Un grand pas

Ecrit par elsa

Chapitre 15 : Un autre virage 


***Kendrick SACRAMENTO***


Assis dans mon bureau, je ne vois rien de tout ce qui m’entoure… Je suis perdu dans mes pensées et cela dure depuis plus de deux heures de temps…On dirait une énorme blague. Yasmine…Ma fille âgée de quatre ans est malade. Atteinte d’une leucémie aigüe myéloïde. Pourquoi est-ce que Francine ne m’a jamais laissé une chance de connaître la petite ? Même si je suis sa logique, cela ne colle pas. Elle a eu quatre bonnes années pour réfléchir sur la conduite à tenir et lorsque je suis entré en contact avec elle, la première des choses aurait été de m’en parler. Mais elle m’a menti une fois encore. Elle a dit à la petite que j’étais mort ! 


Mon portable s’est mis à sonner me tirant de mes pensées. J’ai décroché. 


-Allô Inspecteur ? Vous avez trouvé finalement ? 


-Oui mais je ne sais pas si j’agis pour la bonne cause. Vous ne deviez pas avoir de contact avec les MIKALA. Je vous en ai déjà parlé.


-Je suis désolé mais il s’agit d’une véritable urgence. Je ne peux pas laisser passer ça comme ça. Je travaille pour vous depuis quatre mois et jusque-là, j’ai été réglo. Mais si je ne peux pas la fréquenter, alors je préfère arrêter. 


-La fréquenter ? fit l’homme à l’autre bout du fil sur un ton sceptique. 


-Oui. 


-Vous êtes marié Monsieur SACRAMENTO. 


-Je le sais très bien Inspecteur mais aujourd’hui, j’ai appris que Francine et moi avions une fille ensemble. On avait eu une aventure il y a cinq ans de cela. Et c’est seulement maintenant que je suis informé. 


-Oups. 


-Comme vous le dites. Et en plus, la petite est malade. Elle souffre d’une leucémie. 


-Je suis désolé Kendrick. Cela complique sacrément tout le tableau. 


-Je le sais très bien. Mais vous comprenez la raison pour laquelle je dois la voir ? Je veux cette adresse. 


-…Francine MIKALA loge à CADJEHOUN. Je vous enverrai l’adresse par message. Mais je vous prie d’être prudent. Elle ne doit pas savoir que vous travaillez pour la police 


-Je sais. Au fait, il y a un étranger qui vise l’organisation des SACRAMENTO. Je ne connais pas encore son nom mais j’ai cru comprendre qu’il vit au Gabon. Il a envie de faire affaire avec nous. 


-Trouvez-moi les renseignements qu’il faut. 


-Ok je dois vous laisser. Je travaille sur quelque chose d’important. 


Il a raccroché. Je me suis concentré à nouveau sur les mots qui dansaient devant mes yeux. J’ai lu et relu les informations que j’ai trouvées sur le net concernant la maladie de la petite. C’est vraiment une maladie grave et si les membres de la famille ne sont pas compatibles, le dernier recours est qu’on utilise les cellules souches d’un frère direct ou d’une sœur pour sauver la malade. Francine m’a suivi sans broncher quand je lui avais proposé cette sortie. Elle s’est offerte à moi sans protection. Et ensuite, elle m’a parlé d’avoir des enfants. Je lui ai dit que je n’en voulais pas avec elle. Cela l’a blessé. Je comprends tout maintenant. 


Elle avait déjà Yasmine et cherchait à tomber à nouveau enceinte. En lui disant que je ne voulais pas de bébé avec elle, je lui ai donné l’alibi parfait pour ne pas cracher la vérité. Mais elle l’a quand même fait le lendemain et ma chère et tendre épouse a supprimé le message. Donc Yasmine aurait pu mourir depuis quatre mois et je ne l’aurai même pas su. Je n’aurai jamais fait sa connaissance. Alexiane a le droit d’être en colère contre moi mais cela ne lui donne aucunement le droit de prendre une décision si importante pour moi. L’acte qu’elle a posé m’emmène à penser qu’elle serait capable du pire. Je découvre peu à peu son vrai visage et je n’apprécie pas. Je ne peux pas lui pardonner ce qu’elle a fait. Jamais. 


