18- Les couleurs de nos amours

Write by lpbk

Rudy EYA

Je baille d’épuisement. Je suis réveillée depuis 04h30 du matin et ça commence à me poser sur les paupières. Je me frotte frénétiquement les yeux. La vie de jeune patron a de sacrés avantages mais elle impose également de sacrés responsabilités. Je range mes dossiers et je sors de la salle de réunion. Ma secrétaire a déjà pris sa pause. C’est la dernière à arriver et la première à être partie.

Je m’apprête à aller me prendre un burger au coin de la rue quand je vois ma mère débouler en catastrophe. Elle jette son sac sur mon bureau et se réfugie dans le canapé. Je la vois seulement balancer les jambes comme si elle est prise d’une crise d’épilepsie.

« Je pense que ton père va sortir de sa tombe cette fois. », lance-t-elle en regardant le tout Abidjan depuis son promontoire.

« Je veux mourir ! »

Elle lève les mains au ciel.

C’est sûrement un de ses frères encore qui s’est mis dans la merde et comme presque toujours, ce sera à Rudy de tout arranger.

« Bonjour maman. »

Elle tourne enfin la tête dans ma direction.

« Bonjour de quoi ? Même quand c’est un mauvais jour vous êtes toujours là bonjour, bonjour. »

« Eh bah ! »

« Je dis hein, si toi tu ne m’as pas tué donc c’est parce que tes sœurs devaient le faire ? Il y a même quoi dans vos têtes les EYA ? »

« De quoi tu parles maman ? »

« Pékè pékè ! Donc tu veux me faire croire que tu ne sais pas que ta sœur Ayem est enceinte ? »

« Quoi ? »

« Ferme la bouche là ! Vous faites les choses des grands en cachette et maintenant voilà, bientôt tout sera dévoilé. Vous pensez que je vais encore enlever les couches ? Mais Rudy dis quelque chose ! »

Ayem, 16 ans et enceinte. C’est le bouquet. Non c’est carrément le jardin.

« Donc tu ne savais pas ? », m’interroge-t-elle en ouvrant de grands yeux.

Elle réajuste son foulard et se tait. Je peux penser, réaliser.

Ayem, 16 ans, en classe de première. Ma petite sœur. Non, elle doit parler d’une autre Ayem. Pas de celle-là.

« Oh Rudy ! Il y a quoi ? Tu veux un verre d’eau ? »

« Elle est où ? »

Elle me regarde sans rien dire. Je ne comprends pas pourquoi elle est incapable de répondre à cette simple question.

« Je t’ai posé une question maman. Ayem est où ? Au lycée ou à la maison ? »

« Elle était trop énervée donc elle est allée faire un tour. »

C’est quoi ce cirque ? Tu ramènes une grossesse à ta mère et tu as le toupet de jouer les dangereuses ? Je prie sérieusement pour que ce tour qu’elle est allée faire dure toute la vie parce que si je la vois, je vais la tuer. Il ne restera plus que ce gosse pour qu’on se souvienne d’elle et de sa tête de souris. 

Je laisse un petit mot pour ma secrétaire. Je compte bien m’absenter pour le reste de la journée. J’ai des oreilles à faire siffler et une tête à faire tomber.

 

Je roule à tombeau ouvert. A la façon dont elle tient son sac, je vois bien qu’elle a peur. Mon sang est en train de changer de couleur à cause de ma petite sœur. Elle ne serait pas inconsciente par hasard ?

« Elle en est à combien de mois ? »

« Je pe… »

« Bon sang, je ne t’ai pas demandé de penser. Je veux avoir un chiffre c’est tout ? »

« Tu me parles maintenant mal pourquoi ? Donc tu vois que c’est toi qui aura honte ? Tu penses que moi je serai comment avec la famille de ton père ? »

Elle m’énerve à toujours vouloir être dans les bonnes grâces de ma famille paternelle. Ça va faire plus de huit ans que le type est mort ! Lâche un peu Dieu. Il t’a déjà demandé pardon je suis sûr.

« S’il te plait je ne suis pas d’humeur aujourd’hui donc laisse mon père respirez dans sa tombe et concentre-toi sur les vivants par exemple ton écervelée de fille. »

« Gare tout de suite cette voiture ! »

Elle me parle de quoi ?

« Rudy ! Je te dis de garer ta voiture et tout de suite ! »

J’appuie sur le frein et nous voici arrêté en plein autoroute. Elle ouvre la portière et sort de la voiture sans rien me dire.

