31
Write by Gioia
Trente-et-unième partie
Ameyo Kunakey
Ma fille avait fait tellement d’efforts pour évoluer. La maladie s’était manifestée très tôt sous la forme d’une insuffisance rénale. Elle a dû suivre un régime alimentaire très strict en plus de son traitement, imposé par le médecin qui était l’ami d’Antoine. Elle a perdu beaucoup de poids mais à la fin du programme elle avait repris une vie normale. Elle sortait même quelques fois et j’ai pleuré de joie quand elle a trouvé un emploi à Lomé.
Pourquoi toutes ses années de persévérance se retrouvent effacées en quelques jours. Quand je dis à ma fille que Belle était jalouse d’elle, elle ne voulait pas me croire. Voilà que Ciara s’en sort enfin. Elle travaille dans une grande compagnie mais comme belle n’est que professeur elle ne veut pas voir ma fille avancer. Elle vient lui rappeler les événements passés et fait replonger ma fille. Ciara est inconsolable depuis. Elle ne pleure même pas parce que si c’était ça j’aurais pu la consoler. Elle reste assise à même le sol, met la tête entre ses jambes et répète toujours, des années à m’infecter moi même sans savoir. Puis je l’ai donné aussi à un homme qui ne m’a rien fait si ce n’est m’aimer. J’ai causé la mort de mon bébé. Tout est ma faute maman. Elle fait une pause. On pense qu’elle s’est endormie peut-être et elle reprend.
Antoine m’a dit qu’il arrive bientôt mais je ne le vois toujours pas. J’ai fait aussi mon test et il est négatif. Même si j’aurais préféré avoir la maladie et voir ma fille en meilleure santé. Moi j’ai déjà fait une grande partie de ma vie mais c’est maintenant qu’elle commence. Elle aura bientôt 29 ans et mon souhait c’est de la voir mariée, dirigeant son entreprise et avoir plein d’enfants. Ça nous a pris un temps fou à Antoine et moi pour lui faire accepter que les porteurs du VIH peuvent être épanouis en couple. Et La jalouse de Belle vient tout détruire. Si j’ose dire maintenant, Ciara va se mettre à crier donc je laisse. Je fais des efforts pour la convaincre afin qu’elle quitte le sol pour se laver et ensuite manger. Est-ce qu’elle m’écoute je ne sais même pas. Si on pouvait trouver ce garçon Félix pour qu’il aille en prison ça me soulagerait parce que la boîte de bétadine, ma fille n’a plus. Elle a tout utilisé et déjà remplacé donc même pas une preuve pour prouver ce qu’elle pense. Moi même je sais pas si tout ça est vrai hein comme ça vient de Belle mais à ce stade je suis seulement Ciara. Si c’est à ça qu’elle croit, je suis d’accord avec elle.
Tao Adamou
Je déteste l’odeur de l’alcool mais qu’est ce qu’on ne ferait pas pour ses amis. Son ami dans mon cas parce que je ne vais plus m’attacher à un autre type si mon amitié avec Magnim prend fin. C’est énervant de voir quelqu’un à qui tu tiens détruire sa vie quand toi tu crois en son potentiel. J’étais tellement en colère que j’ai laissé la cuvette tomber sur sa tête penchée vers les toilettes. Ça l’a réveillé un petit peu mais il disait encore des conneries.
Tao: il n’est même pas 7h Magnim!
Magnim: cc...chu......
Le reste de sa phrase fini en vomi dans les toilettes. Je sors de là et je préviens sa copine Carlie qu’il y est encore
Carlie: quoi? Il l’était à six heures ce matin! Quand est ce qu’il va s’arrêter?
Tao: tu me demandes parce que Je bois avec lui? Je dis en colère tout en sortant le nécessaire du frigo pour mon petit déjeuner
Carlie: tchip c’est bon j’ai compris! Tu vas pas m’aider comme d’habitude.
Elle piaffe encore avant de ramasser sa tablette, ses faux ongles qu’elle collait et sa trousse de soins puis monter dans leur chambre.