Quelques heures plus tard 


***Francine MIKALA***


-Francine ? s’écria maman dès qu’elle m’a vu. Entre ma fille. On n’attendait plus que toi. Tu es en retard. 


-Je sais maman. Désolée, j’avais une urgence. Pourquoi on est là ? 


J’ai adressé un sourire contrit aux triplés. Ils étaient en train de partager le gâteau que maman avait posé sur la table de la salle à manger. Bryan s’est levé pour venir me tapoter le dos. 


-Tu vas bien ? Je sais que la maladie de la petite ne doit pas être de tout repos. Mais on est là. Tu n’as pas besoin de tout porter sur tes frêles épaules. On est une famille. 


-Je sais Bryan mais c’est ma fille et pour elle, je ferais tout ce qu’il faut. Je dois d’ailleurs vous parler. Puisque tout le monde est là, j’aimerai en profiter. 


-Tu vas enfin nous dire qui est le père de Yasmine ? demanda Ryan sur un ton taquin. 


J’ai senti mon estomac se nouer. Le moment que je redoutais tant était enfin arrivé. Cette fois-ci, je ne pouvais plus faire machine arrière. La vérité a déjà éclaté et je veux être celle qui annoncera la nouvelle à ma famille. La peur me paralysait de la tête aux pieds. J’avais peur que les miens me tournent le dos à cause de mon passé. 


-Oui Francine. La petite a grandi. Il est temps que tu nous dises comment s’appelait son père. On sait qu’il est mort mais on aimerait bien connaître son nom murmura maman. 


-Il n’est pas mort lâchai-je rapidement. 


-Je te demande pardon ? s’écria maman ébahie. 


-Le père de Yasmine n’est pas mort répétai-je en serrant mon sac contre moi. Il est en vie. 


Mes frères ont stoppé leurs activités et se sont concentrés sur moi. Maman avait un couteau en main. J’ai eu peur qu’elle me poignarde dès que le nom de William sortira de ma bouche. 


-Tu nous as laissé dans l’ignorance depuis cinq ans et tu viens maintenant avec la bouche en cœur pour nous dire que le père de la petite est en vie ? Qu’as-tu fait Francine ? Il est marié ou quoi ? 


-Je…je…(voix tremblante) je suis désolée maman. Je ne voulais pas créer encore plus de souci à cette famille. 


-Très franchement, du moment où ce n’est pas un SACRAMENTO qui est le père de ma petite-fille, il n’y a pas de souci pour moi. 


Mon cœur s’est brisé en mille morceaux. Ces derniers mois, ma famille avait été d’un grand soutien pour moi. Si j’ai réussi à tenir le coup jusque-là, c’est grâce à elle. 


-Arrête de dire des conneries maman. Tu penses que Francine se rabaisserai à côtoyer un SACRAMENTO jusqu’à lui faire un enfant ? questionna Bryan. 


-Je suis enceinte lâchai-je avant de perdre pied. 


Ils m’ont fixé comme si j’étais tombée sur la tête. Maman a posé son couteau et a commencé par avancer vers moi. J’ai reculé automatiquement. 


-Tu ne fréquentes personne. De qui es-tu enceinte Francine ? 


-Je…Je suis enceinte du père de Yasmine. Je devais le faire maman. Ma fille est mourante et aucun de vous n’est compatible. Lui-même n’est pas totalement compatible. Avoir un bébé aiderait à sauver la vie de ma fille (pleurs). J’ai sacrifié tellement de choses pour qu’elle soit à cette étape de sa vie maman. J’ai abandonné mes rêves, ma vie pour qu’elle grandisse dans une famille qui l’aimerait pour ce qu’elle est. Je ne voulais pas créer de problèmes. 


