Elikem Perla Xena Akueson 

Depuis qu’on a échangé nos numéros, Ray et moi on a pas cessé de s’écrire. Disons que la fièvre a un peu baissé à mon niveau aussi. Derrière l’écran je suis plus moi, plus  drôle si je me fies à ses dires. Aujourd’hui nous avons notre premier rendez-vous. Et Océane veut absolument me coacher pour. Elle a demandé que j’appelle dès mon retour d’école quelque soit l’heure à son niveau. J’ai mis mes choix sur le lit avant de le faire parce qu’Océane est pire que moi en matière de choix. Plus il y’a du stock plus elle est indécise. J’appelle quand tout est prêt. 

Elikem: t’es où là madame? 

Océane: je suis à cinq minutes de marche  de Macy’s. 

Elikem: tu n’étais pas chez JC Penney il y’a juste quatre jours? 

Océane: Yup, elle réplique joyeusement 

Elikem: à cette allure tu vas tellement remplir ton appartement que je vais dormir sur le sol 

Océane: lol je t’assure que mon studio est grand. 

Elikem: le grand de New York c’est le mini d’ici et on connaît ta tendance à dégainer ta carte pour acheter. 

Océane: tu verras à ton arrivée. Papa m’a  trouvé un petit bijou à Inwood ici pour pas cher comparé à ce qui se fait dans le coin. Ce n’est pas pour rien que mon coloc se bat pour céder son bail à quelqu’un juste pour ses trois mois de stage qu’il va faire sur la côte ouest. Il sait qu’il ne trouvera pas facilement ce qu’on a. Bref tu me distrais même. Montre ton armoire 

Elikem: ah non. Tout est déjà prêt, je dis en changeant le capteur pour qu’elle voit mes choix sur le lit

Océane: un jean? Qui met un jean pour un rdv? 

Elikem: heu jean ce n’est pas un habit? 

Océane: un habit régulier Elikem. Et ce n’est pas à son premier rdv qu’il faut être régulier. Tu dois marquer le coup 

Elikem: je ne vais pas mettre une robe de soirée non plus

Océane: pfff qui a demandé ça? Montre ton armoire on va quitter ici.

Elikem: toi vraiment tu me déranges, je soupire tout en m’exécutant 

Je suis habillée quelques instants plus tard. On a coupé la poire en deux. Je déteste être inconfortable ou saucissonnée dans mes vêtements au nom de la mode donc j’ai opté pour un legging puisque apparemment mon jean noir n’était pas assez in pour la miss. Elle a choisi mon haut, un petit pull crop. J’ai rajouté une perruque parce que je traînais des vieilles nattes sous mes bonnets pour l’école. J’arrive dans mon salon et crie quand je tombe sur un Romelio qui crie en retour. Il est assis confortablement avec ma bouffe.

Elikem: c’est ma bouffe de la semaine tripe andouille! Je gueule après lui avoir retiré avec force le bol des mains 

Ses joues sont tellement remplies de nouilles que je ne comprends rien de ce qu’il marmonne. 

-Elikem tu es encore là? Océane demande depuis mon téléphone que j’avais laissé sur la table quand j’ai vu Romelio. 

Je dépose le bol et cours le prendre. 

Elikem: Oui oui. Je....heuh.....

Océane: Salut Romelio 

Elio: salut, il réplique sur un ton détaché après avoir fini son immense verre d’eau.

Océane: je...Perla, je vais aller faire mes achats. Texte moi quand tu finis ton rendez-vous. Bye, elle s’empresse de dire puis raccroche avant même que j’ai pu répondre. 

Je soupire et retire à Romelio la banane qu’il a pris de mon panier à fruits.

Elio: faut avoir pitié je n’ai pas mangé depuis ce matin.

Elikem: de un on fait les courses ensemble donc comment tu n’as jamais de bouffe chez toi je ne comprends pas. De deux tu vas vraiment me dire que tu as oublié Océane? C’est quel genre de goumin tu as depuis trois ans et ça ne finit pas? On va avoir 20 ans quand même.

Il se prend une autre banane, s’installe et croise ses pieds tout en l’épluchant

Elio: de un c’est l’hiver et la vie est stressante donc je dois manger pour aller bien. De deux c’est ton papa qui t’a dit que j’avais goumin? 

Elikem: donc tous les je t’aime que tu lui donnais se sont évaporés à cause d’une erreur? 

Elio: elle m’a réveillé à temps par son geste. Celle que j’aimais n’était pas l’égoïste qui n’a pas hésité à préparer tout un voyage sans me glisser un mot 

Elikem: Mais Elle a dit que.....

Elio: blabla je sais ce qu‘elle a dit. Sauf qu’elle a supposé que je l’aurais dénoncé à sa mère. Elle ne m’a pas donné l’occasion de me prouver. Et tu me connais Elikem. Je suis tout ce que tu veux mais un cafteur non. Jamais. Elle aussi devait savoir ça normalement parce que j’ai gardé pour moi pas mal de choses qu’on a partagé donc non. Elle m’a piétiné en agissant ainsi et je ne vais pas être avec quelqu’un qui m’a piétiné. 

Elikem: ok elle est tout ça je ne refuse pas mais comment te prouver qu’elle a mûri si tu ne lui donnes pas une autre chance?

Elio: mais qui vous a dit que j’ai besoin qu’elle me prouve quelque chose? La première année oui j’étais rempli de conflits mais ça va maintenant. Si c’est ce qu’elle te dit, rassure là que je ne suis pas entrain de la soumettre à un test imaginaire. Elle est vraiment libre de vivre sa vie. En plus j’ai fréquenté d’autres depuis et j’en fréquente une actuellement 

Elikem: haa....

