout d’homme. Je passais une main affectueuse dans ses cheveux frisés tout en lui administrant une flopée de petits bisous dans le cou. Il se tordait de rire.
Margot : Vous ne voulez pas continuer vos mamours à l’intérieur ?
Moi (posant le petit au sol) : Le chef à parler Noah.
Noah (courant pour rattraper sa maman à l’intérieur) : allez dépêche-toi.
La maison était sens dessus dessous. Des jouets trainaient un peu partout. Callie, la baby-sitter essayait de mettre un peu d’ordre dans tout ce bazar. Ils avaient dû se faire un après-midi de folies ces deux-là. J’allais rejoindre Margot dans la cuisine quand je trébuchais sans tomber. Noah qui sautait sur le canapé s’affala et se mit à rire à gorge déployée.
Margot : Tu devrais ôter ces chaussures un moment, tu risquerais de te casser la gueule ma belle.
Moi : Et toi, tu devrais peut-être arrêter de manger pour quatre ma grosse.
Margot (aucunement blessée par ma remarque) : Je mange pour deux. Noah, arrête de sauter partout. Donne un coup de main à Callie.
J’avais fini par troquer mes talons aiguilles contre une paire de pantoufles à tête de singe ou de lapin. Margot s’était échouée sur le canapé telle une baleine. Me laissant seule entre les mains du petit « monstre ». Il débordait d’énergie. Nous étions en début de soirée et il continuait de sauter partout. Je cru bon de lui proposer une petite activité en cuisine.
Moi (au bord de la crise de nerfs) : Noaaaaah, arrête de plonger tes mains dans le pot de Nutella.
Il ne m’écoutait pas. Il avait déjà fait assez de bêtise. Il avait renversé le pot de farine, il avait cassé des œufs sur le plan de travail alors qu’il s’essayait au métier de jongleur, il s’était tartiné le corps de beurre fondu. Et tandis que moi, j’implorais les cieux pour que sa maman émane de son sommeil, lui semblait bien heureux.
Notre œuvre était se refroidissait sur le plan de travail. Je pouvais souffler tout en constatant l’ampleur des dégâts que ces petites mains avaient causés sur ma tenue. Elle était bonne à être jeter cette jupe.
Noah (la bouche pleine) : Il est trop bon notre gâteau.
Moi (tapotant l’écran de mon téléphone) : Oui mon chéri, ta tati c’est un chef.
Il me colle un bisou baveux avant de me dire un je t’aime d’une douceur sans secret pour un enfant de son âge. C’est clair, je suis aussi sale qu’un petit cochon mais à cet instant, je ne peux que le prendre dans mes bras. Bien-sûr que je l’aime aussi mon monstre. Une question me vient à l’esprit et même si je pense connaitre la réponse, je préfère garder espoir. Peut-être que je me trompe.
Moi : Noah, dis tu parles de quel gâteau ?
Noah (la voix enjouée et le regard malicieux) : Du gâteau tati.
Il s’était détaché de mon étreinte et courait déjà à l’intérieur.
Le cœur lourd, je quittais la terrasse pour aller confirmer mes craintes. Il n’avait même pas pris la peine de couper un morceau. Il avait tout bonnement refermé sa main sur le dit gâteau laissant un petit gouffre sur le dessert. Des miettes partout.
Moi : Noaaah…
Margot apparue, trainant des pieds. Il l’avait réveillé. Elle regarda l’état de sa cuisine et souris quand elle aperçut le gâteau. Sans rien dire, elle se mit à m’aider à remettre un semblant d’ordre. Il nous fallut pas moins de quarante minutes pour en finir avec la crasse et les dégâts. Sam était rentré depuis peu et j’en remerciais les cieux, il pouvait s’occuper de son fils.
Sam (nous voyant arriver au salon) : Vous avez fini de ranger ?
Moi (m’écroulant sur un fauteuil) : Oui et que les cieux en soient loués.
Margot (assise sur les jambes de Sam) : A sa tête, je suis prête à parier qu’il ne lui a pas fait de cadeau notre fils.
Nous aurions dû prendre un café au lieu de venir ici pensais-je.
Moi : Au lieu de rire, tu devrais m’appeler un taxi. Il commence à se faire tard.
Pendant que j’attendais, j’aidais Margot à donner le bain à Noah. En fait, je l’assistais plutôt. Il faisait de tout un jeu et j’admirais la patience et le dévouement de sa maman avant de m’en aller.
