Rest in peace
Ecrit par Ndobis
Paul
La levée du corps s'est passée dans une ambiance vraiment douloureuse,
morose et pesante. Après avoir été préparé, le corps de maman fut exposé dans
la petite chapelle de l'hôpital afin que les parents et les proches puissent
lui rendre un petit hommage et qu’une petite messe soit célébrée. C'était
difficile pour nous de voir notre petit Maman couchée là sans vie, j’avais
l’impression qu’une partie de moi s’en allait avec elle. Elle ne sera plus là
pour nous gronder, nous donner des conseils ou alors me raconter de belles
petites histoires et aussi me demander de me marier car pour elle j’étais déjà
vieux. Papa était là, muet, tout triste, perdu dans ses pensées. Le seul qui
réussissait à lui arracher quelques mots était Ethan qui, pour une raison
inconnue, ne voulait être porté ou tenu par la main par personne d’autre que
son Papi. Jade quant à elle a perdu connaissance à 2 reprises. Une chance pour
nous que Maurelle était là pour elle. Quant à moi j'essayais comme je pouvais
de me calmer et de gérer des choses comme il m’incombait. Après la levée, le
cortège funèbre prit la direction du village EBONE avec papa à la cabine du
corbillard comme le voulait la coutume. Jade, Ethan, Maurelle et Moi étions
dans ma voiture, j’avais demandé à mon ami Marcel d’être notre chauffeur pour l’occasion
car je ne voulais pas courir le risque de prendre le volant et mettre des vies
en danger. Nous arrivons donc à Ebone aux environs de 15h et nous sommes
accueillis par des cris et des pleurs des voisins du village, des amis de la
famille et aussi des membres de la famille qui nous avaient précédé sur les
lieux. La dépouille fut introduite dans notre domicile du village qui avait été
décoré à cet effet. Deux grandes tantes furent chargées de surveiller le corps,
je ne sais pas trop pourquoi cette pratique existe mais ça a toujours été le
cas. La nuit avançait et chacun à sa façon s’occupait afin que la veillée se passe
sans embuches en attendant le lendemain pour l’inhumation mais aussi la
collation car après l'enterrement, il faudra bien faire manger les gens. Il est
vrai que les femmes de la famille, les réunions et autres cuisinent mais ayant
beaucoup de grandes personnalités qui devraient être là, nous avons aussi loué
un service traiteur pour nous aider dans cette tâche.
ERIC
Il est 20h quand j'arrive à EBONE au volant de ma voiture. Toute cette
semaine j'ai été plongé dans un trouble immense : une partie de moi me
demandait d'aller assister aux obsèques de Sita Mispa et l'autre partie me
disait de ne pas y aller car entre Jade et moi il n'y avait plus rien, à la fin
j'ai fini par me convaincre en disant que cette maman était une femme bien et durant
la période qu’a duré ma relation avec sa fille elle s'est toujours bien
comporté à mon égard et m'a toujours prodiguée de bons conseils. Je n’ai pas
voulu assister à la levée de corps parce que
je ne voulais pas être reconnu ni
être vu par les ENGOLLO, raison pour laquelle ce n'est que vers 17h30 que j'ai
pris le volant de ma voiture afin de me rendre ici. J'y étais déjà passé une
fois mais juste en coup de flèche mais bon comme on dit chez nous « la
maison du deuil ne s'ignore pas ». J'arrive donc aux environs de 19h30 et me met à chercher un
hôtel ou une auberge où je pourrais passer la nuit car contrairement à Douala
EBONE est un petit village pas du tout développé ; je me renseigne ici et
là et on m'explique finalement que ce n'est que dans le village d'à côté ou
alors à Nkongsamba que je peux trouver
un hôtel ou une auberge ,mais Nkongsamba étant à une trentaine de minutes,
j’opte pour l’auberge du village d’à côté , de là au moins je réussirais à me
rendre sur les lieux du deuil en quinze minutes. Je suis donc les indications
