16. Révélations

Write by Samensa

DAVID

-Ayehla, je ne m’en irai pas. Je resterai ici jusqu’à ce qu’on règle cette histoire. Point.

-Puisque je viens de te dire que cette histoire est déjà réglée. Nous deux plus jamais ! Et je m’occuperai de Rodrigue comme convenu.

Depuis plus d’une demi-heure que nous discutons, elle me dit des choses qui ne plaisent pas. Comment ça je dois rentrer à New-York ? Pour quoi faire si mon bonheur est ici.

Nous sommes assis dans un lounge, à une table à l’abri des regards. Il est environ 18 heures donc l’endroit est quasiment vide.

-Je suis prêt à faire tout ce que tu veux mais m’en aller ? Non.

-Tu sais que c’est la meilleure solution.

-Non. La meilleure : c’est que tu divorces et qu’on s’en aille d’ici.

-Tu es fou. Dit-elle en riant nerveusement.

-Je suis très sérieux.

-Moi aussi quand je dis que c’est fini. (Elle se lève de sa chaise) Ne rendons pas les choses plus compliquées qu’elles ne le sont… Au revoir.

Je la suis jusqu’à la porte. Puis lorsqu’elle pose sa main sur le poignet de la porte, je l’attire vers moi dans un geste impulsif avant de l’embrasser. Ela répond à mon baiser sans hésitation, passant ses bras autour de mon cou.

-Je t’aime Ela.

Devant ses yeux larmoyants, je la serre encore une fois dans mes bras en lui chuchotant que je ne suis pas prêt à laisser tomber notre amour.

 

Une fois chez moi, je file sous la douche espérant naïvement que l’eau pourrait faire descendre tous les ressentiments que j’ai en moi. Frappant du poing le mur de manière répétée, je me demande pourquoi il a fallu que ce soit elle. La femme de mon frère. Avec toutes les femmes de ce monde !

Ce n’est pas fait expressément. Je ne l’ai pas commandé. C’est juste ainsi : je suis amoureux de la femme de mon frère. Et quel que soit ce que les gens diront ou penseront, je suis prêt à tout braver pour elle. Que mon frère me pardonne, je ne peux pas perdre cet amour, mon premier amour.

Dès que je sors de la douche, la lumière clignotante de mon téléphone attire mon attention. Un message.

« Dave, je suis dans les environs d’Abidjan. S’il te plait, réponds-moi. C’est urgent.

Nini. »

Je supprime le message en me demandant comment elle a eu mon numéro. Cette fille ne me laissera donc jamais tranquille ? Qu’elle aille au diable ! Elle est vraiment idiote si elle croit que pour une seule nuit, elle a le droit d’occuper une place importante dans ma vie.

 

ERIC

Des chuchotements me parviennent, m’encourageant à ouvrir les yeux. Une jeune femme de dos, est en train de ranger sur une table ce que je crois être un petit déjeuner. Après un bref examen des lieux, je me rends compte que je suis dans la chambre d’ami chez les parents de Rodrigue, une chambre que j’ai maintes fois occupé.

La jeune femme se retourne lorsque je fais du bruit en me redressant. Elle m’adresse un sourire radieux avant de me lancer un bonjour.

-J’espère que tu as bien dormi ! Je venais déposer ton petit déjeuner… Tu vas mieux ?... Tu as besoin de quelque chose ?

Je me contente de hocher la tête à ses questions. Pas parce que je n’ai pas envie de répondre, juste que ce n’est pas mon habitude de parler aux gens sans m’être brosser les dents. Elle finit par percevoir mon mal aise.

Elle me fait signe que tout est en place dans la salle de bain.

-Au fait, je m’appelle Nancy. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n’hésite pas.

 

Après ma toilette, je retourne me coucher, incapable d’avaler quoi que ce soit. J’ai une boule au fond de la gorge. Je n’arrive toujours pas à digérer.

 

-Toc toc

-Entrez !

-Bonsoir, c’est Nancy. Je venais prendre de tes nouvelles.

Je me mets en position assise au bord du lit et l’invite à me rejoindre.

-Je vais bien.

-Les filles m’ont dit que tu n’as pas mangé ton petit-déjeuner ni ton déjeuner. Pourquoi tu refuses de te manger ?

J’avoue que sa question me prend au dépourvu.

-Je n’ai pas faim. Je réponds tout simplement.

-Est-ce que ça en vaut la peine ?

Devant mon air interrogateur, elle continue.

-Rodrigue m’a raconté. Et je sais que ce n’est pas mes affaires et que je n’ai pas le droit de me mêler de tout ça mais il faut que je te dise que tu n’as pas à te maltraiter comme cela. Rien n’est de ta faute. Je plains tout simplement cette femme qui n’a pas su apprécier son bonheur.

Eh ben dis donc ! Je suis étonné aussi bien par mon ami qui n’a pas su tenir sa langue que par cette fille qui sort de nulle part et qui me parle comme si on était des amis de longue date.