-Francine ? Pourquoi pleures-tu ? Je ne comprends pas chuchota Yoan. Tu n’es pas dans un tribunal ici. Si c’est la seule solution pour sauver ma nièce, alors on ne peut rien te reprocher. Tu es enceinte. Une nouvelle vie grandit en toi. Tu devrais être heureuse.


-Qui est l’auteur de cette grossesse ? demanda maman sur un ton tellement coupant que j’ai frissonné. 


-William SACRAMENTO lâchai-je dans un souffle. 


Un silence de plomb s’est abattu dans la pièce. Ils étaient tous figés comme des statues de glace. Maman fut la première à sortir de sa léthargie. Elle m’a jeté un regard qui m’a fait froid dans le dos. 


-Maman, je suis désolée…


Ma mère a foncé sur moi. En une fraction de seconde, elle m’a administré une paire de gifles. J’ai poussé un cri. Elle aurait poursuivi si Bryan ne l’avait pas stoppé dans sa démarche. 


-SACRAMENTO ? Le fils de l’homme qui a assassiné ton père ? C’est lui qui est le père de Yasmine ? Et tu t’étonnes que la petite soit malade ? 


-Maman, laisse-moi t’expliquer…


-Tu n’as rien à m’expliquer. À partir du moment où tu as choisi d’écarter les cuisses devant cet homme, tu as été bannie de cette famille. 


-Maman ! s’écria Ryan. Tu ne peux pas la bannir ! 


-Si tu n’es pas d’accord, tu la suis ! Mais à partir d’aujourd’hui, je n’ai plus de fille. Tu es morte pour moi Francine. Tu vas sortir de cette maison et ne plus jamais remettre les pieds ici. 


J’étais figée dans une attitude presque vicieuse sans m’en rendre compte. Je pleurai en silence. Tout mon corps était secoué par les sanglots. Je savais que ma mère n’accepterait jamais ma fille. J’ai volé quatre ans supplémentaires mais le résultat final a été le même. J’ai été rejeté par ma mère. C’est elle la chef de famille et soit tu te ranges, soit tu pars aussi. 


-Sors de chez moi répéta-t-elle. 


Sans regarder mes frères, j’ai essuyé mon visage et j’ai pris la porte. Je me suis hâtée de rejoindre ma voiture garée à l’extérieur. Une fois installée, j’ai verrouillé les portières et j’ai éclaté en sanglots. J’avais tellement mal…Pourquoi la vie est-elle ainsi faite ? C’était juste un inconnu dans un bar et ensuite, il a chamboulé toute ma vie. J’ai accumulé les erreurs les unes après les autres. J’ai fait capoter le mariage de ma meilleure amie, j’ai fui de ce pays. J’ai menti à tout le monde. Et comme si cela ne suffisait pas, j’ai couché avec William en sachant qu’il était marié. Je n’ai connu que lui dans ma vie, je suis amoureuse de lui et il ne sera jamais à moi. À cette douleur j’ajoute celle que je viens de subir. Bannie de ma famille. Comment vais-je expliquer cela à mon enfant ? Mon seul réconfort est que je suis enceinte. Toutes mes peines ont leur raison d’être. Dieu m’a récompensé au-delà de mes espérances. Je prie juste pour que Yasmine survive jusqu’à l’accouchement. 


Dans la soirée


***Kendrick***


J’ai sonné une deuxième fois chez Francine et j’ai attendu patiemment qu’on vienne m’ouvrir…Je me sens stressé et mes paumes de main sont toutes mouillées ce qui est la preuve ultime d’un stress chez moi…Je panique à l’idée de revoir ma fille…Je ne sais pas vraiment ce que j’attends d’une telle rencontre mais je sais que je dois débuter quelque part…Je veux juste passer du temps avec elle sans lui dire qui je suis réellement….Elle est déjà malade et je ne veux pas compliquer les choses. J’ai entendu le bruit de la clé qui tourne dans la serrure. 


