Vicissitudes : Chapitre 04

Ecrit par Djiffa

AUTEUR : DJIFA BLESSINGS

Issifou
Je suis rentré du travail très fatigué par une dure journée et voilà que je dois encore écouter les plaintes de ma mère ; je passe mon temps à arbitrer des conflits entre ma mère et ma femme. Est-ce qu’elles arriveront à s’entendre un jour ? Pourquoi belle-mère et belle-fille ont -elles du mal à vivre en harmonie ? La vie de famille amène le bonheur. Cependant, dans mon cas, ma femme ne fait que se plaindre des difficultés de relations avec ma mère. Les rapports entre les deux apparaissent compliqués. Qu'est-ce qui rend les relations entre elle et ma mère aussi tendues ?

Je commence à penser que Lolita a raison de vouloir que nous allions vivre dans un appartement loué ; je pense que la cause du problème, c’est moi. J’ai toujours été très fusionnel avec ma mère et elle a peut-être l’impression que Lolita est venue me voler. Comment faire pour gérer la situation et faire en sorte que cela ne s’envenime pas ?

Puisque notre relation mère-enfant a été très fusionnelle, devenu adulte, je suis pris dans un conflit de loyauté : en effet, je suis partagé entre cette mère qui m’a fait grandir et envers laquelle je me dois de rester loyal et mon épouse, étrangère à la famille. On ne parvient pas à quitter sa mère quand elle nous a trop aimé. Qui dois-je privilégier entre ma mère et ma femme? Le choix est périlleux : choisir ma femme, c’est trahir ma mère en quelque sorte. Le mieux à faire est donc de déménager pour ne pas un jour me retrouver dans une situation où je dois choisir entre les deux. Je dois faire attention à ce que l’une ne m’éloigne de l’autre car je les aime toutes deux mais différemment. Je pense que cela a été une erreur de vivre ici avec ma femme ; mais c’était pour faire des économies afin de vite construire ma propre maison. En plus, la maison est grande et je vivais seul avec maman et la domestique ; j’avais pensé bien faire en emmenant ma femme ici pour que la famille s’agrandisse. Mais, je préfère éviter le pire ; je vais donc déménager car je me dois de protéger mon épouse; je l’expliquerai à ma mère et je sais qu’elle me comprendra. Ne suis-je pas après tout son fils chéri ? Il va falloir qu’elle comprenne que je suis engagée dans une nouvelle vie et qu’elle se doit de respecter mon épouse ; Lolita aussi doit comprendre que c’est ma mère et lui concéder la place qu’elle mérite. Je sais que jusque-là, elle s’efforce de toujours respecter ma mère même si cette dernière me dit le contraire. Je vais l’exhorter à plus d’efforts et de patience car ma mère au fond n’est pas méchante. En plus, je suis conscient que je ne pourrai être heureux en tournant le dos à ma mère. C’est en fin de compte la femme qui m’a mise au monde et m’a donné une éducation. Par mon déménagement, je vais maintenir un équilibre entre mon épouse et ma mère. Il faut que ma femme comprenne que je suis l’enfant de ma mère et que ma mère comprenne que je suis le mari de ma femme. Chacune a une place et personne ne pourra remplacer l’autre.

Lolita
Cela fait déjà trois mois que je travaille et je suis épanouie ; j’aime ce que je fais ; comble de bonheur, c’est Issifou même qui a pris la décision du déménagement ; j’étais si contente ! Il a enfin compris que rien ne vaut la paix et la tranquillité d’esprit.
Ma belle-mère n’a pas du tout digéré cette nouvelle. Elle a vociféré et tempêté ; elle m’accuse d’être à la base de cette décision et de vouloir l’éloigner de son fils ; peu m’importe ; l’essentiel, est de vivre loin d’elle ; je ne serai plus son souffre-douleur quotidien et j’en suis ravie.

