Quand on ne peut rien maîtriser
Ecrit par EdnaYamba
Il n’y a pas d’attraction sans
réaction
L’attirance est une passion qui ne se contrôle pas toujours
Stéphane
MASSALA
En salle de réanimation, un patient est venu dans le coma
ce matin. En visite, avec les jeunes étudiants de la Faculté de médecine, Martin
et moi essayons de leur apprendre le déroulement de l’examen d’un patient
comateux.
Chaque Année, l’université envoient un groupe d’étudiants que
les internes sont chargés d’encadrer. Cet exercice n’est pas des plus faciles,
entre les étudiants sérieux, les moins sérieux, les absentéistes, parfois les
étudiantes aguicheuses aussi qui n’hésitent pas à nous draguer. Nous avons bien
souvent du fil à retordre.
Surtout que parfois il faut calmer les ardeurs de certains
étudiants trop zélés qui se permettent parfois de proposer un traitement aux
patients sans le soumettre au préalable aux séniors. Nous croisons vraiment des
étudiants de tous les types ! Pendant
que Martin explique les différentes étapes de l’examen clinique aux jeunots, regroupés en cercle, autour de lui, je me retire
avec les bons d’examens à négocier.
Marie Christelle, une infirmière du service passe et lui me
fait un de ses plus beaux sourires auquel je réponds. C’est l’une des infirmières, les plus
serviables avec qui nous travaillons, agréable et sympa !
-
Docteur vous n’êtes pas prêt de vos étudiants
aujourd’hui ? me chuchote-t-elle à son approche
-
Non, c’est Martin qui s’y colle aujourd’hui !
-
Tu as fui tes admiratrices ? se moque-t-elle
-
Tu sais bien que je n’ai des yeux pour aucune
autre que toi, la taquiné-je
Oui parfois nous flirtons, plus par amusement qu’autre
chose. Nous savons que notre relation ne dépasserait jamais le cadre amical.
Elle est fiancée et moi, j’ai rencontré Alice ! Je compte lui faire une
cour assidue, la marquer de sorte qu’elle ne l’oublie pas même si elle doit repartir
au Ghana. Parce que oui, j’espère que la distance ne changera rien. Quand
l’amour est fort, la distance n’est pas un
obstacle.
Je m’éclipse pour lancer l’appel.
Mais aucune réponse !
Peut-être
est-elle occupée, je rappellerais plus tard ! pensé-je.
Une heure plus tard, à la pause entre collègues au
restaurant de l’hôpital. Je relance encore l’appel. Toujours pas de réponses.
Je ne veux pas me faire pressant, ni harceleur.
Alors je lui fais un message en espérant qu’elle le voit.
«
Salut Alice, bien dormi j’espère. Juste prendre de tes nouvelles »
Il est déjà 19H et je n’ai toujours pas de réponses ! Inquiet, qu’il ne lui soit arrivé quelque
chose de grave, j’appelle une dernière fois. C’est le répondeur.
Ce qui n’arrange pas les choses. Un mauvais pressentiment
me parcourt.
Je me décide d’aller chez elle, à l’endroit où je l’ai
déposée la veille, pour être rassuré.
Devant le Portail, je sonne. Un homme d’une trentaine
d’année élancé, ouest-africain, avec une
barbe en broussaille vient m’ouvrir.
-
Bonsoir, j’aimerais s’il te plait voir Alice, demandé-je
alors que le monsieur me jauge de la tête aux pieds.
-
Attendez ici, je vais l’appeler, me répond-il, me
laissant dehors.
Ah
elle est au moins là ! Pensa Stéphane soulagé.
Elle apparait les minutes suivantes à la suite du gardien,
et semble surprise de me voir.
Et ce n’est qu’à ce moment que je réalise le caractère
impromptu de ma visite. Mais je veux bien subir ses foudres tant que j’ai le
plaisir de le voir, de l’entendre.
Je ne peux détacher mon regard d’elle au fur et à mesure
qu’elle s’approche timidement de la voiture sur laquelle je suis adossé, les
pieds croisés.
-
Bonsoir Alice, !
Alice MOUSSAVOU
Je me demande si mes résolutions vont pouvoir tenir. Je n’ai
pas prévu qu’il vienne me voir. J’ai arrêté mon téléphone expressément pour ne
pas céder à la tentation de lui répondre car j’en ai eu cruellement envie toute
la journée. Voilà que la tentation vient à moi. Je crains que mes résolutions
ne tombent à l’eau. Comment est-il possible que quelqu’un que je viens de
rencontrer puisse créer cette vague d’émotions en moi.
Je cherche intérieurement la voix de ma conscience qui me ramènerait
à la raison, cependant cette dernière semble bien silencieuse. Je n’ai plus
qu’à me débrouiller toute seule.
-
Bonjour Stéphane, que me vaut l’honneur de ta
visite ?
-
Je t’ai appelé, je t’ai écrit, pas de réponse
je me suis inquiété.
-
Tu n’aurais pas dû, je vais bien. J’étais simplement
indisponible.
-
Ok je vois. Je t’embarrasse, on dirait ?
demande-t-il en percevant mes réticences.
Je voudrais lui répondre par la négation et lui dire, que
je trouve touchant qu’il ait fait tout ce chemin pour me voir, car il s’est
inquiété pour moi. Mais, je dois être ferme. Si je me se ravise, je ne vais
plus pouvoir reculer, je risque même de céder devant ces yeux qui me déstabilisaient.
