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Write by Dr Sool

S’IL SUFFISAIT D’AIMER


Partie 2


Chapitre 7:


Eric propose à Azaya une petite marche pour discuter. Encouragée par les clins d’œil de sa mère et le sourire satisfait de son père elle n’a d’autre choix que de céder. Ils se dirigent alors vers la piste de sport ou les riverains du quartier ont l’habitude de faire leur sport matinal. 


Azaya le regarde parler encore surprise de sa présence si inattendue. Il n’a pas changé d’un poil. Il est resté le même jeune homme beau et charmant qui l’avait embrassé pour la première fois dans sa chambre, après l’avoir aidée à terminer ses devoirs. Il avait eu la primeur de tout, son premier baiser, sa première fois de faire l’amour, sa première relation, son premier béguin…


-Alors Belingounette, je vois que n’as vraiment pas changé ! Mais je suis tellement ravi de te revoir après tout ce temps. Malgré que tu m’ai laissé en plan sur les réseaux sociaux depuis belle lurette !!


-(embarrassée) Eric je…


-(souriant) Ce n’était pas pour que tu t’expliques, je comprends. C’est juste que…Je me suis senti un peu écarté de ta vie et ça m’a fait mal après tout ce que nous avons vécu ensemble.


-Je suis désolée Eric. Je voulais juste essayer de tourner la page.


Il s’arrête un instant et se tient en face d’elle. Il prend ses mains dans les siennes, sous son regard à la fois perplexe et embarrassé. 


-Azaya même si la distance nous a éloigné et malgré tout ce qu’il s’est passé, je ne t’ai pas oublié. Certes je suis revenu pour revoir toute la famille avant de commencer mon boulot, mais la véritable raison de mon retour c’est toi.


-Eric, tu dois comprendre que de l’eau a coulé sur les ponts et je suis passée à autre chose maintenant. J’ai une autre vie dont quelqu’un d’autre fait partie et je ne…


-Ecoute Azaya, tu n’es pas obligée de me donner une réponse maintenant. J’ai encore deux mois de vacances devant moi et je ne veux pas que tu aies l’impression que je te force la main. Je suis sûr qu’il y a encore quelque part dans ton cœur des sentiments pour moi. Prends le temps d’y réfléchir Azaya s’il te plait.


-Eric je suis désolée mais c’est déjà tout réfléchi. Je suis tombée amoureuse de quelqu’un d’autre et je suis heureuse avec lui. Eric je ne veux pas te faire du mal, encore moins te donner de faux espoirs. Nous pouvons bien sur rester amis comme quand nous étions plus jeunes, mais je ne peux pas t’offrir plus que ça.


Eric affiche un air sérieux mais ne semble pas du tout découragé. Il invite son amie à retourner à la maison  rejoindre le reste de la famille.


La délicieuse odeur d’Okok accueille les deux jeunes amis tout juste à l’entrée du portail. Toutes les deux familles sont réunies ce soir-là autour du diner d’accueil du fils prodige qui rentre triomphalement avec un diplôme et une offre d’emploi alléchante.

Le rêve de tous les parents. Désormais la famille ANGUISSA sera à l’abri du besoin. Les parents pourront enfin prendre une bouffée d’air et ne plus s’inquiéter de l’avenir de leur fille cadette qui a désormais un grand ainé sur qui compter.


Marguerite est tellement ravie de voir sa fille rentrer accompagnée d’Eric. Elle entrevoit déjà une union entre ces deux-là. C’est d’ailleurs pour toutes les deux familles une évidence. Elle en a parlé avec Chantal, la maman d’Eric qui s’est chargée d’encourager son fils à rentrer au pays concrétiser les choses avant de retourner commencer le boulot.


C'est ainsi que les unions ont toujours été élaborées. Depuis la nuit des temps, les Parents se chargent de tout arranger entre leurs enfants, ils ont la clairvoyance et son suffisamment avertis pour savoir quel est le meilleur partenaire pour leur enfant. Du moins c'est le courant de pensée qui a sans doute motivé cette pratique. 


