26- Les couleurs de nos amours

Write by lpbk

Il ne manquait plus que ça !

À force de trimballer mes affaire d’un appartement à l’autre je ne sais plus vraiment où sont certaines de mes affaires.

Cette fois, je ne retrouve plus aucun de mes parfums chez Rudy. Je retourne encore la chambre et toujours rien. Son Chanel me fait de l’œil. Je refuse de céder mais à un moment, je dois m’avouer vaincue. Je n’ai pas d’autres choix que de m’asperger de cette odeur terriblement virile.

 

Je retrouve maman à la clinique où se trouve mamie. Elle a fait un malaise il y a moins d’une heure.

« Elle va bien ? », demandais-je à ma mère à peine arrivée.

« Le médecin l’examine. Il parait que ce n’est rien de grave. »

« Et papa ? Tina ? »

« Tina termine une réunion et elle sera là. Pour ton père, je n’en sais rien. Son portable est éteint. »

Une infirmière l’appelle pour remplir une bonne pile de documents. J’en profite pour aller saluer tante Carla. Une vieille amie à ma mère.

« Bonjour ma chérie. », me dit-elle en m’embrassant.

Elle m’examine avant de me dire à quel point j’ai changé, à quel point j’ai grandi. Je l’écoute en souriant jusqu’à ce qu’arrive Sade, la fille de Carla. Je croyais qu’elle avait quitté la Côte d’ivoire celle-là.

« Salut Nowa. Maman m’a dit pour ta grand-mère. Je suis désolée. »

« Il parait que ce n’est rien de grave. Merci d’être là ! »

« De rien. Nous avons toujours été proches. Du moins nos familles l’ont toujours été. »

J’approuve ses propos en faisant un signe de la tête.

Quand maman revient, je vois bien dans ses yeux qu’elle est contente de me voir causer avec Sade. Je leur propose du café et elles acquiescent.

« S’il te plait Sade, tu peux me donner un coup de main ?! », demandais-je en me dirigeant vers la machine à café.

Je mets une pièce et j’appuie sur le bouton. Un décaféiné pour maman et un noir pour tante Carla. Sade s’en va les leur donner. Un décaféiné pour elle et moi, je me prends une barre de céréales au chocolat.

Sade m’apprend qu’elle est revenue du Maroc il y a moins de deux mois. Même si elle a trimé dur, elle a fini par obtenir son master en commerce international.

Alors qu’elle me raconte ses mésaventures sur le territoire depuis son retour de Marrakech, je vois arriver Tina.

Qui eut cru qu’elle tenait autant à notre grand-mère !

« Elle est où ? »

Maman la calme en lui répétant ce qu’elle m’avait dit. Et là, il se passe quelque chose que j’étais à mille lieux de prévoir. Tina vient trouver du réconfort dans mes bras. Je manque de tomber quand elle s’effondre en larmes sur mon petit gabarit.

« Tina, arrête de pleurer. Elle n’a rien de grave on te dit. »

Maman me regarde. Je la regarde. Qu’est-ce qui arrive à ma sans cœur de sœur ?

« Tina ! Regarde, il y a le médecin qui arrive. », dit maman.

Ce n’est qu’à ce moment qu’elle lève la tête et sèche ses larmes.

« Alors qu’est-ce qu’elle a ? »

« Elle souffre juste d’un problème de nutrition. J’ai demandé des examens plus approfondis. On en saura plus d’ici la fin de cette journée. »

« Un problème de nutrition ? »

« Oui ! Vous savez, les personnes âgées n’ont pas les mêmes besoins nutritifs que nous. Je vais la voir et on en reparle d’ici ce soir mesdames. »

« Nous pouvons la voir ? », demandais-je.

« Pour le moment, elle se repose. Mais dès qu’elle se réveillera, vous pourrez la voir. »

Il s’en va et moi, je remercie le bon Dieu dans mon cœur.

Tina qui a un peu de temps devant elle décide de rester avec nous un moment. Elle ne manque pas d’informer tante Carla et Sade de son mariage prochain.

