Ultime rencontre

Ecrit par Farida IB




Je passe finalement une bonne soirée bien que les filles font de leur mieux pour pourrir l’ambiance. Elles centraient toutes les discussions sur ma personne et non seulement snobaient royalement Sadi et son beubeuh qui m’assimilait à son plat de pomme de terre au four qu’à autre chose. Nous nous rendons par la suite dans le séjour pour amorcer les divers jeux proposés par Bradley. Je me retrouve avec Tina dans la cuisine dans l’intention de préparer un plateau d’amuse-gueules et elle, des rafraîchissements. Je m’y mets en l'écoutant pester contre Sadi jusqu’au moment où elle fini par m’agacer.


Moi brute : tu as tenu à l’inviter dans quel but en fait ?


Tina : parce que son chéri ne voulait pas venir sans elle, en plus, c’est Brady qui s’en est chargé pas moi.


Moi : je pensais que c’était pour me punir.


Tina : lol au moins j’en ai tiré un gain de cause.


Murielle (s’introduisant dans la pièce) : brrrr elle m’énerve votre moche truc.


Moi : de grâce, les filles faites un effort avec elle du moment où je ne me formalise pas moi-même de sa présence. En plus elle est polie avec nous, d’autres à sa place auraient pu choisir de me narguer.


Tina : lol sainte Nahia mère de Dieu !


Je lui tire la langue.


Dorine arrivant à son tour : les filles, on attend que vous pour commencer. (sur un ton de confidences) Nahia, j’ai aimé ton entrée. Ça, c’est ce qu’on appelle prendre sa revanche !! Il ne manquait plus que Bilal t’engloutisse à la place de son repas.


On rigole.


Murielle : mais vraiment, ça ne te dit rien de les voir ensemble ?


Moi haussant l’épaule : absolument rien.


Tina : mais Manaar et Prisca si ?


Moi levant les yeux au ciel : Tina, ne me gâche pas la soirée s’il te plaît.


Elles éclatent de rire moqueur et je roule des yeux.


Les divers jeux étaient déjà en place lorsque nous rejoignons les autres. Je participe à quelques-uns avant de décider de prendre congé d’eux. 


Moi : bon les gars, c’était un plaisir de passer cette soirée avec vous, mais il faut que j’y aille. (à mes potesses) Vous pouvez vous débrouiller pour rentrer ? Je ne suis pas sûre de pouvoir revenir par ici.


Bilal : je m'en charge, c’est sur le même tronçon.


Je le fixe pantoise.


Moi : mais Murielle est à Kégué Quartier) ça te fera un grand détour.


Bilal : ça ne me dérange pas.


Murielle sarcastique : mais quel honneur tu nous fais, madame est-elle d’accord sur ce fait ? 


Sadi : il n’y a pas de souci.


Murielle : bah, nous sommes chanceuses alors. 


Je me retiens de rire.


Alfred : mais pourquoi tu t’en vas maintenant que les vraies choses ont commencé ? Le valentin s’impatiente déjà ? Au fait, tu nous le présentes quand ?


Moi : bientôt !


Tina : encore faut-il qu’il existe ce valentin !


Vanessa/Murielle (sur un ton de reproche) : Tina !!


Elle hausse les épaules et moi, je me rends dans la salle de bain des visiteurs sans émettre un commentaire. Je me retrouve devant le miroir en train d’arranger mon maquillage lorsque j’entends le bruit de la porte qu’on ouvre. Je me retourne pour tomber nez à nez sur le boy en personne.


Bilal : Nahia je peux te parler un instant ?


Moi tiquant : bon sang Bilal, tu m’as fait peur (fronçant les sourcils) tu fais quoi là ?


Bilal : bonsoir,


Moi neutre : salut


Je ne sais pas, mais mon cœur menace de tomber de sa cage thoracique. Mais qu’est-ce qui m’arrive là ?


Bilal : euhh je peux te parler un instant ? 