Azaya est la seule fille de Marguerite. C'est son joker, son "devant-derriere" dit-on vulgairement. Il est donc très important pour elle de lui assurer le meilleur avenir marital possible. Eric est le meilleur parti, un bon garçon qu'ils ont vu grandir. Il a fait toutes ses études scolaires et académiques sous leurs yeux et leurs relations avec ses parents sont plus que cordiales. Chantal ferait une excellente belle-mère pour Azaya, et puis Maliya, la sœur d'Eric est aussi douce qu'espiègle. Elle n'aura pas besoin de s'adapter, ni de faire ses preuves, car toute la famille la connait et l'apprécie déjà. Maintenant qu'Eric a terminé ses études et trouvé cet emploi de choix dans une boîte réputée du Maroc, Marguerite ne veut qu'une chose, c'est concrétiser enfin cette union et ce dans un avenir très proche, pour ne pas risquer qu'une autre vienne faire valser les papilles d'Eric et ravir ainsi la vedette à sa fille...


Chantal (souriant) : Je vois que les retrouvailles se passent dans la joie !


Eric : Azaya m’a beaucoup manqué, tout comme vous tous d’ailleurs !


Marguerite (rigolant) : Même si c’est seulement elle qui t’a manqué ça ne nous pose pas de problème, on comprend !! 


Azaya (gênée) : Maman !!


Pendant que les deux familles s'installent pour dîner ensemble, à quelques kilomètres deux gamelles sont sur le point de rejoindre le four à microondes. 


Ça fait déjà plusieurs heures que Mehdi discute avec Anissa sans arriver à s'en débarrasser courtoisement pour enfin se concentrer sur sa thèse. Elle est si loquace et enjouée qu'il a du mal à instaurer un silence:


-C'est toi qui a cuisiné tous ces plats?! Je suis ravie de voir que les hommes Camerounais ne sont pas tous vieux jeu et macho!


-Oui mais ce n'est pas moi qui ai cuisiné tout ça. C'est Azaya, ma…ma fiancée.


-(gênée) Fiancée ?!!...Je...Je t'avouerais que je n'en savais rien. Quoique...c'est tout à fait logique. Un mec aussi beau et intelligent ne saurait rester tout seul...


-(souriant, flatté) Merci. Je te retourne le compliment...


-Merci. Mais moi par contre je suis seule. Du moins j'avais décidé de prendre une pause pour me recentrer sur moi-même et me concentrer sur mon mémoire.


-C'est cool.


Elle sort les gamelles du micro-ondes et s'apprête à prendre des plats lorsque Mehdi l'interrompt:


-Pas la peine. J'ai l'habitude de manger directement dedans. C'est paresseux j'avoue mais ça m'évite de perdre du temps précieux à laver les assiettes après.


-(souriant) Ne t'inquiète pas, je vais tout nettoyer après. Ce n'est pas bon qu'un homme mange ainsi. Du moins pas quand je suis là, ce n'est tellement pas correct.


-Merci pour ton aide mais ce n'est vraiment pas nécessaire je t'assure. 


-D'accord.


Il regarde ses mains, toutes fines et sans aucune cicatrice. Ces mains ne semblent pas beaucoup être du genre à travailler, faire des tâches ménagères. Mais bon, il est clair que si Anissa a vécu seule pendant un bon moment, elle sait surement accomplir des taches aussi basiques que faire la vaisselle.


Elle dépose les dessous de plats sur la table et y pose les gamelles. Puis elle dispose deux verres et une carafe d'eau sous le regard embarrassé de son hôte. Mehdi a beau vouloir faire les choses mais elle anticipe sur tout avec tellement de bonne volonté qu'il devient incongru de stopper ardeurs.


Ils dinent en silence se contentant de s'échanger des regards. Anissa est si généreuse avec ses sourires et ses manières si féminines, mais Mehdi s'efforce d'ignorer l'un comme l'autre, se sentant si embarrassé et pris au piège. Si un seul instant en ouvrant cette porte il avait imaginé que ce serait elle, il aurait sans doute ignoré le "ding dong". 