des passants jusqu’à ce que je rencontre un jeune qui me dit aller dans la même
direction. Je le prends et il me guide jusque-là. Je réserve une chambre qui,
selon l’aubergiste est la plus grande et la plus belle mais pour moi elle
est toute petite, je ne m’en formalise pas car elle a au moins le mérite d’être
propre : ça fera l’affaire. Cela fait, je me dirige paisiblement vers le
lieu du deuil. Je garde ma voiture un peu à l'écart et je continue à pied. Je
suis vêtu d’un pantalon jean bleu et d’un pull à capuche noir afin de pouvoir
me couvrir la tête et ne pas être reconnu. C’est donc ainsi que je me dirige
vers la maison principale où était exposé la dépouille, je la regarde, et me
dit que ses enfants et sa famille ne la reverront plus jamais. Je fais une
petite prière pour le repos de son âme. Après ma prière, je me dirige au fond
d’une des tentes et je tire encore bien ma capuche sur la tête. A 21h la messe
commence et je vois jade, son père, Paul et une jeune femme que je ne connais
pas se diriger vers la tente où était le Pasteur. Après les différentes prières
et quelques témoignages certaines personnes commencent à distribuer du pain et
du café, quand c’est mon tour je décline l’offre car je déteste les différents
repas servis au deuil. Je vois Jade aller ici et là, elle me semble amaigris et
fatiguée, ayant perdu mes parents je comprends tout à fait ce qu’elle vit en ce
moment. Je reste encore là jusqu’à trois heures du matin après avoir vu les
groupes de danses et certains villageois et membres de la famille danser au
rythme des différents tambours. Je rentre donc à l’auberge, j’y retournerais
demain matin vu que l’office religieux commence à 10h.
Je suis tiré de mon sommeil par
le vibreur de mon téléphone, c’est un partenaire d’affaire, je décroche et on
parle pendant quelques minutes. J’ai la tête lourde car je n’ai presque pas
dormi. J’ai passé le temps à ressasser le passé, les beaux moments passés avec
mes parents, avec Jade et bien d’autres encore. Je me lève, prends une douche
et m’habille tout de noir, je me dirige ensuite vers la réception où l’on
m’indique un petit coin dans le quartier ou prendre le petit déjeuner. Ce n’est
rien de luxueux mais au moins c’est propre. Je mange rapidement et me dirige
sur le lieu du deuil. A peine j’y arrive on fait sortir la dépouille dans la
cour et la dépose sur le petit montoir prévu à cet effet. La délégation des
pasteurs arrive avec à leur suite les Engollo et la jeune femmes d’hier. Paul
porte un petit garçon dans ses bras mais je ne vois pas son visage. Toute la
troupe s’installe et l’office religieux commence, les pasteurs font la messe et
après, les témoignages commencent par le chef de famille, ensuite la sœur de
Sita Mispa, Paul, et enfin Jade, elle se lève et se dirige où était le
micro :
« Merci à tous d’être venus. Merci d’être
venu si nombreux pour rendre un dernier hommage à maman. C’était ma
conseillère, ma meilleure amie, elle était toujours là pour les autres prête à
se plier en quatre afin de rendre les gens heureux autour d’elle. (Sa voix se
casse et les larmes commencent à couler), Maman va et repose en paix, continues
de veiller sur nous de là-haut comme tu l’as fait, nous garderons tes conseils
à jamais et resterons toujours unis comme tu nous l’a appris. Je ne cesserais jamais
de t’aimer, va en paix car tu as fait de tes enfants des personnes bien et tous
ce que nous sommes aujourd’hui c’est uniquement grâce à papa et toi… » subitement plus rien et le temps d’un battement
de cils elle s’effondre
-MAMAAAAAN……..
Cri le petit garçon
et sautant des bras de la jeune femme qui les accompagne depuis hier pour se
diriger vers Jade.
Quoi ? « MAMAN » ?
Comme ça le petit garçon c’est son fils !