Cette fille ne sait que se plaindre de Magnim pourtant elle était au courant qu’il combattait son addiction quand ils se sont mis ensemble. Jamais elle ne propose rien comme solution concrète pour aider. Quand moi j’ai dit qu’on évite de ramener l’alcool à la maison pour ne pas le tenter la demoiselle n’a ramené que des plaintes encore. Elle ne peut pas dormir sans son verre de vin. Ses amies viennent souvent la voir et elle ne peut pas recevoir les gens avec l’eau ou du jus. Elle n’est plus au lycée quand même. Ses dires pas les miens. J’ai donc proposé qu’elle cache son vin dans un endroit hors d’accès pour Magnim. Les plaintes étaient de retour. Ho pourquoi on doit souffrir ou on ne peut même pas vivre en paix tout ça pour un gars qui ne sait pas qu’il doit être un homme. Pourtant c’est grâce à cet homme que tu es dans cette maison. À la base ce n’est que la mienne et celle de Magnim. Tu es venue ici sous prétexte que tu veux l’aider à se libérer de son problème. Depuis tu es là. L’aide on ne la voit pas mais c’est toi qui te plaint.
En fait c’est Magnim qui m’énerve. Tout ça c’est lui qui l’a occasionné. Qu’est ce qu’on a pas fait pour le soutenir Hana, Auxanges et moi? Mais il continue de se laisser envahir par cette idée que sa maladie est incurable. Ce qui me saoule surtout c’est qu’il est un porteur sain. Depuis qu’on a découvert la présence du virus dans son corps, il n’a jamais développé la maladie. En plus de ça chaque test qu’il a fait ses dernières années ont relevé que la charge virale dans son sang est négative voire presque indétectable malgré qu’il ne prenne pas de façon régulière son traitement. Son médecin lui a expliqué qu’il avait la chance de faire partie d’un nombre infime de personnes appelées contrôleurs dont l’organisme arrive à contrôler et bloquer tout seul le virus. Vu qu’il reste encore un risque même s’il est infime on lui a recommandé de poursuivre son traitement et il existe une chance qu’il puisse retrouver une sexualité sans préservatif. sans risque de contamination pour sa partenaire s’il est assidu dans la prise de son traitement. Tout ça ce sont des bonnes nouvelles non? Magnim n’a pas bien écouté on dirait.
Après avoir sombré un moment dans l’alcoolisme à cause de la perte de son fils et sa relation il a réussi à se reprendre. J’étais là. J’ai compris son désarroi. Je veux dire ma part n’atteignait en rien la sienne mais j’étais moi même rempli de rage suite à la décision de Farida et ce que je traversais comme situation professionnelle jadis. L’aider à s’en sortir m’a aidé. J’ai retrouvé du travail. Lui aussi. Nous avons bouclé nos masters 2. J’ai eu accès à mon héritage. Nous sommes revenus à Lomé pour nous y installer. Tout allait bien. Magnim était normal. Il avait rencontré Carlie qui semblait accepter sans problème la relation en dépit du VIH. Hana nous a rendu tontons du chef Tchaa. Puis une des sœurs de Magnim a perdu la vie de façon assez tragique. Elle, son mari et leurs trois enfants sont morts des suites de brûlure à cause d’incendie survenu chez eux. Après Hana je pense bien que c’était de celle là qu’il était le plus proche. Depuis, quand je n’ai pas un œil sur lui il se cache pour se noyer dans l’alcool. Si on ne m’appelle pas pour me dire de venir le prendre dans un bar c’est que je rentre le trouver couché au sol ou dans les toilettes comme ce matin. Je ne suis pas quelqu’un de très patient je reconnais mais pour moi il ne fait rien pour s’en sortir. Il s’est totalement abandonné. Encore heureux qu’il tient au travail. C’est ça aussi qui m’étonne. Il n’est jamais bourré quand il s’y présente. Mais notre amitié n’est plus la même depuis. J’ai l’impression d’être responsable d’un enfant quand il est dans cet état et ça me fait mal de voir celui avec qui j’ai vécu depuis presque dix ans prendre une tournure pareille.
Une fois mon petit déjeuner terrassé, j’ai pris une douche et je me suis assuré de peigner proprement la barbe que maman déteste sous prétexte que mon visage ressemble à un champ rempli de mauvaises herbes. J’avais laissé au début sur un coup de tête pour énerver mon père. Puis je m’y suis habitué et je trouve que ça sied mieux à la personne que je suis maintenant.
