Rencontre aléatoire
Ecrit par Farida IB
Yumna…
Je pose mon téléphone sur l'une des tables de notre McDo favori et soupire profondément avec un pincement dans la poitrine. Ça fait une heure trente qu'Eddie et moi sommes posés ici après une séance de travail, et ça fait exactement une heure vingt-cinq minutes que je fais sonner le téléphone d'Ussama qui ne daigne même pas me répondre. Franchement ça devient agaçant l’histoire qu'il ne veuilles pas décrocher nos appels encore moins répondre à nos messages. C'est déjà bien qu’il soit de nouveau joignable, cela suppose que sa colère s’est quelque peu estompée. Cependant ça me frustre de ne pas avoir de ses nouvelles, nous ne sommes jamais restés aussi longtemps sans nous parler. D'autant plus que je n’arrive toujours pas à comprendre ce qu'il nous reproche, et surtout en ce qui me concerne. À ce que je sache, c'est Khalil et Jemal qui ont monté le coup, pourquoi devrais-je payer les frais ? Pfff les choses d’Ussama, un mystère le frère !!
Eddie : qu’est-ce que tu as ?
Je soulève mon téléphone et lui montre l’historique d’appel.
Eddie : il ne décroche toujours pas ?
Je hoche la tête.
Eddie : il va décrocher, laisse lui du temps.
Moi moue dégoûtée : le temps pour quoi ? On te présente une femme, tu boudes !
Eddie : dit de cette façon ça parait logique, sauf que vous n’avez pas procédé ainsi. Vous avez introduit une inconnue dans son intimité sans son accord.
Moi : c’est en cela que l’intervention prend tout son sens parce que si on devait attendre son accord, le prophète Issa reviendrait avant.
Eddie amusé : tu crois au retour du Chris ?
Moi : c’est vous qui le dites nan ?
Il rit franchement.
Eddie : Ben Zayid que ton père ne t’entende pas dire ça, sinon c’est dans une tombe que j’irai te retrouver.
Moi : lol.
Je sens des yeux rivés sur moi, ça fait un bon moment que j'ai cette sensation donc je relève la tête pour voir quelle espèce d'idiot ça peut être et tombe sur le type de la dernière fois qui est assis à une table au fond de la salle. Il continue à me regarder fixement, regard que je soutiens sans ciller non plus. On se jauge ainsi pendant quelques secondes au bout desquelles il décolle finalement ses yeux des miens et se met à parcourir mon corps, tel un laser. Je lui lance mon regard le plus méprisant et finis par le toiser avant de tchiper fort pour qu’il entende. Il m’envoie un baiser volant un sourire aguicheur au coin des lèvres.
Eddie fronçant les sourcils : qu’est-ce qui te prend tout à coup ? As qui fais-tu les yeux doux ?
Moi maugréant : je ne fais pas les yeux doux, je toise le type de la dernière fois. (ajoutant) Il est juste derrière toi.
Eddie : Yumna ne commence pas s’il te plaît.
Moi : est-ce que c’est moi ? Le type ne manque pas d’air, il me lance carrément un regard libidineux.
Eddie se levant : on s’en va d’ici !
Moi : mais pourquoi ? On est bien là, je ne vais mettre une pause à ma pause à cause d’un connard. Si je rentre à la maison, c’est pour me replonger dans mes notes donc laisse-moi profiter de ma pause s’il te plaît.
Eddie regard insistant : je ne veux pas d'embrouilles.
Moi : j’ai compris, je promets d’être sage.
Eddie : hmmm
Moi : promis j’ai dit. (au tac) Où en étions-nous ? Prrr voilà qu’il m’a fait perdre le fil de mon exposé !!
Eddie : c'est mieux que tu laisse tomber cette histoire.
Moi : never ! (réfléchissant vite) Voilà, nous parlions d’Ussama. Quand je pense qu’il s’est retrouvé dans son dressing pour fuir la fille ! Comment est-ce qu’on peut perdre ses moyens devant une femme avec tout le potentiel qu’il a ?
Eddie : tout le monde ne s’est pas s’y prendre avec les femmes.
Moi : tu prends sa défense parce que vous êtes de même cuvée !
Eddie avec véhémence : même pas !