Que penserait Azaya de tout cela. Alors là, il est hors de question de lui dire quoi que ce soit. 


"Quand je vois sa réaction à la simple évocation de ce mariage que maman veut arranger je n'ose pas imaginer comment elle prendra ceci..." Pense-t-il


Non il ne faut rien dire. De toutes les façons ce n'est pas important. Ça ne sert donc à rien de l'attrister et l'inquiéter. La dernière chose donc il a besoin en ce moment c'est de se disputer ou d'instaurer un climat de méfiance avec Azaya alors qu'il doit se concentrer pour la soutenance qui approche à grands pas.


Depuis que Joël a découvert la grossesse de Lisa il est devenu doublement attentionné, on ne dirait pas que ce sera sa quatrième fois d'être papa. Il la couvre de cadeaux et de tendresse, et depuis quelques jours il lui met véritablement la pression pour qu'elle accepte de déménager pour un appartement :


-Ne dois pas têtue chérie. Tu sais très bien qu'avec toutes les affaires du bébé cette chambre deviendra très vite un placard ou tu te sentiras à l'étroit. Et puis je t'ai dit que je veux bien faire les choses. Laisse-moi rencontrer tes parents. Il ne faut pas qu'ils pensent que c'est un vulgaire voyou qui t'a mis en cloque!


-(soupirant) Une seule chose à la fois Joël. Une seule chose à la fois! Ton divorce est encore en cours...


-Tu sais très bien que c'est Josepha qui le retarde. Je ne sais pas à quoi elle s'accroche. Mais ça m'est complètement égal parce que celle que je veux c'est toi. Avec ou sans divorce.


-Ah! Je n'ai pas l'intention de continuer à te fréquenter dans ce contexte !


-Nous sommes des Africains Lisa. Ce qui lie véritablement deux êtres c'est la force spirituelle des rites du mariage traditionnel. Je suis prêt à venir demander ta main et le temps que je trouve une solution pour obtenir le divorce, nous serons au moins déjà unis par les ancêtres !


Lisa se lève et fait les cent pas dans la chambre sous le regard interrogateur de son amant. 


Malgré ses multiples déceptions et la plus douloureuse surtout, elle a toujours voulu au fond d'elle rencontrer un homme bien, célibataire et sans aucune attache. Elle a toujours eu cette petite voix qui lui criait son rêve de fonder une famille. Ce qu’elle vit avec Joël n’est sans doute pas ce à quoi elle aspirait mais ça en a tout l’air. Comment renoncer à être aimée ? Comment renoncer à toute cette attention, cette tendresse, cette promesse de foyer qui lui sont offertes sur un plateau d’argent.


-Joël tu l’as dit toi-même ! Unis par nos ancêtres, mais ça ne suffit pas. Cela ne me protège ni ne protège mon enfant. J’en ai déjà suffisamment bavé avec les hommes et je refuse d’etre à nouveau une victime.


-(prenant sa main) Mais victime de quoi voyons ?! Je t’aime Lisa, et je ne ferais jamais rien qui te fasse souffrir.


-Je sure que tu as fait la même promesse à Josepha avant de l’épouser et pourtant…


-Tu n’as pas le droit de me dire une chose pareille. C’est injuste ! Et si tu veux savoir je n’ai jamais rien dit de tel à Josepha. Et puis je tu n’es pas elle !


-(soupirant) Joël j’ai besoin d’être sure qu’au moins juridiquement mon enfant et moi seront à l’abri.


-Alors tu ne me fais pas confiance ?! j’ai acheté un terrain que j’ai mis en ton nom Lisa!


-D’accord, mais j’ai besoin de plus qu’un simple terrain pour être rassurée. Maintenant que je porte cet enfant je ne peux plus penser que pour moi, je dois aussi penser à lui.


-Voilà ce que je te propose Lisa. Nous allons nous marier traditionnellement et pendant ce temps je remuerais ciel et terre pour accélérer la procédure de divorce afin que notre union civile suive dans les mois après la dote.