« Maman ! », criais-je depuis la voiture.

« Laisse-moi tranquille ! Je vais te retrouver à la maison. Si je t’ai accouché pour que tu me laisses sur la route comme une malpropre. », lance-t-elle en avançant.

Je donne un coup sur le volant.

« Merde ! »

Je sors en faisant bien attention à ne pas me faire écraser par un camion ou un bolide en train de jouer à Fast and Furious et je lui cours après comme si elle était ma femme. Je suis sûre que les gens dans leur voiture se moquent de moi. Elle aussi, c’est quoi ce cinéma. La prochaine fois je vais l’abandonner.

« Maman ! »

« Tu me suis pourquoi ? Tu veux quoi même ? »

« Je suis désolé maman. C’est juste que cette nouvelle est en train de me rendre fou. »

« Et je t’ai dit qu’elle me réjouit ? »

« Maman, ce n’est pas l’endroit pour ce genre de dispute. Monte dans la voiture et je te promets de peser mes mots. »

« Il faut même soupeser les mots là. » 

Elle pousse un dernier juron avant de se tourner. Je regarde le ciel en me disant qu’il existe bel et bien un Dieu.

Je démarre et cette fois, je m’abstiens de tout commentaire jusqu’à ce que nous arrivions à la maison.

« Elle est où ? », demandais-je au gardien dès qu’il eut refermé le portail.

Il me regarde avec un air ahuri.

« Maurice tu es devenu sourd ? Ayem est où ? Il y a même quoi dans cette maison avec l’esprit de déception ? »

« Elle vient d’entrer dans la maison tantine. », finit-il par répondre.

Nous prenons l’allée. Je marche calmement car j’essaie de réfléchir. Je n’ai même pas demandé à maman si elle a fait une échographie. Si ça se trouve Ayem a juste raconté cette histoire pour faire son importante.

« Pardon il faut écouter ce qu’elle va dire là-bas. »

« Pourquoi tu me dis ça ? »

Elle s’arrête. Je fais pareil.

« Parce que je te connais. Tu vas commencer à crier comme un chien à moitié fou seulement. »

« Même pas. Je suis zen ! »

« C’est bien. »

Dès qu’on entre, nous trouvons Ayem installée dans un divan, un paquet de chips dans les mains. Elle a dû rêver de ce jour parce que je lis bien la panique sur son visage.

« C’est vrai cette histoire de grossesse ? », demandais-je avant d’être à son n niveau.

« Oui ! »

Je ne sais par quel miracle je me retrouve devant elle, la main sur sa joue.

Splash

Elle se tient la joue de douleur. Un torrent de larmes inonde ses beaux yeux.

« J’espère pour toi que c’était un viol. »

« Ayi Rudy ! Est-ce que c’est ça qu’on avait dit »

« Tu peux te taire ? Je lui parle non ? Ayem répond ! »

« Si je te dis oui, tu vas me laisser tranquille ? »

« Oui ! »

« Oui je me suis faite violer »

Splash ! Splash !

« Tu me prends pour un idiot ? Je ressemble à celui qui t’as enceinté ? »

Maman vient se mettre entre nous et m’implore de la laisser respirer. Avec ce genre d’attitude, je pense qu’il faudrait s’attendre à un second bébé. Donc je suis en train de la faire souffrir ? Je la corrige madame ! Il serait temps que tu apprennes à le faire.

Ma sœur finit par se réfugier dans sa chambre sous les bons conseils de maman. Et comme les femmes ont leur façon à elles de voir les choses, elle recommence à me crier dessus. A croire que c’est moi qui suis en tort. Je finis par m’en aller de là tout énervé. C’était mieux qu’elle ne me dise rien qu’elle gère tout comme elle voulait et qu’on m’appelle le jour de la naissance du petit ou de la petite. 

 

Nowa NYANE

« Je suis là. »

« Comment ça tu es là ? »

« Viens dans la rue, celle de derrière. »

Je regarde par la fenêtre de la chambre. La nuit est bien tombée. Je couvre ma tête et mes épaules d’une grande étole et je mets une paire de sandales qui trainait dans le coin.

« Tu sors ? », me demande Georgette.

« Rudy est en bas, il veut me voir vite fait pour un truc. »

« J’ai l’impression de te déranger. »

« Ne t’inquiète pas Georgette. Tu ne dérange personne. Continue à faire les annonces je reviens tout de suite. »

« D’accord ! Il faut lui dire bonsoir. »

Je lui crie un « OK » en claquant la porte du salon.

