Une nouvelle saison
Ecrit par Plénitudes by Zoé
*** Marla ***
Sabine pousse du pied la porte du frigo pour la fermer parce qu’elle a les mains prises par un plateau plein de bonnes choses. Je dois avouer que je ne prends pas vraiment la peine de manger le matin et en voyant ce plateau je me promets d’y remédier. Ruben se précipite pour lui prendre le plateau des mains, le pose sur la table et lui tire la chaise. Il est comme ça mon ami, toujours serviable, parfois je me dis que si je le méritais j’aimerais faire ma vie avec lui mais qui voudrait d’une fille comme moi ? (soupire). Parfois je me dis que ce serait mieux d’en finir, mais je n’ai jamais eu le courage nécessaire pour le faire.
Sabine : Mangez pendant que c’est chaud, nous avons le temps, faites comme chez vous.
Ruben : Merci mais nous ne voudrions pas abuser.
Sabine (souriant) : Ça ne me dérange pas.
Ruben (répondant à son sourire) : Je m’appelle Ruben au fait.
Sabine (soudain sérieuse) : Un très beau nom qui t’apportera force, courage et gloire dans ta vie, (redevenant souriante) moi c’est Sabine enchantée.
Je les écoute discuter sans prendre part à la conversation. A la place, je regarde autour de moi. Le studio de Sabine est pareil au mien en superficie mais elle l’a tellement bien décoré que les 20 m2 ont l’air plus grands. Des tons de bleu, blanc et beaucoup de bibelots en porcelaine, des livres dans tous les coins et des cadres photos de sa famille je suppose aux murs. Une cuisine toute équipée avec un four à micro-ondes et un électrique, un Blender et un robot-ménager, ça se voit qu’elle aime cuisiner et surtout la pâtisserie si j’en crois les boites de farine, de chocolat, de sucre, d’amande et de cacao rangées sur ses étagères. Quand je pense au capharnaüm que j’appelle mon appartement, je ne peux m’empêcher de me sentir un peu honteuse. Ce qui me surprend le plus c’est qu’il n’y a pas d’images de Jésus ni de chapelets comme on en voit dans les maisons de certains chrétiens. Pourtant j’aurais cru que son appart en serait rempli vu comme elle est et semble pieuse. Sa manière même de s’habiller ne laisse aucun doute quant à sa confession religieuse. Je l’ai rarement u en pantalon et quand elle en porte, elle met toujours une tunique ou un haut qui descend plus bas que ses fesses, sinon la plupart du temps elle est en jupe dont la longueur dépasse les genoux et en haut avec des manches, ce qui lui donne un air très rangé et sage mais pas vieux parce qu’elle se débrouille pour choisir des pièces de qualité et plutôt classes. Je me demande comment elle a pu atteindre un tel niveau dans la spiritualité et quels sacrifices elle a dû faire pour y arriver quand j’entends mon nom.
Ruben : Marla… Tu es toujours avec nous ?
Moi : Hum… (Revenant à moi) Oui
Ruben : J’étais en train de dire à Sabine qu’hier tu n’étais pas bien du tout et que c’est la raison de notre présence ce matin. Et je vais vous laisser un peu d’intimité.
Sabine (me regardant d’un air maternel) : En quoi puis-je t’aider Marla ?
Moi : …
Sabine : Tu peux me faire confiance, ce que tu diras ne sortira pas d’ici.
Moi : Eh bien je vais commencer par le commencement.
Pendant l’heure qui suivit, je lui racontai comment tout avait commencé depuis mon enfance et ma relation tendue avec mes parents, comment je voulais me détruire par le sexe et les pensées suicidaires qui sont mes compagnes depuis de longues années. Elle m’écouta religieusement sans m’interrompre et en me regardant avec compassion, ce qui eut pour don de me faire fondre en larmes plus d’une fois. Après cela je l’écoutai pendant de longues minutes m’expliquer comment ce qui s’est passé entre mes parents n’était pas ma faute et que je n’avais pas à me sentir responsable de ne pas avoir su protéger ma mère plus jeune parce que ce n’était pas mon rôle. Plus elle parlait et plus je me sentais légère, ainsi tes ces années, je me fustigeais pour des choses que je ne pouvais pas contrôler au point ou ma vie me semblait en marge du temps et que je me noyais dans une boue métaphorique de culpabilité, de dégout de moi-même et d’autodestruction. Il m’est apparu qu’une main gigantesque m’a saisie et tirée de cette boue, m’a époussetée puis m’a ramenée parmi les vivants, là où le temps s’écoule normalement et que l’espoir règne.
Je me remis à pleurer et Sabine vint me prendre dans ses bras, soudain ce fut comme si toute ma tristesse s’était envolée et je me mis à rire au milieu de mes larmes. Ruben qui ne s’était pas éloigné du couloir depuis tout ce temps entra brusquement, croyant que les bruits que je faisais étaient signe d’une attaque cardiaque ou autre chose du même genre. Il eut l’air décontenancé par ce qu’il vit c’est-à-dire Sabine et moi dans les bras l’une de l’autre riant et pleurant à la fois. En voyant sa tête, mes rires redoublèrent tellement que je m’effondrai eu sol en me tenant les côtes, ce que ça faisait du bien.
