Riir

Ecrit par Shayanna225

¬Riir¬

Nia GAYE 


Sonnée, complètement sonnée, je surveille de près la trajectoire du vol à l'aide du map en vidéo que me dessert le siège avant. Je peux me convaincre que je rêve. J'ai besoin de me convaincre que je rêve. Malgré que mes lèvres tremblent et mes mains aussi, j'ouvre grandement les paupières et parcoure l'intérieur de l'avion. Je me convainc ainsi que je ne rêve pas. Pedro m'a menti. Pedro s'est servi de moi. Je ne peux donc me fier à personne. Tous les hommes de ma vie sont des menteurs. Je fais volte face et me détend sur mon siège. Je ne verserai pas la moindre larme. Comme toujours, je m'en sortirai gagnante. Je suis quand même la fille de Marème. Elle n'a jamais baissé les bras face à l'adversité. Je porte en moi ses gènes donc je braverai. 


Hôtesse : À votre attention s'il vous plaît. Veuillez s'il vous plaît attachez votre ceinture de sécurité. L'avion est prêt pour l'atterrissage… 


J'humecte mes lèvres et serre les paupières en soufflant. Puis, quand mon cœur palpite moins, je montre mon plus beau sourire. Il est 21 heures et quart…


Je paye la course du chauffeur et prenant mon sac, je fais face au portail de notre domicile. Je m'avance pour klaxonner lorsqu'une silhouette en sort. Je bute sur ma mère ainsi que Thiané. Je suis surprise de la voir porter un sac et que Thiané la suive avec des affaires également. Je ne mets pas du temps à réaliser que ma mère a enfin décidé de sortir des filets du loup. C'est une décision de sa part qui me ravie car moi et mon binôme étions déjà préparé à cette éventualité. C'est même pour cette histoire qu'Hamid nous a tourné le dos. Le fils non reconnu par son père était contre. Il trouvait que nous n'avions pas le droit d'interférer dans leur histoire. Je me réjouis de ce retournement de situation car il nous donnera raison bientôt. 


Nia : Ne dis rien maman, j'ai compris. 


Marème : Je crois que c'était le mieux à faire. 


Nia : Enfin, ta santé ne se fragilisera plus maman. 


Thiané : Où est-ce qu'on va vivre maintenant ? 


Nia : Donnez-moi cinq minutes le temps de ramasser toutes mes affaires. Je refuse que les sangsues se servent. En attendant Thiané cherche un taxi. 


La seule chose qui me fait mal c'est que Bineta ne m'aura plus sur le dos. Mais est-ce qu'elle sait ce qui l'attends ? Elle l'ignore. Je me dépêche d'entrer à mon tour. En voulant passer le chemin du salon, Bintou me fait bloc. Je la regarde de long en large et la tchip puis la met de côté d'un geste. Sa mère sort de nulle part et commence à faire ce qu'elle sait faire, le scandale. 


Bineta : Vous n'êtes plus les bienvenues dans notre maison. 


Nia : Je suis venue justement récupérer mes affaires et quand je dis mes affaires, c'est toutes mes affaires y compris celle de ma mère et de ma sœur. Si tu es si forte, barre moi encore le chemin. 


Je m'avance, elle me fait barrage. Je n'attends pas pour la pousser à son tour. Elle tombe en criant au scandale. Ces cris ameutent mon père. Il sort sa tête mais se fige en me voyant. Je garde mon calme olympien en le dépassant. Il sait pertinemment à qui il a affaire. Il sait aussi qu'il ne touchera plus 5 fr de ma poche ni de la poche des autres. Je me mure dans un silence qui ne dit pas son nom et débute le déménagement de la chambre de ma mère. Vu que je sais qu'elle est fatiguée, je prends la peine d'appeler mon taxi afin qu'il les dirige dans la maison que mon frère nous a acheté. C'est une résidence haute standing. Si ce n'était pas maman et son calme légendaire, depuis mathusalem, nous aurions foutu le camp. Je réunis ses affaires personnelles, mes affaires personnelles et celle de Thiané puis je ressors quand mon uber m'informe de sa venue. 


Nia : Yaye tient cette clé. Il vous déposera dans une cité devant le portail 102, Thiané klaxonne juste, le gardien ouvrira. La clé que je t'ai remis maman servira à ouvrir la porte de la salle de séjour. 


Marème : Nia tu as une maison ? 


Nia : Alioune a acheté cette maison. Yaye rentre, je me charge de déménager les affaires. Tu as besoin de te reposer. 