Je descends les escaliers à la sauvage pour le rejoindre.

La rue derrière l’immeuble est mal éclairée. Je commence à regretter de ne pas avoir pris mon portable. J’avance en serrant les fesses, prête à prendre mes jambes à mon cou au moindre petit bruit. Je suis prête à crier. Je regarde derrière moi dès que je fais un pas.

« Je fais même quoi ici ? En plus il goutte ! »

Je suis en train de me poser cette question quand je remarque les phares d’un véhicule. Je ne parle pas le morse mais je suis quasi certaine que c’est Rudy. J’accélère un peu et quand je suis bien sûre que c’est lui j’accélère tout court jusqu’à ce qu’il sorte de la voiture. Là je peux courir me jeter dans ses bras.

« Bonsoir. », me dit-il en collant son front sur le mien et en appuyant fort.

« Tu fais quoi là ? »

« J’avais envie de te voir. »

Je m’éloigne de lui.

« Bah c’est bon, tu m’as vu ! Tu peux rentrer maintenant ! »

« C’est la première fois que tu mets une robe. Elle te va bien. », fait-il en me donnant une main pour m’attirer à nouveau dans ses bras.

Il me prend la main et m’attire vers le côté passager.

« Tu veux qu’on fasse un tour ? Tu es trop belle pour que je te laisse tout de suite. », me demande-t-il en me poussant contre la portière.

Ses lèvres s’égarent à la recherche des zones érogènes de mon cou. Pour toute réponse, je gémis en penchant la en arrière alors que mes bras s’unissent autour de son cou. Ses mains sagement posées sur mes côtés me pressent à m’en briser les hanches. Je veux lui crier de se faire moins fougueux mais déjà, mon souffle est prisonnier de sa bouche. Sa langue s’insinue dans ma bouche jusqu’à caresser la mienne. Je commence à manquer d’oxygène. Mes bras retombent et je fais appel à mes dernières forces pour gentiment mettre quelques centimètres entre nous.

« On dirait que tu as des étoiles dans les yeux. », me dit-il en croisant ses bras.

Je suis conquise. Je veux qu’il recommence à m’embrasser. Je veux qu’il fasse de moi sa prisonnière ce soir.

« Tu veux qu’on fasse un tour ? », lui demandai-je.

« Tu veux aller où ? »

« Au septième ciel ! », affirmais-je en tirant sur sa chemise pour qu’il me rejoigne.

Nos baisers se font fougueux tandis que ses mains s’insinuent à travers la fente de cette longue robe. Je les sens glisser sur ma peau. Elles explorent chaque recoin de mes cuisses, de mon aine, s’attardent sur les rondeurs de mes fesses avant de caresser mon ventre, mon dos.

Je me mords la lèvre inférieure tellement cette torture me rend folle.

De mes mains, j’entame de douces caresses sur son pantalon. Malgré le tissu de ce dernier, je sens bien le désir que provoque notre étreinte. A mesure que ma main appuie sur son sexe encore prisonnier, je le sens plus ardent, plus brulant. Il fait ressortir l’une de ses mains de sous ma robe et la plaque brutalement sur mon sein qu’il palpe et malaxe avec ardeur avant de se décider à le faire sortir en tirant sur le tissu extensible de mon vêtement.

J’entreprends alors de libérer son érection. Elle a été bien trop longtemps cachée. Je défais sa ceinture, puis le bouton et enfin la fermeture éclair de son pantalon dernier rempart entre moi et cet objet de désir, de plaisir.

« Now… », me souffle-t-il en se perdant sur le « a » de mon prénom.

Les va et vient de ma main le rende fou. Il mordille mon téton déjà bien au chaud dans l’antre de sa bouche. Souffle légèrement dessus. C’est une chaleur tropicale qui me parcourt.

C’est tellement bon tout ça. C’est tellement agréable que je sens à peine que les gouttes de pluie qui s’écrasent sur a peau. Il m’arrache un petit cri lorsqu’il me mordille mon téton gorgé d’envie de lui, de ses baisers, de ses caresses, de son sexe.