Contre son gré, nous avons donc déménagé depuis un mois ; notre maison n’est pas aussi spacieuse que la maison de ma belle-mère ; la cour est très petite et ma fille n’arrive pas à courir dans tous les sens mais au moins ici, je respire. J’ai proposé à Issifou de l’aider pour le loyer mais il a refusé, me disant que c’est son rôle. J’ai néanmoins insisté pour payer la domestique que j’ai engagée pour la garde de Fatima, notre fille. Je l’aidais à savourer son yaourt quand la sonnerie a retenti. J’appelle la domestique pour ouvrir et quelle ne fut pas ma surprise quand c’est ma belle-mère qui fait son entrée. Qu’est-ce qu’elle fait ici ?

Maman Issifou
Cette pimbêche que j’ai comme belle-fille pense avoir gagné ; elle croit avoir réussi à éloigner mon fils de moi ; jamais je ne lui pardonnerai cet acte ; j’ai perdu mon mari quand mes enfants étaient encore très jeunes ; je me suis battue pour leur éducation et leurs besoins ; j’ai construit cette grande maison en planifiant que durant ma vieillesse, un des enfants habite avec moi ; c’est pour cela que je n’ai pas voulu qu’Issifou vive à l’étranger comme son frère et que j’ai œuvré pour qu’il réussisse au concours d’entrée à la fonction publique. Ainsi, il pourra rester au pays puisqu’il aurait un travail permanent.
Aujourd’hui, cette idiote de Lolita le fait quitter ma maison. Elle se prend pour qui ? C’est maintenant même que la guerre a commencé. Je ne la laisserai pas respirer tant que mon fils ne revient pas à la maison. Si elle ne veut pas vivre chez moi, libre à elle ; mais j’exige que mon fils et ma petite-fille Fatima vivent chez moi. Il faut même que j’aille voir ma copine Ganiatou. Sa fille Kadessa est en âge de se marier et n’a aucun prétendant. Elle sera la deuxième épouse de Issifou.

Je me prépare donc pour aller la voir mais avant, je vais passer dans la maison louée par mon fils ; il me l’a indiqué. J’ai deux mots à dire à sa femme.
Je m’y rends et à mon entrée, elle s’étonne. Elle n’a encore rien vu. Elle me salue mais je ne réponds pas ; qu’elle garde sa salutation hypocrite. Je lui lance avec un regard menaçant :

- Lolita, tu es en train de jouer avec le feu.
- Qu’est-ce que j’ai encore fait maman ?
- Je ne suis pas ta mère ; pourrais-tu avoir l’honneur d’avoir une mère comme moi ? Ne m’appelle plus jamais maman ;

Elle ne répond pas et retourne s’asseoir. Je l’attaque encore :

- Madame, de la même façon que tu t’es arrangée pour que mon fils quitte la maison, arrange-toi de cette même manière pour qu’il revienne avec ma petite-fille. Quant à toi, si tu veux tu les suis, si tu ne veux pas, tu peux rester ici.

Elle ne répond toujours pas à mes provocations ; je continue sur le même ton :

- Tu ne sais pas que tu es très chanceuse que mon fils ait posé le regard sur toi ? Où allais-tu trouver un mari si ce n’est pas que mon fils est bête ? Tes parents ne valent rien, ils sont pauvres, rien que des crève- la faim.

Je pense que j’ai touché le point sensible. La mine de Lolita change ; elle passe de l’indifférence à la fureur. Elle me répond :

- Belle-mère, s’il te plaît, laisse mes parents en dehors de tout cela ; je n’accepte pas qu’on les insulte ; tu t’en vas sur un terrain très glissant.
- A qui tu parles ainsi, Insolente ? Tu peux me faire quoi ? Je dis et je répète que tes parents sont des crève-la faim ; est-ce que sans mon fils, ils peuvent bien vivre ?
Enervée, Lolita me demande de sortir de chez elle.

- Tu me fais rire, c’est mon fils qui paie le loyer ici ; je viendrai quand je veux et je repartirai quand je l’aurais décidé. Si tu n’es pas d’accord, la porte est par là.

Lolita était rouge de colère. Elle me toisait même ; alors, je m’écrie en lui poussant le front avec un doigt:

- Tu toises qui ? Espèce d’impolie !