Moi : tu veux que je te fasse un topo ? Ça fait une semaine qu'Adriana (la fille que je lui ai placée) te court après, et chaque fois, tu trouves le moyen de te soustraire à ses tentatives. Tu deviens crispé en sa présence et tes mains tremblent.
Il se fige en fixant un point vers l’entrée, je suis son regard pour tomber sur Adriana et ses acolytes qui se cherchent un coin pas loin pour se poser. Je me tourne vers lui un rictus au coin des lèvres.
Moi (avisant ses mains qui tremblent) : en voilà une preuve tangible.
Eddie (marmonnant) : non pas elle, surtout pas elle.
Moi du tic au tac : Didi tu as peur des femmes ?
Eddie plissant le front : d’où est-ce que tu sors ça encore ?
Moi fixant ses mains : il suffit de voir ta réaction en ce moment pour en être sûr.
Eddie : c’est une harceleuse cette fille.
Moi : elle ne te harcèle pas, elle veut simplement sympathiser avec toi.
Eddie brusque : je ne veux pas de sa sympathie.
Moi m'adossant au siège : c’est confirmé, tu as peur des femmes.
Eddie : je n’ai pas peur des femmes.
Moi hochant la tête : si, si… Fais-moi confiance, tu as peur des femmes. Et je pense également avoir détecté le problème de mon frère.
Eddie ton agacé : tu n’y es pas du tout, et puis c’est quoi cette comparaison perpétuelle entre ton frère et moi ? Je ne suis pas ton frère et lui n’est pas moi, arrête de chercher la petite bête.
Moi : ma comparaison est fondée ! Je vous connais par cœur et sans aucune once de doute, je peux confirmer que vous faites la paire. Il y a trop de similitudes entre vous.
Eddie : lesquelles ?
Moi : vous avez le même physique…
Eddie m’interrompant : lol
Moi : laisse-moi finir ! (enchaînant) Je disais tantôt que vous avez la même forme physique, presque les mêmes goûts culinaires, le même style vestimentaire, enfin à la différence que toi, tu ne portes pas de djellabas et des caftans. Vous aviez la même passion professionnelle… Il y a tellement de choses, mais le plus important, je viens de vous découvrir une phobie commune !
Eddie : tu te fais des idées, en plus, il y a des dissemblances dans ta comparaison !
Moi avec conviction : qui sont insignifiants, tu serais ingénieur pétrolier en ce moment si ton père n’avait pas changé d’avis à la dernière minute. Ce qui nous amène naturellement vers la similitude entre le diktat de vos paternels.
Eddie levant les yeux au ciel : dois-je te rappeler que vous avez le même paternel ?
Voix derrière moi : hi Eddie.
Je me retourne pour voir Adriana qui bave littéralement sur son torse. Il écrase fulguramment le verre en plastique qu’il avait dans sa main et verse le contenu sur sa chemise dans la foulée.
Adriana se rapprochant de lui : how are you ? Do you fancy going to see a movie today ? (Comment tu vas ? Ça te dirait d’aller au cinéma ce soir ?).
Eddie balbutiant : no… Im, I am busy tonight. (non, je suis occupé ce soir)
Moi intervenant : I think he would like to, he’s just a little shy. (je pense qu’il le veut, il est juste un peu timide.)
Il me lance un regard assassin.
Eddie bourru : not at all ! (pas du tout).
Moi rétorquant : of course !! (si !)
Adriana se tournant vers moi : really ? I would be pleased if that were the case, but He does not seem interested. (Vraiment ? Cela me ferait plaisir si c'était le cas, mais il ne semble pas être intéressé.
Moi (ignorant les grands gestes qu’il me fait) : trust me, he will go out with you this night. (fais-moi confiance, il sortira avec toi ce soir.).
Je sors un lot de post its de mon sac et note notre adresse sur la première feuille que je lui tends en la rassurant du regard. Je le détourne du sien pour croiser une fois de plus celui du pervers au fond. Le type fait maintenant une fixation sur ma poitrine. Je le toise une nouvelle fois avant de revenir à mes mots et tons.
Moi : come to pick him tonight at this adress. (vient le chercher ce soir à cette adresse.)
