24- Les couleurs de nos amours

Write by lpbk

Je marche à moitié nue dans le couloir, mon téléphone à l’oreille.

« J’y travaille. »

« Je te fais confiance Nowa ! Tu sais que c’est trop important pour moi. »

A qui le dis-tu ? Je sais surtout que tu serais prête à me faire enfermer pour tes cartons.

« Je sais. »

« Au fait ! »

« Oui ? »

« Maman m’a dit ! »

Tiens donc ? Je m’en doutais qu’elle avait dû te faire un rapport ultra détaillé de ce déjeuner comme les autres chez les NYANE.

« Quoi donc ? »

Je préfère jouer à l’ignorante.

« Aïe ! »

Rudy vient de me donner une tape sur les fesses. Il est fou ! J’éloigne le téléphone.

« C’est ma sœur ! »

Il sourit.

« Tu es là ? »

« Oui ! »

« Alors comme ça tu as un petit-ami. Je le savais ! J’en étais sûre même. »

« Oui, il parait que j’en ai un. Un peu comme toutes les jeunes femmes de mon âge. »

« C’est bien ça le truc ! Tu n’es pas comme les autres. »

« Je sais mais voilà, il s’en fiche. Et pour dire vrai moi aussi je commence à m’en foutre pas mal de cet aspect de ma vie. Il m’aime tout court, il ne m’aime pas blanc noir tu comprends ? »

« Hummm… Et tu es sûre que c’est un gars bien ? »

« Ce n’est pas un gars ! C’est un homme. Comment tu sais si ton fiancé est un homme bien ? »

« Je vois ! Il faut que je te laisse, il est là le fiancé en question. »

Je commençais à en avoir marre de cette conversation.

« Passe-lui le bonsoir. Bisous ! »

Quand quelque chose me concerne, tout le monde est très vite mis au courant. Ce n’est pas plus mal aussi. Je suis sûre que dans leur tête, ils se posent mille et une questions. Ils auront bien l’occasion de rencontrer Rudy. Et je suis sûre que tout le monde va craquer. Pour le moment, il faut que je lui annonce que je ne suis plus si sûre que ce soit une superbe idée de s’installer ensemble. Il va piquer une crise c’est sûr.

 

Rudy EYA

Ce soir, j’ai sorti le grand jeu. Diner en amoureux.

J’espère juste que cette fois-ci on ne finira pas dans les toilettes pour femmes.

« Tu étais là la bouche en sucre à vouloir faire des plans alors que tu te rachetais juste une bonne conscience. » Cette phrase refuse de quitter mon esprit. Je secoue ma tête.

« Je te promets que ce soir il n’y aura pas de petite boite rouge. Donc pas de panique. »

Elle se cache le visage derrière ses mains.

« Ohhhh… »

« Je te taquine ! »

Ce soir je me contente de l’eau. Je la regarde manger et tremper ses lèvres dans son verre. Nowa c’est un mélange d’exotisme, de sensualité, de rock. Elle a cet air enfantin quand elle veut et quelques fois c’est une tueuse. Je sais que tôt ou tard, je devrais affronter ce côté que je déteste chez elle.

« J’ai quelque chose à te dire. », me dit-elle.

Elle a l’air sérieuse. Trop sérieuse.

« Ne fais pas cette tête ! Je ne vais pas t’annoncer que je suis enceinte. »

Humm… tout à l’heure en entrant, nous sommes tombés sur une femme enceinte avec son mari. Je vous assure quand tu caches quelque chose c’est à ce moment que tout te semble y faire allusion.

Je fais semblant de rire. Pourvu qu’elle ne se rende pas compte du malaise.

« Je t’écoute. »

« Tu me promets de ne pas t’énerver. De ne pas en faire un drame. »

« Vas-y. »

« Promets ! »

« Nowa ! Je ne peux pas te faire une promesse dont je ne connais pas les enjeux. »

« Si ! Tu es certain que je ne parle pas de t’assassiner quand même. »

« Hummm… Tu as gagné ! Je te le promets. »

Elle prend une grosse inspiration avant de commencer.

« Tu sais que je t’aime ! »

« Je sais que tu m’aimes ! »

« Je n’ai que 25 ans et je suis dans une période de ma vie où je dois me fixer de grands objectifs. Une période où je dois repousser mes limites le plus loin possible. Tu sais que je n’ai pas de boulot pour le moment et ça me stresse énormément. Et maintenant qu’entre toi et moi, les choses vont bien… un peu trop bien même j’ai comme l’impressions que … »

Je ne comprends toujours pas où elle veut en venir.