Marème : J'espère avoir ton frère au bout du fil pour qu'il m'explique ça. Je ne comprends rien. 


Nia : Il te donnera plus amples explications maman. Mais pour l'heure, rentrez. 


Elle laisse Moussa porter son sac jusqu'au coffre. Elle monte après Thiané. Je les regarde partir après avoir ordonné à Moussa de conduire prudemment. Ma famille me coûte si chère. De retour dans l'intimité du domicile de mon père, je m'attelerai à tout boucler… 


Youmé GAYE 


Je suis de très bonne humeur ce matin. Je le témoigne en fredonnant un air pendant que je prépare le petit déjeuner. Il y a deux jours avec Nia, nous avons mis les points sur les I. Aujourd'hui, je me sens satisfaite pour deux raisons. La première est que mon mari n'a pas decouché ce week-end. Il était en colère mais j'ai réussi à le calmer. Ma petite idée m'a averti sur le fait que Nia a sans doute verrouiller ses appels. C'est tant mieux pour elle. Elle a toujours été une petite joueuse. Porter une grossesse était le pari gagnant pour moi. Et avec un peu de chance, je garderai mon mari à mes côtés. La deuxième raison est toute simple. Ce matin ma mère m'a informé du déménagement des sorcières. Apparemment dans la nuit, maman Marème a quitté le domicile conjugale. Ma mère dit que c'est pire dans le sens que mon père l'a répudié. Cela signifie que bientôt, mes petits frères seront les seuls détenteurs de l'entreprise familiale vu que oncle Salim Al-Jannah GAYE est décédé très tôt sans descendance. Ma mère dit que c'est l'occasion rêvé de nous accaparer de tout. Je suis d'avis car nous sommes les véritables GAYE. Les autres sont les enfants que mon père n'aurait jamais dû avoir. 


Youmé : Tout est bien qui finit bien. 


Aladji : Qu'est-ce qui est bien qui finit bien ? (caressant ma joue).


Youmé : Maman Marème a été répudié par mon père dans la nuit. Je suis vraiment très attristée par ce qui leur arrive Aladji. 


Aladji : Nia et sa mère sont à présent dans la rue?


Youmé : C'est effectivement ça ! Je pense qu'on devrait leur offrir l'hospitalité. 


Aladji : Évidemment, elles ne peuvent pas errer dans la rue comme des mendiantes. 


Youmé : Si on leur offrait une maison par exemple. Pas quelque chose de très grand mais un endroit décent. 


Aladji : Tu as sacrément bon cœur Youmé. Tu me surprends de jour en jour. 


Youmé : Tu n'ouvres les yeux que maintenant. Mais je te l'ai dis, je t'aime Aladji. 


Aladji : (soupirant) Tu pourras leur trouver un endroit ? 


Youmé : C'est mon domaine, il suffit juste que je contacte un agent immobilier. 


Aladji : Établit le budget que tu souhaites, c'est à mes frais. 


Il est sur le point de s'en aller. 


Youmé : Tu sors ? 


Aladji : Non ! Je vais dans mon bureau. 


Youmé : Je t'apporte ton petit déjeuner. 


Aladji : Merci ! 


J'aime cette ambiance. Elle présage que le futur sera plus beau…


Aladji 


Youmé est vraiment généreuse. La colère m'a eu en début de week-end car je n'arrivais pas à mettre la main sur Nia. Ensuite, je me suis rappelé qu'elle avait pris sa journée pour une raison que j'ignore. Mais là maintenant si j'ouvre mon ordinateur c'est à cause du mail que j'ai reçu de cette adresse inconnue. Nous sommes le dimanche. Après avoir visionné cette vidéo, je me reposerai. 

C'est alors que j'ouvre le fichier. Le visage de Nia apparaît. Le sourire revient à l'endroit qu'il avait quitté depuis son silence. J'ouvre la vidéo afin de la lire. C'est une Nia toute coquette qui fait sa star devant la caméra. Elle parle en jouant la séductrice. J'avoue que j'adore ce côté d'elle. Je me mords la lèvre inférieur en la contemplant. Une scène auquel je ne m'attends pas se produit. Nia se déshabille et s'allonge en gardant son dos collé sur le lit. Elle semble appeler quelqu'un. Mes dents mordent plus fort ma lèvre inférieure. Un homme apparaît devant la caméra et lui donnant une tape sur la fesse se met à l'embrasser. Mon cœur bat à un rythme fou. Il palpite. J'ai l'impression de rouler à 300 km/ heure. Les nerfs me sortent par les yeux, je ne me défile pas pour autant mais quand ce dernier la pénètre par l'anal, ma lèvre inférieure se retrouve à sang. Je ferme l'ordinateur sur le champ. Quelle est la partie de la phrase " Tu m'appartiens" que Nia n'a pas compris ? 