Adriana regarde le bout de papier, un sourire franc et me remercie chaleureusement avant de se diriger vers leur table. J’attends qu’elle s’éloigne pour me tourner vers Eddie en clignotant sciemment mes yeux avec une petite mine. Ses yeux à lui lançaient des éclairs et son iris a déjà viré en noir.
Moi la petite voix : tu vois, tu as les mêmes yeux qu'Ussama lorsqu’il se fâche.
Il desserre automatiquement la mine, je bloque le rire.
Moi : ça fait quoi si tu sors t’amuser un peu ? (ajoutant) Avec une bombe de surcroît !
Il soupire et se passe la main sur le visage.
Eddie : je veux réviser, tu oublies que l’examen, c’est dans deux semaines.
Moi balayant l’air de la main : toi, tu n’as pas à t’inquiéter, tu n’en feras qu’une bouchée.
Eddie : je me soucie plus pour la pratique.
Moi levant les yeux au ciel : rhooo Eddie arrête, je vais finir par croire aux rumeurs à ton propos.
Eddie fronçant les sourcils : des rumeurs ? Sur moi le fils d’Elli ? (oui de la tête) Quelles genres de rumeurs ?
Moi : c’est mieux que tu restes dans ton ignorance. Par extrapolation, je dirai que dans la vie, il n’y a que des binaires. C’est-à-dire des 0 et des 1. Donc soit c’est A, soit c’est B…
Eddie ton pressant : Yumna arrête de tourner autour du pot !
Moi hésitante : enfin, je veux dire… Euh, je ne sais pas hein. Enfin, si tu n’as pas peur des femmes, c’est que tu ne les aimes pas. Tu aimes…
Eddie me coupant net : je ne suis pas gay, si c'est ce à quoi tu veux faire allusion. (sur le ton de la confidence) Il y a bien une fille que j’aime.
Moi : répète un peu s’il te plaît.
Eddie articulant : je dis qu’il y a une fille que j’aime !
Moi lui donnant un coup sur le torse : non mais quel cachottier !! (faisant ma pointue) Waoohh, trop cool ! Je la connais ? Elle est à l’université avec nous ? Elle est comment ?
Eddie riant : wow wow, calme-toi, respire, voilà hou hou hou !!
Moi : allez !
Eddie faisant mine de réfléchir : euh non tu ne la connais pas, et elle n’est pas ici. C’est une fille que j’aime depuis bientôt sept, mais elle ne le sait pas.
Je le fixe interloquée.
Moi : wait a minute, sept ans ? Et tu n’as jamais eu le courage de lui dire, c’est ça ? (il hoche la tête.) Oh my God je ne savais pas que je traînais avec un loser !!
Eddie sur un ton de reproche : Yumna !
Moi : mais attends, sept ans ? (comptant avec mes doigts) 1 2 3 4 5 6 7 ?
Il se contente de sourire et de hocher la tête.
Moi stupéfaites : c’est ridicule ! Comment peux-tu être amoureux d’une fille durant sept années alors qu’elle l’ignore totalement ? (secouant la tête dépassée) Mais est-ce que tu sais que tu es stupide ? Toutes les filles aiment que les hommes tombent éperdument amoureuse d’elle et toi, tu te tais sur tes sentiments. Dis le lui peut-être qu’elle t’aimera en retour.
Eddie la voix inaudible : je ne veux pas qu’elle m’aime parce que je l’aime, je veux qu’elle m’aime pour qui je suis.
Moi : et c’est bien dommage ! c’est toi qui perds la chance de vivre un grand amour. Bof ! Tu peux tout de même me dire qui c’est ? (recommençant à clignoter des yeux) Elle est dans ton pays d’origine, c’est ça ? (non de la tête) À Tombouctou ? (encore non de la tête) Dis-moi sttteeuuppplait.
Eddie : lol oui elle vit au Togo.
Moi dubitative : hmm, quelque chose me dit que tu ne me dis pas toute la vérité… (au tac) Euh attends, tu as dit qu’elle est où ?
Eddie : Togo ! Mon pays d’origine.
Moi : c’est là-bas que mon grand frère a été expatrié.
Eddie : ah bon ?
Moi : mouais, il travaille avec une certaine Nahia dans la capitale.
Eddie arquant le sourcil : Nahia comment ?