« Bébé, tu peux me dire ce que tu as à me dire ? Je ne vais pas t’en vouloir. »

Elle souffle. Ferme les yeux très forts.

« Je ne suis plus sûre de vouloir vivre avec toi. »

Fracture !

« Je suis désolée. », ajoute-t-elle.

« Ouvre les yeux Nowa ! »

Comme d’habitude, il faut faire couler beaucoup de salive.

« Tu veux bien m’expliquer ? »

« Hummm… Je n’ai pas envie d’être une femme entretenue. »

« Mais de quoi tu parles ? »

« Qu’est-ce que je ferai de mes journées bébé ? Je rêve d’exercer ma passion, d’en vivre, de … »

« Et tu ne rêves pas de vivre avec moi ! »

Elle ne dit rien.

« Je n’ai pas dit ça ! Je dis juste que … »

« J’ai compris ! »

Elle ouvre grand les yeux.

« Compris compris ? Ou compris de je suis déçu ? »

« Compris compris mon cœur. »

Elle soupire. Vide son verre de vin.

« Tu vois je n’ai pas gueulé. »

« Euh oui, je vois ! Et je me demande bien pourquoi ? »

« Parce que j’ai compris. »

Je pense que le moment n’est pas propice à cette idée de vivre ensemble. C’est peut-être pour ça que je ne crie pas. Il vaudrait mieux que je règle vite cette histoire de grossesse avant de penser à un plan à deux entre elle et moi. C’est ma mère qui va être heureuse. Elle a toujours voulu des petits-enfants et là, elle en aura deux. Qu’est-ce qui va se passer ?

« On va continuer à se voir comme maintenant. »

« Oui ! »

« Merci de ne pas avoir crié. »

Encore une nuit blanche qui s’annonce. Et Tina qui ne m’a pas rappelé. Elle joue avec moi ? Je lui envoie un message avant de me coucher. J’en envoie un à Calvin également.

« J’ai besoin de toi. Comme quand nous étions en CP. »

 

Nowa NYANE

« Du coup, il se passe quoi entre vous ? », me demande Georgette en passant le fer sur me cheveux.

« Du coup on ne va pas vivre ensemble. Du moins pas maintenant. »

« Et il l’a bien pris ! Bizarre. »

« Même pas ! Il n’est juste pas pressé. »

« Moi je continue de demander pourquoi il a dégommé Calvin ? », demande Iris.

« Arrête un peu d’être si sensible Iris ! Ils sont potes et carrément frères c’est normal qu’ils se donnent des coups de temps en temps. »

Elle me regarde l’air de dire « ça se voit que ce n’est pas ton mec qui a dû se balader avec des pansements » et finalement elle dit.

« Toi et moi nous sommes meilleures amies, cousines et sœurs et d’aussi longtemps que je me souvienne la dernière fois que nous nous sommes battues, nous avions 12 ans. On ne se bat pas à 28 ans pour le plaisir ou pour un rien. »

Sur ce point, elle n’a pas tort. Mais vu que ni l’un ni l’autre ne veut dire quoique ce soit, je suggère que nous leur fichions la paix.

« Mais j’y peux rien si entre eux c’est l’omerta ! », dis-je.

« Tu pourrais insister auprès de Rudy. »

« OK ! Je vais ENCORE l’interroger. »

« Merci ! »

Donc ce soir, je vais encore saouler mon mec avec des questions stupides. Ils se sont cognés et alors ? D’autant plus que tout est vite rentré dans l’ordre entre eux deux. Qu’est-ce qu’elle veut aller chercher des poux où il y en n’a pas ?

« Georgette, tu peux te dépêcher ? Je dois voir ma mère tout à l’heure. »

Elle pousse ma tête devant.

« Je vais me plaindre à ta patronne tu verras. »

« Tu rencontres tante Moëra pourquoi ? »

« Sinon c’est ma mère. »

« LOL ! », fait Iris.

« Je te jure ! », répondis-je.

C’est vrai en plus Moëra c’est ma mère mais à chaque fois qu’elle m’appelle je me frotte les yeux pour être sûre de ne pas être en train de rêver. Ce matin donc, quand je me suis réveillée, j’ai trouvé un message d’elle. J’ai d’abord cru défaillir en prenant connaissance dudit message.

