Regret

Ecrit par Aura


***********Arielle************

Non mais, on est où là ? Oser me dire que c’est fini entre nous après ce qui s’est passé ? Non il plaisante j’espère. Il me prend pour qui ? Suis-je sa poupée gonflable ? Est-ce qu’on a écrit sur mon front « poupée sexuelle à prendre puis à laisser » ? Non mais ! C’est un truc de ouf tout ça. Il se paye ma tête ou quoi ? Quelqu’un prend ton temps, tes espoirs, ta vie au total et il dit que tout ça prend fin. N’importe quoi ! Il croit que je vais lui courir après ? Pff, il s’est fourré le doigt dans l’œil. Il est celui qui fout le bazar et le premier à laisser tomber, à se plaindre. Je m’en fous. Il voulait qu’on se mette ensemble, il m’a même forcé. Finalement j’accepte et monsieur me lâche. Non mais il exagère. La personne qui devait péter les plombs c’est bien moi. La victime dans tout ça c’est moi. C’est moi qui me suis faite insultée par cette mégère de Dana, c’est moi qui ai perdu toute ma collection, c’est moi qui ai perdu mon boulot à cause de lui et maintenant il fait comme s’il était plus humain que moi, que ses sentiments comptent plus que moi. Pff !! Où est le problème dans « je vais chez ma sœur en Afrique du Sud » ? Pourquoi est-ce qu’il s’emporte ? Ce n’est pas comme si je disais « Je vais me taper un autre mec en Afrique du Sud plutôt que de rester avec toi ». Non mais, il exagère. En tout cas, il va finir par revenir sur sa décision. Ce n’était qu’une courte folie. Cela va lui passer après réflexion. J’espère qu’il va se rattraper à temps et que la raison va lui revenir très bientôt.  En ce qui me concerne, je vais m’apprêter pour mon vol. J’ai besoin d’être zen, concentrée et prête pour le voyage de demain. Je n’ai pas le temps pour les prises de tête ou autre chose. Je me dirige vers ma chaîne musicale et lance ma compilation. Je chante, j’esquisse même des pas de danse avant de me jeter sur le canapé complètement épuisée. Je souffle un bon coup avant de me faire chauffer à manger. Mon repas terminé, je prends une douche et je me réinstalle sur le canapé pour lire « Les secrets de Lily Quinn » de Paullina Simons. Je suis au deuxième chapitre lorsque mon téléphone se met à sonner. C’est maman ! Eh Dieu, elle va me faire sa fête. Je réfléchis : devrai-je décrocher ou raccrocher ? Non, je ne décroche pas. Elle relance l’appel. Aux sixième coup de la sonnerie, je me décide à répondre. 

- Allo !

- Allo maman ! Comment vas-tu ? 

- Tu me poses la question alors que tu connais la réponse. 

- Qu’est-ce que tu dis ? 

- LIMANI, j’aurai dû interrompre ta grossesse ou même t’étrangler quand tu es née. C’est quelle histoire ça !

- De quoi est-ce que tu parles ? 

- Comment ça de quoi je parle ? Je vais frapper sur ta bouche un jour, tu vas comprendre. Mince !!! Tu dis que tu vas rompre avec Alex. 

Ah c’était donc ça ? Pff, il lui en a parlé. 

- Donc il t’en a parlé hein. 

- Oui, il m’en a parlé parce que je lui ai mis la pression. Et il m’a dit que vous avez rompu. 

- Rectificatif, il m’a quitté. 

- C’est ça même. Le jour où je vais te taper, tu sauras. Est-ce que tu sais ce que le gars-là a sacrifié pour toi juste parce qu’il t’aime. 

- C’est lui qui a rompu et pas moi. Et je suis sûre que c’est parce qu’il était en colère. 

- En colère ? Qu’est-ce que tu lui as fait subir ? 

- Mais rien !! 

- Justement, tu mets le gars mal à l’aise, tu ne lui rends pas la tâche facile. Est-ce que tu es normale ? Il te quitte et toi tu le laisses faire. Vraiment il faut que te remette dans mon ventre pour t’accoucher encore. Qu’est-ce que tu veux finalement ? Tu voulais d’Alex, il est là et maintenant tu fais n’importe quoi pour le faire partir. 

- Maman !

- Tais-toi et essuies tes chiottes. Sinon, tu finiras ta vie vieille fille sans mec. 