Moi haussant les épaules : je n’ai retenu que son prénom.
Eddie : je connais une Nahia, c'est l'ami à la femme de mon grand frère.
Moi me saisissant de mon téléphone : nous allons vérifier si c'est de la même personne qu'il s'agit.
Eddie fixant la montre à son poignet : est-ce qu’on peut faire ça plus tard, je dois go travailler avec mes amis.
Moi : non en même temps est mieux.
Eddie avisant encore une fois l’heure : je ne veux pas arriver en retard.
Moi : ça ne nous prendra pas plus de temps que ça, je veux seulement me rassurer si c’est vraiment elle. Comme ça, je saurai si mon frère médit sur elle ou si elle est vraiment un cas.
Eddie : ça ne peut pas être elle, la Nahia que moi, je connais est une perle de femme. C’est notre bonne grande à tous. Une fille sans problème quoi.
Moi (lançant le numéro de Khalil avec empressement) : raison de plus pour m’en assurer.
Khalil…
Drinngg Drinngg.
Je décolle mes yeux de l’ordinateur et fouille partout dans mes poches à la recherche de mon téléphone. Je le sors finalement de la poche intérieure de ma veste, c’est Yumna. Je soupire d’agacement avant de décrocher.
Yumna avec enthousiasme : as-salam alaykoom, Sabahu al hayr big bro. (tout ça pour dire bonjour oh).
Moi : wa alaykoom as-salam, c’est An-nur (le soir) ici pour ton info.
Yumna : oops !
Moi : déballe vite ton nouveau dossier, j’ai du travail à terminer.
Yumna le ton rieur : qu’est-ce qui te fais penser qu’il s’agit d’un nouveau dossier ?
Moi : Yumna on se connaît, le ton enjoué de ta voix t’a trahit à la première seconde.
Yumna : pff, je n’appelle même pas pour toi. Je veux parler à ta collègue.
Moi plissant les yeux : que tu la connais où ?
Yumna : en fait, il y a mon pote Eddie qui pense la connaître, tu te souviens de lui n’est-ce pas ?
Moi : celui qui apparaît souvent dans tes photos ?
Yumna : exactly, nous voulons vérifier si c’est de la même Nahia qu’il s’agit.
Moi : elle n’est pas là en ce mo...
On tape à la porte ensuite elle s’ouvre sur elle.
Moi : elle vient d’arriver. (à Nahia) Ma sœur veut vous parler.
Elle arque un sourcil.
Moi : il y a son ami qui suppose vous connaître.
Nahia : ah bon ? C’est quoi le nom de l’ami ?
Moi (dans l’appareil) : il s’appelle comment ton type ?
Yumna : Eddie, je te le passe.
Elle me le passe et moi, je tends directement le téléphone à Nahia qui me regarde l’air perplexe, mais le colle néanmoins à l’oreille.
Nahia s’exclamant après quelques secondes : Eddie Elli ? Oh mon Dieu, quelle belle coïncidence. Comment tu vas ?
Elle se lance dans une discussion gaie avec l’Eddie en question et au fur et à mesure la communication devient très intime. On sent qu’ils se connaissent dans tous les sens du terme. Elle charrie le petit pendant un long moment, enfin elle le taquine sur une éventuelle rivale tout ça tout ça. Je suis la conversation surpris d’être étonné qu’elle fasse autant le pitre. En tout cas, je suis de plus en plus convaincu que cette fille n’est pas ce qu’elle a prétendu être au début. J’ai eu le déclic l’autre fois, mais avec tout ce que cela a entraîné je suis maintenant certain qu’elle avait dressé des barrières entre nous et était imperméable seulement face à moi. Je tiens à préciser qu’il y a une embellie depuis cette histoire avec son ex, elle n’est plus si hautaine que ça et tout se fait selon un consensus. En ce qui concerne sa dépression, je pense qu’elle s’en remet à petit coup. Nous y avons veillés sa sœur et moi pendant le week-end. En revanche elle se défoule toujours autant sur le travail et ça se sent qu’elle est au bord d’un burn-out.
Nahia me redonnant le téléphone : votre sœur veut vous parler.