Je vais même jusqu’à la pousser car elle était debout devant moi. Je crois qu’elle n’a pas supporté cet acte et contre toute attente, je sens une gifle cinglante retentir ma joue.
Mon Dieu ! Elle m’a giflé !
Alors que je tenais encore ma joue de surprise, Issifou entra.

Wilson
Depuis trois mois, ma famille n’a pas payé la caution pour ma libération ; ils disent qu’ils ne trouvent aucun acheteur pour les maisons ; en plus, ils ont raréfié leurs visites ; seule ma sœur Larissa venait quelques fois mais étant aux études, ce n’est pas facile pour elle. Depuis deux mois, je n’ai plus revu Eric et la mère. Que dois-je comprendre ? C’est même quel malheur qui s’abat sur moi ? Je ne compte que sur eux pour payer la caution.

J’en ai discuté avec Adéline lors de sa dernière visite ; elle m’a d’ailleurs dit quelque chose qui m’a intrigué ; elle m’a demandé de ne pas trop compter sur ma famille et de réfléchir à d’autres moyens de paiement. Mais je n’en ai aucun ; j’ai de l’argent dans mon compte bancaire mais c’est loin d’être ce montant. En plus étant en prison, je ne peux y accéder ; quel ami accepterait me prêter une somme aussi élevée ? D’ailleurs parlant d’amis, ils ne sont jamais venus me voir ici. Je ne peux qu’alors compter sur ma famille.

Adéline m’a proposé de glaner par- ci par- là ; mais chez qui ? Elle dit que Lolita et son mari pourraient me trouver cinq millions ; et les trente- cinq millions qui restent ? Je les trouve comment ? Oh mon Dieu ! Vivement qu’il y ait un acheteur. Je suis vraiment très las de vivre ici.

Larissa
Je suis encore jeune mais je ne suis pas bête ; j’ai bien compris que maman et mon frère Eric ne veulent pas payer la caution pour libérer Wilson ; mais pourquoi ? Il est pourtant notre frère aîné ; ils disent qu’aucun acheteur ne se manifeste mais c’est faux ; au début, ils n’ont même pas mis une des maisons en vente ; mais maintenant, ils l’ont fait après que je leur ai fait la remarque. Mais depuis, aucun acheteur ne réussit à prendre la maison mise en vente car ma mère et mon frère refusent de brader la maison pour quarante millions, disant que c’est du gaspillage ; ils veulent vendre à deux cent millions ou rien. Jusque-là, je ne comprends rien. Maman a pourtant toujours traité Wilson comme son fils mais apparemment elle n’est pas pressée qu’il quitte la prison.

Lors de ma dernière visite à Wilson, j’ai hésité à lui faire part de mes inquiétudes ; il se peut que c’est moi qui me fais des idées ; je ne peux donc rien dire tant que je n’en sois pas sûre.

Issifou
J’entre dans mon nouveau logement et je vois ma mère qui perplexe tenait sa joue. Je ne comprends rien mais je sens que ça chauffe par ici. Je l’interroge :

- Qu’est-ce qui se passe maman ? Pourquoi tiens-tu ta joue ?
- Il se passe que tu es un fils ingrat ; ce que ta mère te recommande, tu ne le suis jamais.

Ma mère se mit à pleurer. Je la prends dans mes bras en lui demandant ce qui n’allait pas ; elle ne fait que pleurer et se lamenter:

- oh mon Dieu ! Qu’ai-je fait pour mériter une telle belle-fille ! J’ai souffert pour élever mon fils ; elle vient l’épouser, me mène la vie dure et pour finir, elle me tape dessus.

- ne raconte pas de bêtises maman! Arrête ça!
- Issifou, ta femme me gifle et tu me demandes de ne pas me plaindre?

Lorsque j’entends cela, je suis hors de moi ; non ! Ma mère plaisante sûrement ; Lolita ne ferait jamais une chose pareille. Elle est très polie et pas violente. Je jette mon regard sur ma femme ; elle s’est assise dans le fauteuil, la tête entre ses deux mains. Je me rapproche d’elle et je l’interroge en espérant que tout ceci ne soit qu’une invention de ma mère :

- Loli, as-tu effectivement giflé ma mère ?

A Suivre.........

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