- Mais…

Bip ! Elle avait déjà raccroché. Je reste tranquille un moment avant de me décider à y aller. Je mets un pull, un jean et des tennis. J’emporte avec moi mon porte-monnaie. 


               *************Alex**************

Je suis assis au milieu des débris de verre. Je suis triste, en colère, impuissant. Je ne sais pas ce qui se passe avec Arielle mais je commence à en avoir marre. Je croyais qu’elle m’aimait, mais ce n’est pas le cas. Elle se fiche complètement de moi et elle ne se rend pas compte du mal qu’elle me fait subir. J’ai mal et je ne peux rien pour me sortir de la situation. Elle se rend en Afrique du Sud. Ce n’est pas ce qui m’énerve mais c’est de l’avoir découvert. Elle n’a même pas pris la peine de me tenir au courant. Si je ne m’étais pas rendu chez elle, je ne l’aurai pas su. Comment quelqu’un qui prétend vous aimer peut vous traiter de la sorte ? Je suis déçu et blessé en même temps. Je croyais qu’en lui disant que c’est terminé, je me sentirai mieux. Mais non, ce n’est pas le cas. J’ai l’impression que ma douleur a même triplé. Et cette idiote ne voit même pas à quel point je suis dingue d’elle, que je l’ai dans la peau. Je lui dis que c’est fini, et elle ne réagit même pas. Elle ne me court pas après, elle ne me harcèle pas au téléphone. Elle ne se préoccupe pas de savoir comment je me porte. Elle ne réagit pas tout simplement. Il faut croire que je ne compte vraiment pas pour elle. 

Je reste là encore, adossé contre le mur du salon, les éclats de verre partout. J’ai bu je ne sais combien de verres de whisky, mais ça n’éponge pas ma douleur. Il n’y a qu’une chose qui pourrait me ramener à la réalité, une seule personne qui me redonnerait mon souffle : Ari. Et elle s’en va, pour l’Afrique du Sud. Je suis sûr qu’elle va se trouver un beau mec là-bas. Mouais c’est clair. Quel est le mec qui ne poserait pas ses yeux sur un canon comme elle. Je suis sûr que les sud-africains vont se donner à cœur joie. Je suppose qu’elle va se dégoter un bon Zulu, qui va lui faire perdre la tête et lui donner ce qu’elle veut. Bof, qu’est-ce que j’en ai à faire de toute façon puisqu’elle s’en va pour s’y installer. Qu’est-ce que je deviens moi sans elle ? Qu’est-ce que je fais-moi en son absence ? Comment vais-je arriver à me sortir de ce trou de cul sans elle ? Elle est mon soleil dans le jour de mon cœur et ma lune, dans la nuit de mon cœur. Comment peut-on vivre sans soleil, ni lune pour éclairer les jours et les nuits, c’est impossible. Mais c’est ce qu’elle va faire, me plonger dans les ténèbres sans fin. Elle m’arrache mon cœur, fout ma vie en l’air et elle a l’audace de s’en aller se reconstruire ailleurs. Vraiment les femmes sont des sorcières. Je n’aimerai plus une seule de ma vie. Pff.

 A bien y réfléchir, elle n’est pas coupable dans tout cela. La personne à blâmer n’est autre que moi. Mouais. Si je n’étais pas parti, elle ne se serait pas transformée. Si je n’avais pas disparu pendant toutes ces années, elle serait pas l’actuelle Arielle. Sans le savoir, ces années d’absence ont endurci son cœur, la rendant moins ouverte, plus insensible et plus butée. Avant ce n’était pas le cas, elle s’ouvrait à moi comme une fleur. Elle pleurait contre moi et je la consolais avant qu’elle ne s’endorme. On se partageait tout et rien. Mais maintenant, c’est toute autre chose. C’est de ma faute, c’est de ma faute. Là sans m’en rendre compte je commence à pleurer. Les larmes coulent petit à petit avant qu’elles ne se transforment en torrent. Je n’ai pleuré qu’une seule fois dans ma vie. Et cela remonte à la mort de mon père. Même quand tout était difficile, je n’ai jamais pleuré. Un homme ça ne pleure pas mais là j’en peux plus, je suis dépassé. Je viens de perdre mon âme sœur, ma moitié, la femme de ma vie, ma seule famille. Alors qu’est-ce que je fais ? Rien. Je préfère me laisser aller à l’alcool pour éponger ma douleur.  

