28. Révélations douloureuses
Write by SSS
….,….Dans la peau de Max SAZE……..
Mes oreilles tintent en entendant la phrase de Leila. Yani et Eugenio me regardent. On se regarde et on ouvre bien nos yeux et nos oreilles sur l'écran.
- Kaya : Parle sans crainte ma fille. Il n'y a que les oreilles des esprits qui recueillent ta douleur.
- Leila : Ils méritaient de mourir. Ils étaient riches et respectés dans la société, nous étions la famille parfaite. Mais la réalité était tout autre. Mon père était un monstre. C’était un pédophile narcissique, orgueilleux et méchant. Je n’avais que 4 ou 5 ans…..il avait commencé à me toucher, me doigter….Ça ne s’est pas arrêté là. Au fil des années, ça a empiré. Il me faisait jouer avec son sexe, il m’embrassait, me caressait ; il m’a appris à tailler une pipe alors que j’avais seulement 7ans. Il m'a fait aimer très tôt des choses dégueulasses que je ne comprenais même pas. J’étais une enfant, je ne savais rien…..
Elle s'est remise à pleurer. De notre côté, Yani a baissé la tête. Eugenio a secoué la tête. C’est triste cette histoire… Je savais que son comportement était motivé par quelque chose mais de là à penser que…..Hum c’est triste. Mais on dois continuer à écouter.
- Leila : Un jour vers 18h, j'étais couchée dans ma chambre. J’avais alors 12 ans. Maman était au Canada pour affaire. La domestique aussi n'était pas là. Il n'y avait que mon père dans la maison. Il est entré dans ma chambre sans frapper et m'a rejoint dans le lit. À cette époque, j’avais commencé à comprendre que ce qu'il faisait était mal, ça me dégoûtait mais il me forçait à chaque fois, disant que c'est parce qu’il m'aimait et que c'était normal. Cette soirée là, il est allé trop loin. Il m'a déviergé. Il a dépucelé sa propre fille. Il m’a interdit de le dire à quelqu’un. Je n'ai jamais autant pleuré de douleur et de dégoût. Depuis ce jour, une haine profonde est née en moi. Je n’avais qu'une envie : le tuer pour que mon malheur s'arrête. J’avais besoin d'en parler à quelqu’un. Je n’était pas très proche d'elle comme elle n'avait jamais le temps mais c’était la seule autre personne que je connaissais plus ou moins, je n'avais pas d'ami. Mais la grande dame n'avait jamais le temps pour qui que ce soit, même pour son pervers de mari. Et même ses soi-disant voyages d'affaire, c'était surtout des occasions d'aller baiser des jeunes hommes loin du nid familial. J’avais vraiment des parents de merde. Même les domestiques qui s’occupaient de moi la plupart du temps avaient plus d'estime à mes yeux. J'ai commencé à les détester et il m'arrivait de les imaginer avec un couteau dans le cœur. J'étais déprimée, malheureuse….
Le silence s'est installé dans la salle. Un silence lourd et plombant. C'est la toute première fois que je ressentais de la pitié pour Leila, que ma colère à son égard s'est estompée. Je comprenais pourquoi elle est celle qu'on connait aujourd’hui. On l'avait blessé…. Et à son tour elle blesse les autres.
- Leila : Je me haïssais, je me sentais sale. Toute les fois Où il avait le ‘’bonheur'' de se retrouver avec moi, je subissait ses assauts. J’avais beau le supplier, il s'en fichait. Et maman ne voulait jamais m'écouter. J'en ai eu marre, marre de vivre cette vie vide de sens, où je servais de pute à mon père. Un jour, une occasion s’est présentée. Le mécanicien de la famille est venu à la maison pendant que les parents étaient sortis pour effectuer des réparations sur l'un des véhicules de mon père qu'il devait emprunter avec maman pour se rendre à une fête dans la soirée. Il avait commencé le travail mais avait dû rentrer pour une urgence. Il m'a clairement dit d'avertir les parents que le frein était défectueux et que emprunter le véhicule serait dangereux. Bien sûr, quand mes chers parents sont rentrés, j'ai dit que le mécanicien a tout réparé et que tout était top. Mon salopard de père et ma bordel de mère se sont sapés comme un couple présidentiel et sont partis avec le véhicule. Je leur ai fait un au-revoir avec un large sourire. Ce qui devait arriver arriva : le véhicule a dérapé et mes parents ont fait un magnifique accident de voiture et ont finis grillés et purifiés par un feu d'essence( rires ). Je n’ai jamais ressenti autant de bonheur et de satisfaction surtout quand j'ai vu les ambulanciers emmener leur cadavres couverts de blancs à la morgue.
J'ai des sueurs froides. Elle riait ! C’est vrai, elle a été gravement traumatisé par son père mais…. Elle fait peur cette femme ; c'est clair que c'est une psychopathe. Yani et moi on se regarde, je vois qu'elle est dans le même état que moi.
- Eugenio : Et j'ai dormi dans le même lit qu'elle pendant 3 ans. Mon Dieu, j'ai la chair de poule.
- Yani : j'ai été son ami pendant bien plus longtemps et pourtant…je n'ai rien remarqué.
