Psycho
Ecrit par Hübsch
Carl est de mauvais poil ces derniers temps, surtout depuis qu'il a appris que j'attends un enfant de lui. Le seul endroit où on arrive encore à s'entendre c'est au lit. Et ça je le dois à Adjovi pour ses pommades miracles. Depuis la fois passée il ne fait que bouder et pousser des jurons. Je ne sais pas qui l'a contrarié mais ça a l'air de vraiment l'énerver. J'ai démissionné de mon boulot pour m'occuper de moi et je ne l'ai pas encore averti. D'ailleurs j'ai toujours détesté travailler. C'est trop épuisant et humiliant pour une femme comme moi. D'ailleurs je crois qu'il est temps de prendre une domestique. J'ai besoin de repos. Je prépare le dîner et fait signe à Carl de me rejoindre à table. Ce qu'il fit toujours la mine serrée. Dès qu'il eut fini il s'apprêtait à retourner dans la chambre quand je lui annonça la nouvelle.
_Tu as fait quoi ?
_J'ai démissionné.
_Et je peux savoir pourquoi tu as fait une chose si bête.
_Pour pouvoir m'occuper de notre enfant.
_Les femmes qui réfléchissent prennent un congé de maternité et non démissionner mais comme toi tu es stupide ça ne m'étonne pas.
_Tu gagnes assez pour prendre soin de nous deux et je pourrais toujours travailler quand l'enfant grandira un peu. En plus je ne te permets pas de me parler ainsi.
_Je te parle comme je veux. Tu t'es offerte à moi moins chère alors je te donne la place que tu mérite. Tu n'es pas mieux qu'une catin.
_je ne te permets pas. Paf !
Je l'ai giflé mais je n'aurais pas du. Je l'ai regretté aussitôt. Je l'ai donné l'occasion de déverser sa colère sur moi. Il m'a frappé. Il m'a tellement frappé que j'ai mal partout. Je pensais que ce serait facile une fois que je me serais installé mais je commence à le regretter. C'est difficilement que je me suis traîné jusqu'au lit pour me coucher. Ce matin j'ai pris une douche chaude, je me suis masser tout le corps puis à l'aide du maquillage j'ai masqué mes bleus. Je n'ai pas eu la force d'ouvrir les yeux quand il s'est apprêté pour le boulot. Je me suis assise entrain de regarder la télé quand quelqu'un sonna à la porte. Je me lève avec difficulté pour ouvrir et celle qui se tient sur le pas de ma porte m'a enlevé l'envie de sourire. Je n'arrivais pas à en croire mes yeux. Mais qu'est ce qu'elle fait chez moi ?
_Jenny qu'est ce que tu fais ici ? Depuis quand tu es rentrée ?
_Salut Sonia. Tu es ravissante, la grossesse te va bien on dirait. Je peux rentrer ?
_Oui bien sur. Prends place je t'apporte quelque chose à boire.
Elle prit place dans canapé et je m'en vais à la cuisine lui apporter un verre de jus. Puis je viens m'asseoir dans le fauteuil opposé.
_Alors que me vaut l'honneur de ta visite?
_Eh bien de mon retour j'ai appris que notre clan s'est dissoute alors je voulais avoir ta version des faits avant de juger qui que ce soit.
_Je vois que Lili t'a raconté certaines choses. Elle t'a dit quoi exactement.
_Pourquoi toi tu ne me raconte pas plutôt.
_Bon on a rencontré Carl toutes les deux après que tu sois partie. Il m'a tout de suite plu. Lili quant à elle ne le supportais pas. Alors j'ai fait tout ce que je pouvais pour conquérir son cœur et ça a marché. C'est moi qui ai gagné. Il n'y a pas de quoi être jalouse. En amour comme en guerre c'est le plus rusé qui gagne.
_Bah je vois qu'avec toi tout est question de compétition. Tu vas me dire que tu n'a pas remarqué que quelque chose se passait entre eux deux ?