« 200 invités Tina ! Ce n’est pas trop ? », l’interroge Carla.

« Mais non. En plus je n’invite que des intimes. »

Elle a une drôle de conception de l’intimité cette fille.

« Ça risque d’être le plus beau des mariages NYANE. Nowa, faire mieux risque d’être compliqué. »

Pourquoi on se sent toujours obligé de nous mettre en concurrence. Je me contente de sourire.

« Il faut que j’y aille. J’ai des clients à rencontrer. »

Tina fait la bise à maman, à Carla puis à moi. Elle fait une de ces têtes en se redressant.

« Qu’est-ce qu’il y a Tina ? »

Elle reste une minute sans rien dire. Je remarque que je ne suis pas la seule à me poser des questions.

« Non rien. C’est juste qu’elle sent trop une odeur qui me semble familière. Mais bon, je dois me tromper. »

On se dit encore au revoir et elle finit par s’en aller. Je sens juste le Bleu de Chanel.

 

Mamie est sortie de la clinique après deux bons jours. Elle a maintenant droit à un régime spécial. Plus de sel, plus de gras et plus de sucre. Même si elle boude encore, à la maison, maman essaie de veiller à la bonne marche de ce régime.

Pour nous changer les idées, Calvin et Loïc ont proposé de nous faire sortir ce soir. Mais moi, je ne suis pas très emballée par cette idée. Je préfère rester chez moi et travailler sur les cartons de ma sœur. Le temps passe et si je continue à faire ma pareuses, ce qui arrivera ne sera pas beau pour moi.

« Tu es sûre que tu ne veux pas venir ? », me demande Loïc pour la dernière fois.

« Lolo, Georgette va bien s’occuper de toi je te promets. »

Elle me jette sa pochette et nous partons dans un fou rire tous les trois. Ils finissent par s’en aller.

Je m’installe sur le tapis, avec un pot de glace et j’allume mon pc. Deux trois clics et je dois me rendre à l’évidence. Je suis fatiguée. Les nuits à la clinique ont été épuisantes. Je me retrouve donc sur YouTube à regarder des vidéos.

 

Rudy EYA

Je n’arrive pas à fermer les yeux ce soir. Nowa me manque horriblement. Le plus dur ou le plus énervant c’est qu’elle ne répond pas à mes messages. Pour la troisième fois depuis que je suis couché, j’attrape mon portable et je rentre dans notre conversation sur Whatsapp. Elle a bien vu et lu mes messages pourtant.

J’essaie de me convaincre qu’elle ne l’a pas eu le temps de me répondre mais je me trouve tout de suite con. Depuis cinq jours, je lui écris et je n’ai pas encore reçu le moindre salut.

Je soupire et j’appelle Calvin. Ça sonne dans le vide. Il doit être sur sa copine. J’appelle à nouveau et cette fois il décroche.

« Désolé d’interrompre votre partie de jambes en l’air mais j’ai besoin que tu me rendes un service. »

« 1. Je ne baise pas. 2. On dit bonsoir villageois. 3. Tu es parti sans me dire et maintenant tu veux un service … »

« Tu parles trop mon type. »

Il pousse un bon gros juron.

« Dis toujours ! »

Je prends un moment.

« J’ai besoin que tu ailles voir Nowa et que tu lui dises que je l’appelle, que je lui écris. »

« C’est tout ? Tu crois qu’elle ne les voit pas tes appels et te messages la ? »

L’africain et ses questions à deux sous.

« S’il te plait ! »

« Je te signale que je suis en boite et elle, elle est chez elle ! Je ne vais pas traverser la ville pour vous. »

Il est trop dure Calvin.

Je soupire. Je sens que je vais passer une mauvaise nuit. Encore.

« S’il te plait Calvin. Je te le revaudrai. »

« Hummm. OK ! »

« Merci ! »

« Ne me remercie pas maintenant. À toute ! »

Je raccroche et je reste allongé dans le noir.

