2.

La soirée battait son plein, j’en étais à mon quatrième verre de whisky. Je ne suis pas du genre à boire plus que de raison, je suis un maitre du contrôle en toute situation. Quelque soit la situation j’anticipe au moins sur 5 scénario différents.

Et celui que j’avais devant les yeux depuis plus d’une heure me plaisait énormément. Comme pour tout ce que je faisais j’analyse d’abord bien ma démarche et surtout je plante le décor afin d’obtenir  le résultat optimum.

Cette fille à première vue est fragile, si on s’attarde sur son physique, j’estimais sa taille à 1,70 grand max avec une masse corporelle allant de 50 à 55 kg. En l’observant de plus près je penchais pour 50.

Seigneur ! Elle doit être maniable, j’aime ça !

Mais en la voyant avec ceux qui l’accompagnait ce soir on sentait une fille qui a de la réparti. Elle parle, rit, danse, boit et passe un bon moment.

- Toi tu as flairé un truc, me lança Franck en attirant mon attention.

Je ne sais pas si mon pote se rend compte qu’il est ridicule avec cette gamine qui se trémousse sur ses cuisses dans un snack.

- C’est quoi ton projet type ? Tu veux baiser le bébé au lait là ici ?, lui fis-je remarqué en tendant le doigt vers ce qui me semblait être une érection. 

- Justement je la garde sur mes cuisses pour dissimuler…

- Men are trash !

Franck éclata de rire. Je savais que la fidélité ne faisait pas parti du dictionnaire de mon ami mais j’aurais aimé que pudeur en face parti. Pas parce que je suis pudique mais lui parfois se comporte comme un véritable chien.

- Tu lorgne qui depuis ?, demanda-t-il en repoussant la petite qui était collée à lui depuis qu’on était arrivé ici.

- Une bombe ! Une black Queen…

Il suivit mon regard vers la banquette nichée au coin opposé de la salle bruyante du snack.

- La fille en short blanc ?, s’enquit-il. Wow, Bro tu as les yeux du renard mon frère ! Tu la ciblé quand non ?

- Elle est arrivée tout à l’heure avec ses amis !

- Tu es certain qu’elle n’est pas avec son gars ?

La question de Franck me fit sourire. Si je ne suis pas encore allez sortir cette fille de cette table c’est justement parce que je dois jauger mes capacités à dominer et influencer tous ceux qui l’entourent que sont mec soit parmi ou pas.

- Un gars m’a déjà empêché d’abattre une cible ? Je croyais que tu me connaissais mieux que ça !

- Ce n’est pas pour rien qu’on t’appelle le sniper mon frère !

- Cela dit je ne suis pas d’humeur à provoquer une bagarre donc… mais elle n’est pas avec son gars ! Si elle en a un !

- Mais tu attends donc quoi ?

Comme si la demoiselle avait entendu la question de Franck depuis sa banquette de l’autre coté de la salle elle leva les yeux et nos regards se croisèrent.

Doux Jésus ! Elle a un regard félin !

Il n’y a rien de fragile chez cette fille ! C’est un animal sauvage que je vais devoir dompter.

Instinctivement j’ai levé mon verre en lui faisant un signe de la tête pour la saluer.

- Voilà votre erreur ! Pourquoi envahir tout de suite son espace ? Elle est venue pour s’amuser, je vais lui accorder le temps nécessaire pour qu’elle profite de sa soirée et de ses amis.

Elle me répondit par un simple sourire, mais j’avais vu ses yeux pétiller, avant de détourner le regard pour me tourner vers mon pote qui nous observait subjugué par mon air détaché alors qu’il savait que je voulais cette fille.

- Quand elle sera prête je lui proposerais autre chose !

- Tu vas la ramener chez toi ?

- Franck toi tu es une cause perdue ! Je la ramène aujourd’hui pour faire quoi ? Je dois aller travailler demain tu crois que j’ai le temps de passer la nuit à baiser ?

Ma réponse le surprit.

- Si je veux me soulager je tends la main à une coco ici on va au toilette et c’est réglé, ajouté-je en buvant une gorgée de mon verre. Elle j’ai besoin d’une journée ou deux voir plus pour profiter au max ! Savourer cette peau couleur café…

Mais amis ne comprenaient toujours pas que pour moi séduire une femme ne se résumait pas à les allonger, je cherchais bien plus que ça en les abordant, je voulais les marquer, qu’une étreinte même brève reste bien gravée dans leur mémoires.

