Une heureuse nouvelle
Ecrit par Les Chroniques de Naty
Chapitre 13
****Nouria****
Je termine rapidement ma tasse de café. Il ne faut surtout pas que je
sois en retard.
Sié déteste les retards. Il devrait pourtant être habitué à cela avec
moi ; bon toutes les femmes sont comme ça. Quand elles te disent qu’elles
sont prête dans cinq minutes, et bien assieds-toi tranquillement et prends un
journal. Car elle en a minimum pour une heure. J’essaie de faire exception à la
règle, mais vraiment ce n’est pas évident.
Je le trouve trépignant d’impatience. Il tapote le volant. Je sais qu’il
n’est pas content. J’ai quand même plus d’une demi-heure de retard.
—Pardon pour le retard. Dis-je d’emblée en m’asseyant sur le siège
passager.
—Nouria ! dit-il d’une voix plaintive.
Quand il dit mon nom comme ça, c’est que là c’est vraiment chaud.
—Je sais. Désolée. Je lui fais la bise et il démarre la voiture.
—J’espère que tu vas faire des efforts.
—Promis juré.
—Je ferrai semblant de te croire jusqu’à ce que je puisse le constater
moi-même.
—Espèce de Saint-Thomas.
Il se met à rire. J’allume la radio et capte une fréquence qui fait
passer de la bonne music reggae. Je suis une adepte de ce style de music et je
ne rate pratiquement aucun événement musical reggae. Comme le dit l’autre,
c’est la musique du paradis.
Aujourd’hui je rends visite à mon frère pour lui présenter
officiellement mon petit ami. Cela fait un an que nous nous fréquentions et
nous voulons donner un autre aspect à notre relation. Sié est en fin de cycle. Il
a soutenu le mois dernier et tout s’est très bien passé. Il est spécialiste en
obstétrique-gynécologie. Moi je me suis spécialisée en hématologie. Nous nous
connaissions avant pour avoir participé à des séminaires de formations
ensemble. Mais c’est seulement l’année dernière que nous avons commencés à nous
fréquenter. On s’entend bien. C’est un homme simple et tranquille ; il a
la tête sur les épaules. Nous voulons fondés une famille. J’ai déjà rencontré son
frère jumeau ainsi que son père. Ils ont été très gentils avec moi. Alors je
suis optimiste quant à la bonne avancée de notre relation. Nous irons voir
Moctar aujourd’hui et la semaine prochaine ça sera le tour de maman. Je sais
qu’elle a hâte de me voir marier, alors j’imagine qu’elle sera heureuse de
rencontrer Sié.
Nous arrivons chez mon frère après quelques tractations routières.
Je stresse. Parce que je n’ai jamais présenté d’homme à mon frère. Je me
demande bien comment il prendra la chose. Je lui ai juste dis que je viendrai
avec un ami, sans lui donner plus de détail.
—J’ai un peu le trac ; avouais je à Sié.
—Moi aussi j’ai peur. Mais je me dis que la peur est proportionnelle à
l’importance que nous accordons à une chose. Dans tous les cas nous sommes déjà
là ; alors on ne peut plus faire marche arrière. Prions Dieu pour que tout
se passe bien, et puis j’ai la foi que tout ira bien. Tu verras que ton frère
va m’adorer.
—Je l’espère. Moctar est gentil, mais il est très protecteur. Je me
rappelle qu’il a terrorisé mon voisin de classe quand j’étais au lycée. Celui-ci
m’a envoyé un message. Et mon frère en utilisant mon téléphone a lu le message
d’amour de ce dernier. Je ne te dis pas comment il a fichu la trouille au
pauvre jeune homme. Il ne m’a plus jamais adressé la parole.
Sié éclate de rire.
—Hum ! J’espère ne pas subir le même sort que le voisin. Mais bon,
peut être que le voisin n’était pas sérieux. Et puis tu devais être jeune à l’époque
pour ce genre de choses. Par ailleurs je remercie Moctar de lui avoir foutue la
trouille, sans quoi toi et moi ne serons pas ensemble aujourd’hui. Comme quoi à
quelque chose malheur est bon.
On descend de la voiture et sonne à la porte. C’est Akabla qui vient
nous ouvrir suivie de mon neveu. Il marche maintenant et se tient comme un
grand. Il ressemble encore plus à son père.
—Bonjour Akabla comment vas-tu ?
—Bonjour tantie, je vais bien. Et toi ?
—Ça va. Orphée mon bébé comment vas-tu ?
Il ne répond pas et me saute dessus. Ou du moins il répond, mais moi je
ne comprends pas la langue qu’il parle. Je le fais sautiller dans les airs, il
adore ça. Sié a le regard fixé sur Akabla depuis.
—Hey chéri ?
