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Write by Annabelle Sara

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Claire me regardait, le voile noire qui recouvrait son visage était l’expression de la douleur qu’elle camouflait derrière ce corps épuisé par les abus. Il était hors de question que je la touche ou que je m’approche encore d’elle.

Je risquerais de la briser une bonne fois pour toute. Je ne suis pas un homme parfait mais je sais que je suis une plaie dans la vie de certaine femme. J’ai pris tellement de chose à certaines et déséquilibré leur vie, je ne voulais pas faire de Claire une nouvelle de mes victimes.

Elle m’observait en ce moment comme si j’avais la réponse à son calvaire, mais je savais que ce n’était pas le cas. Mais je voulais tout de même lui donner les clés de son propre destin.

- Claire s’il te plait parle moi… 

- Oui !

- Oui, quoi ?, ai-je demandé.

Il fallait qu’elle le dise, qu’elle verbalise et réalise la situation dans laquelle elle se trouve en ce moment.

- Oui… c’est mon Oncle ! Cet homme qui m’a vu naitre, celui qui m’a accueilli dans sa maison pendant les congé de noël et de pâques durant mon enfance, qui était gentil et qui nous offrait à mes frères et moi les plus beau cadeau ! C’est lui qui est devenu le bourreau de ma vie, de ma famille de mon existence !

Les larmes coulaient sur son visage, elle s’adossa contre un mur et se laissa glisser contre le sol. Les genoux pliés contre son estomac.

Je n’avais jamais autant eu une envie de meurtre. Ce que j’avais sous les yeux était la seule chose qui faisait que parfois je détestais être un homme.

Je me demandais comment un homme peut violenter une femme, comment il prend du plaisir à la voir se débattre, le rejeter et lui refuser cette partie infime d’elle-même, comment il pouvait la prendre alors qu’elle refusait de s’abandonner.

Et pire encore infliger cela à son propre sang ! Elle l’appelle mon oncle mais il reste son père, une figure paternelle.

- Depuis quand est-ce que ça dure ? demandé-je.

Elle me répondit par une grimace. Je restais à distance parce que je savais qu’elle avait besoin de son espace personnelle pour respirer, elle se sentirait étouffer si je l’envahissais.

- Je ne sais plus… Je ne compte plus les années… 

- Pourquoi tu ne t’es pas enfuie, pourquoi tu n’as pas porté plainte ?

- Contre qui ? Pour quel résultat ?, fit-elle avec résignation.

- Je ne comprends pas ! Queen…

- Il me tient en otage ! Il paie cet appartement, m’a donné un poste dans la société de mon père… Si je parle, si je m’enfui il va s’en prendre à ma famille, mon père, mes frères… Il me tient !, répondit-elle en levant les mains au ciel.

- Explique-moi tout ça !

Elle respira un coup se nettoya le visage.

- Mon père lui a vendu ses parts de la société mais, il n’a pas payé la totalité, il a plutôt prétexté que la société avait des problèmes de trésorerie donc il a dit pour pouvoir relancer les activités de la boite il allait investir l’argent qu’il devait donner à mon père ! Au départ mon père a refusé, mais ensuite il est tombé malade. Alors il a cédé à condition qu’il prenne un de ses enfants comme employé et verse une rente mensuelle pour le traitement de mon père…

- Et c’est comme ça que tu as fini comme son assistante !, ai-je fini.

- Oui !, acquiesça Claire. Il m’a prise comme son assistante et m’a proposé un arrangement  pour continuer à payer la rente de mon père et me garder !

- Le porc !, murmuré-je.

- Je lui ai résisté et j’ai refusé… Il a commandité une agression dans la maison de mes parents et… Ils ont battu mon petit frère, il avait 17 ans à l’époque, il s’en est sorti avec une commotion et des os brisés…

Cet homme ne rigole pas !