Elio: non je ne te dirai pas qui c’est. Et pour en revenir au plus important toi miss, tu vas me faire le plaisir de te détendre, il commence à dire tout en lissant des faux plis sur mon pull, ne pas parler trop vite, écouter ce que le gars te dit et surtout! SurTOUT! Tu ne sors pas mon prénom au l deux trois phrases

Elikem: tchip comme si je....

Elio: on se connait hein. Tu ne peux pas te passer de mon prénom. C’est ta mélodie favorite. Combien de fois tonton Eli et tata Belle entendent Romelio est trop con, Elio me doit de l’argent et il se permet de porter des nouvelles baskets, Quel chef pardon maman tchip! Un plaisantin comme ça. 

Elikem: c’est toi qui trouve sans cesse le

moyen de te faufiler dans mes conversations, je réponds avec un peu de mauvaise foi. J’ignorais que je parlais autant de lui mais maintenant que j’y pense c’est probablement son nom que je dis le plus.

Elio: lol mais oui. Je t’ai prévenu en tout cas. Je ne veux pas brusquement me réveiller avec l’éléphantiasis sur un pied parce que le frère nigérian me voit comme son rival. 

Elikem: regarde un congolais qui fait dans les préjugés alors qu’on vous connaît hein. Ne me fais pas déballer votre part ni arriver sur le lot des togolais. 

Elio: pardon quand tu as une alliance puissante comme le Nigeria et Bénin en face, tu ne peux pas dormir sur tes lauriers. Prévenir vaut mieux que guérir.

Elikem: pfff pourtant c’est là-bas que tu m’as envoyé. 

Elio: lol aujourd’hui c’est moi qui t’ait envoyé là? Le type ne faisait pas déjà fondre tes petites culottes juste avec un bonjour? 

Elikem: Oust, je dis en le prenant par les épaules pour le sortir 

Elio: ne vas pas faire la gourmande là-bas avec la bouche du gars et.....

J’avais déjà fermé la porte sur son nez. Je ne comprends vraiment pas les choses du destin. Me coller avec un lourdaud comme ça pour que j’aille où? Ce n’est pas aujourd’hui que j’aurai réponse à cette question donc mieux je vais prendre mon bus.

Pour ce premier rdv, Ray a proposé plusieurs options et j’ai préféré le cinéma. Le film aidant je ne vais pas me retrouver à trop parler, ce qui m’arrive souvent avec lui, du moins de ce que j’ai remarqué. Comme convenu nous nous sommes retrouvés devant le mégarama. Je m’attendais à avoir de l’avance mais il était déjà sur place. Nous avons choisi notre film. Il a insisté pour payer mon popcorn et nous avons regagné la salle, lui en avant et dans ses mains nos boissons tandis que j’avais les sacs de popcorn. Le gars vide d’un trait 1 L d’eau dès qu’on s’assoit. 

Elikem: eh bien, on t’avait refusé l’eau toute la journée ou tu as jeûné? 

Ray: Bilal ne s’est pas pointé aujourd’hui au shop donc j’ai dû assurer seul et la file n’a pas cessé jusqu’à la fermeture. À un moment j’ai cru que j’allais manquer notre rdv. 

Elikem: oh donc tu viens directement du shop? 

Ray: non j’ai quand même fait un tour à la maison pour me rendre présentable pour toi, il réplique en me faisant un clin d’œil qui ramène les bêtises de chocolat fondant dans mon ventre. Les bêtises je dis. 

Elikem: heum....je n’allais pas me fâcher si tu m’avais expliqué tu sais. Déjà que je sais même pas comment tu fais pour travailler dans deux endroits et tout ça en troisième année de licence en biologie. 

Ray: venant de la fille qui est en troisième année de médecine, je le prends comme un compliment. 

Elikem: lol, je.....merci. 

Il me regarde un moment et pouffe de rire. Je lui demande donc si j’ai quelque chose sur la face. 

Ray: c’est plutôt ta personnalité qui m’amuse tellement je n’arrive pas à la déchiffrer jusqu’à présent. Là par exemple je m’attendais à ce que tu me sortes sur un ton gêné un “oh arrête, je ne suis pas une intello”. 

Elikem: pourquoi? Je demande mi amusée mi confuse 

Ray: parce que tu sembles souvent gênée quand je te fais des compliments. 

Elikem: oh ça ce n’est pas un compliment. Rom....je veux dire qu’on me le dit depuis que je suis au collège. 

Ray: crâneuse va, il réplique sur un ton moqueur 

Elikem: lol j’accepte hein. À chacun sa nature. 

Ray: tu as de la chance, j’aime les crâneuses, il répond en prenant ma main dans la sienne 

Elikem respire et agit comme un être humain, c’est ce que je me répète mentalement pendant que les pubs pour les autres films finissent enfin et le générique du notre commence. Nous sommes seuls dans notre rangée finalement. Rien d’étonnant aussi parce qu’on a choisi un film sorti depuis un bon moment. Il devait même être retiré du programme de diffusion en fin de semaine. 

Dix minutes dans le visionnage et je ne sais même plus ce que les acteurs racontent parce que Ray a non seulement gardé ma main mais il l’utilise pour se nourrir de mon popcorn. Et quand il finit il me lèche les doigts. Mes jambes me semblent lourdes. En fait tout mon corps. Je regrette maintenant de ne pas avoir mis de soutien gorge. Merci à l’air climatisé aussi qui aident mes tétons à se tendre et frotter contre la camisole que j’ai en bas du pull. 

Il retrousse mon pull un peu plus haut sur mon bras et je sens ses lèvres tièdes se presser contre l’endroit où on prend le pouls. Il remonte doucement et ramène sa tête vers mon oreille pendant que sa main et la mienne qu’il tient se déposent toutes les deux sur mon ventre. 

Ray: tu as froid perla? il demande tout innocent 

Elikem: tu finis de faire tes trucs pour bien me provoquer et c’est moi que tu questionnes? Je réplique d’une voix un peu légère, ce qui le fait doucement rire. 