Un tour dans la salle de bain et Magnim essayait de se lever enfin. Je l’ai aidé et mis dans la baignoire avant d’ouvrir de l’eau glacée sur lui. Comme d’habitude elle marche toujours bien cette méthode. J’ai prévenu Carlie qu’il était dedans avant de le redire aussi à mon gardien à la sortie parce que madame est en pleine ouverture de sa boutique de mariée et elle n’aime pas être dérangée ne serait qu’une seconde quand elle est sur son projet. C’est le gardien qui veille au pas quand je ne suis pas là. Un brave homme que je m’assure de payer en conséquences.
Notre cabinet demeure ma fierté jusqu’au jour d’aujourd’hui. Nous n’avons qu’un bâtiment d’un niveau mais si tout continue comme je l’espère nous allons le monter cet immeuble pour louer les autres étages à d’autres compagnies. Une pile de dossiers et ma secrétaire toujours prête m’attendaient. Farida aussi. C’est elle que j’ai vu en premier quand je suis entré dans les locaux. Elle était assise dans le coin pour les visiteurs. Je ne lui ai pas donné un second regard puis je me suis entretenu avec ma secrétaire. deux heures après avoir bouclé ce que je faisais j’étais prêt à la recevoir quoiqu’étonné qu’elle soit restée pendant tout ce temps.
Elle est entrée et se tenait debout devant moi dans cette robe robe couleur terre qui
moulait son corps tout en s’arrêtant aux mollets. Ses cheveux toujours denses avec un morceau de tissu noué savamment autour. Son style reste Afrocentric. À ce stade je ne l’imagine plus dans un autre. C’est celui qui le convient le mieux. Et Dieu qu’elle a changé en bien. Ses traits innocents sont plus prononcés et féminins aujourd’hui. Son regard aussi est différent. Je le sens sur moi puis la colère revient.
Tao: Tu es là pour m’admirer?
Farida: bonjour Tao, elle me dit de cette voix. La même que je connais. Calme et posée.
Tao: bonjour. C’est permis de s’asseoir
Farida: je ne serais pas longue. Je venais te remettre ceci, elle dit en poussant un bout de papier vers moi
Je le regarde un moment, le prend puis l’ouvre pendant qu’elle continue à parler
Farida: ce n’est certes pas tout ce que je te dois et si ça ne te dérange pas s’il te plaît j’aurais besoin d’un peu de temps encore pour te donner le restant mais je pense pouvoir tout te rendre dans deux ans. J’en profite aussi pour te remercier de vive voix pour ta générosité et.....
Farida Bouraima
Il me cloue le bec en passant le chèque dans une machine qui émettait un bruit ressemblant à celui d’une déchiqueteuse.
Tao: j’ai payé ton école. Tu as saisi ta chance. L’engagement est conclu. Tu continues ta vie. Je fais pareil. Bonne journée
Puis il baisse sa tête pour se concentrer sur sa tâche. Je dois m’en aller mais je ne veux pas partir. J’ai l’impression qu’il m’en veut et ça me dérange tellement. Je mets ma fierté de côté et je m’assois dans le siège en face de lui.
Farida: je l’ai fait pour toi. Pour ton avenir.
Il lève la tête, rit mais ses lèvres ne se plissent pas comme quelqu’un qui rit de joie
Tao: pour moi? Tu as dit pour moi?
Farida: tu étais au chômage Tao. Tu ne supportais plus de l’être. Tu as tellement fait pour moi. Comment je pouvais rester là à te voir frustré, sans porte de sortie, sans pouvoir t’aider? Je voulais te rendre la pareille.
Tao: ce qui me tue c’est que tu me connaissais Farida. Tu sais combien je déteste qu’on décide pour moi ou qu’on m’impose des choix. Mais tu as osé me dire de prendre une femme parmi les propositions de maman comme si ma queue t’appartenait ou c’était à toi de me dire qui ou quand fourrer, il dit sur un ton sévère
Farida: ah oui? Donc c’est ma faute? J’aurais dû rester là avec toi, nos disputes quotidiennes, maman qui me regardait avec déception, persuadée que c’est moi qui t’interdisait de prendre une deuxième femme? J’aurais dû rester juste là prostrée sans rien faire pour aider l’homme que j’aime? Je demande en colère tout en me levant
Il se lève aussi, me regarde comme s’il voulait me tordre le cou puis se retourne pour regarder par la grande fenêtre
Tao: qu’elle soit présente avec moi. Il a dit après un moment
Farida: quoi?