- Le lover ! Je me demande comment tu n’as pas encore croisé une go qui te pique !

- Toi tu ne veux pas mon bien mola, ai-je répondu en riant.

- Donc tu vas faire quoi là maintenant ?

Je me suis tourné vers la fille qui m’accaparait l’esprit depuis un moment et j’ai souri en la voyant se lever  pour faire aller passer une commande au niveau du bar. 

- L’ouverture mon pote !

J’ai posé mon verre et me suis levé. Je voulais qu’on arrive au bar en même temps cela fera une belle coïncidence. Quand on aborde une jeune femme dans un snack une boite de nuit, bref dans un lieu bondé, il faut toujours avoir une bonne idée de l’espace des obstacles et surtout des corps en mouvement. Parce qu’une seconde trop tard et le resultat n’est pas le même.

Une fois devant le bar j’ai interpellé le barman à la minute même où le fauve qui m’avait poussé à quitter mon siège ce soir tendait la main pour attirer son attention. Je suis un homme et surtout un habitué donc bien évidemment il se tourna d’abord vers moi.

- Oui, Eric, me répondit-il pendant que la fille faisait la moue à deux pas de moi. 

C’est vexant d’être ignoré de la sorte, mais elle ne dit rien.

- Occupe toi de la demoiselle d’abord, lui ai-je répondu. Elle a besoin d’un truc que je ne peux pas lui offrir !

Elle tourna la tête vers moi et nota ma présence ! Encore ce pétillement dans le regard. Celle fille risque de vite allumer le feu qui dort encore en moi.

- Vous avez besoin de quoi ? demandé-je en me rapprochant d’elle.

Je parlais assez fort pour que ma voix couvre un minimum la musique, tout en ayant une voix grave pour créer un effet frisson chez elle. 

Elle me força un sourire et se tourna vers le barman.

- Une chicha pour quatre, autant de saveurs…

Le barman ne bougea pas puisqu’en réalité il attendait que moi je commande, il l’a fixa et puis se tourna vers moi, d’un geste de la tête j’ai acquiescé pour qu’il s’occupe d’elle.

- Sérieux ?, demanda-t-elle. Il faut qu’il accepte pour…

- Ne prenez pas pour vous ! Je suis arrivé en premier donc techniquement c’est moi qu’il devrait servir en premier…

- Vous n’étiez pas ici avant moi, vous m’avez juste coupé la parole quand je voulais passer ma commande, fit-elle.

- Normale, on ne fait pas le rang ici alors si’ j’arrive et que je parle le premier je commande le premier… 

Elle eut un rictus, le coin de ses yeux se plissèrent, elle sait exactement ce que je suis en train de faire, mais elle ne recule pas donc ça ne la dérange pas plus que ça.

- Vous ne fumez pas ?

- Pardon ?, fit-elle en levant les yeux sur moi, m’accordant le privilège de voir encore ses yeux noirs.

- La chicha, vous avez dit pour 4 donc vous ne fumez pas, pourquoi ?

Ma question semblait la surprendre.

- Comment vous savez que je ne fume pas ?

- Vous ne trépignez pas sur place en attendant comme les accros de chicha le font en générale !

Elle baissa les yeux pour s’observer, j’adore quand une femme baisse la tête pour constater par ses propres yeux son capital séducteur, même si j’utilise des subterfuges pour la pousser à le faire.

Elle relava la tête et me sourit, un sourire plus candide cette fois.

- Non je ne fume pas !

- Mais vous dansez super bien, avec des jambes comme celle là vous devez être une bête sur la piste, surtout sur un zouk…

Elle éclata de rire !

- Le zouk ? Qui danse le zouk en 2019 ?, demanda-t-elle sans arrêter de rire. 

Les belles femmes savent parler en riant sans que cela ne donne l’envie de l’étrangler.

- Moi… Je danse le zouk ma belle ! Et si le Dj met du zouk tout à l’heure je viens vous chercher pour un tour sur la piste !

Ce n’était pas une question c’était une affirmation, une déclaration et elle ne rechigna pas.

- Miss ta chicha, fit le barman qui venait de revenir vers nous. Eric je te sers quoi ?

Dernier regard vers la jeune femme qui s’éloignait doucement avec sa chicha.

- A tout à l’heure ma belle ! De l’eau pour mon pote… 1,5 litre !