—Oui ?
—Qu’est ce tu as à la regarder ainsi ?
—Son visage m’est vaguement familier. Je sais que je l’ai déjà vue
quelque part, mais je ne sais plus où. Alors j’essaie de m’en rappeler.
—Ah le monde est petit. Surement que tu as eu à la soigner.
—Non pas dans ce sens-là. Mais laisse tomber, ma mémoire me joue des
tours.
—Moctar est là ? Lui demandais-je.
—Oui ; monsieur est au salon.
—Et Martine ?
—Madame est couchée.
Nous trouvons Moctar en train de regarder un film au salon.
—Mon frère chéri comment vas-tu ?
—Hum pardon arrête tes frappes. Tu ne viens jamais me voir et tu me dis
que je suis ton frère chéri. Je ne te crois même pas. répondit-il en boudant.
—Ne connait tu pas l’adage qui dit loin des yeux près du cœur ?
—Aahahha tu veux prendre ça comme prétexte. Tu ne changeras jamais
Nouria.
J’embrasse mon frère. Les deux hommes se saluent et je fais les présentations.
Akabla nous apporte à boire. Après son départ, je donne les raisons de ma
visite à mon frère. Il est content, ce qui ne m’étonne pas trop. Il nous donne
beaucoup de conseil quant à la bonne marche de notre relation. Comme il l’a si
bien signifié, la vie en couple est une lutte de tous les jours.
Nous conversions gaiement, lorsqu’Akabla nous invite à passer à table.
—Et Martine, elle ne mange pas.
—Je l’ais réveiller. Elle se débarbouille.
—D’accord.
Quelques instants plus tard, cette dernière nous rejoint à table. Elle
salue et me fait la bise. Elle n’a vraiment pas bonne mine. Et elle ne s’assoit
pas à côté de mon frère ; ce qui m’étonne encore plus. Mais je n’en fais
pas cas. Je lui présente Sié ; ils se saluent mutuellement. Elle nous félicite.
—Tu décide enfin de te marier. C’est bien ma chérie. J’espère que toi au
moins tu seras heureuse dans ton mariage.
—Merci Martine. Dis-je, en souriant gênée ; je ne fais certes pas
attention à la fin de sa phrase, mais j’ai vu le regard de Moctar s’assombrir. Que
se passe-t-il entre ces deux-là ? En plus il ne s’adresse pas la parole
durant tout le repas. Une tension silencieuse règne dans la pièce. Sié aussi
l’a bien remarqué. Mais chacun essaie de faire semblant de son côté.
Après le repas, nous retournons au salon. Martine est vraiment pâle. Elle
n’a pas l’air dans son assiette ; elle n’a pas beaucoup mangé aussi
pendant le repas.
—Martine tu te sens mal ?
—Je suis fatiguée. Je ne dors pas beaucoup ces dernières semaines.
—Mais demande des jours de congés, parce que là tu as l’air très mal en
point. La fatigue est une maladie tu sais. Et c’est ce que beaucoup de
personnes ignorent. Ainsi elles font des traitements qui n’ont pas d’effets,
parce qu’elles ne font pas ce qui est le plus important que tous les comprimés
qu’elles avalent à savoir le repos.
—Je me repose pourtant. Mais bon entre les vertiges et les douleurs à la
tête, je ne sais plus trop quoi faire.
—As-tu été à l’hôpital voir réellement ce qui ne va pas ? Parce
qu’hormis tout ce que tu cites, tu peux couver quelque chose de grave.
—Non pas encore. Je n’ai pas vraiment le temps ces jours ci. Mais bon je
verrai dans tous les cas, si je peux y aller la semaine prochaine.
—Comment se manifeste les vertiges ? Intervient Sié.
Elle lui explique. Il lui pose d’autres questions plus détaillées. Elle répond,
et de fil en aiguille, les réponses aboutissent à d’autres questions. Quand il finit,
un sourire se dessine sur sa lèvre.
— Je crois que tu es enceinte.
—Quoi ? Avons-nous tous criés.
—Comment cela est-il possible ? demanda
Martine hébétée.
—Mais tu es mariée. Alors quoi de plus normal
que d’être enceinte. Je ne sais pas exactement ça fait combien de temps, mais
vue les symptômes ; tu es au tout début. Parce que selon les réponses que
tu me donnes, ça ne peut être que ça. Mais si tu veux tu peux passer à la
clinique demain pour plus de précisions.
—C’est compris Sié.
Moctar ne parlais pas depuis. Il est comme
ailleurs.
—Félicitations à tous les deux. Je suis
tellement contente. Je vais être tata encore une fois et cette fois ci j’espère
que ça sera une jolie petite fille.