Tao: c’est ce que j’ai dit en thérapie une fois quand le Dr Remblais nous a demandé d’exprimer nos attentes quant à l’avenir. J’ai dit que je te voulais présente à mes côtés. Je voulais qu’on travaille à deux pour évoluer émotionnellement. Je ne t’ai pas demandé d’être mon sauveur ou un ange. Juste là à mes côtés point final.
J’accuse le coup et je ne dis rien pendant un moment. Il se retourne et se rapproche de moi avant de continuer.
Tao: Ce dont j’avais besoin c’est que tu restes tranquille. Que tu attendes. J’allais trouver un moyen tôt ou tard
Farida: tu ne m’as rien dit quand je t’ai fait par de ma décision pourtant. J’ai fait un mois à la maison suite à ça. Tu pouvais me dire si tu n’étais pas d’accord mais tu ne m’as jamais adressé la parole. Tu sais ce que ça m’a coûté mentalement de te quitter? Je demande et pleure malgré moi
Tao: tu as pris ta décision. Tu vis avec les conséquences. C’est comme ça que ça se passe chez les adultes.
Cette fois c’est moi qui rit de colère et douleur. Il n’a pas changé. Toujours aussi intransigeant
Farida: c’est facile de me réciter ce que tu aurais aimé que je fasse mais toi tu aurais fait quoi à ma place, dans le climat dans lequel on était? Tu aurais pu rester avec moi quand tu savais qu’un autre pouvait me donner ce dont j’avais besoin?
Il me regarde et ne répond pas. Je ne suis pas étonnée. Il m’en veut et pourtant il sait très bien ce qui m’a conduit là. Il m’aurait dit non. J’ai une solution. Même si c’était un semblant de solution que j’aurais tout laissé. Je serais restée sans le moindre doute. Que maman soit en colère ou pas. Parce qu’au final c’est Tao qui était plus important pour moi.
Farida: je ne regrette pas ma décision. Que tu m’en veuilles ou pas. Ce que je voulais c’était aider l’homme que j’aime. Ma méthode n’était peut-être pas la bonne mais je ne vais pas rougir de ça. Aujourd’hui tu l’as ton cabinet et pour quelqu’un qui était autant contre le fait qu’on fasse des choix pour toi, tu n’as pas traîné avant de fonder une famille avec Kenza
Tao: Farida....Farida.....Farida, quand est ce que tu vas comprendre?
Je plisse le front à sa réponse et là mes yeux se rendent compte qu’à son doigt il n’y a pas d’alliance. Le cœur battant je pose la question qui me brûle de l’intérieur
Farida: tu....tu n’es pas marié avec elle?
Il me regarde intensément encore puis s’éloigne brusquement.
Tao: j’ai du travail. Au revoir
Farida: tao répond moi!
Tao: au nom de quoi? Tu es d’abord qui? Il demande sur un ton arrogant
Merci à Ce qui me retient de sauter sur lui et le frapper. Je sors en trombe et je ne peux m’empêcher de claquer la porte.