_Oui et j'ai confronté Lili mais elle m'a dit de tenter ma chance qu'elle n'y voyait aucun inconvénient. Alors je ne vois pas pourquoi elle en fait tout un drame comme si je lui avais volé son mec jusqu'à t'envoyer me parler. C'est pathétique.
_Elle ne m'a pas envoyé et elle ne veut rien savoir de Carl si cela peut te rassurer. Je suis venue parce que nous sommes amies.
_Tout est dit je crois. À ce que je sache il n'existe pas de loi entre nous qui interdit de sortir avec l'ex d'une autre.
_Non pas du tout. Mais est ce que tu es heureuse c'est ça la question. Je ne te sens pas heureuse. J'ai l'impression que tu prends un truc qui ne t'appartient pas et par la force en plus. Je ne pense pas que Carl t'aime et ça tu dois le savoir aussi. Pourquoi t'acharne tu jusqu'à lui faire un enfant ? Un enfant ne garantit pas l'amour j'espère que tu le sais. Et une vie sans amour est une vie minable.
_Qu'est ce que tu en sais ? Je ne te permets pas de venir dans la maison de mon mari pour me donner des leçons. Je n'ai aucun compte à te rendre. Et toi alors ? Tu t'es promené sur tous les garçons à Lomé ici qui veut encore de toi. Au moins moi j'ai un mari et bientôt un enfant. Et toi alors qu'est ce que tu as ? Je te remercie d'être venue . Mais je vais me passer de tes conseils à l'avenir.
_D'accord. Le message est bien passé. Je ne t'embêterai plus à l'avenir. Heureux ménage à toi.
Sur ce elle se leva et quitta l'appartement. Mais elle se prend pour qui pour venir me donner des leçons. C'est vrai que ça a toujours été mon rôle vu que les deux avaient l'habitude de se la jouer tête en l'air et maintenant je me retrouve dans la position opposée. Je ne suis pas heureuse avec Carl pour le moment mais je sais qu'avec le temps et dès l'avenue de notre bébé il apprendra à m'aimer. Tant que Lili reste à distance il finira par tomber amoureux de moi. Pour le moment ça me suffit largement qu'il prenne soin de moi et de ma famille.
**
Aujourd'hui j'ai décidé que j'allais jouer les moralisatrices advienne que pourra. Il fallait que ça sorte. L'hypocrisie c'est pas mon truc. Sourire avec quelqu'un alors qu'on ne le porte pas dans son cœur n'est pas ma tasse de thé. J'ai commencé par Sonia. Je lui ai dit ce que j'avais à lui dire. Qu'elle l'ait mal pris ou pas c'est déjà fait et je me sens beaucoup mieux voire légère. Si elle écoute mes conseils tant mieux, si elle ne le fait pas tant pis. Chacun est libre de ses choix. Maintenant c'est le tour de Roger. Là c'est un peu difficile parce que je suis en quelque sorte impliqué. J'ai décidé d'être franche pour le bien de Lina. C'est une gentille petite fille et ça serait triste qu'elle continue d'être maltraité. Mais je ne veux pas qu'il pense que je suis jalouse parce que ça n'a vraiment aucun rapport. Vu qu'on m'a interdit de parler à lina j'appelle directement Roger sur son téléphone. Il décroche à la première sonnerie. C'est plutôt bon signe nn.
_Oui Allo Jennifer tout va bien ?
_Ça va. Aurait tu quelques minutes à m'accorder ? Il faut que je te parle d'un sujet très important.
_Bien sûr. De quoi s'agit il?
_À quel point connais tu Léonie ?
_C'est quoi cette question. Tu n'as pas le droit de t'immiscer dans nos vies. C'est Léonie que j'ai choisi tu ferais mieux de te faire à l'idée et de l'accepter. Plus tôt mieux ce sera. Finalement je pense que j'ai bien fait de refuser que tu continue par appeler Lina. Tu deviens une mauvaise influence pour elle.