Lundi matin, 7h 30

 

Les nerfs ne me sortent plus seulement par les yeux mais aussi par la tête, les mains et le visage. J'ai attendu toute la soirée d'hier pour faire ce que j'ai longuement nourris comme idée. À la première heure, j'ai mis les pieds dans mon bureau en espérant de la voir arriver. Comprenez que je l'ai guetté et la voilà qui se montre la tête haute. Une fausse dignité plutôt. C'est le cœur en vrac que je saisi le combiné du téléphone. 


Aladji : Convoque Nia GAYE à mon bureau immédiatement. 


Elle acquiesce puis arrête Nia dans sa marche. Je vois tout à travers les vidéos de surveillance. Nia ne proteste pas. Elle se ramène sans broncher. Ou si, elle ose me servir sa voix mielleuse pour me distraire. Je reste de dos, je préfère mieux cette position. 


Nia : Je peux remarquer que je t'ai manqué. 


Aladji : Quel genre de traîné es-tu ? 


Nia : Aladji ? 


Je ne lui réponds pas. Je diffuse la vidéo. 


Aladji : Quel genre de pute es-tu ? 


Je l'entends soupirer. 


Nia : Aladji ce que tu as décidé de faire, fais le, mais ne me… 


Le vase a viré immédiatement sur son visage. Elle est tombée à la renverse en remarquant le sang sur son front. Je ne sais plus à quel moment, mon corps s'est dressé devant elle. Ce que je sais, c'est que je suis en rogne et prêt à la fracasser si jamais elle ose me donner une raison. 


Aladji : Je t'ai donné plus de considération qu'à mon épouse devant Dieu et les hommes. Je t'ai accordé ma confiance. Nia je t'ai… (retenant mon souffle) J'aurai dû ouvrir la boîte de pandore car tu ne vaux rien du tout. Tu me donnes, tu donnes à cet homme et à qui d'autre ? 


Elle recule en se traînant puis tente de se lever mais le ton de ma voix l'oblige à se faire toute petite. 


Aladji : Guidelam tu es le seul homme que je désire. Tu es mon unique, tu es mon paradis. Qui t'a appris à mentir aussi bien ? 


Elle tient son front en respirant lentement. Elle n'est pas troublé. Je crois que ce qui l'intéresse c'est sa petite image de rien du tout. 


Nia : Tu es un homme marié. Comment tu as pu croire que je t'appartiendrai ? Chacun choisit son destin, j'ai choisi le mien. 


Aladji : Et tu oses démontrer ta raison ? Petite traîné dis-je en saisissant ses cheveux. 


Elle me gratte au visage puis me tape dans les burnes pensant me perturber. Je la retiens vivement. 


Aladji : Tu crois partir où comme ça Nia?


Nia : Laisse moi tranquille. Tu sais la vérité alors fous moi la paix. 


Je l'assomme d'une gifle. Elle se retrouve au sol et se traîne en contractant sa mâchoire. Je tourne sur moi et trouvant appuie sur la table du bureau, je frappe de toutes mes forces. Je tremble de rage. 


Aladji : Tu es viré, tu m'entends, tu es viré. Je te laisserai à la rue sans une miette. 


Elle se relève comme si tout à coup, elle s'était refaite un brin de force. Elle arrange son vêtement et me fixe puis me reluque et me défie. 


Nia : (reniflant) Tu peux tout garder. Je n'ai pas besoin de tes miettes contracté en franc cfa. Aladji tu peux garder ton boulot et tout ce qui s'y rattache. Je m'appelle Nia. Je ne suis pas une flemmarde. Aucun homme ne me fait et ne me fera aussi longtemps que je serai la fille de ma mère. (bombant le torse) Attends toi à m'avoir sur ton chemin non pas comme maîtresse mais comme adversaire, tu es prévenu. Quelque soit la situation, je reste fière. Tu ne me feras pas courber l'échine. 


Elle jette sa carte d'employé et claque la porte de mon bureau. La pression artérielle redescend. Quoi qu'elle ne me donne pas satisfaction en ce qui concerne l'infidélité de ma maîtresse. Je ne lui pardonnerai jamais cette trahison… 


Mwanamke wa Saba awa...