-Bonsoir fis la jeune fille qui accompagnait Francine aujourd’hui. 


-Bonsoir…Comment allez-vous ? 


-Bien. Madame n’est pas là. 


-Elle est sortie il y a longtemps ? 


-Non elle ne devrait plus tarder. 


-Je peux l’attendre alors ? 


-Oui bien sûr. Entrez je vous prie. 


-Merci. 


La maison est belle…bien entretenue et très propre. La jeune fille m’a conduit directement au salon où était assise Yasmine. Elle suivait un dessin animé à la télévision et semblait si concentrée. 


-Puis-je vous demander de venir vous laver les mains ? murmura la jeune fille. Comme la petite est malade, on fait attention à tout. 


Mon cœur s’est serré. J’ai hoché la tête en silence et je l’ai suivi. Elle m’a conduit vers les toilettes et m’a laissé à la porte. J’y suis entré et j’ai rempli ma mission. Quand je suis ressorti, elle n’était plus là. Elle m’avait conduit dans un couloir où il y avait plusieurs portes donc en repartant vers le salon, mon regard fut attiré par une porte à moitié ouverte et puisque je percevais le parfum de Francine, j’en ai déduis qu’il s’agissait de sa chambre. La curiosité a été tellement forte que je n’ai pas pu m’empêcher de pousser la porte pour voir l’intérieur. 


La chambre est très joliment décorée et peinte en mauve. Un grand lit occupe le centre de la pièce et des meubles sont joliment disposés contre le mur…Typiquement féminin à ce que je vois. Je m’apprêtais à refermer la porte quand une boîte posée sur la commode  à côté du lit a attiré mon attention. Je suis entré dans la chambre et je me suis dirigé droit vers le meuble mais je savais déjà ce que c’était…Un test de grossesse. On en a tellement acheté  Alex et moi que je reconnaitrais la boîte même au toucher les yeux fermés. 


Effectivement c’était bel et bien un test de grossesse. Mon regard s’est voilé et mon cœur s’est mis à battre très vite…Francine est enceinte ? Je suis resté là quelques secondes à fixer la boîte comme si elle allait disparaître sous l’intensité de mon regard…Ce n’est pas possible ! Et pourtant…Un bruit lointain m’a fait sursauter et je me suis dépêché de sortir de la chambre…Quand je suis revenu au salon, j’avais l’esprit en ébullition. 


-Bonjour Monsieur lança Yas en posant ses grands yeux sur moi. 


-Bonjour Princesse répondis-je en plaquant un sourire sur mes lèvres. Comment tu vas ? murmurais-je en m’asseyant près d’elle. 


-Je vais bien ! Maman n’aime pas qu’on apporte les chaussures sur le tapis…Elle devient colérique. 


-Oh donc tu préconises que j’enlève mes chaussures ? 


-Oui ! Dit-elle en souriant  Sinon Maman risque de s’énerver. 


Son sourire a eu le don de calmer mes appréhensions. Je me suis levé pour aller enlever mes chaussures et je suis revenu m’asseoir près d’elle. La nounou m’a apporté un plateau sur lequel elle a posé de l’eau et des jus de fruits. Je l’ai laissé faire le service et je me suis concentré sur ma fille. 


-Comment tu t’appelles ? demanda Yasmine


-Kendrick William. 


-William c’est beau…je peux t’appeler Will ? 


-Oui pourquoi pas ? Cela me fera énormément plaisir. Et Tu t’appelles comment ? 


-Yasmine ! Comme ma grand-mère.


-Ha…Qui t’a dit ça ? 


-C’est maman…Elle a dit que la maman de mon papa s’appelait Yasmine et donc elle m’a donné ce prénom…Mon nom entier c’est Yasmine MIKALA. 


J’ai froncé les sourcils…Yasmine MIKALA. Elle lui a donné son nom de famille. Encore heureux que la petite n’ai pas eu de beau père qui lui aurait donné son nom de famille. 