 

Nowa NYANE

« Nowa !Nowa ! »

Toc toc toc

Je sors de mon sommeil.

Moi qui pensais être dans un rêve ! Mon téléphone affiche 02h43.

« Nowa. »

J’allume.

« C’est qui ? »

« C’est moi Calvin. »

Je me dépêche d’ouvrir. On ne sait jamais. Il est peut être arrivé quelque chose à Iris.

« Tu fais quoi là ? Et Iris, elle est où ? »

« Oh ma jolie calme-toi ! Iris est en train de bouger au son d’un reggae terrible. Tout comme Georgette. Et toi, ça va ? »

« Calvin tu fais donc quoi ici si tout le monde va bien ? »

« Moi mêle je ne sais pas. C’est ton connard de mec qui m’envoie voir pourquoi tu ne lui réponds toujours pas. »

Je croise le bras et je regarde tout de suite dans une autre direction.

Il sort son portable de sa poche et fait quelques manipulations puis le met à son oreille. Il me regarde pendant que ça sonne.

« Je suis avec elle… et bien sûr elle ne coopère pas. »

« … »

« Et je fais comment moi ? En plus il ne me reste plus vraiment de batterie. »

« … »

« Vous faites chier je t’assure. »

« … »

« Nowa, tiens ! Ton amoureux. »

Il me tend son portable.

« Je l’aurai appelé si j’en avais eu envie. »

« Ecoute, j’ai abandonné ma copine et mes potes en boite pour venir ici te donner mon portable. Je fais ça parce que Rudy c’est mon frère et que toi, tu es ma belle-sœur. Mais si tu continues ainsi, je vais te donner une gifle et crois-moi elle sera méritée. Alors s’il te plait Nowa attrape ce portable, que je puisse aussi aller m’amuser. »

Je suis scotchée. Calvin qui d’habitude est un ange incarné vient de pousser des cornes. Mais Rudy aussi, c’est quoi ces manières de faire ?

J’attrape le portable qu’il me tend. Il me regarde avec de gros yeux. Je soupire et je le colle à mon oreille.

« Bonsoir. »

« Merci Seigneur ! Je vais y aller. Je trouverai un moyen de récupérer mon portable, pour l’heure réglez vos différends une bonne fois pour toute. », me lance Calvin en sortant.

« Bonsoir Nowa. »

J’aime comment il prononce mon prénom. 

« Tu as verrouillé la porte ? »

« Pas encore. »

« Fais-le s’il te plait. »

Il est comme ça, il fait toujours attention au détail. Je quitte le canapé et je m’en vais fermer. Puis, je retourne dans la chambre m’enfoncer sous les draps.

Silence. Je suis couchée en position fœtus. Je serre fort mon coussin comme si c’était lui près de moi.

« Tu me racontes ce que tu as fait ces derniers jours ? Ou tu veux que je commence ? »

Silence. Je ne sais pas quoi lui répondre. Ça doit faire 5 jours que je le multiplie par zéro et là, il se démène pour pouvoir m’écouter. J’ai envie de pleurer. J’essaie de retenir mes larmes mais je n’y arrive pas.

« S’il te plait mon cœur, arrête de pleurer. »

Comment peut-on être aussi conne ? Je n’arrive pas à m’arrêter. Et lui qui de l’autre côté n’arrête pas de tout faire pour me consoler. A chaque fois qu’il dit mon amour, mon cœur, mon bébé, j’ai l’impression de prendre une claque dans le cœur.

« Tu veux que je vienne ? »

« Oui. », répondis-je.

Il me manque horriblement.

Il soupire.

« Tu sais que je ne peux pas. Mais toi, tu pourrais venir. Tu veux ? »

La simple idée de savoir que je pourrai bientôt le voir, le toucher suffit à me calmer. J’essuie mes larmes du revers de ma main, je renifle. Il doit être dégouté par ce manque crucial de glamour auquel je ne l’ai pas habitué.