—Merci Nouria. C’est gentil. Seigneur je suis
toute chamboulée ; j’en tremble presque. Je ne m’y attendais vraiment pas.
—On va fêter cette bonne nouvelle. Akabla !
Akabla ! Appelais-je.
—Oui madame.
— Apporte-nous du champagne s’il te plait.
—D’accord madame.
—Et une bouteille de jus de fruit pour
Martine. Les femmes enceintes ne boivent pas d’alcool.
Lorsqu’elle revient avec la bouteille, nous
trinquons au mariage, à la famille et surtout au bonheur d’être marié à la
personne qu’on aime.
—Eh Moctar tu n’as rien dit depuis. Tu n’es
pas content ?
—Bien sûr que si. dit-il en se forçant à
sourire. Je suis content. Mais comme l’a dit Martine, c’est une nouvelle assez
surprenante. J’avoue que je ne m’y attendais pas du tout moi aussi.
—Je sais. Mais Dieu est grand, vous aurez
encore beaucoup d’autres enfants. Je suis tellement heureuse pour toi ma belle-sœur
chérie. Tu mérites tout ça et bien plus encore. Car tu es une personne
formidable.
Elle se met à pleurer.
—Ah les hormones sont déjà en alerte. dit
Sié. Je t’attends demain à la clinique.
—C’est compris. Je t’appellerais avant de
venir.
—Bon cher frère, il est temps pour nous de
prendre congé. Nous sommes ravis d’avoir partagé ce bonheur avec vous. C’est
Dieu qui a voulu qu’on vienne ici aujourd’hui. Allez à bientôt. Martine je
passerai en semaine. Il faut que tu te reposes ma chérie. Sié va te faire un
certificat d’arrêt de travail de deux semaines pour commencer.
Elle rit à travers les larmes.
—Je suis pourtant sérieuse. Allez à bientôt
les amoureux. On vous laisse profiter de ce bonheur en toute intimité ;
dis-je en faisant un clin d’œil à ma belle-sœur.
Nous sommes sur la route de l’université, lorsque
Sié tape le volant d’un coup.
—Qu’est ce qui se passe ?
—Je me souviens maintenant d’où je connais
cette jeune dame.
—Laquelle ?
—La domestique de ton frère.
—Akabla ?
—Oui. C’est elle Akabla. Elle a travaillé
chez ma tante à Yamoussoukro. Elle était nounou de ma petite cousine à l’époque.
—Ah bon ? Mais tu ne m’as jamais parlé
d’une tante là-bas.
—Si. C’est la sœur de papa. Et elle est décédée
à la suite d’une fausse couche.
—Oh je suis vraiment désolée.
—C’est rien chéri. Cette histoire a été un
coup dur pour nous. Papa s’en est remis difficilement ; et son mari s’en
est allé en France avec sa fille. Il n’a plus donné de nouvelles d’eux.
—Quelle histoire!
—Je ne te le fais pas dire. C’est pour cette
raison que je la regardais depuis, car je savais bien que je l’avais bien vu
quelque part. C’est elle qui avait la petite durant les funérailles de ma tante
et elle s’en est allé juste après.
La domestique de la tante de Sié, devient la
nounou de mon frère quelques années plus tard. C’est dans ces situations qu’on
se rend compte que le monde est vraiment petit.
**************
****Martine****
Quelle nouvelle !!!
Je suis toute retournée par ce que vient de
dire l’ami de Nouria. Heureusement qu’il est gynécologue, sinon je ne l’aurais
jamais cru. Il est vrai que je suis fatiguée, avec les vertiges et quelques
nausées, mais je n’ai jamais imaginé un seul instant que je puisse être
enceinte. Et surtout pas maintenant que je vis la merde dans mon couple. Notre dernière
étreinte amoureuse avec Moctar remonte déjà à trois mois. Or j’ai eu mes règles
le mois passé.
C’est vrai que ces temps-ci, mon cycle est un
peu désordonné. Mais ça toujours été comme ça, alors je me dis qu’un mois de
plus ou de moins c’est pareil. Par ailleurs avec les émotions de ces derniers,
je me dis que tout ça a dû agir sur mon cycle menstruel.
Je n’arrive toujours pas à y croire. Je suis
enceinte. Pour la deuxième fois je vais être maman. Sauf que cette fois, je
n’ai pas eu à faire beaucoup d’efforts pour que ça arrive. C’est venu tout
seul. Mon Dieu, ce bébé arrive au mauvais moment. Un enfant est certes une bénédiction,
mais là j’avoue que je ne sais plus quoi penser.
