13
Write by Lilly Rose AGNOURET
13-
Deux semaines plus tard, un
dimanche, alors que maman se prépare pour se rendre à la messe de 8heures, je
suis dans la cuisine quand arrive Pupuce.
"Est-ce que tu peux me
rendre un service, Tania ?"
"Parle, je
t'écoute."
"Voilà, je veux aller
chez Peter. Est-ce que tu peux m'accompagner ?"
"No way! Faut pas abuser,
quoi. Ma chère, c'est pas parce que maman a dit qu'on doit bien te traiter, que
tu vas abuser de ma gentillesse, compris?"
"Comme t'es méchante ! Je
voulais juste..."
"Tu voulais quoi. Je n'ai
que ça à faire. Claquer mes sous pour le taxi ! Tout ça parce que tu ne peux
pas demander à ce type de se déplacer ! C'est quoi cette histoire. Vas-y toute
seule. Ne compte pas sur moi pour me taper tout ce chemin pour aller tenir la
chandelle."
"Je...Je..."
Et madame se met à pleurer.
"Eh eh, eh, eh. Tu ne vas
pas me faire le coup à chaque fois. Pleurer parce que je dis non, pleurer pour
ci, pleurer pour ça. Ça ne marche pas avec moi. Je n'irai pas avec toi à
Nchenguè, un point un trait. Je dois faire la vaisselle, je dois faire à manger
et je dois réviser pour mon devoir de demain. Si ton type ne peut pas se
déplacer pour te voir et ben, qu'il aille au diable."
"Comme t'es méchante,
Pupuce. Je savais pas que tu pouvais dire des choses aussi dures!"
La fille-là a même quel
problème ? À tout ce qu'elle demande, il faut que je dise oui, sinon madame se
met à pleurer ! C'est quoi cette affaire.
"Continue de pleurer ! Je
crois qu'à force de m'énerver comme tu le fais, ton enfant va bien me
ressembler !"
"Comme tu es bête Pupuce
! Nous sommes jumelles, tu veux qu'il ressemble à qui ?"
"Oh, t'as raison. Qu'il
me ressemble, ça vaudra mieux pour lui. Ça lui évitera d'être trop beau comme
son père et e voir à 5 ans, les filles lui courir après à la maternelle."
"Tu as vraiment le sens
de l'humour, chère sœur, malgré ton cœur de pierre."
"C'est fini! Voilà, c'est
comme ça que madame compte me manipuler. Ma belle, regarde-moi bien ; tu peux
chanter autant que tu veux et dire que je ressemble à Kaba quand j'agis comme
ça, moi Tania Akendengue, je ne t'accompagnerai nulle part."
Sur ce, je continue de faire
la vaisselle et madame va bouder dans la chambre.
Julien arrive alors, j'ai fini
de balayer la cour. J'en finis avec le salon et je disparais. J'ai un match cet
aprèm."
"Ok! Moi, je bouge pas.
Je vais réviser cet aprèm."
"Cool! Au fait, j'oubliais,
il faut dire à Pupuce que j'ai vu votre pater hier. Il était sobre, je crois.
Il m'a dit de vous dire, de passer le voir dans la semaine."
"T'es sûr qu'il était
sobre?"
"Oui, j'en suis sûr. Il
était accompagné d'une jeune fille. J'ai pensé que c'était sa nouvelle
copine."
"Ok. Je vais
l’appeler."
"Cool!"
Alors que maman vient dans la
cuisine me dire au revoir, je l'arrête.
"La vieille, Pupuce me
fait une crise de larmes parce qu'elle veut que je l'accompagne à badamiers,
là-bas. Règle ça avant de partir, quoi !"
"Que veut-elle aller y
faire ?"
"Ah! Elle veut aller voir
son type. Parait qu'il a été malade toute la semaine ."
"Oh! Et elle est
infirmière, je suppose ?"
"Ah! Tout ça, je ne
connais pas. Ce que je sais, c'est qu'elle va nous taper une fugue si tu ne
fais rien."
"Ok. Je vais la voir. Où
est-elle ?"
"Dans la chambre. Elle
boude."
"Ok. Je vais régler cela
avant de partir. Je n'ai pas envie d'être en retard à la messe."
"Maman, l'église est
juste de l'autre côté de la route."
"Oui, raison de plus pour
être la première assise au premier rang !"
Elle me laisse-là et va dans
la chambre. Elle en sort 10 minutes plus tard et me lance: "Tania, sors un
sachet d'ailes de poulet fumé. Je les ferais cuire en plus du plat de Nyemboué
que j'ai fait hier soir."
"Yo! C'est comment maman!
Qui va manger tout ça ? Il y a la marmite de poisson salé qui est resté
hier."
"Oh, nous avons un invité
à midi. Il faut bien lui offrir des plats variés à table."
"Un invité ? Qui est-ce ?
"Tu poses trop de
questions, ma fille. Je suis pressée. À tout à l'heure."
La voilà partie. Je sors donc
le poulet demandé et je vais dans la chambre pour savoir ce qui se passe. Quand
j'arrive là, je trouve madame ma sœur en train de balancer des mots au
téléphone. Les je t'aime, les doudou...etc...
Quand elle me voit entrer dans
la chambre, elle lance un au revoir à son interlocuteur qui, bien sûr, j'ai
reconnu."
