17 ~ Personnalité du Cheveu ~ PHMCx~ La main intrusive~

~La main intrusive~

Cette main intrusive est venue en traîtresse, par derrière, sans prévenir ni demander de permission, se poser - non pas sur mon épaule, mais sur mon afro.

Pause dramatique.

Ma crinière, ses tifs, et toute la « smalah (famille)» se secouent d’incrédulité. « Le culot ! »

By ©Ngengeti~Alavolee-Onafly***

Je suppose après coup, n’ayant pas été abordée dans les normes de la courtoisie, que le but de ce geste effronté était pour en tester la texture.

Mais sa surprise a provoqué en moi un réflexe de plongeon vertical - descendant – esquivant - avançant, digne de la capoeira, du bal à terre et du kwasa kwasa* combinés, qui m’a moi-même étonné par sa vitesse d’exécution. (*Art martial et style de dance congolaise et africaine)

Ne sachant pas d’où venait ni de quelle nature était cette invasion sur ma personne, et ce qu’il en découlerait d’autre, ce réflexe contre «l’intention attaquatoire*», fut remarquable par sa contradiction entre la manière dont il fut exécuté et l’espérance vaine de ne pas attirer toute l’attention sur soit en publique.

(* terminologie authentique, utilisée par un personnel en uniforme, justifiant la confiscation d’un objet jugée potentiellement dangereux, lors une fouille de control).

Pour être publique, on ne pouvait plus manifeste. Ce reflexe pour échapper à ce geste surprenant, inattendu, impoli, je l’ai eu en pleine rue, alors que j’y déambulais entre les stands d’expositions de la foire du village, avec une amie, qui a due se demander ce qui m’arrivait, par cet après-midi ensoleillé. Je ne suis même pas sure qu’elle se soit rendu compte de la cause de ma réaction, en raison de sa rapidité.

En fait, l’action s’est déroulée avant que je ne me rende compte quelques secondes plus tard, en me retournant sur ma gauche, que ce geste venait d’un jeune homme caucasien qui venait de s’enfuir et me regardait maintenant de sa position lointaine. Aucun noir à ma et de ma connaissance, ne l’a encore osé : socialisation, je vous dis ! Ça ne leur traverserait pas l’esprit. Et si ça osait s’y aventurer (dans l'esprit), ça se reprendrait intuitivement, très vertement et rapidement, toujours en esprit.

J’en ai conclu après analyse du geste audacieux, que ce devait sûrement être un jeune homme qui voulait, sans gêne aucune, tranquillement satisfaire soit sa curiosité, soit un pari pris auprès de son compagnon de folies.   

Aussi simplement que ça. Voilà quoi… A l’aise.

Ce jeune homme savait, oh ! que oui, il savait - étant donné son retrait stratégique exécuté à la vitesse grand V - mais voulait sciemment ignorer que : l’on

Ne Touche (taloche virtuelle),

Pas (pichenette à travers le temps),

aux (kokota),

Cheveux (tapette du présent vers le passé),

d’Autrui (chiquenaude),

Sans (losilo),

Permission (bomboto), Impunément !   

Que sa survie était uniquement due à la surprise et au choc que j’assimilais sur le moment ; mon éducation, (socialisation, toi encore ! quand je pense à ces taloches manquées…) et mon jeune âge.

Adulte, la réaction aurait été physique ou plus effective.

Mais ce jeune homme à la main intrusive avait déjà vite fait de retrouver son compagnon de l’autre coté de la rue, qui était en fait l’allée centrale du village. Sinon, Il aurait peut-être eu droit à une longue averse verbale de qualificatifs peu flatteurs, suite au regard incrédule et foudroyant que je lui avais déjà envoyé.

Je dirais même plus, cet inconscient très impulsif, et audacieux, aurait pu être victime d’une prise de karaté, si seulement j’étais de ceux qui le maitrisaient à l’époque… Le vol plané et l’atterrissage avec les quatre fers à l’air parlent encore à mon imaginaire.

Dommage… j’aurais voulu vivre cette démonstration de kata.

 « Hmm… chanceux… »  Conclue crinière…

By ©Ngengeti~Alavolee-Onafly***

Le sujet d’intrusion non sollicitée s’est déjà discuté sur des plateformes où il est question d’inconnus qui se permettent de toucher sans permission d’autres inconnus ou simple connaissances lointaines, parce qu’elles sont autres, qu’elles sont des fois femmes, qu’elles sont étrangères ou noires (afro dans toute ses déclinaisons de pigmentation), ou enceintes, ou tout simplement parce qu’elles ont un aspect qu’ils n’ont pas l’habitude de côtoyer, et que sais-je encore.

Ils en oublient et dédaignent la simple règle de courtoisie, du respect de l’espace vitale, du respect d’autrui, tout court.

Qui sait si je lui aurais accordé la possibilité de poser ses mains -désinfectés (nous n’ignorons pas les habitudes sanitaires de certains ici dehors…), s’il avait eu la décence de me le demander poliment ?

Quand on pense aussi que je ne sais où ces mains étaient allées se poser avant de toucher mes cheveux et que je ne sais si tel un fétichiste, il n’en avait pas retiré de mèches et pis encore, lorsque l’on pense aux pratiques peu recommandables... cela révolte et écœure plus qu’autre chose.

By ©Ngengeti~Alavolee-Onafly***