En pénétrant dans cette boutique, je ne sais pas à quoi m’attendre. J’espère juste qu’elle ne me fera une scène ici. Sinon c’est elle qui risque d’avoir honte. Je marche sereinement jusqu’à elle.

« Bonsoir maman. »

« Nowa ! »

Really ? Elle sourit ? Avec moi ou avec un fantôme ?

On se fait la bise.

« Désolée, j’étais chez la coiffeuse. »

Elle me regarde un moment.

« Je te préfère avec les cheveux longs … »

« Je sais mais voilà ce sont mes cheve… »

« Et pourtant je te trouve de plus en plus jolie avec tes cheveux courts. »

Elle a sniffé quoi ma mère ? Je m’excuse prétextant une envie pressante. Dans les toilettes, je reste un moment devant la glace. On ne sait jamais peut-être un ange a passé un coup de pinceau sur mon visage.

« Mais non, tout est pareil ! Mon nez, ma bouche, mon énorme front comme un stade de foot. Bref tout est pareil. Hmmm. »

Je ressors perplexe. Elle est en plein essayage de chaussures. Elle en a déjà des centaines et devinez qui les lui pique ? Tina ! Parce que moi je fais un minuscule 37 et qu’elles deux font du 39. La vie est cruelle avec les petits gens !

« Comment tu la trouves ? »

« Elle te fait une belle jambe. »

Elle se met à rire. Mais un rire vrai. Sincère. Mon portable sonne et je préfère m’éloigner.

« Allo ! »

« Oui bébé ! Je ne pourrai pas passer te prendre tout à l’heure. Un rendez-vous de dernière minute. Je suis navré. »

« Mais je te l’ai déjà dit, tu peux bosser même les dimanches tant que c’est pour mon diamant. »

« Et elle dit qu’elle ne veut pas être entretenue. »

« Je veux être chérie c’est différent. »

« Tu as raison ! C’est différent mon cœur. Je t’aime. »

« Moi aussi. »

C’est tellement bon d’aimer. Je me tourne et je regarde maman. Je soupire en la rejoignant. Elle lève les yeux sur moi et sourit.

« C’était lui je suppose ? »

« Tu parles de qui ? »

« De ton petit ami. Alors c’était lui ? »

« Maman ! Je t’ai déjà dit … »

« Je veux juste savoir Nowa. Parce que tu es ma fille. »

Je suis quoi ? Et depuis quand tu sais que je suis ta fille madame ? Ca me sidère cette attitude ? Si elle est amnésique moi je ne le suis pas. Je n’ai rien oublié de tout ce qu’elle m’a fait vivre ou encore de ce qu’elle ne m’a pas laissé vivre.

« Ah oui ?! »

« Nowa ! »

« Maman, je dois y aller. »

Je tourne mes talons et voilà, je sors de cette fichue boutique énervée. Je savais pertinemment que ça allait mal finir. OK ! Ce n’est pas mal fini mais si elle est atteint d’un cancer il vaut mieux qu’elle me fasse un message pour me l’annoncer au lieu que du jour au lendemain, elle joue les mamans aimantes et attentionnées. Il faut que je le lui dise. Je retourne sur mes pas. Quand elle me voit arriver, elle sourit à nouveau. Erreur fatale comme le dit mon cher Rudy.

« Tu sais quoi maman, ça ne te va pas le rôle de la maman à la petite Nowa. Tu ne l’as jamais assumé donc s’il te plait attends le carton d’invitation pour le mariage si jamais mariage il y aura pour moi. »

Je prends la porte. Je me sens nettement mieux. Je vais aller directement chez Rudy. J’ai envie de tout casser. C’est mieux que je casse tout chez lui. Lui il a encore un boulot.

 

Je suis verte de rage quand j’arrive. Mais je n’ai pas le cœur à lui fracasser son plasma. Quoiqu’il sera obligé de me pardonner.

Je vais appeler Iris, ça me calmera.

« Alors ? Tu lui a demandé ? »

Oh cell-là me fatigue déjà avec cette histoire de bagarre. Si elle continue, les coups de poing c’est elle qui les sentira passer.

« Pas encore ! »

« Pffff… »

Mais c’est quoi ce cinéma ? Ma meilleure amie veut me prendre la tête.

« Iris je ne suis pas leur mère non plus. Je te laisse. Ciao ! »

Je crois que je vais me faire un film.

Je me lance à la recherche du disque dur. Et bien sûr c’est sans succès. Je suis la reine de la poisse je crois.