Ray: je te réchauffe un peu? J’en ai envie

Elikem: o..oui, je dis timidement après avoir dégluti avec force. 

Il dessine des petits cercles sur mon ventre et baisote mon oreille. Lentement, très lentement. À l’inverse Je sens le sang battre violemment contre mes tempes. Je ne sais quoi faire de mes mains, ne parlons pas de mes jambes. Tantôt je dépose une sur l’autre, tantôt j’enlève et je les écarte doucement. Sa main remonte peu à peu sur mon ventre tandis que sa bouche descend de mon oreille jusqu’à ma joue. 

Elikem: Ra....Raymond, je murmure et suis envahie par une chaleur déconcertante quand sa bouche se pose sur la mienne 

Plein de noeuds se forment à différents endroits dans mon estomac et entrejambe au fur et à mesure que ses lèvres sucent les miennes. Il tire, j’ignore comment parce que je ne sens pas les dents mais c’est si bon, si enivrant. Je ne fais que suivre son rythme. C’est sa bouche qui fait valser la mienne. Sa langue s’introduit un peu sans prévenir. Le phénomène me choque un peu. Pourquoi ça ne me dégoûte pas? Je sens pourtant toute la salive dessus. Rien que l’idée fait tordre un truc dans mon punani. Sa main se pose sur ma poitrine. Je me sens gênée d’un coup et veut protester mais c’est un petit soupir de bonheur qui sort de ma bouche dans la sienne quand il enfonce un de mes tétons avec son doigt. Il répète et le tourne légèrement entre ses doigts. Maman j’ai envie de grimper sur lui!! 

Raymond Ekim 

J’ai tellement envie de cette fille que je n’arrive pas à garder mes mains loin de son corps. Entre baisers, caresses furtives, on était trop distrait pour être attentif au film. Du coup, on a passé le retour à se chamailler sur la fin. Chacun essayant d’expliquer à l’autre ce qui s’est réellement passé. Un vrai dialogue de sourds lol. 

Elikem: en tout cas j’ai prêté plus attention que toi donc je sais que j’ai raison 

Ray: ah oui? Tu as eu le temps d’être attentive malgré les nombreuses fois où tu ramenais ma main sur ton ventre? 

Elikem: ehhh, elle dit mi gênée mi affolée comme si les gens en avant de nous dans le bus pouvaient comprendre 

Ray: je ne pouvais même pas boire mon Pepsi pour une seconde. Ne parlons pas du popcorn qui s’est refroidi parce que ma main était ton jouet favori 

Elikem: je descends moi et te laisse seul avec tes grosses calomnies sur la conscience, elle dit avec une fausse innocence qui m’amuse. 

Je la suis lorsque le bus marque un stop à sa station. 

Ray: je ne rentre pas avant de t’avoir vu monter dans ton immeuble. C’est non négociable, je réplique avant même qu’elle demande 

Elikem: lol ok patron. 

On se fait une dizaine de minutes de marche avant d’arriver à l’immeuble.

Ray: je ne rigole pas Perla, entre que je vois, je réplique quand elle me dévisage comme si elle attendait que je fasse demi tour maintenant 

Elle se moque pendant qu’on entre ensemble. Je lui tiens son petit sac à dos le temps qu’elle fouine dans mille endroits pour enfin sortir son trousseau de clé. 

Elikem: tu sais quand passe le prochain bus qui va dans ton coin? 

Ray: non je vais regarder tantôt sur mon cell. 

Elikem: je....c’est mieux de regarder au chaud....., elle dit avec un peu d’hésitation mais dans son regard je lis l’envie dévorante qui n’a toujours pas quitté mon corps 

Ray: tu veux que je monte? Je demande d’une voix grave 

Elikem: il fait froid dehors. Je ne veux pas que tu tombes malade par ma faute parce que tu attends le bus 

Ray: Perla, tu veux que je monte? Je reprends toujours sur le même ton 

Elikem: Oui, elle me souffle 

Je lui prends le trousseau, j’ouvre et nous montons main dans la main. Je la laisse ouvrir sa porte et dès qu’on entre je la plaque au mur le plus proche que je trouve. Je ravage sa bouche avec la mienne. Je sens un truc glisse et tomber. Probablement son sac. Je l’embrasse avec toute la passion que je réfrénais tout à l’heure vu qu’on était quand même en public. Je m’attendais à un peu de timidité de sa part et qu’elle allait me laisser mener la danse comme tantôt au cinéma m. Mais elle happe mes lèvres en retour et passe les mains sous ma veste en jean pour câliner mon dos.

Je remonte  ses mains en haut de sa tête et détache mes lèvres pour la regarder. 

Ray: Tu me fais confiance? Je demande en lieu et place de la vraie question que je voulais poser. C’est à dire tu es prête? Elle et moi on a pas mal causé depuis le resto. Du plus général comme nos études, notre cercle familial et amical  jusqu’au plus intime comme nos envies. Elle sait déjà que je craque pour elle, son moyen bassin et postérieur joliment assorti au dit bassin. Elle m’a aussi avoué qu’elle peut facilement parler de sexe mais dans le fond elle a une peur bleue du concret sans trop savoir pourquoi donc jamais elle ne me dira oui si je lui demande si elle prête. Nous avons donc conclu que jamais je ne lui demanderai ça. Je vais devoir y aller selon ce que son corps me communique. Tant qu’elle ne me bloque pas ou dit non je peux continuer. 

Elikem: je ne laisse monter que ceux en qui j’ai confiance. 

Ray: attend tu as laissé qui monter ici déjà? Je demande dérouté et laisse tomber ses bras 

Elikem: heu? 

Ray: heu? comment ça heu? Je te croyais vierge. Tu laisses les mecs monter n’importe comment ici? 