Je suis un peu déçu quand ses mains me délaissent. Mais ce n’est que partie remise car elles reviennent vite à la charge. Cette fois, il retrousse ma robe en effleurant délicatement mes cuisses. Je suis prise de chair de poule à l’idée de savoir que nous pouvons nous faire prendre. Mais trop tard, il tire déjà sur le tissu fin de ma petite culotte qu’il met de travers pour pouvoir accéder à toute ma féminité.

« On peut aller chez moi si tu veux. », me souffle-il- dans le creux de l’oreille.

Je soupire. Un soupire rauque. Un soupir ivre. Ivresse de folie ou ivresse de désir. Qu’en sais-je ? J’ai seulement envie de lui. Sous ce ciel pluvieux.

J’écarte légèrement mes jambes. Et ses doigts s’aventurent plus profondément en moi. Ma respiration est saccadée. Lui, il est plus calme.

« J’ai envie de toi Rudy. », osais-je lui avouer en penchant mon bassin vers l’avant et en me saisissant de toute sa masculinité pour jouer avec contre les lèvres gonflées de mon sexe ruisselant de désir et d’amour.

Il ne se fait pas prier. Un seul mouvement, fort, brusque et net et il s’emboite en moi. Le plaisir dure, dure jusqu’à ce qu’il en ressorte. Je serre les cuisses mais il me les écarte à nouveau. Désireux de se frayer un petit chemin encore. Ça ne dure pas qu’à nouveau je le sens parfaitement imbriqué à cette fente humide. Comme pour être le seul maitre à bord, il relève l’une de mes jambes et commence alors de langoureux mouvements. J’ai l’impression qu’il atteint le fond de ma cavité à chacun de ses assauts. J’ai envie de crier mais sa main sur ma bouche m’en empêche. Il enfonce son pouce dans ma bouche. Je ne peux résister à l’envie de le mordre.

« Tu vas me faire jouir Nowa ! »

 

Rudy EYA

Depuis combien de temps sommes-nous là ? Je suis perdu en elle. Je suis profondément perdu en elle.

Je n’ai pas envie de m’arrêter de lui donner ce plaisir. Je sais qu’elle aime ce qui se passe là, sur cette voix sombre. Je l’entends à ses gémissements. Je le lis dans ses yeux. Je le sens dans la façon qu’à son corps de bouger à chacun de mes coups de reins.

Elle me mordille les lèvres, y passe sa langue de façon sensuelle. Je me sens de plus en plus durcir entre ses jambes. Je suis prêt à entrer en éruption mais je ne parviens pas à me décoller d’elle. Elle m’attire en elle comme un bloc d’aimant. Mais pourquoi ne me repousse-t-elle pas ? Pourquoi me laisse-t-elle continuer ? Ne sent-elle pas que je suis aux bords du gouffre ?

Un frisson parcourt mon échine, je sens son sexe se resserrer autour du mien. Je ne peux plus me retenir. Ça dure depuis trop longtemps. Je suis secoué par des spasmes violents et je tombe sur elle. Je respire et je l’écoute respirer.

« Tu peux lâcher ma jambe ? »

« Je n’en n’ai pas envie. »

Je compte jusqu’à dix avant de la laisse retomber doucement.

Quand je me décolle finalement d’elle. Je la regarde remettre sa robe en état pendant que je remonte ma braguette. Elle passe ses mains dans ses cheveux. Sûrement pour se donner un air normal. Je souris avant de lui ouvrir la portière. J’ai envie de faire un tour avec elle.

 

Nowa NYANE

« Tu as passé une bonne journée ? », lui demandais-je en passant une main sur sa grosse tête. Ne lui dites surtout pas que je l’insulte.

« J’ai passé une très mauvaise journée mon cœur. »

« Tu me racontes ? »

Il prend une ruelle bien animée de la ville. Sur les trottoirs, des étals et des femmes en train de faire griller du poisson ou de la viande pour des clients savourant leur bière. Il s’arrête à un feu pour laisser traverser un groupe de jeunes femmes toutes aussi belles les unes que les autres. Je le guette du coin de l’œil pour voir s’il bougera la tête mais rien.

« Tu les regardes souvent ? »

« Tu parles de qui ? », répond-t-il en se tournant vers moi pour la première fois depuis que nous sommes montés en voiture.

« Toutes ces belles femmes qui se baladent dans cette grande et belle ville ? », lui dis-je en faisant de grands gestes.

« Je suis un homme bébé. »

« C’est-à-dire ? »

« C’est-à-dire que oui je les regarde souvent mais je n’en touche aucune. Je te l’ai promis. »

« Si tu les touchais, tu me le dirais ? Sachant que je te quitterai à coup sûr ? »

Il soupire.