-C’est beau…tout comme toi. Tu es belle comme un cœur. 


-Tu mens murmura t-elle. Maintenant je suis devenue vilaine. J’ai perdu mes cheveux et j’ai beaucoup maigri…Je sais que je suis malade et que je vais mourir. 


Mon cœur a raté trois battements. Elle l’a dit de façon si poignante. 


-Qui t’a dit que tu allais mourir ? 


-Personne…Maman me dit que je vais guérir mais elle pense que je ne l’entends pas quand elle pleure dans sa chambre…Elle pleure tout le temps et dans la nuit. Quand elle pense que je dors. 


-Est-ce que je peux aller aux toilettes un moment ? 


-Tu as envie de faire pipi ? demanda Yas avec sa petite voix 


J’ai souri…Elle me ressemble tellement. Comment Francine a pu me garder en dehors de sa vie ? Sans même prendre mon avis. 


-Les toilettes des invités sont en panne. Mais vous pouvez utiliser celle de Madame. Je vous accompagne murmura la nounou. 


Je me suis levé et je l’ai suivi. 

(…)


***Francine MIKALA***


Je suis allée faire un tour à l’église avant de rentrer à la maison. J’avais besoin de me confesser afin de me sentir un peu libre. J’ai éte surprise de voir William chez moi à mon retour. Un torrent d’émotions s’est battu sur moi me laissant pantelante. 


-Comment as-tu su où j’habite ? demandai-je en posant mon sac rempli de provisions sur le sol. Je ne te l’ai pas indiqué. 


-Un bon ami m’a aidé…Les MIKALA ne sont pas des personnes qui peuvent vivre cachées. Bienvenue fit Will sur un ton grave. 


Son regard a glissé sur moi à la fois froid et dépourvu de tout sentiment. J’ai ramassé à nouveau mon sac de provisions et je me suis ruée dans la cuisine. Je me suis lavée les mains l’esprit totalement ailleurs et je suis revenue au salon. 


-Ma princesse. Comment vas-tu ? demandais-je en venant prendre place près de ma fille. 


-Je veux du yaourt maman…


-Hummm tu as vu l’heure ? Tu dois manger un vrai repas avant tout dis-je en posant la main sur son front pour vérifier qu’elle n’avait pas la fièvre. 


-Je vais bien maman…Tu te rappelles de Will ? 


-Will ? 


-Oui c’est son prénom non ? Il a dit que je pouvais l’appeler ainsi. 


-Je vois. Oui effectivement. 


-À moins que tu décides qu’elle pourrait m’appeler autrement lança Will sur un ton froid 


-Je peux te parler en privé ? Ma chérie je reviens. Tu ne bouges pas de là. 


Will s’est levé distillant toute son énergie à travers la pièce. J’ai essayé d’ignorer l’aura qu’il dégageait mais comment réussir ce tour de magie ? Je me suis dirigée vers ma chambre. On serait mieux là-bas et loin des oreilles indiscrètes de ma fille. Dès qu’on est entré, j’ai fermé la porte de la chambre. 


-Elle ne va pas nous entendre d’ici ? fit Will en mettant les mains dans les poches


-Non je ne pense pas ! Que veux-tu Will ? Pourquoi es-tu là ? 


Il m’a fixé abasourdi…Ma question l’a apparemment surpris. Mon regard s’est posé sur ses lèvres pulpeuses et l’envie d’y poser les miennes s’est infiltrée dans ma tête. J’ai secoué la tête pour chasser loin de moi cette idée. 


-Drôle de question Francine ! Quand on considère la situation actuelle ! Je ne sais même pas comment te qualifier. J’ai beaucoup été déçu dans ma vie mais ce que tu as fait…il n’y a pas de nom pour qualifier cela ! Comment as-tu pu ? 


-J’avais cru bien faire dans le temps ! 