Tao Adamou
Une furie, c’est ce qu’elle est devenue. Un malade c’est ce que moi je suis. Une partie de moi attendait qu’elle fasse quelque chose. Qu’elle ose me toucher pour que je me lâche. Puis je me suis rappelé du vaginisme et j’ai préféré retourner à ma place. Je ne pense pas que je connaîtrai une frustration pareille jusqu’à la fin de ma vie. Aucune femme n’arrive à provoquer ce que celle là fait en moi. Colère, envie, rage, désir, et tout ça ne peut sortir de moi que si je la couche ou je m’éloigne d’elle. Des femmes j’en ai connu un tas après elle. Plein sauf Les femmes que maman avait sélectionné comme épouse potentielle pour moi. Y compris Kenza. Pas parce qu’elles n’étaient pas à mon goût mais personne ne me dira qui baiser. J’ai toujours signé et j’insiste sur ça. À Maman aussi j’ai servi son lot. Mais Je n’ai pas tenu plus de six mois sans lui parler parce qu’elle était misérable. Elle s’en voulait du départ de Farida. Jusqu’au jour d’aujourd’hui elle se considère comme la responsable de notre échec malgré mes explications. Nous sommes les coupables. Moi avec mes sautes d’humeur quand il s’agit de Farida. Et elle avec son sens du sacrifice qui m’énerve encore mais que je comprends parce que je ne sais pas comment ne pas me sacrifier pour elle aussi. Mais mon sacrifice ne lui a pas coûté ou fait du mal. Elle m’a blessé dans mon ego en me proposant une solution évidente quand je n’en avais aucune. Sa solution bien qu’énervante était la plus plausible je le sais. Mais une partie de moi aurait aimé qu’elle reste. Deuxième femme ou pas. J’aurais aimé qu’elle soit là avec moi. Qu’elle revendique bien fort devant maman que je suis à elle et personne d’autre. Et si deuxième épouse il devait y avoir, elle et maman sauraient que la femme que j’aime avant tout c’est Farida. Libre à la deuxième de rester. Je voulais qu’elle ait cette assurance. Qu’elle soit sereine quelque soit ce qui arrive mais elle a flanché. Et ça m’énerve. En même temps je ne sais pas si j’aurais pu supporter une situation pareille si elle devait avoir un autre homme dans la même maison que nous. Imaginer qu’il la touche et entendre ses petits gémissements. Je ne sais même pas si elle est actuellement célibataire. Des années plus tard et je continue à lui donner ce pouvoir de me rendre fou. Il vaut mieux que je travaille.
Belle Mally
Trop c’est trop avec maman Ameyo. Je sais pas ce qu’il en est de Ciara depuis l’annonce de la nouvelle. J’ai peur qu’elle retourne à la Ciara qui ne répondait plus à mes appels donc je suis devant le portail de leur maison. Je sonne et je m’apprête à me battre avec maman Ameyo s’il le faut.
Leur bonne m’ouvre et je demande à voir Ciara. Maman Ameyo est derrière et se met à crier
Ameyo: ho sorcière retourne chez toi pour gâter là-bas!
Belle: je suis là pour voir mon amie!
Elle frappe ma bouche avant même que je ne puisse réagir. Je suis choquée et moi aussi je crie en même temps qu’elle
Ameyo: que ta sale bouche ne parle plus jamais de mon seul enfant! Une amie que tu as entraîné vers les hommes?
Belle: j’ai écarté ses jambes devant l’homme en question?
Ameyo: Han Je l’avais dit ici! Maintenant tu veux la traiter de fille facile non. Va! va t’occuper de ton rejeton et quitte ma devanture. Elle dit en fermant son portail
Je suis sous le choc. Cette maman m’a conseillé un tas de fois dans ma vie. Elle a acheté des vêtements pour moi. Je restais dormir dans cette même maison quand on revenait des fois de l’école. Aujourd’hui elle me traite comme une malpropre. La colère faisant j’ai démarré pour rentrer puis non. Je ne veux pas tomber dans ce piège. Je ne veux pas devenir comme maman ameyo qui déteste les gens pour des choses dont ils ne sont pas responsables. Ciara n’est pas sa mère et je ne veux pas laisser mon amie sombrer. J’ai pris le chemin de l’hôtel Palm Beach dans lequel se trouve les locaux de Safmarine. Je me suis garée sur le côté en espérant qu’elle vienne par la sortie que j’avais choisi. Je suis même sortie m’asseoir à côté de la vendeuse de chips de banane plantain. À un moment ce n’est pas Elle que je vois mais Magnim. Je me lève précipitamment et crie son nom mais les voitures passent. Il entre dans un immeuble et je le manque. Il n’a pas changé d’un poil même si je ne l’ai vu que de profil. Je traverse enfin et je veux entrer dans l’immeuble mais le gardien m’arrête et demande mon nom.
Un moment plus tard il me dit que la secrétaire n’a rien confirmé comme rendez-vous. Je demande une faveur pour voir quand même Magnim Wiyao mais le gardien refuse. Je retourne à ma place et je vois enfin Ciara descendre de l’autre côté. Je vais vers elle et lui prends la main sans qu’elle n’ait le temps de parler. Heureusement elle se laisse faire. Comme elle n’a pas de voiture, on ne se dérange pas pour savoir ce qu’on fait. Elle s’assoit à mes côtés et je démarre pour la maison. J’arrive chez moi et trouve une autre surprise en la qualité d’Eli assis sur le perron pendant que maman lave Elikem dans une bassine.