« Je pensais que tu voulais savoir ce qui m’est arrivé. »

Il se gare devant une pharmacie.

« Ma petite sœur Ayem a 16 ans et elle est enceinte. Ma mère a une attitude que je ne comprends pas. D’abord elle m’a fait tout un cinéma ce midi dans mon bureau comme quoi nous voulons la tuer. Ensuite sur l’autoroute en la ramenant, elle m’en a faite une autre. Il a fallu que je m’arrête pour la supplier de monter dans la voiture. Tu vois, elle est un peu comme toi. Elle veut me tuer à coup de migraine. »

Mais je t’aime trop pour vouloir te tuer mon amour.

« Avec Ayem c’est parti en live quand j’ai déposé maman. Elle est inconsciente ou quoi cette gamine ? C’est la faute de maman, elle ne prend jamais une seule position. Toujours à essayer de satisfaire tout le monde. »

« Eh ! Tu veux te calmer ? »

Il m’a l’air bien énervé.

« Je vais t’offrir une boite d’Efferalgan. », lançais-je pour rigoler juste avant de sortir de voiture.

 

Rudy EYA

« Il y a une bouteille d’eau derrière si tu veux. »

« Merci mon cœur. »

Elle entreprend d’attraper la bouteille à l’arrière pour avaler son comprimé. Ses fesses cognent sur ma tête et ça me fait rire. Je voudrais qu’elle ne la trouve pas cette fichue bouteille mais bien sûr mon souhait ne se réalise pas.

« Je viens de penser à quelque chose ! », dit-elle.

Quand elle pense à quelque chose, ça n’augure jamais rien de bon. J’aime mieux quand elle ne pense pas.

« Ta sœur Ayem, elle a exactement fait ce que tu viens de faire. Sauf que j’imagine que pour elle ça devait être dans un lit bien douillet… »

« Nowa ! Je ne veux pas imaginer ma sœur en train de s’envoyer en l’air s’il te plait. »

« Oh mais arrête un peu de faire le saint. Où est le drame ? Elle a juste fait l’amour peut-être sans préservatif comme nous tout à l’heure et voilà. »

« Tu ne veux pas arrêter n’est-ce-pas ? »

« Je ne comprends même pas comment on peut lancer des pierres sur une gamine de 16 ans quand on commet le même crime. C’est tout. »

Je freine brusquement.

« Tu sais quoi bébé, j’ai passé une très mauvaise journée. J’imaginais avoir un peu de bon temps avec ma petite amie sans qu’elle ne me prenne la tête comme ma mère. C’est trop te demander ? »

« Oui c’est trop me demander. Je ne vais pas être systématiquement de ton avis pour te faire plaisir. Je serai à la place de ta sœur … »

« Tu n’es pas à sa place et j’espère que tu as bien avalé ta petite pilule parce que j’ai eu mon lot de surprise pour le siècle. »

« Et tu cries sur qui en fait ? Où est-ce que tu as vu que j’ai 16 ans ? Tu sais quoi, va faire du sport ça te calmera. Ciao. »

En moins de 24h deux femmes me font le coup. Celui de m’abandonner dans ma voiture à cause d’un malheureux mot. Je le regarde marcher. Pas un seul regard. Ça m’énerve ce qu’elle fait. Je démarre et je roule tout doucement. Quand j’arrive à son niveau, je descends la vitre côté passager.

« Nowa ! Viens ici ! »

Elle continue son chemin comme si elle était sourde.

« Nowa ! Tu vas arrêtez tes enfantillages ? C’est bon ! J’ai compris oh. »

Elle veut quoi ?

« Ecoute mon cœur, on peut rentrer et parler de tout ça. S’il te plait monte dans cette putain de voiture. »

Elle se tourne et me lance un regard assassin. Je regrette tout de suite d’avoir à nouveau élevé le ton.

Un taxi s’arrête juste devant moi pour déposer une grosse dame bien mise. Et sans rien me dire, elle grimpe dedans et voilà la voiture qui s’éloigne.

Enervé, je donne un coup sur le volant de ma voiture.

Biiiiiiiiiiip

Tout le monde se retourne et je vois des gens secouer la tête. Je parie qu’ils me prennent pour un fou. Je démarre en trombe et je commence à suivre le taxi qui la dépose juste en bas de son immeuble.

Les couleurs de nos...