-Je…


-Non laisse-moi terminer. C’est simple, donne-moi juste six mois après la dote et si rien n’est fait tu seras libre de me quitter, je ne te retiendrais pas. S'il te plaît accepte, je veux que mon enfant naisse dans un cocon familial.


Ça donne vraiment comme de l'ironie, mais Joël ne s'en rend sans doute pas compte. Essayant de préparer un foyer douillet pour un enfant alors qu'il en a abandonné trois. La vie est ainsi faite, chacun prends des décisions au gré de ses besoins et aspirations sans le plus souvent tenir compte de l'impact que celà pourrait avoir sur leurs proches.


Après quelques jours dans le cocon familial à profiter de la chaleur des siens en subissant la cour à peine subtile de son ex, Azaya est heureuse de retourner chez elle. Pas tellement parce qu'elle compte y rester mais bien sûr à cause de la liberté que celà sous entends. Elle n'a que le temps de déposer son sac, de prendre un bain et de se  pouponner pour aller voir son amoureux.


Comme d'habitude Azaya essaie d'abord sa clé et c'est lorsque celle ci n'entre pas dans la serrure qu'elle sonne. Il ouvre la porte et la reçoit avec un sourire qui en dit long sur ses émotions du moment.


Il dépose ses mains de part et d'autre de ses hanches et la soulève telle une gymnaste. Elle entoure systématiquement sa taille de ses jambes qui se croisent sur son dos, tandis que leurs lèvres se rencontrent en un baiser de retrouvailles, puis passionnel, sensuel, sexuel...


La porte est verrouillée en un temps record et leurs respirations s'accélèrent à mesure de leurs mains impatientes font voler leurs vêtements en éclat. La chambre semble si loin et le sofa si attrayant qu'il devient le terrain du jeu passionnel qui s'y déroule:


-(murmurant) Tu m’as manqué babe…Tellement !


Elle embrasse inlassablement ses lèvres et parcours du bout de sa langue son torse nu, comme s’il y avait coulé un filet de miel. Puis elle remonte vers son oreille qu’elle mordille délicatement :


-(sursurant) Toi aussi tu m’as manqué mon cœur…


Ils se laissent emporter par la fièvre des retrouvailles et savourent ce moment si intense qu’ils voudraient qu’il ne se termine jamais.


Pendant ce temps à des kilomètres de là, dans un village de la région de l’Ouest Cameroun, Josepha, portant une haute sur la tête tandis qu’elle tient la main de sa petite dernière, avançant vers la maison en terre battue de sa mère :


-(l’aidant à se décharger) Eh ma fille, que Dieu te vienne en aide. Ça me fait vraiment de la peine de te voir souffrir ainsi !


-(s’asseyant sur un tabouret) Si Dieu veut m’aider, qu’il me fasse embaucher dans l’une des entreprises ou j’ai déposé mes dossiers, sinon je ne sais pas comment je ferais à la rentrée avec ces enfants !


-(triste) Joël dit quoi à ce sujet?


-(déboussolée) Il n’a aucun autre sujet de conversation qui l’intéresse en dehors de la procédure de divorce. Il m’a encore appelé hier pour me demander de ne pas manquer l’audience de la semaine prochaine. Maman pourquoi le monde est-il si cruel ? Je me suis donnée corps et âme pour cet homme et il m’abandonne juste pour une affaire de sexe ! Ehh Dieu, viens moi en aide ! Il ne se soucie même plus de ses enfants ! Ses propres enfants maman !! Comment peut-il mêler les enfants à nos problèmes ?!


-(perplexe) Ce n’est pas le Joël que je connais Josepha. Dis-moi ce qu’il s’est réellement passé. On ne devient pas irresponsable du jour au lendemain !


-Faut donc croire que oui, maman. Joël utilise les enfants comme objet de chantage. Il veut m’obliger à signer les papiers du divorce. Mais je n’ai pas du tout l’intention de le libérer aussi facilement ! 


-A quoi cela rime tout ça ? S’il insiste autant pour avoir le divorce, accorde-le-lui Josepha !! Tu ne peux pas forcer un homme qui ne veut plus de toi à rester à tes cotés !!