Elikem: Mais pourquoi tu t’emportes? Je suis chez moi. Je fais monter qui je veux. Et je ne me rappelle pas t’avoir dit que j’étais vierge. 

Ray: la timidité qui revenait de temps à autre c’était pourquoi? Me charmer? 

Elikem: Il vaut mieux rentrer chez toi Raymond, elle dit fermement ce qui me fait perdre contenance 

Ray: pardon? 

Elle se déplace, m’ouvre et tapote son pied. Je sors sans demander mon reste. Pas encore moi. Non pourquoi je dois encore me faire avoir comme un débutant? Pourtant elle m’avait semblé sincère. Je n’arrêtais pas de me dire que j’avais trouvé un petit joyau. Si touchante, attachante et brutalement honnête à la fois. Ce n’était pas pour rien que je n’avais pas parlé d’elle à Bilal et les autres. Je voulais que notre relation grandisse un petit peu, qu’on soit bien attaché l’un à l’autre avant. J’ai déjà vécu le coup d’une meuf qui te fait attendre parce que son ex l’a blessé et elle n’est pas encore prête. Un an que tu attends croyant lui montrer ton sérieux. Tu donnes ton cœur, ton temps, ta patience, ton argent, tes mots, et un beau matin tu la retrouves dans le lit de ton propre frère. Je ne peux pas retomber dans les filets d’une roublarde. Autant reprendre mon plans cul. Là-bas au moins je connais les enjeux. Rien à perdre, rien à gagner. 

Jennifer Amouzou 

Je raconte brièvement à Émilie la sœur de Yasmine ce qui se passe avec ma famille mais j’avoue que je lutte de temps en temps pour éviter que mes yeux ne dérapent sur son grand décolleté qui danse devant l’écran du téléphone. Heureusement Yasmine est là et intervient de temps en temps. Ça rend l’échange moins bizarre déjà que c’est ma première fois de demander à quelqu’un de l’argent en dehors de ma tante. C’est vraiment gênant. 

Yas: Donc voilà tu sais tout Em. Le tonton de Jen c’est vraiment une bonne personne en plus il est une connaissance à papa. 

Em: et comment s’appelle ton oncle? 

Jen: Ga.....je me ravise d’un coup. 

Em: Oui? Elle demande avec impatience 

Jen: umm c’est que je dois leur demander d’abord avant de donner les noms

Em: donc tu viens demander de l’aide mais tu n’as pas prévenu les personnes? C’est comment avec vous? Yasmine tu sais bien que je n’ai pas que ça à faire. 

Yas: oh ne raccroche pas encore Emily. Attend une seconde seulement, on arrive, elle dit en me tirant hors de sa chambre pour qu’on aille dans le couloir. Mais c’est quoi le souci? Elle chuchote mais je ne manque pas la petite pointe d’agacement dans sa voix 

Jen: c’est...c’est que dire les noms comme ça c’est un peu trop non? 

Yas: mais tu m’as bien raconté toute l’histoire 

Jen: parce que tu m’as parlé de ta vie aussi en plus on se connaît. 

Yas: lol tu crois que ma sœur fera quoi avec le nom de ton oncle? L’envoûter? Qu’il a quoi? Elle demande avec dérision

Jen: nooonnn toi aussi, je ne parlais pas de ça dans ce sens mais je dois quand même demander la permission à ma tante d’abord. Ils vivent dans le même pays. Ce n’est pas comme nous 

Yas: et je doute qu’ils se croisent un jour. Ma sœur ne fréquente pas n’importe quel endroit. 

Jen: n’importe quel endroit? C’est quelle façon hautaine de parler ça? Je demande vexée 

Yas: lol faut te calmer ma belle. Je ne dis que la vérité. En plus c’est toi qui est dans le besoin. À toi de voir si tu veux aider ou non. 

Jen: bref je vais voir avec ma tante d’abord, je dis un peu sèchement. 

On retourne en chambre. Sa sœur dit qu’elle a justement besoin d’un chauffeur donc Yasmine peut me remettre son numéro que je donne à mon oncle s’il est prêt à travailler. Je ne m’attendais pas à une aide gratuite c’est vrai mais être chauffeur je ne voyais pas ça. Mais comme on est dans le besoin, je décide quand même d’en parler à ma tante le lendemain. J’ai à peine fini qu’elle se met à me gronder et je prends peur.

Ama: Qui t’a envoyé Jennifer? C’est ça ton école? 

Jen: non m....

Ama: non seulement tu parles de ma vie mais en plus celle de ton oncle?! Quand tu étais chez moi tu m’as déjà vu parler à quelqu’un ou avoir une amie? 

Jen: je voulais juste aider co....

Ama: Qui t’a demandé? Elle crie 

Jen: je....je suis désolée, je balbutie 

Ama: plus jamais tu n’entres dans mes histoires de couple. Je te croyais mature raison pour laquelle j’ai partagé avec toi l’information mais je vois que je me suis trompée. 

Jen: je t’en prie ma tante! Ça ne se reproduira plus! Je dis aux bord des larmes. Jamais je ne l’ai senti si remontée 

Ama: Au revoir! 

Ama Ekoue 

Non mais! C’est déjà une chose de consoler Gaëtan qui ne cesse de se lamenter tous les jours que Dieu fait. Je dois en plus entendre que mon histoire se propage dans tout le Sénégal et risque d’arriver à Lomé? Il ne manquerait plus que la nouvelle traverse jusqu’à arriver à la mère de Bijou, la sœur de Gaëtan qui me déteste profondément croyant que c’est moi qui ait refusé à son frère de prendre sa fille chez nous. 