_Waouh on dirait que tu t'es entraîné pour pouvoir me dire ça. Quel est la dernière fois que tu as vu ta fille sourire?ou jouer gaiement comme l'enfant qu'elle est et qu'elle est censée être. Ta peur de t'engager te fait faire de n'importe quoi. Sauter sur la première venue n'est pas une solution. Si seulement tu savais Tu devrais rentrer plutôt aujourd'hui à la maison.
_Rentrer plutôt pour quoi ?
_Il ya une surprise qui t'attend à la maison. Tu m'en diras des nouvelles. Mais il va falloir être discret quand tu rentres. Je suis désolé de me mêler de ce qui ne me regarde pas et je promets que c'est la dernière fois .
_Une surprise ? Mais de quoi tu parles ? Et pourquoi c'est toi qui me l'apprend ?
_Tu comprendras assez vite. Aurevoir Roger.
Bon maintenant c'est fait. J'ai fait ma part du marché. Le reste est entre leurs mains. Je vais m'allonger un peu.
_Jennifer ! Jennifer!
_Mais pourquoi vous criez mon nom comme ça.
_Tu as de la visite.
_De la visite ? Mais de qui ?
_Du monsieur de la fois passée. Il vous attend au salon.
_Dites lui que je ne suis pas là.
J'ai pas envie de voir sa tronche, il m'énerve.
_Jennifer !
_Quoi encore !
_Votre père vous appelle sur le téléphone fixe.
Pffff mais dis donc ! Je sort de ma chambre pour décrocher l'appel dans le couloir.
_Allo papa
_Mais toi tu veux apporter la honte sur notre famille ou quoi ? Je pensais t'avoir mieux éduqué. Tu laisses un invité au salon tout seul et tu te vautres dans ta chambre peinard ? Je ne te laisserais pas me déshonorer. Tu vas t'habiller et tenir compagnie à Monsieur....... Pour ce soir. J'espère que je me suis bien fait comprendre.
_Mais papa............
_Est ce que je me suis fait comprendre ?
_Oui Papa.
Jeff commence à me taper sur le système vu la facilité avec laquelle il manipule mes parents. Je rentre me changer et je descend le retrouver au salon. Il a ce sourire diabolique sur le visage pour me dire qu'il a gagné. Il ne perds rien pour attendre. Mon père m'a demandé d'être sa compagne il n'a pas précisé que je ne pouvais pas être désagréable. Je vais lui faire voir de toutes les couleurs.
_Alors on y va ?
_Avec plaisir.
Il roule pendant plusieurs minutes et pendant un moment j'ai commencé par m'imaginer ce qu'il pourrait me faire. Me tuer, me violer.et jeter mon corps .......mais Il devra s'expliquer auprès de mon père donc je ne pense qu'il n'oserait pas . Finalement il s'arrête dans un restaurant au bord de la plage non loin du quartier de Baguida et me fait signe de descendre. Une fois dans l'enceinte du restaurant des tables en bois occupaient l'espace et de petites lanternes artificielles pendaient au dessus de nos têtes. L'atmosphère était très accueillant. Le vent soufflait et les lumières scintillaient tels des lucioles dans la nuit. N'eut été à cause de celui qui m'accompagnait je serai sans doute tombée amoureuse de l'endroit. Il choisit une table dans l'angle un peu à l'abri des regards et on prit place.
_Enfin seuls. Jennifer tu m'a vraiment manqué.
_Pas de slip vibrant ou des biscuits somnifères ou autre chose de ce genre aujourd'hui ?
_Non ne me dis pas que tu m'en veux toujours pour ce qui s'est passé à Paris ?
_T'en vouloir mais pas du tout. Je voulais juste savoir ce que tu me réserve d'autre dans ta tête de psychopathe.
_Quel est la définition d'un psychopathe ? Je me vois plutôt comme un homme fou amoureux.
_Malade tu veux dire ! Tu ferais mieux de te faire soigner.
_C'est toi qu'il me faut
_Je vois. J'ai faim, pouvons nous commander ?
_Bien sûr. Serveur !
