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Write by Lilly Rose AGNOURET
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La semaine passe très vite.
J'ai que la tête dans les nuages tellement je pense au week-end. Dieu, qu'est
ce qui va se passer là-bas à Libreville? Moi qui vais parfois passer les
vacances là-bas chez, l'oncle Alexandre, le frère aîné de maman, qui habite à
Owendo, me voilà qui vais maintenant pour nous. Et ils occuperont la chambre
juste à côté. Comme par hasard, les deux chambres sont communicantes. Bref, je
vais voir la vie en mieux ce week-end. La fille d'e Magloire Akendengue aura
des étoiles dans les yeux. Je vais tenter de faire la fille qui connaît, oh!
Faut pas qu'on me prenne pour la maboule qu'on a sortie de son trou. C'est pas
parce que je vis au quartier Château d'eau à Port-Gentil que je dois jouer à la
broussarde. On regarde tous la télé, alors, je vais faire comme si je n'étais
pas impressionnée.
Mais bon, si les choses là-bas
me dépassent, je serai obligée d'appeler ma mère ou ma combi Jileska pour leur
raconter des choses et avoir des conseils.
Pour l'instant, le prof de
français nous fatigue avec ses histoires de romans gabonais qu'on doit
"absolument lire" pour notre propre culture. On dirait qu'il est
copain avec tous les écrivains gabonais là, dont il parle. Parce que façon, il
nous demande d'acheter les livres là! Aujourd'hui, il est "émerveillé"
par la plume d'un certain Hallnaut Engouang, qui a écrit le roman dont le titre
est LES VEUVES. Il n'arrête pas de nous bassiner avec cette histoire et répète
que vraiment ce roman "est de bonne facture". Yooo!!!!! Heureusement
qu'il est professeur de français parce qu'on pourrait croire qu'il se shoote
avant d'arriver en classe; donc, comme ça, on doit "absolument"
acheter ce livre qui coûte 12mille francs! Là, Prudence, la tête brûlée de la
classe, lance:
"Ah! Monsieur! Les poches
sont vides oh! La littérature gabonaise, aussi, ça coûte cher, hein!"
"Mais, mlle Matsanga, les
baskets que vous portez aux pieds coûtent 5 fois plus cher que ce livre!
Pourtant, vous les avez achetés."
"Mais, monsieur, c'est
pour le swagg! Dites-moi qui va être épaté parce que j'ai acheté ce roman-là!
Personne."
"Ne vous faites pas plus
bête que vous ne l'êtes, mlle Matsanga. Je vous signale que vous pouvez tomber
sur un texte gabonais le jour du bac."
"Aka! Ça va faire mal
monsieur. Parce que la façon dont vous avez parlé du style de ce romancier-là,
on est foutu! Où est-ce qu'on va trouver le même vocabulaire que vous pour
réussir notre commentaire composé."
"Chère mlle Matsanga, et
vous tous ici dans cette classe : éteignez votre télévision. Arrêtez de
regarder Novelas TV et Nollywood Tv. Et allumez vos cerveaux en lisant LES
VEUVES ou encore LA NUIT SERA LONGUE ou encore MA MÈRE SE CACHAIT POUR PLEURER.
Tenez, voilà un livre qui devra vous occupez ce week-end. Prudence Matsanga,
Jileska Obame Ndong et Gaëlle Azizet et Fidolin Malekou, vous avez une semaine
pour nous préparer une fiche de lecture sur ce livre. Il s'agit de ce petit
livre très sympathique dont le titre est LES DOUX MURMURES DE MON ENFANCE. Vous
allez vous régaler. Avant de rêver d'aller à l'étranger, vous êtes priés de
consommer gabonais. Vous aimez les feuilles de manioc et l'odika; vous aimerez
lire vos compatriotes. Car charité bien ordonnée commence par soit même."
"Mais monsieur, moi
j'aime pas trop la charité. Je ne suis pas une mendiante."
"Très drôle mlle
Matsanga. Vous avez beaucoup d'humour. Alors, faites-nous rire mercredi
prochain en nous présentant ce livre."
"Vous êtes dur en
affaire, monsieur."
"N'aggravez pas votre
cas, mlle Matsanga."
Le cours continue dans cette
humeur bon enfant. Jileska n'arrête pas de raconter sa vie à Jacques, son
voisin de table. Moi, j'ai la tête dans les nuages. Vivement le week-end.
A la sortie des cours, les
filles me disent qu'elles passent le soir même à la maison. Nous allons
travailler ensemble. Jacques et Fidolin s'ajoutent dans le lot. C'est ok pour
moi. Je sais que maman n'y verrai pas d'inconvénient.
"Donc, je vous attends à
18 heures chez moi.", fais-je en quittant le groupe.
Je me dépêche. J'ai
l'intention d'aller me perdre à MTK (friperie), pour trouver la robe qu'il me
faut pour le dîner de mon anniversaire, samedi. Ça me laisse le temps de l'a lavé
et la repasser de sorte qu'elle soit impeccable samedi. Faut pas vous moquer de
nous autres. C'est à MTK que je vais mourir pour acheter tous ces vêtements que
les amies de Miro (les petites tissmées du Lycée Victor Hugo), on le courage de
m'envier ! Vraiment... Ce sont elles qui vont en France et c'est moi qui est le
swagg lors de leurs petites sorties !
J'arrive rapidement à la
maison et je me change. Quand je sors avec l'intention d'aller rapidement au
marché, maman et Pupuce arrive. Elles font une tête enterrement.
"C'est comment ! Qui est mort
?", suis obligée de demander.
Maman me regarde dubitative.
Pupuce me regarde comme si j'étais transparente.
"Mais, dites ce qui se passe
!"
Là, maman, se tient la tête
comme si elle devenait trop lourde et m'annonce :
"Ta sœur attend deux
bébés au lieu d'un."
"Tu t'imagines, Tania.
Deux bébés. Comment vont-ils sortir de mon ventre ?"
"Ne dis pas de bêtises,
Pupuce. Vas te reposer plutôt."
Ma sœur s'en va en se parlant
à elle-même. Moi, je suis tellement sonnée par la nouvelle que je suis obligée
de rire.
"Maman, dis-moi que c'est
une blague."
"On ne blague pas avec
ces choses-là, chérie !"
"Yo! Vraiment Dieu
réellement le sens de l'humour. L'accouchement, c'est dans un mois et c'est
maintenant qu'on apprend la présence de ce deuxième bébé!!!"
"Pardon, j'ai mal à la
tête. Je vais me reposer."
Je reste là au salon, n'en
croyant toujours pas mes oreilles ! Me voilà maintenant assise dans le canapé.
Je me rends compte que la vie de quelqu'un peut changer du tout au tout, en un
clin d’œil.