« C’est bon là mon cœur ? »

« Hmmm. »

« Tu veux venir ? Si tu dis oui, on prend un billet tout de suite, ensemble. »

« Et je ferai quoi de mes journées ? »

« Tu viendrais avec moi. Et dans la soirée, nous visiterons la ville. »

« Tu sais que tu es adorable Rudy ? »

 

Rudy EYA

« Tu sais que tu es adorable Rudy ? »

« Non mon cœur ! Ne dis pas ça. »

« Pourquoi ? »

Je sais pourquoi je ne suis pas adorable. Je sais que dans quelques semaines ou mois, je lui briserai le cœur. J’aimerai juste pouvoir le rendre assez solide pour qu’à ce moment, elle ne me lâche pas. Je voudrai profiter du temps qu’il nous reste pour construire des souvenirs.

« Tu sais, il y aura des jours où tu ne me trouveras pas adorable mon cœur mais je veux juste que ces jours-là, tu essaies de continuer à m’aimer. Tu comprends mon cœur ? »

Je sais qu’elle ne comprend pas ce que je lui raconte.

J’aimerai lui dire la vérité ce soir mais pour quel résultat ? C’est égoïste ! L’amour est égoïste.

« Tu veux venir ? »

« Oui mais pas pour longtemps tu sais. »

« Je sais. Je me lève et on regarde un billet OK ? »

« OK ! »

J’allume ma lampe de chevet et j’attrape mon portable. Je check rapidement des billets. Pendant ce temps, elle me demande ce que j’ai mangé ces derniers jours, me raconte pour sa grand-mère et m’informe qu’elle devrait avoir tout en double. Parce qu’elle a deux domiciles et que transporter ses affaires la fatigue.

« J’ai trouvé une place pour mardi. C’est bon ? »

« Il y en a pas une demain ? »

« Je suis content de savoir que je te manque à ce point. Il y en n’a pas. Alors, on prend le mardi ? Le vol est pour 11h. »

« Je déteste les vols de jour. »

« Je ne le savais pas. Il y a une autre le jeudi à 18h45. On le prend ? »

« Jeudi ? C’est trop loin ! Humm… va pour le mardi. Tu me manques. »

Je souris comme un con.

« Donc mardi et le retour le mardi d’après ? »

« Une semaine ? Non c’est trop mon cœur. »

« Il y a un vol le samedi, 04h. C’est bon ? »

« Oui ! C’est parfait. »

En un clic, je lui achète son billet. Plus que dimanche, lundi et mardi, nous serons ensemble. Je pourrai la couvrir d’amour. De cadeaux. Je pourrai sentir ses cheveux.

« Tu vas leur dire quoi à tes parents ? », demandais-je.

« Ils n’ont pas besoin de savoir, c’est ma vie. »

« Nowa ! Tu sais, il faut que tu trouves le moyen de parler à tes parents. Tu ne vas pas continuer à les traiter comme de parfaits inconnus. »

« Ma famille n’est pas comme la tienne. »

« Toutes les familles ont leur histoire Nowa. La mienne comme la tienne. »

Nous parlons de choses et d’autres jusqu’à épuisement de la batterie du portable de Calvin. Elle me rappelle avec le sien. Je remercie grandement le mec qui a eu la géniale idée de créer Whatsapp.

« Tu vas faire quoi demain ? » me demande-t-elle.

« Je vais nager un peu et puis je vais compter les heures avant ton arrivée. »

« Tu vas mater les jolies paires de fesses à la piscine n’est-ce pas ? »

« Il faut que je profite avant que ma petite cap-verdienne ne s’amène. »

« Tu sais que je t’aime Rudy ? »

« Non ! Tu me malmène tellement que j’en finis par douter quelques fois. »

« Je suis désolée bébé. »

« Je te pardonne. Tu me laisses dormir maintenant ? »

« Oh non… Je veux continuer de causer avec toi. »

Sourire. Soupir ? Je suis exténué.

Les couleurs de nos...