Au moment où le serveur apporta le menu je dépose mes deux pieds sur la table pour irriter un tout petit peu mon compagnon mais celui ci se mit à me caresser les pieds ce qui me fit changer immédiatement d'avis. Pour me concentrer sur le menu.
_Bon je vais prendre votre champagne le plus coûteux, une salade de crevettes, des huîtres, un plat de poisson braisé, un gâteau au chocolat et un jus de fruits.
_Waouh on dirait que tu as de l'appétit ce soir.
_Tu n'imagine même pas à quel point.
_Apportez moi juste un plat de riz à la sauce crème.
En attendant que le serveur revienne Jeff tenta de faire la conversation, dans le but de l'ignorer j'ai mis mes écouteurs dans les oreilles et je l'ai laissé parler tout seul. Et lorsqu'enfin on apporta le champagne, je pris une flûte puis deux que j'engloutis à la va vite et renversa le reste dans la cuvette pleine de glaçons. Il me regarda sans sourciller comme si cela ne lui disait rien. Comme si le prix d'une bouteille de champagne n' avait aucun effet sur sa poche. Comme s'il prenait du caviar au petit déjeuner. Vivement il m'agace. On apporta alors nos repas et à cause de tout ce que j'avais commandé le serveur apporta une table supplémentaire puis Jeff commanda à nouveau une autre bouteille de champagne.
_J'espère que tu vas tout finir !
_Sinon quoi ?
_Oh non rien je te dis ça juste pour que tu ne comptes pas sur moi pour t'aider.
_Tchruuuuuuuu
Je me mis à mettre les mains dans le nez et à cracher par terre. Il releva juste les yeux sans pour autant cesser de manger et lorsque les autres invités se retournèrent il leur dit "veuillez excuser le comportement de ma femme. Elle n'a pas toujours toute sa tête" et qu'il fit signe pour qu'on vienne nettoyer, j'eus la honte de ma vie. Je suis tombée très bas et je n'ai plus de cartes à jouer. Comment quelqu'un peut être si calme. J'ai tout fait pour le déstabiliser, pour qu'il perde son sang froid mais rien. Il ne bougeait pas. Il n'a pas bronché. Il était toujours autant zen et maintenant c'est moi qu'on regardait avec une pointe de dégoût et de pitié. Je n' arrivais même pas à tourner la tête de peur de tomber sur un regard qui me juge. Je commençais à avoir mal au cou et tout ce dont j'avais envie était de disparaître, de me faire tout petit.
_Jenny ça va? Tu n'as presque rien mangé de la soirée.
_Je veux rentrer.
Soit c'est un gars fou amoureux qui est prêt à tout tolérer, soit c'est un vrai malade. Il paya l'addition et conduisit jusqu'à chez moi. Une fois arrivé il verouilla les portières et je me retrouvai coincée à l'intérieur. Moi et lui dans un espace clos. C'est pas du tout bon signe. J'espère qu'il ne pense pas au premier baiser. Que vais je pouvoir faire pour me sortir de là. Je commençais par chercher dans ma tête une idée mais à part le tuer rien ne vint. Il s'approcha de moi et me renifla le cou. Je m'apprêtais à le mordre s'il tentait de m'embrasse mais il déposa un bisou sur ma joue et dans mon cou puis retourna à sa place. Il deverouilla les portières et une fois que je fus à l'extérieur il me dit "Jenny Jenny, j'ai passé une très belle soirée en ta compagnie."
_Je pensais que tallais me sortir un de tes coups tordus pour me faire passer pour une idiotte.
_Oh je n'en ai pas eu besoin tu t'es débrouillé toute seule et j'ai été ravi du spectacle. Te voir si impuissante a été plus que satisfaisant. Je suis flatté que tu aies voulu attirer mon attention. Tu ne fais pas le poids Jennifer. Il en faut beaucoup plus pour me déstabiliser. J'espère que tu as compris la leçon.
Je suis restée là sans bouger pendant un moment comme si j'étais dans un dessin animé que j'avais vu un monstre et que je n'avais aucune idée de comment le vaincre.