Après le départ de nos invités, je suis
toujours au salon avec Moctar. On ne s’est pas adressé la parole. On ne se
parle plus depuis le jour j’ai découvert sa traitrise avec Fatou. Quant à cette
dernière, je n’ai plus eu de ces nouvelles. Elle a essayé de me joindre en
vain. Je ne décrochais pas ses appels, ni ne répondais à ses messages. J’ai
fini par la mettre sur liste noire et la bloquer complètement. Je l’ais
supprimé de ma vie. Quand on me demande de ses nouvelles, je mens qu’elle va
bien. Bon je suppose qu’elle va bien. Car je ne veux plus rien savoir d’elle.
—Martine ?
—….
—Je sais que tu ne veux plus me parler, mais
je tenais à te dire que je suis heureux que tu sois enceinte. Je ne m’y
attendais pas.
—….
—J’espère que cet enfant viendra nous
rapprocher, et par conséquent arranger nos rapports qui ne sont plus au beau
fixe. Je ne sais plus quoi faire ni quoi dire pour que tu daigne me
parler ; cette situation m’insupporte. Tu es ma femme et nous devons
parler.
—…
—Mais tu m’évite et tu ne fais même plus
attention à moi. C’est comme si j’ai cessé d’exister pour toi.
—Oui tu as raison. Tu as cessé d’exister pour
moi. Et ne te leurre pas, cet enfant n’est pour rien dans nos histoires, alors
je ne vais pas lui faire subir les conséquences de tes actes. Tu es son père,
je te reconnais ce droit et tu vas profiter de ton enfant si tu veux. Mais
seulement quand il naitra. Cela dit, je ne veux en aucun cas que tu t’approches
de moi durant ma grossesse. Reste loin de moi.
—Mais…
—Il n’y a pas de mais qui tienne. J’espère
avoir été clair. Si jamais tu t’entête à me parler, à me suivre, où même à
t’approcher de moi ne serait-ce que d’un mètre, je disparais pour toujours avec
MES ENFANTS. Et crois-moi que tu les ne reverrais plus jamais.
Je ne lui pas le temps de répondre, je
retourne dans la chambre de mon fils. C’est là que j’ai déménage toutes mes
affaires. Je ne partage plus rien avec Moctar. Il me dégoute et je ne veux même
pas le sentir. Nous souffrons tous les deux de cette situation ; mais
c’est de sa faute à lui. Il n’a qu’à s’en prendre à lui-même.
Voilà où nous a mené sa tromperie et sa
traitrise, au bord du gouffre.
************
****Akabla****
J’ai cru m’évanouir lorsque la petite sœur de
monsieur a dit que Martine est enceinte. J’ai dû me forcer à sourire, mais au
fond de moi je n’avais qu’une envie, pleurer et ensuite serrer le cou de Martine
jusqu’à ce qu’elle meurt avec son maudit bébé dans le ventre.
Pourquoi est-ce maintenant qu’elle se permet
d’être enceinte ? Ce n’est vraiment pas le moment. De toutes les façons,
cette journée est une journée de merde. J’ai failli me faire choper.
Mon cœur a raté un battement lorsque j’ai vu
le monsieur qui accompagnait Nouria ce matin. Je sais que je l’ai déjà vue et
quand j’ai bien creusée dans ma tête, je me suis rappeler d’où je le
connaissais. À l’époque j’ai travaillée pour une dame. C’était une vraie salope
celle-là. Elle trompait son mari. Et a même eu un batard de cette aventure. Je
l’ai attrapée et s’en est suivie une longue période de chantage. C’est comme ça
que j’ai pu me faire un peu d’argent. Mais arrivé à un certain moment, elle ne
voulait plus continuer notre petit deal. Nous avons eu une petite altercation
et pour me venger d’elle, j’ai mis un médicament dans sa bouteille d’eau. C’était
juste un laxatif qui était censé lui donner un petit malaise de rien du tout.
Malheureusement, elle est décédée. Je ne
voulais pas lui faire de mal ; par ailleurs je ne savais pas que ce médicament
était interdit aux femmes enceinte. C’est à l’hôpital que le médecin a dit la
cause de sa mort, puisqu’ils ont découvert un fort taux de ce médicament dans
son sang. Ça lui a fait perdre beaucoup de sang et elle a perdu son bébé. Le
même soir, elle a rendu l’âme. C’est durant les obsèques que j’ai rencontré sa
famille. Tout le monde parlait bien d’elle, mais personne ne savait que c’était
une peste qui cocufiait son époux. Après je suis rentrée à Abidjan et je n’ai
plus jamais entendu parler d’eux.
Et voilà maintenant que je viens tomber sur
un membre de sa famille. Quelle poisse ! J’espère qu’ils ne feront pas le
lien entre moi et ce qui s’est passé à l’époque.
Je me mets aussi à réfléchir sur ce nouvel
obstacle entre Moctar et moi, car oui cet enfant est un obstacle et je dois
m’en débarrasser.