-Merci pour tes conseils.

-Je t’en prie. J’espère que tu les prendras en compte. Ça fait mal c’est sûr mais la meilleure manière de surmonter tout ça c’est de mettre une croix sur elle dans ton cœur et dans ton esprit.

-Tu es devenue conseillère conjugale ? demande Rodrigue qui est entré sans qu’on s’en aperçoive.

Il lui tend le petit garçon d’à peine un an qu’il a dans les bras.

-Tiens ! Va t’occuper de ton enfant. Quand il s’agit de ta vie, tu ne peux pas réfléchir ainsi.

Elle sort avec la tête baissée.

-Pourquoi tu lui parles comme ça ?

-Laisse cette fille ! On lui a tous parlé quand elle faisait les bêtises, elle n’a rien voulu entendre et aujourd’hui, elle va venir faire son petit cinéma. Les enfants têtus comme ça !... Mais je ne suis pas là pour parler d’elle.

-…

-Eric, que comptes-tu faire une fois à Abidjan ?

-Je ne sais pas. Tellement de choses me passent par la tête.

-Je peux donner mon avis ?

-Bien sûr.

-Ne fais rien. Rentre chez toi et observe.

-Et si j’en suis incapable.

-S’il te plait, ne fais rien qui puisse te faire perdre la raison. Puisque tu ne sais pas quoi faire, observe les choses, le temps de trouver une solution adéquate.

Je soupire longuement.

-Merci Rodrigue.

-C’est fait pour çà les amis.

 

ELA

-Fermons les yeux un moment pour consacrer la parole que nous allons entendre à Dieu. Qu’il nous donne le discernement nécessaire pour pouvoir comprendre. Dit une voix dans le micro.

Après la prière, une dame commence le sermon que je n’écoute guère. Je jette des coups d’œil furtifs à Api espérant qu’elle me regarde pour qu’on se moque ensemble des personnes autour de nous. Contrairement à ses habitudes, ma petite sœur a l’air plutôt concentrée. J’essaie de prendre mon téléphone mais ma mère m’en dissuade d’une tape sur la cuisse. Je me résous donc à suivre, d’une oreille distraite.

Je n’ai pas demandé à être là. Maman a voulu que ma sœur et moi venions l’accompagner chez sa prophétesse pour prier comme tous les dimanches soir. Elle nous a presque suppliées car selon elle, nous avions trop de problèmes, surtout Api. Je suis croyante, néanmoins ces histoires de prophéties et autres, je n’y crois pas vraiment. Tellement de personnes dans mon entourage se sont faites arnaquées et grugées par ces soi-disant hommes et femmes de Dieu que je prends mes précautions.

Juste après le sermon, ma phase préférée débute : les prières de révélation. Assise au bord du banc, j’ai le loisir de voir tout ce qui se passe.

La prophétesse commence en parlant à un monsieur assis au premier banc de la première rangée.

-Mon fils, Dieu ne t’a pas créé pour prendre les choses d’autrui. Il faut travailler pour t’en sortir. Il n’est pas trop tard pour sortir du vol. Arrête.

Je me mets à sourire avec Api. Le type est tellement sapé que l’idée qu’il puisse être voleur ne traverse même pas l’esprit. Ensuite, le tour d’une vieille dame.

-Arrête ! Arrête de livrer tes enfants ! Pourquoi tu fais cela ? N’est-ce pas eux qui te nourrissent ? Pourquoi tu veux les tuer ? Si tu n’arrêtes pas, tu subiras la colère de Dieu.

Foutaises ! Comment peut-elle accuser cette pauvre vieille femme ici, devant toute l’assemblée ? Le jeune homme d’accord mais une dame qui pourrait être sa mère. Malgré tout, la femme de prière continue de faire ses révélations et nous de rire en douce.

Soudain, elle s’arrête à mon niveau.

-Ayehla. Dit-elle doucement.

Je perds presque le souffle lorsqu’elle prononce mon nom. Je regarde maman qui me fait signe qu’elle ne lui a jamais parlé de moi.

-Tu sais que je sais ce que tu es en train de faire. Je ne suis pas là pour te juger mais pour te faire passer un message. Le Seigneur me dit qu’il a prévu de grandes choses pour toi. Toutefois, cela ne signifie pas que tu ne peux pas tout perdre d’un claquement de doigts. Il veut que tu sortes du péché car le salaire du péché, c’est la mort. Et la mort est au pas de ta porte tout comme le bonheur. Un grand bonheur vient à toi Ayehla mais ce que tu fais risque de l’ôter. Résiste à la tentation.

Après avoir posé sa main sur mon épaule, elle continue.

-Ce que tu fais pour soi-disant t’en sortir ne vient pas du cœur. Tu sais bien que tu ne peux pas tout avoir alors pourquoi tu t’entêtes ?

Lorsqu’elle finit, ma mère me regarde avec incompréhension tandis qu’Api me jette un « hum ! ».

Je sors de l’église comme si j’avais le feu aux fesses.

 

 

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