-(triste) Non maman, il ne sait pas ce qu’il fait ! il reviendra à de bons sentiments, je dois juste tenir bon avec les enfants !


-Josepha quand l’amour s’en va il est difficile de le faire revenir tu sais. Pire encore de cette façon ! Si ton mari ne t’aime plus…


-(en larmes) Peu importe s’il ne m’aime plus moi je l’aime maman !! Nous avons trois enfants ensemble et plus de 7 ans de relation dont 6 de mariage. Je ne peux pas jeter tout cela à la poubelle comme ça !


-Lui si visiblement !


-Mais maman !! Tu es censée m’encourager à me battre pour mon foyer !


-C’est ce que je suis en train de faire ma fille. C’est juste que Joel ne fait plus partie de ton foyer. S’il te met autant la pression au point d’y mêler les enfants, c’est qu’il voudrait pouvoir épouser une autre légalement ! Contre ça tu n’y pourras rien en procédant de cette façon. Si tu l’aime vraiment et voudrais pouvoir le récupérer, laisse-le partir. Même si c’est difficile pour toi et que tu penses que tu le perdras ainsi laisse le partir. Le contraindre de rester ne fera que l’éloigner encore plus de toi.


-(en larmes) Je sais que tout est de ma faute, peut être que je mérite ce qu’il m’arrive au final !


-Dans un problème de couple, il n’y a jamais un seul fautif. Jamais !! Certes une personne peut avoir une part plus importante de culpabilité que l’autre mais il y a toujours une autre part de responsabilité chez l’autre conjoint. Et puis peu importe qui est fautif…Josepha ne te tourmente plus avec ça, Dieu va nous aider.


Josepha pousse un soupir et et se dirige vers l’intérieur de la maison. Ses deux premiers fils sont assis sur la natte devant le plat de pommes pilées de la veille que leur a servi leur grand-mère. Ils ne comprennent pas vraiment ce qu’il se passe dans leur vie. Jamais il n’ont vécu de moments aussi difficiles, jamais ils n’avaient petit déjeuné avec un repas de la veille rechauffé. Le standing de vie s’est vu transformé en tout juste quelques mois, et personne ne semble vouloir leur expliquer pourquoi. Ça fait plusieurs semaines qu’ils n’ont pas vu leur père et la dernière fois qu’il est venu les voir à la maison, il a pris beaucoup d’affaires et a rempli plusieurs valises.


Si seulement les parents pouvaient se rendre compte de ce qu’il se passe dans la tête d’un enfant. Les adultes ont cette manie de penser que les enfants sont des êtres dont les émotions, sentiments et pensées ne sont pas importants. Josepha ne savait jamais quoi répondre quand les enfants demandaient leur papa, alors elle se contentait de leur dire qu’il a été affecté dans une autre ville pour son travail :


-Mais alors, pourquoi il ne vient pas nous voir de temps en temps ?


-Il est vraiment très occupé avec son travail !


-Ce sont les vacances maintenant, nous pourrions aller le voir tous ensemble dans cette ville n’es ce pas maman ?!


-(soupirant) Non Jonas, papa a beaucoup de travail et nous allons le perturber…


-Mais si nous y allons et que …


-(agacée) Jonas !!! j’en ai assez de tes questions ! Je suis fatigué, laisse-moi me reposer s’il te plait !


les enfants se retournaient alors penaud et rejoignaient ceux du village pour continuer leurs jeux, convaincus que leur père ne les aime plus. Du haut de ses 6 ans, Jonas n’arrête pas de se tourner les méninges pour comprendre ce qu’il se passe dans leur famille. Peut-être que son père est parti par sa faute, lui qui est si espiègle et n’écoute jamais les directives. Ou peut-être c’est parce qu’il n’a pas eu un bon rang le trimestre dernier. Il se souvient que leur maman avait dit :


« Au premier trimestre tu étais premier et ton père était content, maintenant tu fais n’importe quoi ! »


Peut-être que son père est parti parce qu’il a fait n’importe quoi, pense ce petit être a qui personne ne donne de réponses. Son papa n’appelé jamais, il ne vient pas les voir, et maman devient nerveuse quand il lui pose des questions à ce sujet…