Moi : je ne pense pas qu’on ait quelque chose à nous dire toi et moi.


Bilal parlant vite : Nahia s’il te plaît, je veux qu’on fasse une trêve.


Moi ironisant : je ne savais pas que nous étions en guerre.


Bilal titubant : tu, tu ne m’adresses presque jamais la parole et tu m’évites tout le temps.


Je pars dans un rire sarcastique.


Moi avec fureur : on n’a plus rien à se dire Sollou.


Bilal : voilà l’expression que je n’aime pas voir dans ton regard. Nahia on n’est pas devenu des ennemis pour autant. On a un fils tous les deux, et ce lien, c’est pour la vie. 


Moi durement : jusque-là nous arrivons à nous en occuper séparément et ça marche bien, donc j’apprécierais qu’on continue sur cette lancée. Et pour te dire franchement je ne te considère même pas d’abord avant de te prendre en grippe. Pour moi, tu n’existes simplement plus ! On peut se tamponner dans de pareilles occasions et rester courtois, c’est tout. (ton haineux) Ta vie Bilal, je m’en bats la minouche.


Il ouvre les yeux et la bouche l’air choqué.


Bilal reprenant d’un ton plus posé : je pensais vraiment qu’on avait dépassé cette étape.


Moi : étape de quoi au fait ? Écoute, ce n’est vraiment pas l’endroit ni le moment pour tenir cette discussion. Je dois y aller en plus.


Bilal se passant la main sur le visage : ok, mais avant tout, je veux savoir une chose. (enchaînant) Est-ce vrai que tu es toujours célibataire ?


Moi : c’est sensé être mon problème.


Bilal : je le sais et je m'excuse  d’interférer dans tes problèmes. Juste que je me sens obliger de le faire parce que je m’en veux énormément de te savoir célibataire sept ans après notre séparation. Ça fait partie des choses qui me donnent l’impression d’avoir gâché ta vie en dehors de ton attitude envers moi. Nahia tu as changé, tu n’es plus la même, tu es irrémédiablement méconnaissable. Tu n’as plus rien dans les yeux, plus de joie de vivre, plus d’étincelles du tout. J’aurais aimé connaître la raison pour laquelle tu es devenue quelqu’un d’autre du jour au lendemain. Mais plus j’y pense, plus je trouve que c’est entièrement ma faute. (la voix chevrochante) Seulement, voilà, tu refuses mes excuses après toutes ces années, à chaque fois que je tente une approche, tu restes fermée comme une huître. Et pour te dire franchement ton insensibilité me ronge, ça me détruit et ça me fait encore plus mal pour notre fils qui n’a rien à voir dans cette histoire. Nahia, je n’ai jamais voulu qu’on en arrive là parce que tu restes la mère de mon fils après tout. Et par dessus tout, tu as beaucoup compté pour moi par le passé.


Je le regarde débitée en essayant d'analyser chaque syllabes de son monologue. Maintenant qu’il en parle ma rancune envers lui refait surface. Je me rends compte que je n’ai jamais pu lui pardonner malgré tous l’effort consenti. Je pense que cela est dû au fait que j’ai continué à essuyer échecs après échecs dans les relations pendant que lui construit sa petite vie tranquille. Quoiqu’on dise, il n’a pas l’air malheureux dans son couple et presqu’involontairement je le prend comme une défaite. Une défaite dont je le rend coupable.


Moi : Bilal, j’ai accepté tes excuses, même si ça n’efface en rien ce que tu m’as fait. Toutefois, il y a longtemps, que je suis passée à autre chose. Au cas où tu as toujours mauvaise conscience, trouve un autre moyen que celui-ci pour l’évacuer au lieu de chercher à m'accuser à tort. Tu parles d'approches pourtant je n'ai jamais rien vu de concret. On est là tu n'as jamais cherché à crever l'abcès et comme par hasard c'est justement aujourd'hui que cela t'interpelle. (cinglante) C'est fou ce que tu te tiennes devant moi cette nuit pour me dire que tu es désolé et que tu veuilles faire ton mea-culpa. Parce que selon toi cela suffit pour panser toutes ces blessures que tu as ancré en moi et qui refusent de cicatriser malgré les années qui s'écoulent n'est-ce pas ?