-
Nous ne sommes pas en couple Stéphane, tu n’as
pas à t’inquiéter ni à venir chez moi comme ça !
J’espère que le ton ferme servira à le décourager.
-
Ça ne dépend que de toi, tu sais bien que tu me
plais et tu me plais vraiment Alice ! réplique-t-il en s’approchant, est-ce que je ne te plais pas ?
Il est à présent proche de moi. Je reste pétrifiée, fuyant
ce regard qui semble me pénétrer jusque dans les profondeurs de mon cœur. Je le
pressens, il va m’embrasser et je suis à cet instant incapable d’empêcher ce
qui arrivera. Stéphane par un seul doigt ramène mon visage face à lui, nous sommes
à présent, front contre front, les yeux dans les yeux.
C’est à ce moment que ma conscience d’abord muette, se
réveille pour me crier : Ne le fais
pas Alice.
Mais je n’ai à présent plus envie à l’écouter.
Alice.
Mais
et Anthony ? me crie-t-elle! Alice, Alice tu me reçois ?
Court-circuit !
Problème
de transmission, on ne vous reçoit plus !
Stéphane pose ses lèvres sur les miennes et m’embrasse !
Et la fusion de nos lèvres produit un effet semblable à une
décharge électrique qui se propage dans tout mon corps. Nos lèvres se
cherchent avec avidité !
Comme si plus rien n’existe autour d’eux !
Anthonyyyyyyyyyyyyyyyyyyyyy,
réussit à crier plus fort ma conscience, me sortant de cet état
d’extase.
Je repousse délicatement Stéphane, la main sur mes lèvres
qui en redemandent encore.
-
Je ne peux pas faire ça ! lui dis-je. Il
ne faut plus qu’on se voit, ne m’appelle plus, ne m’écrit plus, ne viens plus
ici !
Et je m’enfuis vers la maison, laissant un Stéphane
désappointé.
***
Lance Durand
Je parcours le fichier que je viens d’ouvrir, il y a quelque
chose de suspect dans cette affaire ; la dame a été retrouvée morte
assassinée, aucune trace de lutte, pas de viol, les conclusions de l’autopsie
révèle une mort par arme à feu.
Mais dans un pays tel que le Gabon où les lois ne sont pas
respectées, on ne peut pas espérer que celles de la commercialisation de la
vente d’armes le soit. Il n’y a pas de réelles chances de trouver la provenance
de l’arme qui a servi à tuer cette dame.
Cependant d’autres éléments m’intriguent, les marqueurs balistiques
ont révélés que le tir était rapproché. Il s’agit certainement d’une personne
qu’elle connaissait.
De plus la dame était enceinte.
Était-ce le père de l’enfant le coupable ? Certainement
ce mystérieux monsieur évoqué par marina.
Mais le dossier présente également ses limites comme le nombre
restreint de suspect mis à part, un jeune homme accusé d’avoir harcelé la victime, par Bertrand MOUSSAVOU, le frère de cette
dernière.
Ce nom ne me semble pas inconnu.
Avec ce seul témoignage, le jeune homme a été reconnu
coupable et écroué en prison pour le restant de ses jours.
Cette affaire semblait de bout en bout avoir été bâclée.
Mais je ne suis pas au bout de mes surprises, le jeune
homme a été retrouvée mort après deux mois d’enfermement à la prison centrale
de Libreville. Et l’enquête s’est arrêtée là.
-
Sérieusement ? me dis-je à moi-même alors
que je constate que le rapport s’est arrêté là.
Les inspecteurs n’ont pas poussé la réflexion loin devant
ce double meurtre.
La mort de ce jeune homme démontre bien qu’il y a certainement
eu une machination.
La polie gabonaise a vraiment des failles.
Je sors mon calepin de mon jean et note les noms et
adresses.
Dimitri
NGOYE, c’est le nom du jeune malheureux.
J’espère trouver dans son entourage quelqu’un qui voudra me
parler.
Mais avant il est impératif que je rencontre d’abord Marina
Peut-être va-t-elle pouvoir elle aussi m’éclairer sur ces nouvelles
informations.
Je ferme soigneusement la page, avant de prendre mon
téléphone et d’appeler Marina à qui je fixe un rendez-vous.
-
J’ai vu le dossier de ta mère, pourquoi ne
m’as-tu pas dit qu’il y a eu un suspect arrêté ?
-
Parce que même moi, du haut de mes 15 ans, je
savais que Dimitri ne pouvait pas faire de mal à une mouche surtout pas à
maman, répond-t-elle ferme
-
Mais pourtant un membre de ta famille l’a
accusé, Bertrand MOUSSAVOU. Est-ce c’est le même Bertrand MOUSSAVOU des
entreprises HOPES BUILDING ?
-
Oui, c’est le grand frère ainé de ma
mère !
Marina grimace, ce qui ne passe pas inaperçu aux yeux de l’inspecteur
que je suis.
-
Tu n’as pas l’air de trop l’apprécier ? questionné-je.
-
Pas trop j’avoue ! Tout le monde d’ailleurs.
Il vit en parfait retrait de tout le monde dans la famille !
-
Quels étaient ses rapports avec ta mère ?
-
Je ne sais pas trop, un jour ils s’entendaient
et l’autre jour non. Comme toute relation frère et sœur
-
Savais-tu
que ta mère était enceinte ?
-
Quoi ????