Je me suis levée promptement quand madame Ciara est sortie de son bureau. On pouvait voir à son expression qu’elle m’avait probablement entendu crier. Chose qui ne m’est encore jamais arrivée ici. Elle me passe les consignes pour rédiger un e-mail au contact de PAM. Même le comptable aussi sort et va vers la machine d’eau comme s’il avait soif pourtant il ne prend rien. Probablement mes cris ont piqué sa curiosité. Madame l’a engagé l’année passée après qu’on ait signé notre premier partenariat solide avec un burkinabé. Ce partenariat sera sur une durée de trois ans et le volume de barres de fer qu’on doit lui acheminer rien que cette année est important. C’est grâce au bénéfice de ce contrat que j’ai eu ma prime de salaire l’année passée. J’espère en avoir une aussi cette année. Pourtant je sais qu’elle ne m’emmènera pas plus proche du quatre millions qu’on doit amasser pour l’opération de Gaëtan. Je me suis renseignée auprès de mon  assureur et la seule chose qu’ils couvrent dans ce cas c’est la consultation. Je ne vais pas faire mon ingrate et dire que ce n’est rien du tout mais c’est ce que je ressens un peu vu la montagne en face de moi. Je suis à deux cent mille francs de salaire net par mois. C’est beaucoup pour mon niveau. Je n’ai plus aucune économie parce qu’on a tout mis dans la construction de la maison. Sur ses deux cent mille j’envoie cinquante mille francs par mois à Jennifer. Hors de question que je réduise ça. On ne l’a pas envoyé à l’extérieur pour qu’elle se mette à souffrir. Gaëtan est en charge de son loyer et écolage. Le métier de mon mari étant ce qu’il est, il n’a pas une entrée fixe par mois. Des fois il peut te ramener cinq cent mille et le mois suivant te donner vingt mille que c’est tout ce qu’il a pu faire. Je ne me plains pas parce que jamais il ne m’a dit qu’il n’avait rien à la fin du mois. Et aussi je sais budgétiser. Je ne suis pas dépensière. Jamais je ne l’ai été durant ma vingtaine donc l’adaptation à la vie de couple n’était pas difficile. Mon salon de coiffure est comme Gaëtan. Il me ramène ce que le mois donne. Et honnêtement je songeais de plus en plus à le fermer parce que l’électricité que je paie là-bas en plus des petites dépenses imprévues ici et là peuvent des fois dépasser ce que je tire de ce salon. Sauf que c’est moi aussi la seule chose que j’ai entrepris et ça me dérange de laisser tomber. Ce qui m’énerve dans tout ça c’est que je cherche des solutions concrètes pour nous sortir de ce problème mais Gaëtan préfère me fatiguer les méninges avec ses sous-entendus sur comment je vais le laisser et partir avec le comptable maintenant qu’il est une vieille loque. Ce que j’avais toujours pris la comédie à son niveau c’est ce qui m’exaspère maintenant. Même quand je lui dis que je vais lui faire mal s’il n’arrête pas les larmes, c’est là qu’il me dit de le tuer déjà. Comme il n’est plus un homme il peut mourir pour rejoindre ses parents. Et quand il dit ça je ne peux m’empêcher de pleurer aussi. Un enfant c’est beau mais je ne pourrais pas vivre sans mon mari. C’est l’homme que j’aime. 

Je me remets au travail avec un énorme soupir. De toute façon j’ai plus de quarante ans. C’est peut-être le destin qui me dit ça que je n’aurais plus la force de porter un ventre à mon âge. En plus l’enfant à 20 ans devra supporter des parents près de 70 ans? Je n’imagine pas  Gaëtan à cet âge s’il est si fatiguant comme ça dans sa quarantaine. Les tâches pleuvent comme des cordes toute la journée donc je ne vois pas le temps passer. Il est 18h30 quand je verrouille mon ordinateur et me lève avec mes effets. J’allais sortir quand la porte s’ouvre et le comptable Eugène sort de son bureau. 

Eugène: C’est comment madame Ekoue? Tu voulais fermer les portes aujourd’hui? Il demande sur un ton taquin, qui me fait sourire 

Ama: Oh je suis seulement ton exemple.

Eugène: oh c’est toi mon professeur. Je suis ton élève, il réplique et me fait rire 

Ama: tu as toi même dépassé ton heure aujourd’hui. Tu étais occupé comme moi? 

Eugène: même pas une minute pour souffler. Je n’ai pas mangé à midi 

Ama: oh pauvre de toi. Mais je compte sur madame pour t’accueillir avec un bon repas donc ne traîne pas 

Eugène: tcho laisse celle-là. C’est devant la télé que je vais la trouver 

Ama: ne ment pas sur ma collègue hein. Madame Djondo que j’ai vu là chauffe probablement bien les marmites. 

Eugène: hum ton cas n’est pas une généralité madame Ekoue. 

Ama: ah euh bon tu sais c’est pas facile aussi la vie de femme, il faut discuter avec elle pour voir et tout ira bien. Bon c’est pas tout ça mais je dois y aller. À dem....

Eugène: déjà? Je peux t’inviter à manger quelque part 

Ama: Il faut plutôt inviter madame, en plus mon mari attend, je dis en essayant de passer mais il met un pied en avant pour me bloquer 

Eugène: toi aussi dis moi correctement au re....

-Djondo tu rentres chez ta femme! On entend de madame Ciara 

Eugène tique et son attitude dragueuse d’il y’a une seconde change totalement. 

Eugène: o...oui Madame, il s’empresse de dire et sort 

Ama: Ma...madame j’ignorais que vous étiez encore là. 

Ciara: j’irai où si mon équipe est sur place?  

Je peux te demander une faveur s’il te plaît? 

Ama: mais oui bien sûr 

Ciara: tu peux me laisser en chemin? Ma voiture a....

Ama: vous aussi madame ce n’est pas à demander ça. Allons-y. 

Elle insiste que je la laisse juste à la station d’Atikoumé vu que je continue à GTA et elle doit prendre le taxi pour aller dans le sens opposé du mien vers Essor mais jamais. Je n’écoute rien et la conduis jusqu’à sa demeure. Puis muée par je ne sais quel esprit je me lance quand elle me rappelle que je suis autorisée à remettre le comptable à sa place si je trouve déplacé. 