Il me lance un regard atterré avant de baisser la tête penaud.


Moi me déplaçant : c'est ce que je pensais aussi. Maintenant excuses-moi, je dois vraiment y aller.


Bilal (quand j’arrive à sa hauteur) : ce n’est que partie remise, j’espère.


Moi le dépassant : moi, j’en ai fini avec toi.


Je passe dans le séjour et fais brièvement mes adieux aux autres le visage bien renfrogné, je me défile en feignant de voir le regard inquisiteur des filles. C’est une fois au volant que je me déchaîne sur l'accélérateur et les freins avant de démarrer en trombe. 


Non mais franchement quel manque de tact ! Genre lui, il attendait que Tina instigue cette rencontre pour venir se faire dédouaner. Il ne se rend même pas compte de ce qu’il a détruit en moi. À chaque échec dans ma vie amoureuse, c’est lui que j’accuse en fait. Parce que depuis que je l’ai quitté, c’est la même rengaine tous les jours, les mêmes scénarios tout aussi poignants les uns que les autres. Et à chaque fois j’en sors plus que meurtrie. Ça n’excuse pas le fait que je laisse Manaar entrer et sortir dans ma vie comme dans un moulin, mais comprenez juste que je suis lasse et que j’ai perdu toute rationalité face aux histoires de cœur. Vous me jugez actuellement sans évaluer l’ampleur des dégâts suscités par tous ces échecs. J’en suis arrivée à perdre mon estime de soi. 


Néanmoins, je songe vraiment à ranger ma vie. Pour ce faire j’ai pris la décision d'effectuer un voyage, histoire de me ressourcer. Ce serait peut-être après le contrat de M. Singh. Je n’ai aucune idée de ce que l’avenir me réserve, mais j’ai la conviction qu’une aube nouvelle se lèvera dans ma vie.


………


Je bifurque sur le parking de l’aéroport une heure et demi plus tard et me cherche une place pour garer avant de me rendre devant le terminal des arrivées internationales. Là, je me renseigne auprès des agents de sécurité sur le vol censé embarqué mon partenaire. J’apprends donc que l’avion vient d’atterrir et par conséquent, il faut que je patiente le temps que les passagers accomplissent les formalités de police. Je retourne  m’accouder à la rambarde du parking munie d’une pancarte sur laquelle j’ai inscrit son nom au complet. Il faut dire que je n’ai pas eu plus de détails que ça sur son identité. Car depuis que M Singh m’a informé pour le contrat, ce n’est qu’hier qu’il a repris contact avec moi pour m’informer de son départ imminent. Entre ma vie professionnelle et mes obligations personnelles, je n’ai pas eu le temps de m’occuper convenablement de son installation. J’ai néanmoins eu la chance de lui trouver un appartement meublé juste à côté du mien avec tout le confort requis. Je crois que c’est le plus urgent pour le moment, nous improviserons pour le reste lorsqu’il sera là.  


Une heure plus tard, il n’est toujours pas sorti du terminal et je commence à psychoster. Deux autres heures s'épuisent également sans nouvelles de lui et mon angoisse se décuple. J’alerte M Singh qui affirme qu’il avait bien embarqué donc je décide de joindre un contact à moi qui travaille à l’aéroport. Celui-ci m’informe que tous les passagers de ce vol ont bien atterri et qu’ils ont déjà passé leur tour aux services des enrôlements. Il n’en faut pas plus pour me faire faire une crise de panique entre les appels incessants des membres de sa famille et lui qui s'est simplement volatiliser dans la nature.


Lasse de le retrouver ou de trouver une explication plausible à sa disparition, je rentre complètement déboussolée avec l’espoir qu’un malheur ne soit pas si vite arrivé.



Le tournant décisif