Je la reprends et nous passons quelques minutes à discuter à bâtons rompus, en gros elle est partie dans un nouveau délire selon lequel Ussama aurait peur des femmes. Déjà, je ne veux plus me mêler de la vie d’Ussama donc je ne la laisse pas finir d’énoncer son plan. On finit par chiller sur Nahia qu’elle a trouvé sympathique soit dit en passant.
Nahia dès que je finis : si vous n’avez plus rien à faire ici nous pouvons y aller, je dois récupérer Nabil à son cours de judo.
Moi (indexant l’écran de l’ordinateur) : le temps de tout remettre en ordre.
Nahia : ok !
On se met en route plus tard et au cours du trajet, elle me montre quelques coins huppés de la ville. Nous nous retrouvons dans les parages de l’aéroport trois quart d’heure plus tard, puis elle longe une longue clôture avant de s’arrêter devant un immense portail au-dessus duquel sont inscrits des écritures chinois sur une enseigne. Nabil émerge de l'intérieur à quelques secondes près, vêtu d’une tenue d’art martial. Dès qu’il nous repère, il court et vient s’arrêter à ma hauteur.
Nabil ton gai : bonsoir tonton Lil, bonsoir maman.
Nous répondons.
Moi : je parie que tu as cogné une branlée à quelqu’un ce soir.
Nabil faisant le fier : yass une très forte d'ailleurs, il a même pissé du sang.
Nahia : quoi ? Tu as tapé sur l’enfant de quelqu’un ?
Nabil : rhoo maman ça fait parti du cours.
Nahia : j’espère qu’on ne viendra pas me convoquer ici, cette fois, ce sera à ton père de venir gérer tes histoires.
Nabil changeant de mine : pour ça, il faudrait qu’il soit d’abord là.
Je le fixe un sourcil interrogateur arqué d'interrogation.
Nahia : il travaille ton père.
Nabil dans un souffle : weh, je sais.
Nahia : maintenant monte qu’on rentre, je suis éreintée.
Il ouvre la portière de mon côté et on le regarde tous les deux intrigués.
Nahia : qu’est-ce que tu fais ?
Nabil : bah, je monte, je veux rester près de tonton Lil.
Nahia roulant des yeux : tu ne vas pas t’y mettre toi aussi.
Nabil : Naïla et Laïla ne sont pas là ce soir, je peux prendre leur place.
Nahia brusque : va t’asseoir derrière là-bas, tcchhrrr !
Nabil sursaute, je fronce les sourcils et la regarde étonné.
Moi : pourquoi lui interdisez-vous de s'asseoir avec moi ? Si c'est à cause de moi, ne vous en faites pas. Ça ne me dérange aucunement.
Nahia : de toute façon, rien ne vous dérange jamais. (expliquant) Il n’a pas à faire les mêmes caprices que les filles.
Moi : et je peux savoir pourquoi ?
Nahia faisant la moue : c’est un garçon, il…
Moi la coupant : est-ce que son sexe fait moins de lui un enfant que les autres ?
Elle ouvre les yeux et la bouche un quart de seconde, je suppose pour parler, mais finit par soupirer.
Moi : je me disais bien aussi (à Nabil) tu peux monter petit gars.
Nabil se dirigeant vers la portière arrière : non, c’est bon.
Nahia : tsuiipp !!
Je lui jette un coup d’œil désapprobateur.
Nahia : quoi ?
Moi : est-ce que vous m’avez entendu dire quelque chose ?
Elle ne rajoute rien et démarre en direction de la maison de ses parents. L'ambiance reste tendue jusque là-bas où elle me fait attendre et rentre saluer tout le monde à coup de vent. Elle revient s'installer au volant puis nous mettons le cap vers notre destination finale. Pendant le trajet, je lui propose une sortie qu'elle décline en prétextant un travail à finir. J'insiste.
Moi : ça ne vous prendra qu'une heure au plus.
Nahia : je sais ! Sinon le travail, c'est bien après que je me sois promptement reposée. Là, franchement, je me sens vidée d'énergie.
Moi : c'était prévisible !!
Elle lève le sourcil.
Moi : vous devez ralentir votre rythme de travail, vous n'êtes pas une machine.
Nahia dans un soupir : vous avez raison, mais c'est juste pour un temps. Je suis à deux doigts de boucler mes dossiers urgents.
Moi simplement : ok.