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Write by anomandaris
"J'avoue que je ne m'attendais pas à ce que Malachi utilise des pièges un jour. C'était ton idée, je suppose ?
— Je n'ai rien fait ce soir-là", me défendis-je, éludant sa question. "C'est Yrdho qui nous a demandé de l'accompagner chez vous, puisqu'il ne pouvait pas désamorcer vos protections magiques. Il voulait juste quelques écailles de sirène, et c'est Orck qui a voulu…"
Bethpeor lança un sort en quelques gestes fluides de ses doigts. L'index tendu, une lance de glace y poussa, et en un battement de cœur me perfora la clavicule droite. Je criai, geignit, puis serrai les lèvres pour garder ma dignité. Bethpeor avait les yeux mi-clos, son crâne ras levé.
"Ne te fatigue pas, mon cher Shansim. Orck m'a tout expliqué."
La lassitude d'un spectateur assistant à une énième répétition de récital chargeait ses traits d'une gravité inquiétante. Je sus alors qu'Orck avait déjà dû tout lui raconter, le soir où il vint le tuer chez lui, cinq jours plus tôt. Orck était peut-être le meilleur élève de notre promotion ‒ je le talonnais de près ‒, mais pour garder un secret, il était une vraie passoire. Voilà pourquoi, dès le jour où on retrouva son corps noyé dans sa chambre, je conseillai à Yrdho de raconter la vérité sur la soudaine disparition de Bethpeor, un mois plus tôt, ainsi que celle de son épouse, la sirène Phytria. Jusque-là, Yrdho II, le père de mon ami Yrdho III, pensait que son mage était parti en voyage improvisé en Lidurie, la patrie d'origine de Phytria, terre des sirènes au sud d'Eresia. Seuls Yrdho, Orck et moi savions que Phytria était morte ce soir-là. Un accident. Yrdho l'avait poussé un peu trop fort, une fois qu'elle nous entendit dans sa chambre. Sa tête heurta le bord de sa table de chevet, et elle ne se releva plus. J'essayai les quelques sorts de nécromancie que je connaissais, aidé d'Orck. Aucun ne fonctionna, sans doute parce qu'elle n'était pas humaine. Yrdho et Orck en vinrent aux mains ‒ c'était Orck qui avait voulu contempler la seule sirène vivant à Eresia dans sa chambre conjugale, toute nue ‒, et j'eus toutes les peines du monde à empêcher que les choses dégénèrent. On se jura de ne rien raconter de cette équipée nocturne à quiconque. Le lendemain, Bethpeor rentrait de sa mission royale. Trouvait sa maison sans défenses, ainsi que le corps de son épouse. Plus personne ne les revit depuis ce jour-là.
Fin de la partie 2