"Alors?"
"Alors quoi?", me
répond t-elle.
"Tu vas à badamier ou
pas?"
"Toujours en train de
blaguer et de dénigrer les autres. Je te signale que c'est un quartier comme
tous les autres."
"Arrête ton char, tu
veux! Tu y va ou pas."
"Non, figure toi que
Tantine Bernadette a invité mon cœur à manger avec nous à midi."
"C'est une blague."
"Et pourquoi, ce serait
une blague! Je te signale que ton petit cœur, ce cher Miro, vient ici comme un
chef, et il s'assoie dans les fauteuils de tantine et que toi, miss, tu as le
droit de le recevoir à la maison quand bon te chante. Pourquoi ce ne serait pas
la même chose pour moi, dis? Il a quoi de moins que Miro, mon chéri?"
"Eh! Madame l'avocate,
désolée d'avoir posé la question! Pas la peine de monter sur tes grands
chevaux."
"Vous êtes quand même
marrants Julien et toi. Vous êtes là à détester Peter alors que vous le
connaissez à peine ! Je vous signale que je l'aime moi !"
"Ah, mama, c'est quoi mon
problème là-dedans? Tu l'aimes, tu l'aimes pas? Qu'est-ce que j'en ai à foutre.
Est-ce que c'est mon cœur qui souffre."
"Pourquoi penses-tu que
mon cœur souffre, dis-moi? Allez, je t'écoute !"
"La go, tu vois, on ne
voit pas parler jusqu'àààààà! Je ferme ma bouche tranquillement et je retourne
faire mon ménage. D'accord. Ton gars peut venir manger toutes les cuisses de
poulet qu'il veut, ce n'est pas mon affaire. C'est la maison de ma mère, pas la
mienne. Si elle veut nourrir tout le monde, je n'ai rien à redire dessus."
"T'as vu comme tu es
méchante, Tania ! Pourquoi Miro aurait le droit de venir s’asseoir ici et
prendre ses aises dans le canapé de tantine, et pas Peter?"
"Yo! La fille-là, c'est
comment! Ton gars vient, c'est quoi maintenant l'affaire qu'on doit rester là
des heures à discuter !"
"J'en ai marre que vous
le traitiez comme un moins-que-rien. Vous sentez supérieurs à lui, n'est-ce-pas
? Ce n'est pas parce qu'il n'a pas un père plein au as comme Miro, ou une mère
médecin comme la copine de Julien, que vous devez le dénigrer. Je te demande de
le respecter et d'être un peu plus gentille envers lui."
"Ok, c'est noté. Puis-je
retourner dans la cuisine?"
"Non, je n'ai pas
terminé. Je veux que tu me regardes dans les yeux et que tu me promettes de
mieux traiter le père de mon enfant."
"Ecoute Akendengué
Marjorie, j'ai autre chose de plus important à faire là, à l'instant. Donc,
fous moi la paix avec tes foutaises. C'est pas possible d'être aussi prise de
tête. Je faisais comment avant, quand t'habitais pas ici."
"Tu t'ennuyais comme la
mort, car tu n'avais personne avec qui te comparer. Depuis que je suis là, tu
t'amuses à me montrer que Miro est plus gentil parce qu'il t'offre des fleurs.
Que Miro est plus doux parce qu'il dit des mots doux. Que Miro..."
"La go, laisse-moi mon
gars tranquille. Je n'ai jamais autant parlé que depuis que tu es ici avec
toutes tes conneries. Je vais sourire à ton type quand il sera là. Mais s'il ne
change pas de comportement avec toi et continues à t'ignorer comme il le fait
et à courir et coucher avec toutes ces filles au lieu de se préoccuper de ton
état, ça ne changera rien du tout."
Sur ce, je sors de la chambre
et la laisse là. Du coup, je suis chamboulée et me mets à réfléchir. Est-ce que
je snobe vraiment ce Peter ? C'est vrai que je le trouve con et roigolo parce
qu'il use de son charme sur toutes les filles, mais à part cela, je ne le
connais pas vraiment. En fait, bordel comme il est, jamais je n'aurais imaginé
que ma sœur puisse tomber amoureux d'elle. Mais bon, puisqu'ils ont concrétisé
l'affaire, peut-être que je devrais, comme elle le demande, le
"respecter". Donc, je décide de préparer une bonne marmite de riz à
ma façon et de faire sauter les ailes et cuisses de poulet fumés avec des
poivrons et autre petits légumes. Quand maman rentre de la messe à 10 heures
moins dix, elle me trouve affairée dans la cuisine.
"Oh, je vois que t'as pas
mal avancé dans la cuisine. Je vais chez le malien à côté. Ta sœur m'a dit que
son invité ne boit pas de boissons gazeuses, alors je vais chercher des jus
Cérès."
"Ben voyons !"
"Qu'est-ce qu'il y a Tania
? Tu as quelque chose à dire ?"
"Non, rien. Je préfère me
taire sinon on pensera que je snob le type parce qu'il vit à Ntchenguè
badamier."
"Ah, ta sœur a réussi à
te faire entendre raison ! Sache que tu vas devoir apprendre à l'apprécier ce
Peter. Il est le père de ton futur neveu."
"Franchement la vieille !
Je ne l'avais pas remarqué ?"
Elle s'en va en riant.