Gisèle: ah te voilà même. Oh Ciara c’est toi comme ça? Ça fait longueur
Elikem: ey on dit pas comme ça. Ça fait lantan grand maman tention, elle dit en secouant le doigt devant sa mamie
Gisèle: faut laisser mon français hein, elle répond en essayant de lui mordre le doigt ce qui fait rire aux éclats Elikem
Ciara: salut maman. Elle répond avec un petit sourire
Belle: j’avais dit quoi sur le fait de laver la petite dehors maman?
Gisèle: oh faut pas me fatiguer Bella. On ne peut même pas courir torse nu sans que tu ne commences à parler sur la santé de l’enfant. La petite que tu vois robuste ici est fragile?
Belle: c’est comme ça que ça commence et après sa respiration va devenir étrange.
Gisèle: on a compris oh. Je rince ses cheveux et je la sors. Papa Eli tu vois ce que je subis ici? Toi même qui est pédiatre tu ne m’as pas dit que cinq minutes ne va pas la tuer?
Il lui offre un sourire compatissant. Elle soupire que lui même est un vendu et seule Elikem est sa vraie potesse ici. Ma fille ne veut même pas sortir de l’eau quand on finit mais elle obéit dès que son papa Eli tend les bras avec la serviette.
Ciara.....on règle pour Ciara d’abord. Et Eli va ensuite s’expliquer.
J’ai emmené Ciara dans ma chambre comme nous n’avons pas vraiment d’endroit plus intime dans notre cour commune.
Belle: tu ne dois pas te laisser t’abattre Cici. Maintenant on sait la vérité. On peut essayer de retrouver Félix pour le confronter
Ciara: tu comprends pas Belle. La dernière fois que j’ai vu Félix, je lui ai dit qu’il ne valait rien. Que je trouverai mieux que lui. Que ce n’est pas sa petite TV qu’il a mis dans mon appartement qui fait de lui le roi de l’univers et je peux acheter plus grand.
J’ai dit tellement de choses à cause de la colère. Il m’a dit que personne ne voudrait de moi et je reviendrais vers lui en rampant. Si je n’avais pas dit tout ça Belle, il n’allait pas s’emporter et contaminer ma bétadine.
Je la gifle pour la première fois depuis qu’on se connaît. Elle est sous le choc et moi aussi.
Belle: désolée c’était pour te ramener sur terre. Ça marche dans les films donc ne me rend pas. Primo tu es une victime. Le tort n’est même pas partageable
Ciara: mais Magnim n’a rien cherché. S’il ne s’était pas mis en couple avec moi il n’aurait pas subi tout ça. Antoine l’a plumé tu sais avec le procès. J’ai regretté à un moment la plainte mais Antoine ne voulait pas laisser tomber. Nous nous sommes disputés sur ça. Comment je vais pouvoir lui faire face quand c’est ma faute ce qui lui est arrivé et en plus j’ai vidé son argent?
Belle: je l’ignore mais je l’ai vu aujourd’hui. Tu pourras lui demander directement
Ciara: quoi? Il est à Lomé? Elle demande surprise
Belle: moi aussi je l’ai constaté comme toi aujourd’hui. En plus il travaille dans un cabinet d’architecture non loin de Palm Beach
Ciara: Doux Jesus. Il était peut-être tout près de moi depuis et je l’ignorais
Belle: moi aussi j’ai des choses à me faire pardonner donc tu n’es pas seule. On va le voir ensemble et je vais t’aider
Ciara: si.....tu penses qu’il voudra bien nous voir?
Belle: est ce qu’on va lui laisser le choix?
Ciara: faut pas qu’on l’envahisse aussi belle. Il a déjà beaucoup subi
Belle: attend je vais faire signe à Farida. Par Tao on peut probablement atteindre Magnim. Fais moi confiance
Ciara: d’accord
Belle: en passant. Ta maman et moi on s’est pris la tête aujourd’hui. Si elle te dit que.....