-Tu as cru ? dit-il en haussant la voix. J’ai envie de te gifler ! Tu ne sais pas à quel point tu m’énerves ! Yasmine est aussi ma fille ! 


-Tu as envie de me frapper ? Fais-le si cela peut soulager ta colère ! Parce que je ne pourrai pas retourner en arrière William. J’ai fait des choix dans ma vie et je les assume parfaitement. J’ai essayé de t’expliquer comment les choses se sont passées. Je n’ai pas voulu te cacher l’existence de la petite mais il fallait considérer le contexte dans lequel on était. 


-Non arrête de te chercher des excuses stupides. Ton attitude et tes choix sont impardonnables ! Comment peux-tu décider de me priver de la joie d’être père ? Elle a quatre ans bon sang ! Quatre ans ! Ce n’est pas quatre mois. J’aurais dû être près d’elle mais tu as empêché tout cela. 


J’ai fait un pas en arrière. J’avais peur qu’il me frappe effectivement. Je n’avais jamais vu Will dans cet état donc je ne connaissais pas la suite. Il faut aussi dire que je ne le connais pas bien. J’ai eu à passer quelques heures avec lui et la plupart du temps c'était dans un lit en plus. Je ne peux donc pas me targuer de le connaître. 


-Francine…je ne sais pas comment réagir après ce que tu as fait ! Je te le dis franchement. Je pensais que tu étais une femme de bonne moralité mais au final je me rends compte que tu n’es qu’une menteuse doublée d’une manipulatrice et tu ne mérites pas d’élever ma fille. Je vais demander sa garde ! 


-Quoi ? dit-elle alors que ses yeux se remplissaient immédiatement de larmes. 


***William ***


Je ne sais même pas ce qui m’a pris de dire que j’allais demander la garde de la petite. Il est clair que je ne le ferai pas. La petite ne me connaît pas et elle a besoin de stabilité sur tous les plans mais voir Francine garder son calme comme ça m’a énervé. J’ai eu envie de lui faire mal, je voulais qu’elle souffre autant que je souffrais. 


-Non Will…tu ne peux pas demander sa garde ! Je suis sa mère et je ne lui ai jamais fait de mal. Certes j’ai posé des actes dont la moralité laisse à désirer mais cela ne fait pas de moi une mauvaise mère. Tu n’as pas idée de tout ce que j’ai traversé pour être debout ici devant toi. C’est ma fille ! Je l’ai porté pendant neuf mois, je l’ai mise au monde et je me suis occupée d’elle pendant que tu te la coulais douce avec ton épouse ! Je suis restée à son chevet à chaque fois qu’elle était malade. Je l’ai veillée. 


-Tu es nocive pour elle…La belle preuve est qu’elle est mourante ! 


La phrase est sortie sans que je ne le désire réellement mais je ne pouvais plus rien faire pour la retirer. Francine a réagi au quart de tour. Elle a foncé sur moi et s’est mise à me donner des coups un peu partout. J’ai protégé mon visage du mieux que je pouvais. 


-Espèce de sombre crétin ! Comment oses-tu me parler ainsi ? Je t’interdis de dire que ma fille est mourante par ma faute. Tout le monde le pense mais je ne l’accepterai pas venant de toi. J’ai fait tout ce qu’il fallait pour qu’elle aille bien 


J’ai attrapé ses poignets pour l’empêcher de continuer. Elle pleurait sérieusement. Sa détresse m’a ému. Je l’ai attiré vers moi et je l’ai serré contre moi. Je ne sais pas pourquoi j’ai dit toutes ces horreurs. Quelque chose en moi m’incitait à la haine envers elle. Alors que ce n’est pas ce que je ressens. 


-Excuse-moi Fran. Je suis désolé. Je suis un imbécile. Je te prie de m’excuser. 


Je l’ai gardé contre moi malgré ses tentatives répétées pour m’échapper. Mon corps a pris conscience d’un changement physique chez elle. Je l’ai  poussé tout doucement. Je l’ai dévisagé stupéfait avant de poser une main sur son ventre.   