Humm elle n’a pas perdu de temps hein ? Ça veut dire qu’après moi
elle s’est directement remise avec un autre car à en juger par la taille et la
corpulence du petit il doit avoir au moins 4 ans. Il est de dos du coup je ne réussis
pas à voir son visage. Je suis un peu jaloux car je me rappelle qu’on s’était
promis d’avoir au moins 4 enfants, mais à cause d’elle cela ne sera jamais
possible. Elle est portée et transportée vers l’intérieur de la maison par son frère,
leur chef de famille essaye de calmer les gens et leur demande de reprendre
leur place car la cérémonie va continuer, la foule reprend donc sa place et je
vois la jeune femme avec qui j’ai aperçu Jade plusieurs fois en train de parler
avec le petit garçon, on dirait qu’elle le calme, elle le prend ensuite dans
ses bras et se dirige vers la maison. Le petit lève la tête et là : BOOM je
bloque sur place, ce petit garçon est presque identique à moi quand j’étais enfant.
Non non je me fais surement des idées, c’est sans doute parce que j’aurai
tellement voulu que jade porte tous nos enfants que je trouve une
ressemblance…ils entrent dans la maison et je reste là ébahi ne sachant quoi
faire. J’hésite entre m’en aller ou rester … A la fin je choisis la seconde
option. Je reste donc jusqu’à la fin de l’office religieux. Quand arrive le
moment de l’enterrement, je me dirige aussi comme tous les présents vers le
caveau familial, Jade et sa copine nous y rejoignent et l’enterrement se
passent dans les pleurs et les lamentations qui fendent le cœur. Si les larmes
pouvaient réveiller un mort, Sita Mispa se serait réveillée. Je passe le revers de ma main sur ma joue
pour essuyer la larme qui m’a échappé. On enterre et chacun reprend la
direction des tentes pour la collation, quant à moi je prends la direction de
la route pour récupérer ma voiture et rentrer à l’auberge prendre mes affaires
et rentrer chez moi. Je marche la tête baissée en manipulant mon téléphone
lorsque je me heurte à quelqu’un.
ERIC : désolé… dis-je en me baissant pour ramasser mon téléphone
qui m’avait échappée
-LUI : non de rien c’est moi qui m’excuse
Lorsque je me relève avec l’impression de reconnaitre cette voix et me
retrouve face à face avec Paul, lui aussi semble surpris de me voir là. On
s’affronte du regarde et comme s’il venait de se rendre compte de quelque chose
il envoie sa main droite dans le dos. Je suis son geste du regard et me rend
compte en voyant la main d’un enfant
-PAUL : Que fais-tu ici ? Tu n’as aucun droit d’être ici
Eric : Mes sincères condoléances ; Désolé je ne voulais pas
vous déranger, je suis juste venu rendre un dernier hommage à Sita Mispa.
C’était une femme bien, que son âme repose en Paix.
Paul : Merci, tu peux t’en aller maintenant et s’il te plait éloigne
toi de ma famille
ERIc : OK dis-je en me retournant mais j’interrompt mon geste
lorsque j’entends une petite voix
La voix : héééééé mais tonton pourquoi t’es devant moi ? Pousse-toi
je ne vois rien
Son oncle essaye de le maintenir derrière lui mais c’est sans compter
sur la détermination du petit qui se débat et finir par s’échapper et se
remettre devant son oncle qui me regarde maintenant d’un regard dur. Je regarde
le petit et je suis prêt à parier que c’est mon fils, il est identique à moi
quand j’étais petit et a le même tic a l’œil gauche comme moi quand je suis
contrarié. Je fais prestement sortir mon téléphone et veux-le prend en photo
afin d’aller comparer avec les photos de mon album à la maison…Mais avant que
je puisse le faire il pousse ma main.
Paul : Je ne te permets pas de prendre en photo mon neveu. Va-t’en d’ici avant que je ne fasse
recours à la manière forte.
Éric : ok c’est bon je m’en vais, mais avant j’aimerai te poser une
question ? TU N’AS RIEN à ME DIRE ? Dis-je en regardant le petit.