 Je demeure là, sur place complètement immobile jusqu’à ce que j’entende des pas. Ils viennent en ma direction et je suis trop saoul pour discerner de qui il s’agit. La personne se rapproche et je peux aisément sentir son parfum. 

- Ari ?

- Oui chéri c’est moi. 

- Je te croyais partie. 

- Non je suis là. 

- Désolée je n’aurai pas dû te dire que je te quitte. Je t’aime trop pour te quitter. Tu es tout ce qui me reste. 

- Je sais et c’est pourquoi je suis venue. J’ai regretté mon geste. Je n’aurai pas dû agir de sorte avec toi. Pardonne-moi chéri. 

- C’est tout pardonné. Viens-là !

Je la prends dans mes bras et je commence à l’embrasser. Elle y répond avec vigueur. Elle finit par m’aider à me relever pour me conduire à la douche. 

- Tu vas prendre une douche pour te dessaouler. Moi je serai tout près. 

- Non, je ne veux pas que tu me quittes un seul instant. Viens prendre cette douche avec moi. 

Et je l’entraîne dans la salle de bain avec moi. Elle se laisse faire. J’ai envie d’elle. Je sais que je lui ai promis de divorcer de Dana avant de lui faire l’amour mais là j’ai faim d’elle et l’alcool ne m’est pas d’un grand secours. Au contraire, il ne fait qu’augmenter mon excitation. Elle se rapproche de moi et commence à m’embrasser avec avidité. Mon Dieu, ça fait longtemps que je n’ai pas été avec une femme. Et là je perds complètement mes moyens. 

- Du calme chéri, laisses moi gérer et tu verras que tu te sentiras mieux après. 

- Ari, je suis désolé. 

- Je sais, mais passons aux choses sérieuses maintenant. Arrêtes de bavarder tu nous perds le temps. 

Elle a commencé à nous débarrasser de nos vêtements au fur et à mesure. L’alcool continue d’agir sur moi et je ne peux que me haïr de n’être pas aussi lucide, ce qui m’a poussé à me rendre compte qu’elle avait déjà mon membre dans sa bouche. Mon Dieu, qu’est-ce que c’est bizarre et complètement différent de mes souvenirs. Cela doit être dû à l’alcool. Là je ne tiens plus en place. Je veux être en elle. Je veux la sentir en moi. Je veux l’entendre crier mon nom de toutes ses forces en jouissant. Je la soulève d’un coup et je me dirige vers la chambre où je la dépose sur le lit. Je prends les rênes et sans hésitation, je m’enfonce complètement en elle. Oh mon Dieu ! Merde elle est large, trop large. Je croyais qu’elle était bien plus étroite que ça. 

- Ari ? 

- Oh chéri, n’attends plus un instant, entres en moi ! 

- Je suis en toi. 

- Non, tu n’es pas entré. 

- Bien sûr que si. 

Je ne sais pas comment mais là j’ai eu l’impression de recevoir une douche froide qui m’a fait redescendre sur terre. 

- Dana ? 

- Enfin, tu prononces mon nom. 

Je me retire tout de suite complètement secoué. 

- Qu’est-ce que tu fais là ?

- Ce que font tous les couples chéri. 

- Mon Dieu qu’est-ce que j’ai fait ? 

Je cherche à peine à me couvrir, mais j’entends dans mon dos. 

- Dire que c’est moi la fautive dans tout ça. J’ai cru que j’avais tort de perdre un homme de valeur comme toi. Mais monsieur se donnait à cœur joie avec une autre. 

- Arielle ? Oh merde. S’il te plait ce n’est pas ce que tu crois. 

- Que devrais-je croire à ton avis ? Quoi je suis devenue aveugle ? Tu es nu et elle aussi alors quoi, vous jouez à cache-cache comme des enfants ? T’es qu’un grand salaud de la pire espèce. Je te hais. JE TE HAIS !!!!!!!! VAS AU DIABLE SORCIER !

- Arielle stp attends. 

Elle s’était déjà élancé vers la sortie. J’ai juste pris la peine d’enfiler quelque chose avant de lui courir après, omettant même de prendre mes sandales. J’ai couru après elle, mais c’était trop tard. Elle venait de s’en aller. Elle venait de sortir de ma vie. Et je lui ai donné tous les moyens possibles pour le faire. C’est fini, je l’ai perdu.




Cœur en chantier