Ama: merci pour le comptable et je m’excuse mille fois à l’avance madame mais je voulais faire une doléance. Si vous avez le temps demain ou un autre jour au travail. Je peux même venir à la maison quand vous êtes libre. N’importe quand 

Ciara: tu peux me dire maintenant à moins que tu sois pressée. 

Ama: oh non, c’est plus pour vous. 

Ciara: vas-y je suis toute ouïe. 

Ama: s’il vous plaît ce sont avant tout pour des raisons de santé et je sais que c’est exagéré mais est-ce que je pourrais avoir une avance sur mon salaire? 

Ciara: de combien? 

Ama: de...deux mi...millions, je balbutie 

Ciara: deux? Elle demande les yeux arrondis, ce qui augmente ma crainte et me fait parler nerveusement 

Ama: oui...je peux....en fait c’est pour une opération comme j’ai dit. Je vais vous ramener demain sans faute toutes les radios et...

Ciara: pas besoin. C’est ta santé après tout. Ça reste confidentiel. Bon je ne peux pas te dire maintenant que je peux te te trouver cette somme tu as du temps? Enfin je veux dire physiquement tu peux tenir une semaine? 

Ama: prenez le temps qu’il vous faut madame. Dieu vous bénisse énormément! 

Ciara: amen qu’il te bénisse et te donne une parfaite guérison bientôt. Merci pour le service. On se voit demain? Sinon tu peux rester à la maison si ça ne va pas. Juste m’appeler en début de journée pour que je m’arrange. 

Ama: je serais là sans faute madame. Le grand merci est à vous. 

Ciara Wiyao 

Voilà pourquoi je voulais absolument garder mon ancien emploi. C’est pour ce genre d’imprévus. Mais bon les arguments de Loussika et Belle étaient plus que pertinents à l’époque et je me suis finalement mise à temps plein dans ma structure il y’a deux ans de ça. J’ai justement deux millions comme économie mais ce montant est un fond d’urgence que j’utilise pour les salaires de mes deux employés, mon loyer ainsi que ceux des camionneurs. Il faut aussi rajouter à ça les imprévus qui existent toujours. Je mets cette somme là parce qu’on ne sait jamais. En plus de mon burkinabé et Farida, j’ai un troisième client, un indien que je livre tous régulièrement. Occasionnellement nous gagnons quelques offres ici et là mais on ne peut vraiment pas se fier dessus donc planifier. La nature risquée de notre métier dans ce pays fait que n’importe qui peut payer 40% et par la suite ne pas payer le reste. La preuve étant l’indien qui l’année par exemple m’a dit qu’un virus a tué la majeure partie de son élevage dans son pays donc il avait besoin de sursis pour me verser le reste du montant conclu. L’idéal c’est de faire moitié moitié ou même prendre plus au début et laisser le client payer moins après la livraison mais la concurrence était si rude que je n’ai eu aucun client en quatorze mois au début quand j’allais avec cette méthode. J’ai compris qu’il me fallait assouplir mes règles et gagner d’abord en réputation avant de vouloir imposer les règles des plus vieux dans ce domaine. J’ai commencé à 25/75 puis je suis arrivée graduellement à 40/60. Donc franchement je ne peux pas remettre tous ses deux millions à Ama. Du coup me voilà triturant mes doigts depuis une heure comme Snam quand elle veut demander si elle peut sortir jouer au ballon dans le quartier. Ça doit être ridicule pour certains mais j’ai toujours du mal à demander de l’argent à Magnim. Déjà parce qu’il a fait beaucoup pour mon entreprise mais il m’a aussi offert un camion. Je ne lui ai jamais donné de l’aide pour son cabinet pour ma part. Donc bref c’est bizarre d’être toujours celle qui tend la main. 

Magnim: Qu’est ce qu’il y’a? Il demande tout en continuant à taper sur son ordi 

Ciara: je t’aime

Il ferme son ordi, se lève du lit, se met sur le côté devant le miroir et soulève son T Shirt.

Magnim: je pensais que mes abdos étaient sortis 

Ciara: genre je ne te dis jamais que je t’aime quoi 

Magnim: oui mais sans raison comme ça en plus je ne suis même pas en toi? Fallait que je vérifie. Peut-être que mes abdos n’avaient pas brusquement poussé la nuit dernière 

Ciara: regarde moi cet ingrat. Moi Ciara je ne dis pas je t’aime en dehors quand on fait l’amour? 

Magnim: Et pas n’importe quel je t’aime hein. Le genre qui vibre quand je suis au fond et que je tape bien le coin qui te rend maboule, il rajoute avec un grand sourire moqueur  

Ciara: je ne vais même plus dire ça. 

Magnim: pourquoi sauter directement dans les extrêmes? On causait non? 

Ciara: mais oui on cause et tu as dit donc j’ai entendu et je vais corriger. Je ne dis plus à ce moment 

Magnim: regarde faut me laisser mes je t’aime fiévreux hein. Ils t’ont fait quoi? Tu ne sais pas que c’est ça mon carburant? 

Ciara: je ne dis plus woh. Désormais ca sera en dehors de cette chambre uniquement que tu l’entendras 

Magnim: je savais que tu n’aimais pas me voir heureux. C’est à dire que quand je suis content toi ça te fait mal. Tu dois me nuire. Mais tu as menti Wiyao. Tu vas me dire ça. 

Ciara: lol c’est la force? Moi aussi je dis.....Ohhh chéri enfin!!!! Je crie de surprise mélangé au rire quand il me tombe dessus et commence à me chatouiller. 