-Francine…Tu es enceinte ? fis-je estomaqué. 


-Oui. Je suis enceinte dit-elle en reculant. J’allais t’en parler cette fois-ci. Mais tu n’avais pas répondu à mon message. Donc j’ai pensé que tu ne voulais rien savoir d’elle. 


-Alex a lu le message avant moi et elle l’a supprimé. C’est méchant et je n’essaie pas de la défendre. Mais elle avait mal. Elle avait compris que je l’avais trompé avec toi et cela l’a conduit à commettre une bêtise. 


-Je ne peux pas lui en vouloir. Qui sait ce que j’aurai fait si j’avais été à sa place. Je suis désolée d’avoir mis ton mariage en danger. Je ne voulais pas perturber votre vie. 


-Tu es enceinte répétais-je en la fixant totalement désemparé. 


-Oui (sourire triste) Ma mère m’a banni de la famille quand je lui ai dit que tu étais le père de Yasmine et l’auteur de ma grossesse actuelle. C’est ce drame que je refusais de vivre. Mais le secret a éclaté. Je suis maintenant seule avec ma fille. 


-Je suis là m’entendis-je répondre. 


-Tu es marié. 


-Mais je ne laisserai plus jamais ma…mes enfants. Je ferais tout pour rattraper le temps perdu avec Yasmine et je veux être là pour celui qui est en route fis-je sur un ton ferme. Alex comprendra. 


-Permets-moi d’en douter. Deux enfants hors du foyer. Même moi j’aurai du mal à accepter cela. C’est la raison pour laquelle je te demanderai de faire attention à toi. J’accepte que tu vois ta fille mais je ne veux pas de relation ambiguë entre nous. 


-Tu as dit que tu m’aimes Fran…


-Je t’ai toujours aimé William mais tu n’es pas un homme pour moi. Essaie de sauver ton couple. Si tu veux, je peux lui parler…m’excuser. 


-Elle ne voudra même pas te voir. Je l’ai trompé avec toi. J’ai trompé Stella avec toi. C’est toujours toi dis-je en me rapprochant du lit ou elle était assise. Je peux voir ton ventre ? 


-Pardon fit-elle étonnée. 


-Tu portes mon enfant Fran. J’ai bien envie de voir le ventre de la femme qui porte mon enfant. Je n’ai pas été là quand tu étais enceinte de Yasmine. 


-Excuse-moi William mais je ne veux pas qu’on ait ce genre de relation. On doit mettre des limites entre nous. Maintenant, j’aimerai que tu rentres chez toi. Il se fait déjà tard et ta femme doit t’attendre. 


-Je sais fis-je en me levant. Je vais embrasser Yasmine et rentrer. Je t’appelle demain. 


-William…je suis désolée de t’avoir utilisé pour tomber enceinte. Je ne voulais pas te mettre dans une situation troublante mais j’ai quand même réussi. 


Je me suis tourné vers elle. Francine semblait porter le poids du monde sur ses frêles épaules. Dans l’immédiat, je ne pouvais pas l’aider à se sentir mieux. 


-J’étais consentant. Tu ne m’as forcé. Je t’ai désiré et je continue de te désirer. Je ne peux pas m’en empêcher Fran. Alors même si ta famille te rejette à cause de ce que mon père a fait, sache que tu n’es pas seule au monde. On est trois dans cette barque et si j’ajoute le bébé que tu portes, ça fait quatre. Dans moins de six mois, tu accoucheras et Yasmine sera sauvée. Tu as mal agi dans l’ensemble mais on doit maintenant se concentrer sur la petite et sa guérison. 


-Non pas quatre.


-Je te demande pardon ? 


-Tu as dit qu’on était quatre (touchant son ventre). Je porte des jumeaux en moi William. 


-Des jumeaux ? m’exclamai-je en écarquillant les yeux.


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