PAUL : Devrais-je ?
Je ne réponds pas et me retourne sans mot dire pour me diriger vers ma
voiture. Je me rends à l’auberge et je prends mes affaires avant de prendre la
route. Durant tout le trajet jusqu’à la maison, le visage de ce petit garçon me
revient encore et encore en tête. Et si c’était mon fils ? Et si ça ne
l’était pas ? Je suis sûr que c’est le mien, alors dans ce cas Jade
m’aurait caché son existence tout ce temps ? si c’est le cas je vais le
lui faire regretter toute sa vie. Je prie vraiment Dieu que ce soit le mien, même
si je ne voulais plus avoir à faire à elle. J’arrive à la maison et la première
chose que je fais c’est me diriger vers le coffre où je garde les albums
photos, je fais sortir celui où se trouvent les photos de notre enfance. Je
l’ouvre les mains tremblantes me disant que je m’étais surement fondé de faix
espoirs inutilement. Je l’ouvre et mes
soupçons se confirment là je n’ai plus aucun doute : C’EST MON FILS, en
dehors du teint il est la réplique exacte de moi enfant. Oh mon Dieuuuuu !!!!!
Je comprends maintenant pourquoi Paul essayait de le cacher. Maintenant que je
suis certain à 90% que c’est mon fils, je ne compte pas m’arrêter là.
Ne sachant quelle réaction adopter ou alors par où commencer, j’appelle ma
sœur pour savoir si elle est à la maison et elle me dit oui, je l’informe donc
que je serai chez elle dans une heure de temps. Je prends un bain rapide et me
met en route pour chez elle.
Quand j’arrive, elle est au salon avec sa belle-mère. Je les embrase avant
de demander après Karim, elle m’informe qu’il est encore au travail mais qu’il
sera là d’un moment à l’autre.
Malika : Tu te fais rare hein Éric, ne me dis pas que tu as recommencé
à collectionner les femmes ?
ERIC : T’es bête toi, je me demande comment ton mari fait pour te
supporter, nous partons tous les trois dans un fou rire. … j’étais juste très
occupé avec le boulot, j’ai signé deux partenariats importants cette semaine
Malika : Je te serre à manger ?
Éric : Non pas maintenant, je
vais attendre Karim pour qu’on mange ensemble
Malika : ok
Nous discutons de tout et de rien
jusqu’au retour de Karim, il embrasse sa femme, fait une bise à sa mère avant
de me faire un tcheck. Il nous laisse et va prendre sa douche. Il nous rejoint
et nous passons immédiatement à table. Après le repas nous nous asseyons tous
au salon.
Karim : Éric et si tu nous disais ce qui te préoccupe !
ERIC : comment ça ?
Malika : Oui oui je te sens tendu depuis que tu es arrivé et même
maman l’a remarqué
Éric : c’est donc si évident que ça ?
Maman Karim : Oui mon fils, on dirait un adolescent qui a mis sa
copine enceinte
Hahahahahahaahha tout le monde éclate de rire
Eric : hahhahahhhaa weh maman, même toi qui dois me supporter en face
des deux ci tu te moque aussi de moi ? je croyais que j’étais ton préféré
Maman Karim : Oui norrr tu es mon préféré mais toi-même tu sais qu’on
dit que « qui aime bien chatit » bien
Karim : garrr laisse ma mater en paix et cherche-toi une femme au lieu
de te pavaner avec cette bimbo que tu appelles petite amie
Éric : Man laisse là tranquille, toi-même tu sais que le mariage n’est
pas fait pour moi
Malika : tshuip c’est vadrouiller de femme en femme qui est fait pour
toi ?
Éric : Karim je me demande comment tu fais pour la supporter, l’amour
est vraiment aveugle
Maman Karim : quand tu tomberas sur la bonne tu comprendras
Malika : si tu as fini de me descendre, tu nous dis ce qui te
tracasses
Eric : alors pour faire court : JE CROIS QUE JAI UN FILS !!!
Tous :QUOI ?