Après avoir passé une belle nuit d’amour, Azaya se réveille de bonne heure et prépare le petit déjeuner qu’elle apporte dans la chambre pour que tous les deux mangent au lit en se racontant ce qu’a été leur semaine loin l’un de l’autre :


-(hésitant) Bébé, j’ai quelque chose dont il faut que je te parle, mais je ne sais pas si c’est une bonne idée…


-(curieux) Bonne idée ou pas t’es obligée de me dire maintenant que tu as suscité ma curiosité. Alors il s’est passé quoi ?


-il s’est passé que…Eric, mon ex est revenu au pays…


-(perplexe) Euh je suis censé comprendre quoi ?!


-Il dit être revenu pour moi et…


-Et tu l’aime encore ?


-(rigolant) Mais bien sûr que non !!Qu’es ce que tu racontes ? Comment peux-tu penser une chose pareille ? Mon cœur est à toi bébé !


-D’accord !


-Et c’est tout ?


-(perplexe) Y’a autre chose dont tu voulais me parler ?


-Non, mais je m’attendais à plus qu’un simple « d’accord » ! 


-Tu t’attendais à ce que je dise quoi ?!


-Je ne sais pas, n’importe quoi  sauf « d’accord » ! Mais que tu manifeste au moins quelque chose…


-(amusé) Quelque chose comme quoi ?! De la jalousie peut être ?


-Pourquoi pas ?! 


-Il ya des raisons pour que je sois jaloux ? Il s’est passé quelque chose entre vous ?


-Bien sûr que non !


-(rigolant) Alors tu voudrais que je sois jaloux pour rien, d’une personne qui ne représente pas du tout une menace pour moi c’est ça ?!


Ils éclatent tous les deux de rire tandis que Mehdi quitte le lit pour aller prendre sa douche :


-Il est tard babe ! Je devrais déjà avoir fait les grandes ablutions pour accomplir la salat.


-Et moi je dois aller voir Lisa, ça fait un bail !! Mais je reviens ce soir. Je vais te sortir les gamelles pour midi, tu n’auras qu’à chauffer au micro-ondes.


Mehdi ouvre la colonne et laisse couler sur son corps l’eau froide qui met en éveil les cellules de sa peau. Il ferme les yeux et sa conversation avait sa maman lui revient. Si jusqu’ici il pensait que sa position était anodine et qu’elle changerait sans doute d’avis en apprenant à connaitre Azaya, Mehdi commence à s’inquiéter. La rencontre d’Anissa est le déclencheur de cette inquiétude. Si sa maman a pris la peine de lui donner son adresse et l’encourager à venir c’est qu’il ne faut pas prendre tout cela à la légère. Surtout qu’elle l’a appelé le lendemain même pour lui demander ce qu’il avait pensé de sa fiancée. Comment pouvait-elle lui donner ce titre alors même que rien n’était encore fait entre eux ? Mehdi pousse un soupir juste au moment où Azaya le rejoint :


-Bébé ?!!!


-(ouvrant les yeux) Oui !!


-Tu avais l’air ailleurs, tu es sur que tout va bien ?


-Oui ne t’inquiètes pas !


Après plusieurs semaines sans voir son amie, c'est avec beaucoup de joie qu'Azaya frappe à la porte. Elle entends la voix de son amie résonner depuis la salle de bain:


-J'arrive...!!


Elle patiente un moment et voit Lisa apparaître sur le cadre de la porte. Son visage a complètement changé, il semble plus sombre que le reste de son corps et si pâle qu'on dirait celui d'une prisonnière. Et pourtant, Lisa a visiblement pris beaucoup de kilos, sa poitrine est plus voluptueuse et ses seins pointent comme des obus sous sa robe au col "V". Azaya la contemple de la tête aux pieds, puis son regard s'arrête net sur son abdomen. Il semble un peu plus arrondi que d'habitude, et pourtant Lisa n'est pas une abonnée du maîs fermenté :


-Tu vas entrer ou tu compte rester là à me dévisager ?!