Les chatouillements se sont transformés en câlins puis caresses. J’étais au bord du lit, sur le ventre, lui était dans mon dos. Il a remonté mon peignoir, puis mes fesses, avant de glisser en dessous entre mes jambes et ramener mon sexe vers son visage. 

Magnim: viens que je m’occupe de ma voiture personnelle, il dit ce qui me fait rire mais pas pour longtemps. 

Je me mets à gémir de plaisir au fur et à mesure que ses lèvres embrasent et sucent les miennes engorgées. Je ne sais pas quand le je t’aime franchit mes lèvres mais je sais que c’est son membre butant contre mes fesses après m’avoir pénétré qui l’a sorti de moi. Il me maintient fermement sous lui avec ses deux mains sur mes hanches et me ravage comme j’aime. J’enfouis ma face dans le matelas pour laisser mes gémissements sortir comme ils viennent. 

C’est fou comment l’activité n’est pas différente depuis quatorze ans. Il nous est arrivé de ne pas avoir énormément d’entrain aussi c’est vrai mais pour une raison la faim revient toujours. Et une fois consommée je me sens toujours comblée, pleine et totale dans ses bras. Quelqu’un nous verrait qu’on croirait un chat entrain d’être câliné par son maître. 

Magnim: alors qu’est ce qui te turlupinait tantôt? 

Ciara: c’est ma secrétaire, je commence et lui fait part de sa demande et par là la mienne aussi. Je sais que j’en demande beaucoup mon amour mais si tu pouvais cette fois m’avancer un million que je te rembourserai dans six mois? 

Magnim: c’est bien beau de vouloir l’aider mais comment tu assures ton remboursement? Je touche du bois, il dit en remontant sa main pour toquer le haut de notre lit, si quelque chose lui arrive, qu’elle quitte le pays sans te prévenir ou encore démissionne? Ok pour la démission elle doit te donner un préavis et tu peux ne pas la payer mais rien ne garantie qu’elle restera chez toi assez longtemps pour que tu récupères tes deux millions 

Ciara: mais je suis bien conne je n’y ai pas pensé directement 

Magnim: pas de mot comme ça envers ma femme. Ton bon cœur a simplement pris le dessus et c’est pour ça que je suis là. Voici ce que je propose. Si elle a un terrain tu lui demandes un titre foncier. Si elle n’en a pas, une preuve d’achat fonctionne aussi. Vous signez une entente écrite stipulant qu’en cas de démission à son niveau tu récupères ce terrain le temps que tu reçoives ton dû. 

Ciara: je peux juste récupérer ça si facilement? 

Magnim: notre huissier s’en chargera. L’entente signée sera certifiée par un notaire. Si elle ne veut pas coopérer au moment venu, les autorités feront appliquer la loi. 

Ciara: eh je ne veux pas arriver à ce niveau 

Magnim: c’est à elle de faire preuve de bonne foi. Aussi ne lui prend pas tout son salaire pour qu’elle rembourse. Elle doit quand même vivre. Disons que chaque mois tu lui laisses cent mille et tu prends le reste. 

Ciara: oh c’est l’idéal tu as raison. 

Magnim: d’ici vingt deux mois tu auras récupéré ton argent et Dieu voulant elle ira mieux. 

Je m’accroche à son cou et inonde son visage de bisous pour le remercier. 

Le lendemain il me présente un chèque pendant que je me maquille.

Ciara: deux millions? Je demande en le regardant lui puis le chèque 

Magnim: ne touche pas à ton fond d’urgences. 

Ciara: je ne pourrais pas te rembourser en six mois par contre hein bébé. 

Magnim: tu me le donneras quand tu peux. Ce n’est pas pressé 

Je le fixe longuement puis pose la question qui me brûle les lèvres 

Ciara: tu as combien même sur ton compte au fait? 

Magnim: tu veux savoir pourquoi? C’est pour le vider dans les achats de bijoux? il demande avec humour 

Ciara: lol parce que j’achète quoi comme bijou? Ce que j’ai de plus beau vient de toi. 

Magnim: j’aime te voir dans des belles choses. Tu es mon petit joyau, il dit en me caressant la joue et me fait sourire bêtement. Je tourne la tête et embrasse sa paume 

Ciara: faut quand bien m’expliquer parce que j’attendais ce chèque dans un mois et voilà le double ce matin? Je vis avec crésus sans savoir? 

Magnim: je ne te dis pas woh. Un jour je vais me lever et partir avec mes filles à Acapulco. On va bien te laisser ici. Tu regretteras de t’être moquée de moi jadis, il chantonne et me fait rire. 

Ce rêve d’Acapulco mon mari l’a sorti du livre d’anglais de Macy un soir durant leurs fameuses sessions d’études. Même s’il n’a pas de travail à faire, Magnim prend un livre et se met à table avec les filles quand il est à la maison. Il dit que c’est pour les encourager et leur montrer l’exemple que papa aussi étudie comme elles. C’est comme ça que lui, Macy et Snam se blaguaient à lire un texte dans le bouquin de ma grande fille puis l’histoire d’amour pour Acapulco a commencé. Voilà qu’on va me laisser en arrière woh. Ça m’apprendra. 

Ama Ekoue 

Non seulement la proposition de madame m’a surpris mais aussi la vitesse avec laquelle elle m’a répondu. Je suis donc rentrée avec la bonne nouvelle pour Gaëtan. 

Gaëtan: elle va faire quoi avec mon titre de propriété? 

Ama: je t’ai déjà expliqué chéri 

Gaëtan: ah non. C’est pour revendre ma maison dans ton dos. Il ne faut pas faire confiance à ce genre de personnes. Quelqu’un qui est marié avec un homme aux longs cheveux comme ça? Ils sont probablement dans une secte. C’est....

Ama: Tu sais quoi Gaëtan fais ce que tu veux j’en ai assez! 

Gaëtan: mais tu cries sur qui? Je suis ton.....