- Il m’a ensuite dit que c’était ma faute, qu’il ne me demandait rien de bien difficile à faire, juste être sa maitresse !

Elle parlait et au fur et à mesure sa voix disparaissait.

- Il vient ici tous les deux vendredis… réclamer ce qui lui revient de droit ! 

- Et si tu dis non ?, ai-je avancé.

- Il me bat ! Ou me fait battre par son chauffeur… Il m’a menacé maintes fois de m’offrir à une bande de voyou si jamais je lui résistais encore ! Donc quand il arrive je me couche et je le laisse faire ce qu’il veut !, dit-elle en baissant la tête. Je suis piégée ! Je ne risque pas seulement ma vie mais aussi celle de ma famille.

La rage courait dans mes veines, j’avais une envie de meurtre.

- Tu t’es tellement laissé aller dans cette histoire que tu as développée du vaginisme Queen… Tu es tellement habituée à te faire prendre de force qu’aucun homme ne pourrait t’approcher s’il n’usait pas de violence !

Elle ne me répondit pas !

- Tu veux continuer comme ça ou tu veux que je t’aide à sortir de là ?

Je ne savais pas comment j’allais faire pour l’aider à se débarrasser de cet homme qui planait au-dessus de sa vie comme un mauvais esprit, mais je devais essayer quelque chose.

- Me sortir de quoi ?, demanda-t-elle.

- De cet enfer avec ton oncle, l’enfer, physique, psychique et émotionnel ! Il est temps que tu reprennes ta vie en main !

- Et comment tu ferais cela ?

- Je trouverais bien !, ai-je répondu.

J’avais une idée en tête et je voulais voir dans quelle mesure cela pourrait aider la cause de la jeune femme.

- Tu vas faire quoi ?, me demanda-t-elle.

Je voyais la curiosité dans son regard, elle avait surement déjà réfléchie à un nombre incomparable de solution pour régler elle-même son problème.

- Ton oncle est un prédateur, il a de l’ascendant sur toi et sur ta famille parce que vous êtes à sa merci, cette rente j’ai vu les chiffres de votre boite, elle est tiré des bénéfices, donc ton oncle fait croire qu’il achète les parts de ton père alors qu’il se contente de rémunérer le bénéfice de ces mêmes parts, ça n’a aucun sens !

Elle leva la tête surprise.

- Il a toujours dit que ça venait des ses propres investissements… de sa propre poche !

- Ça vient de la boite ! Il dissimule cela en faisant passer cette rente par 3 comptes mais c’est la boite qui rémunère cette transaction.

Je voyais une lueur sombre traverser le regard de la jeune femme.

- Attends comment tu as fini avec les comptes de la boite, je croyais qu’il avait besoin de votre boite pour un contentieux avec un client !, fit-elle surprise. Il disait qu’un client n’avait pas respecté ses engagements envers nous donc il avait besoin d’une boite expert en contentieux…

- Je suis avocat d’affaire spécialisé en transaction, négoce, fusion et acquisition et ton oncle prépare une fusion avec une autre boite ! Il veut vendre la boite que ton père a bâtie !

- Seigneur !

Cette exclamation me fit sourire.

- On ne peut pas le laisser faire, réagit-elle en se levant. Mon père a besoin de ce traitement…

- Et toi tu ne peux plus supporter cette torture !, ai-je ajouté.

Je savais que physiquement Claire devra travailler pour se débarrasser des démons qui allaient la hanter mais au moins je savais ce que je devais faire pour la débarrasser de ce pervers qui la hantait.

- Comment… Est-ce qu’on peut faire quelque chose ?, me demanda-t-elle en me regardant comme un chien abattu.

- Tu me fais confiance ?

Je voyais dans son regard qu’elle ne pouvait pas m’offrir son corps même si elle le voulait mais qu’elle pouvait au moins me faire confiance.

Et ça c’était la plus grande preuve d’abandon que je pouvais espérer d’une femme.


Journal intime d'un...