Ciara: laisse. Je la connais déjà
J’ai dit okay puis nous avons cherché le contact de Farida. Par la suite je l’ai déposé chez elle. Au retour Eli était encore là avec Eli prime. Maman était assise sur son tabouret avec sa radio en main entrain de chercher sa chaîne favorite.
Belle: pourquoi Elikem est au tableau avec la règle et toi tu es assis comme l’élève? Je demande à Eli
Elikem: papa il fait le compte pour les chiffres Avec moi.
Belle: donc le grand pédiatre qui a veillé sur toi va apprendre les chiffes maintenant hein
Eli: laisse mon prof. Oui Madame Mally on était à quatre.
Elikem: voilà, elle écrit quatre avec la craie rouge au tableau. Sur son visage il y’a tout un mélange de craie déjà. Ne parlons pas de ses cheveux que je dois même tresser
Belle: on ne fait plus l’école à 22h miss Elikem. Le lit t’attend toi et Mr Laré Aw doit rentrer trouver madame Laré Aw
Elikem: non non maman pardon on joue. Elle dit en sautant
Eli: et madame Laré Aw est déjà dans les bras de son gars
Belle: pardon ne parle pas mal de ma copine Cathy Coleman ici. Elle n’est pas ce genre là
Eli: tu m’as marié toi à Cathy Coleman?
Gisèle: Papa Elikiki 1, Maman Elikiki un gros zéro
Belle: mais....je dis confuse
Eli: allez ma guerrière, woah tu es lourde hein. Tu as mangé quoi ce matin? Il dit en la soulevant
Elle lui détaille son menu tout en riant.
Gisèle: donnez on part même dormir Elikiki comme l’autre là ne veut pas commencer mon émission. Si votre causerie dépasse cinq minutes il ne faut plus entrer dans la chambre ici Belle. Tu rentres une fois dormir avec papa Eli. Elikiki faut dire babayi à papa Eli et maman
Elikem: bonne nuit maman. À demain papa Eli. Elle nous disait avec les grands aurevoirs comme si je n’habite pas dans la maison avec eux
Les deux me laissent sans aucun souci et je suis seule avec Eli
Belle: tu as mis une photo de toi et elle à une cérémonie de mariage. Elle était en blanc et tenait un bouquet. Toi même tu étais en blanc et tu la tenais par la taille
Eli: c’était un shoot pour le magazine de ma sœur.
Belle: tu me laisse dire depuis plus d’un mois, « dis bonjour ou bonsoir à madame Coleman Laré Aw » et ça ne te tente pas de rectifier?
Eli: lol est-ce que c’est ma faute si tu aimes sauter sur les conclusions sans demander?
Belle: bonne nuit Eli, je dis déçue en retournant en chambre mais il m’arrête en me prenant la main
Eli: okay ce n’était pas drôle. Ne te fâche pas
Belle: tu me prends pour une conne et je ne dois pas me fâcher? L’amitié c’est de tourner les gens en bourrique? Ou tu te crois tellement beau que tu me voyais pleurer sous mes draps parce que tu étais passé à autre chose?
Eli: .....
Belle: tu te fourres le doigt dans l’œil si tu crois que j’ai versé une larme pour toi! Un gros doigt. Tu peux épouser qui tu veux d’ailleurs. Fais même comme tu sens. Va t’amuser. Tu es franchement un grand gamin. Non mais qui a idée de rire de choses pareilles? Un mariage tu sais pas que c’est sacré? Tu as pensé au docteur Coleman? Si elle avait un gars maintenant tu laisses cette photo sur ton profil depuis des jours et ça ne te dit rien qu’on spécule? Pfff tu m’énerves trop!
Eli: tu as fini?
Belle: non!
Eli: demain sois prête. On sort. Tu pourras me dire dans un endroit moins bondé comment je ne suis qu’un gamin qui te saoule. Bonne nuit bijou, il dit en me câlinant la main
Je piaffe encore quand il s’en va. Je me retourne. Maman est à la devanture avec la main sur la bouche. Elikem se cache derrière.
Je comprends la fameuse foule dont il parlait enfin.
Belle: zizèle il faut grandir un peu franchement
Elle rit encore et part avec Elikem qui se permet de rire aussi. Rien que des gamins tchip.