Quand nous retrouvâmes un peu notre calme, Sabine me dit une fois encore que Jésus m’aimait et qu’Il se souciait de moi, la preuve en était qu’Il a tout accompli sur la croix et que tout ce que j’avais à faire c’était accepter de croire qu’un si grand amour existait. Elle cita Jean 3 : 16 Car Dieu a tant aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique afin que quiconque croit en Lui ne périsse point mais ait la vie éternelle. Il nous suffit donc de croire pour être sauvé ! Tout simplement, juste ça ? Ça a l’air trop beau pour être vrai limite. Mais je suis prête à essayer parce que j’ai ressenti un changement au-dedans de moi que je ne peux pas ignorer. Sabine m’a demandé de répéter une prière après elle et Ruben s’est joint à nous :
Seigneur, aujourd’hui je te rencontre tel que Tu es et j’ai ressenti ton amour parfait et immensément grand. Un tel amour, tu ne me le donnes pas parce que j’en suis digne ou à cause de mes bonnes œuvres, tu m’en fais don à cause de Ta grâce. Un tel amour, je ne peux l’expérimenter et retourner dans le monde comme si de rien n’était car en Toi j’ai trouvé ce qui a toujours manqué à ma vie. C’est pour cela que je veux Te donner ma vie comme Tu as donné la tienne pour moi et je confesse que Toi, Jésus-Christ, es mon Seigneur et Sauveur, mon Seul Maitre et je n’en ai pas d’autre. Je te sacrifie ma vie et t’appartiens à jamais. Garde-moi toujours auprès de Toi et guide mes pas à toujours te retrouver. Amen
Après cette prière, Sabine nous a invités le lendemain au culte de son église et nous convenons de l’heure de départ, elle passera par chez moi pour qu’on y aille. Je lui demande s’il y a un code vestimentaire spécial mais elle me répond avec le sourire de me sentir libre et de porter ce dans quoi je me sens à l’aise. Nous prenons donc congés et rentrons dans mon appartement, le reste du samedi je le passe avec Ruben à discuter de ce qui s’est passé chez la voisine. J’entre dans une nouvelle saison.
*** Olivier Dubois ***
Aujourd’hui c’est dimanche, je me prépare pour le culte et prends un café léger avant de sortir, clés, téléphone et portefeuille dans la poche intérieure de ma veste, montre au poignet. Depuis que j’ai fini l’université, je suis tout le temps en costume sauf peut-être le dimanche soir qui est mon seul moment libre. L’habit fait le moine contrairement à ce que tout le monde dit et je suis quelqu’un de propre sur moi, respectueux de moi-même et des autres et je veux que cela se sache, se sente de par mon habillement. Je sors d’un pas mesuré comme à mon habitude, jamais de gestes superflus, je n’en ai ni le temps ni l’envie, et me dirige vers ma voiture au parking sous-terrain. J’ai largement le temps pour être à l’heure alors je ne fais pas d’excès de vitesse, pas que j’en ai l’habitude non plus.
Je sers dans le département de la communication à mon église et donc je suis chargé de rencontrer les partenaires potentiels lorsque nous devons organiser un événement ou encore travailler en collaboration avec certaines entreprises ou organisations pour des œuvres caritatives. Quand on me voit pour la première fois, ça surprend parce qu’on ne s’attend pas à ce que je sois Chrétien et engagé dans la vie de mon église et avant tout au service de Dieu, je m’amuse souvent de cette situation. Coté femmes, je dois dire que j’ai du succès même si ça me laisse indifférent, je ne cherche même pas, c’est Dieu qui me guidera vers celle qui partagera ma vie, je suis abstinent et j’ai 28 ans. Quand je disais que ça surprend (rire)
Isaac (souriant) : Encore dans les nuages ?
Moi (rire) : Non même pas.
Isaac : Si tu le dis. Bon il nous faut revérifier les diapos pour le sermon du Pasteur
Moi : Fais-moi de la place (m’asseyant) montre-moi ça.
Nous travaillons un peu jusqu’au début du culte et le suivons tranquillement en y participant avec nos diapos. A la fin, je rentre chez moi me changer, me mettre en short et me poser tranquillement devant Netflix. Je me fais livrer mon repas de midi mais cuisine celui du soir et vers 18h, j’éteins tout pour aller dans ma chambre et méditer la Parole puis prier avant de me mettre au lit, je me lève tôt demain pour le boulot.
Pendant la nuit je fais un rêve, pas érotique mais j’y vois une jeune femme noire qui souriait, et ce sourire me transperçait de toutes parts et je ressentais une connexion étrange avec elle. Je me vis aussi lui tendre la main qu’elle saisit en toute confiance avant de murmurer quelque chose que ne comprends pas. Par contre, impossible de clairement distinguer son visage. Je me réveille un pu hagard, ne sachant ce que ce rêve signifiait. Pour plus d’éclaircissements, je me mis sur mes genoux et demandai au Père ce que ce rêve signifiait et qui était cette femme. Je n’eus pas de réponse immédiate mais je sentis au fond de moi que cette femme n’était autre que celle qui m’était destinée, ma cote et donc ma part sur cette terre, ce qui me surprend un peu parce que même si je n’ai rien contre les Noirs je n’ai jamais vraiment pensé en épouser une. Enfin, une chose est sure, dans le Royaume, il n’y a ni races, ni couleurs de peau, tout cela n’est important (pour certains) que sur terre.