En pénétrant dans mon immeuble, je tentais une nouvelle fois de joindre Raphaël. J’avais déjà essayé plusieurs fois et là encore, pas de succès. Son avion devait pourtant déjà être arrivé. Dans l’ascenseur, je ne cessais de regarder mon reflet dans la glace. J’étais horriblement sale et mes chaussures commençaient à me faire mal aux pieds.
Je m’étais dépêchée d’ouvrir la porte de mon appartement. Je n’aurai pas pu supporter qu’un de mes voisins me voie dans pareille tenue.
A peine entrée, j’ôtais ma paire de chaussures que je les balançais loin de moi. J’avais une terrible envie de faire pipi. En me dandinant comme une cane, je gagnais les wc visiteurs pour soulager ma pauvre vessie. J’étais là, assise sur le pot l’air reposée, la culotte baissée avec pour fond sonore ce son que produit le filet d’urine quand il apparut devant la porte que j’avais laissé ouverte. Mon Dieu, Raphaël était là, planté devant moi. Je sentais mes joues virer au rouge cramoisi. Quelle honte !
Raphaël : Hello beauté.
Moi (gênée) : …
Raphaël : Quoi ? Qu’est-ce que tu as ?
Moi : …
J’étais morte de honte. J’avais vidé ma vessie mais je n’arrivais pas à me mettre debout.
Raphaël (inquiet) : Je t’ai fait peur ?
Il fallait que je dise quelque chose, mais quoi ? La sonnerie de son téléphone brisa le silence. Il s’éloigna pour répondre et moi, j’en profitais pour remonter ma culotte et filer dans ma chambre. Il y avait ses affaires dans un coin. Depuis combien de temps était-il arrivé ?
Je profitais du temps qu’il passait au téléphone pour courir dans la salle de bain. Mon seul objectif là maintenant était de lui faire oublier cette image grotesque. J’avais envie de sentir bon, d’avoir la peau toute douce et d’être fraiche pour lui. Je pestais contre moi-même. Je n’aurais pas accepté de passer cet après-midi avec Margot que je me serai faite bichonné pour ce soir.
Je tentais d’oublier les dernières minutes de mon existence sous les flots d’eau froide qui ruisselaient sur ma peau. Je commençais à me détendre quand je sentis une main se refermer sur une de mes épaules tandis qu’une autre, courait le long de mon ventre pour ne s’arrêter qu’à mon entre-jambe. Un souffle chaud s’écrasa sur ma nuque me faisant frissonner. Sa main quitta ma frêle épaule et s’écrasa sur mon sein. Il en dessina les contours en prenant bien soin de jouer avec ce téton durci.
Raphaël : Tu m’as manqué Lex.
Sa voix était roque et à la fois douce. Il me donnait des baisers longs et langoureux dans le cou. Quelques fois, il me mordillait délicatement le lobe de l’oreille. J’étais comme électrisée. Et pendant ce temps, sa main continuait de s’activer plus bas. J’avais l’impression d’être hors de moi sous ses caresses. Il coupa l’eau et je profitais de cet instant pour me retourner et lui faire face. Je me saisis de ses lèvres pendant que ses mains douces et fortes jouaient avec chaque rondeur de mon corps. J’avais déjà oublié ce qui venait de se passer. Combien de semaines s’étaient écoulées sans que je ne puisse sentir son doux parfum aussi près de moi ?
Je me laissais aller à mes pulsions et sans même y penser, je me retrouvais accroupie, sur la pointe des pieds en train de lui faire une fellation. Je sentais son désir s’intensifier à mesure que ma bouche s’activait sur son intimité. Ses doigts dans mes cheveux se crispaient et se relâchaient. Quand il revenait à lui, il m’imposait alors le rythme mais ça ne durait pas plus de dix secondes avant que je reprenne le dessus grâce à ma langue experte.
Raphaël (haletant) : J’ai envie de toi.
Je continuais encore un peu, histoire de le faire languir avant de me relever.
Moi (dans le creux de son oreille) : Suis-moi.
Je marche devant lui, nue comme un ver de terre sans aucun complexe. J’ai le corps qu’il faut pour ce genre de scène. Pas un poil mal positionné, pas un bourrelet gênant. Nous quittons cette magnifique douche à l’italienne pas vraiment pratique pour se ce genre d’exercice. Je me dirige vers le plan vasque. J’y pose une serviette et je monte dessus avant d’écarter mes jambes lentement. Il m’observe sans un mot. Les gouttes d’eau sur son torse lui donnent des allures de divinité grecque. Ses jambes longues et musclées sont bien callées au sol.