Ama: Rahhh je m’en fous, j’ai crié! Fâche toi! Tu me fatigues! Rahh! Rahh!!!

Gaëtan: tu deviens déjà folle woh 

Ama: Tu as fait quoi de concret depuis qu’on a appris ton état? J’ai proposé que tu demandes à Martin mais tu n’as pas refusé sous prétexte qu’il va te voir en sous homme? 

Gaëtan: donc tu me traites de sous-homme aujourd’hui quoi? Je savais. Je sa....

Ama: je jure que si tu continues cette phrase je vais serrer tes boules que tu dis pesantes depuis un moment et les allonger au sol ici 

Gaëtan: heeeee, il dit apeuré en serrant les jambes 

Ama: Tu ne veux pas d’aide j’ai compris mais tu laisses mes oreilles en paix! Je ne veux plus entendre tes inepties! Je me suis fait comprendre? 

Gaëtan: oui, il répond prestement 

Héloïse Silivi 

Je relis encore une fois cet e-mail bien incompréhensible que madame Adamou m’a envoyé. 

Bonjour Héloïse,

Je tenais à vous remercier personnellement pour votre implication et l’effort fourni depuis votre intégration dans l’équipe. M Boulder ne tarissait pas d’éloges à votre sujet. Il m’a fait part de l’expertise que vous avez démontré durant l’incident survenu à l’atelier et sur sa recommandation je voulais vous proposer le poste d’Administrateur le temps que je reprenne la direction. Vous avez un mois pour répondre à l’offre et j’aimerais si possible que vous veniez à Marseille pour vous familiariser avec mon équipe ici. Votre billet ainsi que le séjour sera pris en compte par la compagnie. J’espère vous lire bientôt. 

Cordialement, 

Farida Adamou 

Cinq lectures plus tard et les mots n’étaient toujours pas différents. J’appelle simplement Parker. 

Héloïse: pourquoi on me propose ton poste Parker?

Parker: grehrmrhghhh, il murmure d’une voix rocailleuse 

Héloïse: oh j’ai oublié l’heure. 

Parker: claire...ment. 

Héloïse: ok on repar....

Parker: tu m’as déjà réveillé. Continue.

Héloïse: j’ai reçu une offre de poste par e-mail de madame Adamou.

Parker: félicitations. 

Héloïse: ton poste monsieur! 

Parker: refélicitations. Attend. Il y’a du bruit puis j’entends des clap clap comme si on applaudissait, du bruit encore puis sa voix de retour sur la ligne 

Héloïse: explique toi au lieu de jouer au plus malin 

Parker: En tant qu’administrateur j’ai conseillé Madame Adamou de confier sa compagnie à quelqu’un qui saurait mieux la gérer que moi 

Héloïse: non mais tu es terrible! Tu quittes tout un poste juste pour que je vienne à Marseille? Qui fait ça? J’ai été admin où ça jusqu’à tu t’en vas vanter des mérites à la dame? À la base je suis professeur de primaire moi. Je devais juste assister. Et monsieur s’en va mentir à la dame juste parce qu’il veut absolument qu’on fasse ce qu’il veut. Dommage pour toi que je ne peux pas prendre l’avion parce que j’ai été expulsée des États Unis. Je n’aurais pas le visa donc va défaire tes mensonges là-bas et reprend ton poste. 

Parker: je peux parler? 

Héloïse: fais d’une pierre deux coups, écrit ton e-mail pendant que tu parles 

Parker: non 

Héloïse: nooonn? Je ne rigole pas un petit peu 

Parker: je peux parler oui ou non? il demande sur un ton ferme ce qui a le don de me calmer sur le champ. Pourquoi je l’ignore. Il reprend plus calmement. Apprend une chose aujourd’hui. Quelque soit ce que j’ai dit sur joindre l’utile à l’agréable Je ne mélange jamais le travail et le plaisir. J’ai peut-être bien envie de te voir et énormément envie de ses gâteaux en plus du bouillon rosé mais jamais je ne ferai une proposition pour le travail si je ne la jugeais pas pertinente. Un administrateur n’en est pas parce qu’il a étudié le management. Il l’est parce qu’il démontre des aptitudes. Aptitudes que j’ai vu chez toi durant mon temps à Lomé. Tu ne connais certes pas tout mais pour ma part tu en sais assez pour t’améliorer rapidement. Ce que tu fais de l’offre de madame Adamou est ta responsabilité. Si tu juges que tu n’as aucune chance pour obtenir ton visa tu es tout aussi libre d’agir en conséquence. Ce que je sais et applique dans ma vie par contre c’est qui ne tente rien à rien. Est-ce qu’on se comprend jusqu’à présent? 

Héloïse: oui 

Parker: je vais aller me coucher dans ce cas si tu n’as plus rien à me dire. 

Héloïse: je.....merci pour la recommandation. Je...je suis touchée que tu me vois ainsi. Merci de...d’avoir pensé à moi. 

Parker: tu l’as amplement mérité. Bonne nuit 

Héloïse: bonne nuit, je dis la voix enrouée 

Les larmes descendent une par une sur mes joues quand je raccroche. Tu le mérites. Quelque chose de si simple et pourtant je me sens secouée jusqu’au fond de mon être. Un homme qui me fait du bien c’est inattendu pour moi. Un homme qui pense à ce que je mérite. C’est vrai qu’il y’a eu le mari de Madame Farida mais c’était par compassion. Mais cette fois c’est mon effort qui a attiré l’attention de Parker. Et il l’a fait sans rien attendre en retour. Je réponds fébrilement à madame Adamou. Je lui donne ma confirmation et j’ouvre la page de l’ambassade américaine pour voir quel genre de visa je devrais demander lorsqu’elle m’enverra mon contrat. Je me lance. Si c’est vraiment l’univers qui veut me faire encore du bien alors advienne que pourra.