-(surprise)Lisa...Tu es...Oh non je ne peux pas le croire!


-(la tirant vers l'intérieur) Tu ne peux pas croire quoi? Que je sois enceinte ?!


-Non! Je ne peux pas croire que tu ne m'ai rien dit!! Mon Dieu comment as tu pu me cacher une nouvelle aussi heureuse ?!!


-Azaya je...


-(la prenant dans ses bras) Félicitations ma puce, je suis si contente pour toi...Afin, j'espère que tu l'es aussi. Et que c'est pareil pour le papa que tu n'as jamais voulu me présenter.


-C'est compliqué Azaya...Mon histoire avec lui est très compliquée.


-Tu devrais pouvoir me dire plus que "c'est compliqué". Je suis ton amie non?! Ou ce n'est pas le cas?


-(soupirant) Il ne vit pas ici. Il vient et repart. Je ne sais pas si notre relation pourra tenir la distance.


-Quoi ce n'est que ça ? Alors tu me l'as caché tout ce temps juste parce qu'il n'est pas au pays?! Ne me dis pas que tu avais aussi peur que je te pique ton "mbenguiste" comme je l'entends couramment !


-Non Azaya loin de là. Je te fais confiance, et puis t'es raide dingue de Mehdi. Si tu voulais un "mbenguiste" tu serais restée avec Eric.


-C'est donc quoi?


-Je n'étais pas sur que celà irait loin, alors je ne voulais pas trop d'attaches...


Lisa continue de s'enfoncer dans ce mensonge fait sur mesure pour protéger son image devant son amie. Azaya est si à cheval sur ses principes qu'elle ne comprendrait sans doute pas et la jugerait sûrement. Mais au moins cette dernière a bien réagit à la découverte fortuite de sa grossesse.


Les jours passent tellement vite et le stress continue de monter dans la communauté doctorante de la Faculté de médecine. Mehdi doit surmonter la dernière semaine de stress sans sa dulcinée qui a du se rendre dans son village pour des évènements familiaux. Le mariage de sa cousine, ainsi que le deuil d'un oncle paternel.


Mehdi travaille à présent sur le montage de ses diapositives, en attendant que le programme de passage des soutenances soit publié. Il vient de terminer ses diapositives introductives lorsqu'il entends sonner à la porte. 


Une image agréable aux yeux mais qui ne présage rien de bon pour lui:


-Tu n'as pas répondu à mon message, alors je suis venue.


-(perplexe)Ton message ? Quel message ?!


-(entrant) Sur WhatsApp ! Je te demandais si tu avais déjà dinné...Enfin bref, je t'ai pris du Dakéré et un plat de tchiep. Maman Zoulia a dit que tu en raffole.


Encore une chance qu'Azaya ne soit pas dans les parages, ça aurait vraiment été très embarrassant. Il réfléchit a une excuse vite fait pour de débarrasser d'elle. Mais Anissa n'attends pas de réponse de son interlocuteur, elle fonce dans la cuisine qu'elle maîtrise déjà après une seule visite. Mehdi ne comprends absolument pas pourquoi elle de donne autant de peine pour que celà fonctionne. Il ne comprends pas pourquoi malgré sa réticence et ses réponses assez froides elle ne se décourage pas. Pourtant Anissa a tout pour plaire à n'importe quel homme. Elle est d'une beauté indiscutable. Son teint clair et uniforme la positionné directement en tête de poule. Avec sa taille au dessus de la moyenne et son corps magnifiquement sculpté aurait dans doute fait chavirer le coeur de Mehdi, s'il ne portait pas déjà les empreintes d'Azaya.


Elle dispose le repas sur la petite table du salon , puisqu'il y est déjà assis devant son ordinateur.


-J'ai vraiment beaucoup de travail Anissa. Je suis vraiment ravi de cette marque d'attention mais...


-(l'interrompant) Ah non non non. Tu vas devoir faire une pause pour manger mon très cher. Et puis je pourrais te donner un coup de main plus tard.