« Arrrggghh… »

Je décide d’appeler Rudy pour lui demander où est-ce qu’il l’a rangé cette boite d’électronique. Directement sur la messagerie. Nouvel essai. Même résultat.

« Arrrggghh… »

Ma vie ! C’est à se tirer une balle. Pas une de petit calibre non. Une bien grosse.

Et là, je repense à ce gars. Comment est-ce qu’il s’appelait déjà ? J’ai complètement oublié. Je pourrai passer chez lui pour me changer les idées. Il m’a eu l’air sympa.

J’attrape les clés et me voilà dans l’ascenseur en route pour le 7ème.

« Et s’il était avec sa petite chérie ? »

« Et s’il était avec des amis ? »

« Et ma tenue ? Correcte ou pas correcte ? »

« Bon, je m’en fiche ! C’est juste pour causer, passer le temps en attendant Rudy. »

J’arrive au 7ème. Deux appartements ! Ça commence bien. Je sonne où ? 7A ? 7B ?

Je me lance. 7A. J’ai toujours eu des A en classe.

Ding dong

 

Rudy EYA

« Bonne soirée monsieur. »

« Bonne soirée Clément. », répondis-je.

Je regarde l’heure. 18h27. Encore une trentaine de minute.

Je les passe sur internet à faire des recherches sur la grossesse.

Comment ça se fait qu’en 3 ans, avec 3 à 4 séances par semaines elle ne soit jamais tombée enceinte et là, curieusement quand je décide de la lâcher, elle se retrouve en cloque. C’était une seule fois. Bon sang ! Le sort s’acharne contre moi ou quoi ? Tina… Hummm.

J’arrête mon ordinateur à 19h03. Je suis le dernier. Je ferme tout et je sors.

Il fait chaud. J’ai l’impression que l’enfer se rapproche de moi.

Je vais marcher jusqu’au café. Je vais en profiter pour m’oxygéner le cervelet.

Vers 13h, Tina m’a contacté. Nous avons donc rendez-vous tout à l’heure pour discuter. J’espère qu’elle me dira que c’était une blague ou même une fausse alerte. Au stade où je suis, je suis prendrai n’importe quoi comme excuse. Pourvu que je ne me sois pas reproduit. J’arrive au lounge.

Ambiance piano… du jazz qui caresse mes oreilles.

Je la repère vite dans un coin. C’est tout Tina ça. Les jambes croisées, le dos bien droit, les cheveux noués en queue de cheval. Je souffle et je vais la rejoindre.

« Bonsoir », lance-t-elle.

« Bonsoir. », répondis-je en m’asseyant.

Elle commande un second verre de limonade.

« Tu vas bien ? », dis-je.

« Oui et toi ? »

Parce que ça ne se voit pas que je ne vais pas bien ?

« Tu es sérieuse ? Tu veux vraiment savoir comment je vais ? »

« Pourquoi tu es comme ça Rudy ? »

« Comment ? »

Elle soupire. Le serveur passe pour demander si j’ai besoin de quelque chose et je lui crie non. Bon sang je ne suis pas obligé de boire.

« Le contrat était simple Tina ! Je pensais que tu étais d’accord. Il n’y avait rien de plus que du sexe. »

« Rudy … »

« Ne dis rien ! Tu te pointes aujourd’hui et tu me dis que tu es amoureuse de moi. C’est quasiment irréel vu que tu es fiancé à un autre avec qui soit dit en passant tu dois aussi coucher. Tu peux m’expliquer comment tu fais pour savoir si ce gosse est de moi. Parce que moi, je suis perdu. »

« Tu penses que j’ai programmé être amoureuse de toi ? »

Je prends ma tête entre mes mains.

« Je n’en sais rien Tina. Tout ce que je sais c’est que cette histoire de grossesse si elle est vraie vient carrément saboter mes plans. Et puis je pensais que tu prenais la pilule et tout le reste. »

Elle vide son verre. Se met debout, attrape son sac et décide de s’en aller. Elle pense vraiment que c’est le moment de jouer à se croire dans une grand film ?

Je laisse un billet sur la table et me voici en train de courir pour la rattraper dans la rue.

« Tina ! Tina ! »

Je suis là dans la rue à crier comme un con pour un putain de plan cul.

« Quoi ? Tu penses que tu es le seul à avoir des plans ? Tu penses que tu es le seul à avoir une réalité à affronter ? Je suis fiancé et il va falloir que je trouve un moyen de lui avouer tout. »

Hummm…

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