Si seulement
Ecrit par Farida IB
Il était neuf heures douze minutes en plein cœur de Cotonou et cela faisait deux heures que Yasmina patientait dans la salle d’attente de la maternité de l’hôpital général. Détachée du monde, le regard complètement vide, la quadragénaire patientait sans grand intérêt. Pourtant, une ambiance digne d’un jour de marché régnait dans ces locaux. La salle d’attente était pleine à craquer ce matin-là, au point où les patientes attendaient debout dans le couloir par manque de place. Certaines femmes présentent en ces lieux, affichaient leur mine de mauvais jours. Le supplice de la grossesse, se dit-elle. Si seulement, elle pouvait ressentir ce supplice, aussi infime soit-il. Elle aurait tant voulu savoir ce que ça faisait de porter une vie en soi. Souffrir des nausées matinales, ressentir les coups de pieds d'un fœtus et toutes ces joies de la grossesse qu’elle se plaisait à lire sur les réseaux sociaux. Elle aurait tant voulu être enfin enceinte. Elle désirait ardemment donner un enfant à Abdoul, son époux.
En effet beaucoup d'eau avaient coulé sous les ponts depuis que l’imam Razak, son oncle, avait scellé son union avec Abdoul Idriss devant leur famille respective. Dix-sept années précisément. Abdoul et Yasmina se sont rencontrés très jeunes. Ils prirent le temps de se connaître, de vivre ensemble et de construire leur vie. Non seulement à deux, mais aussi de préparer un futur pour leurs enfants. Sauf qu’à la loterie de la reproduction, ils avaient maintes fois raté leur chance bien que leurs examens cliniques ne révélassent aucune anomalie. En revanche, leur couple était inébranlable face à cette situation. Au contraire, ils se revigoraient et s’endurcissaient devant cette épreuve, source de critiques et d’accusations extérieures. Une alchimie totale liait les deux tourtereaux. Ça collait aussi bien physiquement que psychiquement. Ils sont comme les deux doigts de la main et forment un couple uni et très amoureux. Cependant, elle aurait tant aimé donner un petit Simba à son roi lion, surnom affectueusement donné à son époux, leur bonheur aurait été au complet.