Moi (en jetant ma tête en arrière) : tu viens ?
Il crispe sa mâchoire et s’avance vers moi. En quelques seconde, nous ne faisons plus qu’un. Je pousse de petits cris alors que mon corps entier est secoué par ses assauts. J’ai l’impression que ses doigts sont en train de s’enfoncer dans mes chairs. Nos regards se croisent et il devient comme fou. J’entends ses rugissements sourds. Il prend téton dans sa bouche et la chaleur de cet antre me consume tandis que mes mains baladeuses s’attardent sur ses fesses.
Sans crier gare, il se détache de moi et s’aide d’une main pour continuer à me donner du plaisir avant de me faire descendre et de me faire faire un demi-tour. Il me pousse doucement vers l’avant. Dans la glace, j’ai le loisir de pouvoir l’observer. Il prend le temps d’examiner cette croupe qui s’offre à lui et il sourit avant de s’enfoncer lentement et profondément en moi. Je pousse un léger cri et je me perds dans le plaisir qu’il me donne. Nous rattrapons deux semaines de manque, deux semaines d’absence l’un de l’autre avant de se jeter dans le grand lit.
Moi : J’ai essayé de t’appeler au moins dix fois. Pourquoi tu ne m’as pas dit que tu étais arrivé ?
Raphaël : Je ne voulais pas te presser. Et puis, ça nous aura fait vivre une belle scène non ?
Il se met à rire. Moi, je me sens toute honteuse.
Raphaël : Lex, tu n’es pas obligée d’être parfaite tu sais.
Où veut-il en venir ? Je préfère ne rien dire. Pendant que certains courent derrière la perfection, lui il me suggère de me laisser aller ? Je ne veux pas finir comme Margot, avec une dizaine de kilogrammes en plus et une vie aussi bien rangée que des vieux slips dans un tiroir.
Raphaël : Je meurs de faim !
Moi : Tu veux que je commande quelque chose ?
Raphaël : Non.
Il joue au piano sur mes hanches. Je me retiens de rire.
Moi : Tu veux qu’on sorte ?
Raphaël : Non, je préfère qu’on mange ici.
Je n’ai aucune envie de cuisiner. J’ai déjà donné chez Margot tout à l’heure.
Il me pousse et sort du lit pour revêtir un short.
Raphaël (en tournant les talons) : Viens, je vais faire quelque chose.
Je profite encore de la douceur des draps pendant un moment avant de me décider à le rejoindre. Quand je mets le nez dehors, ça sent bon les champignons sautés. Sur la table basse, je trouve un plateau de toasts.
Raphaël (tenant deux verres de vin) : J’ai fait avec ce que j’ai trouvé. Installe-toi.
Je pose mes fesses nues sur l’épais tapis. C’est aussi doux que de la vraie fourrure. Ca sent vraiment bon. On dirait qu’il a mis du foie gras, de la moutarde.
Nous dégustons notre plateau en parlant de tout et de rien. Il me raconte son séjour à Madrid et moi je lui parle de la pression de ces derniers jours au boulot. Il débarrasse avant de venir s’allonger près de moi, une couverture légère à la main.
Moi (aux anges) : Bonne nuit bébé.
Je sors de mon sommeil beaucoup plus tard que d’habitude. Raphaël n’est pas à mes côtés. Il n’est pas dans l’appartement. Mon téléphone affiche neuf heure douze. Heureusement que c’est samedi. Je tente de l’appeler, il ne répond pas. Ça commence à m’énerver, qu’est-ce qu’il a à ne jamais décrocher.
Je prends ma douche et quand je sors, il y a comme une odeur de café dans l’air. Je vais dans la cuisine et je lui fais un bisou.
Moi (boudeuse) : Tu m’as laissé seule.
Raphaël (me prenant dans ses bras) : Faut bien que quelqu’un s’occupe de nos estomacs.
Moi (me détachant de son étreinte) : Tu as pris quoi ?
Son téléphone sonne. Il s’éloigne pour répondre et moi je vais m’apprêter, il faut que j’aille faire mon sport quotidien.
Quand je sors de la chambre, il est toujours au balcon. J’entends à peine ce qu’il dit. Je décide de m’en aller. On se verra à mon retour.