- Max : Décidément on ne connait encore rien de cette femme…
*Sur l'écran :
- Leila : La grande famille a décidé que j’irai Yani vivre avec mon oncle paternel. Ce dernier avait une femme acariâtre et quatre garçons. C'était un pétrolier et ma tante avait une très grande boutique donc l’argent ne manquait pas. La première année chez eux s’est plutôt bien passé, mon oncle et ma tante étaient souvent absents mais je ne manquais de rien. Même si j’étais un peu renfermé, on me mettait à l'aise et j'ai commencé une vie enfin normale. Mais après, j’avais alors 14 ou 15 ans, mon oncle a commencé à se rapprocher de moi. Il causait souvent avec moi, me donnait de l’argent et des cadeaux et voulait toujours me prendre dans ses bras. Ça m'a tout de suite interpellé, surtout que j’avais un physique d’adulte assez attrayant, mais j’ai fait comme si de rien n'était. Un jour, on était à la cuisine entrain de causer quand il m'a entouré de ses bras et a commencé par me faire des bisous dans le cou. Je l'ai repoussé mais sa femme est arrivée au même moment. Mon oncle a fait comme si de rien n’était mais je savais qu'elle n’était pas bête. Elle m'a regardé et est repartie sans dire un mot. Depuis ce jour, elle n'a jamais fait allusion à cela mais elle m'a torturé physiquement et moralement pendant des mois. Pour ne rien arranger, leur fils aîné s’est mis à s’intéresser à moi. Elle l'a su et mon martyr s'est intensifié. Des insultes, des gifles, des coups de poings, de bâtons, de palette, les privations de nourriture etc… Le pire a été le fer à repasser sur la cuisse pour une faute que je n’avais pas commise. Il y en avait marre, j'étais innocente en plus. donc j’ai décidé de lui marquer le coup. J’ai payé un petit du quartier pour mettre le feu à sa boutique pendant la nuit, ce qu'il a bien réussi d’ailleurs. Tout est parti en fumé. Elle a failli en mourir. On a jamais su que c’était ma faute. De plus, on a découvert des restes humains sous les ruines de la boutique et ma tante a été arrêté et emprisonnée. Mon oncle en a souffert et la famille s'est brisée. Moi j’ai commencé à me chercher : travailler dans les bars, poser pour des photographes, être hôtesse, faire du commerce etc… J’ai rencontré pleins d’hommes beaux et riches pendant ce temps qui me gâtaient. Je me suis rendu compte que j’étais très attirante et j’en usait ; au fait, je méprisait les hommes à cause de ce que mon père m’avait fait et j'adorait les utiliser et les rabaisser. Mon oncle était contre tout ça et a fini par me chasser de la maison. Je m'en fichait pas mal car l'un de mes gars avait loué une chambre rien que pour moi. J'étais devenue indépendante et libre.
J’étais toujours élève cependant. J’ai échoué la classe de première à cause de mes activités parallèles mais je suis allé la reprendre dans un autre lycée. C’est là que j'ai rencontré Yani Balka. Une fille bien, un peu naïve mais très gentille. Très sincère aussi. Tout le contraire de moi somme toute faite. Elle vivait dans des conditions difficiles avec sa mère et son frère venait de mourir. Malgré tout, elle était brillante et toujours souriante. Par un concours de circonstances, nous avons commencé par sympathiser. On est vite devenus amies, c'était d’ailleurs la seule que j’avais. Je me sentais toujours bien avec elle. J'étais même un peu jalouse quand elle parlait avec d'autres personnes. J’étais la fille toujours renfermée et elle la fofolle extravertie. Elle me remontait toujours le moral et me redonnait le sourire, la sœur rêvée. Bien sûr, elle n'a jamais cautionné mes jeux de séduction avec les hommes et sa mère ne m’aimait pas beaucoup. Malgré ça, on était souvent ensemble et elle m’a aidé à redoubler d’effort à l’école. Dieu aidant, et grâce à notre travail acharné, nous avons passé la première puis le BAC avec mention. Nous sommes entré à l’Université toutes les deux dans des domaines différents. Je commençais réellement à apprécier la vie.
*Dans la chambre avec Eugenio et Yani
Plus aucun mot ne sortait de nos bouches. C’était comme si la tristesse de Leila traversait l'écran pour envahir la chambre. Yani avait baissé la tête et quelques larmes perlaient de ses yeux.
- Moi : Chérie ça va ?
- Elle : Euh oui, t’inquiète pas. C’est juste des souvenirs qui remontent. Elle ne m'a jamais dit qu'elle avait autant souffert…
- Moi : Rien n'est de ta faute, d’accord ? Rien du tout. Ne pleure pas pour quelque chose qui ne dépendait pas de toi.
- Elle : Je sais que ce n’était pas ma faute. Juste que….n’empêche, c’est très triste.
Je l'entoure de mes bras. Qu’est-ceque Leila a encore de bien lugubre à raconter.
*Sur l'écran
- Leila : Tout allait bien entre nous et autour de nous jusqu'à ce que quelque chose ou plutôt quelqu'un vienne bouleverser tout ça. Un homme. Eugenio Aslan Da Silva.