Elle referme l'ordinateur sans attendre de réponse et après avoir déposé le plateau devant lui, elle s'installe juste en face et commence a déguster son plat sous le regard stupéfait de son hôte.


Mehdi sait qu'il devrait se débarrasser d'Anissa avant qu'elle se fasse vraiment des illusions il doit mettre fin à ce manège. Mais comment le faire sans risquer de la blesser. Après tout elle ne fait rien de mal et il est si difficile de stopper quelqu'un dans ses ardeurs lorsqu'il fait preuve d'une si grande volonté à faire plaisir.


Il la regarde parler jovialement. Puis elle se met à l'interroger sur sa thèse, son sujet d'étude, ses résultats. Elle semble vraiment passionnée par tout ce qu'il raconte. Elle le regarde et l'écoute religieusement. Il n'y a rien de plus plaisant que de parler de quelque chose de préoccupant avec une personne qui écoute activement en compatissant. Anissa a ce don naturel et lorsque Mehdi se rend compte qu'il vient de lui déballer tous ses travaux de thèse, il s'arrête un instant, un peu perplexe. Il la regarde un moment tandis qu'elle attends qu'il poursuive.


-Qu'es ce qu'il ya? Pourquoi tu t'arrêtes de parler ? J'ai de la nourriture sur le...


-Euh non pas du tout. C'est juste que...Je suis un peu intrigué.


-Par quoi?


-Toi...Tout ce que tu fais. Je ne comprends pas. Je t'ai dit la dernière fois que j'avais une fiancée et ça ne semble pas avoir changé quelque chose. Tu sais très bien que ce sont nos parents qui veulent nous mettre ensemble et pourtant celà ne semble pas te déranger...Bref je ne comprends pas à quoi tout ceci rime.


Elle sourit et baisse la tête, puis la lève avant de répondre :


-Je ne suis pas de celles qui se laissent intimider par les conceptions sociales qu'elles soient modernes ou traditionnelles. Ce qui m'importe c'est ce qui est bien pour moi...


-Et donc...


-Mehdi sans vouloir être snobe, nous appartenons à une classe sociale particulière et il faut être réaliste les meilleures union pour nous sont celles entre homologues. Et des relations j'en ai eu il faut le dire, la finalité était la même. De gros idiots irrespectueux et immatures. Toi, tu es différent...


-Tu ne peux pas dire ça. Tu ne sais rien de moi...


-Au contraire. Je sais tout ce qu'il faut savoir. A force de côtoyer des vauriens j'ai appris à les reconnaître dès la première minute. Quand ta mère m'a dit du bien de toi j'ai été curieuse de te rencontrer. Je voulais voire quel pourcentage de ce qu'elle a dit relèverait simplement de la "piedestalisation" d'un fils par sa maman.


-Et donc...


-Jusqu'ici 0%.


Pendant qu'elle parle, elle déplace machinalement le plateau qu'elle pose sur la table et se rapproche subtilement.


-Mehdi...Tu es vraiment quelqu'un d'extraordinaire. Et je n'ai pas eu besoin de passer une éternité avec toi pour le découvrir. Il y'a des signes qui ne trompent pas.


-Anissa, tu as tout pour plaire a n'importe quel homme, mais pas moi. Tu dois le comprendre.


-(se rapprochant) C'est toi qui ne semble pas comprendre qu'il ya des evidences qui ne peuvent se nier longtemps. Moi je le sais déjà, mais tu as besoin de temps pour le comprendre...


-Comprendre quoi?


En guise de réponse, elle rapproche ses lèvres des siennes et l'embrasse lentement, lui donnant ainsi l'illusion d'une opportunité de se désister. Mais peut en raison de la fièvre du moment, ou de la force des mots ainsi que de sa voix sensuelle, Mehdi se laisse porter.


Elle caresse la face interne de sa lèvre du bout de sa langue et de frayer un passage dans sa bouche pour chercher sensuellement la sienne. Petit à petit, le plan vertical "s'horizontalise" et les boutons de la chemise que porte Mehdi commencent à se détacher l'un après l'autre...


A suivre...


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S'IL SUFFISAIT D'AIM...