33- Les couleurs de nos amours
Write by lpbk
« Donc vous êtes à nouveau ensemble ? », demande Iris.
Je sens bien dans le ton de sa voix qu’elle n’est pas très contente. Je ne dis rien. Je préfère laisser à Nowa la liberté de s’exprimer sur « nous ».
« Ce n’est pas ça Iris. Nous n’avons pas vraiment discuté. »
« Ah ! Et vous faisiez quoi dans cette cabine ? »
Si ça continue, un de ces matins elle demandera des visas aux moustiques qui passent la nuit chez son mec.
« On discutait Iris. »
Heureusement que nous arrivons devant la pâtisserie. Je me gare et je m’apprête à sortir.
« Ce n’est pas la peine. Nous n’avons pas besoin de ton aide. », lance Cruella.
Je glisse quelques billets dans sa main et je les regarde s’enfoncer dans la pâtisserie. À travers la baie vitrée, je les observe en train discuter entre elles. Elles se croient en conclave ou quoi ? Je parie que l’ordre du jour c’est Rudy EYA.
« Je ne savais pas que choisir des glaces prenait autant de temps. », lançais-je à leur retour.
Georgette est la seule à s’excuser. Les autres… Humm.
Je roule silencieusement jusque chez Nowa où elles doivent toutes passer la nuit. Iris descend sans un mot. Elle est sure qu’elle est bien ? Peu importe, je me retrouve seul avec Nowa. J’ai déjà peur que sa cousine lui ai prodiguée quelques conseils obscurs.
« Excuse Iris. »
« Ce n’est pas la peine. Elle s’inquiète juste pour toi. »
« Oui. »
Le silence est lourd.
« C’était où ? »
« De quoi tu parles ? »
« Avec l’autre, la mère de ton enfant c’était où ? »
« Arrête Nowa… S’il te plait. »
« Dis-moi Rudy. »
« Non ! Je n’ai pas envie de te rendre triste. »
« Tu aurais dû y penser avant de … Humm ! C’était où ? »
« À la maison ! », lachais-je en me maudissant.
« Chez toi tu veux dire. »
« Nowa ! »
« Non Rudy ! Il n’y a pas de Nowa. Tu as couché avec elle sans préservatif ou le préservatif a eu un bug ? Tu sais quoi ? Tu vas faire tous les tests qui existent si tu veux avoir encore l’occasion de poser tes pattes sur moi. Ensuite tu vas me faire le plaisir de changer de lit dans TA maison. C’est clair ? »
Je ne comprends pas ce qui se passe. Tout à l’heure elle était différente dans cette cabine. Nous étions même très bien partis et maintenant on dirait une harpie.
« Tu as perdu ta langue ou quoi mon chéri ? Tu pensais que quoi ? Que tu allais te pointer bien coiffé, bien fringué. Que tu allais me sauter et qu’après avoir éjaculé j’aurai tout oublié ? »
« Tu n’es pas obligée d’être grossière. S’il te plait. »
Elle soupire. Elle semble bouillonner de colère. Je me tais à nouveau.
« On pourrait aller s’assoir quelque part et parler. Tu veux bien ? »
« Non ! Je te dirai quand j’aurai envie de parler. »
Nowa NYANE
Le regard d’Iris quand je traverse la porte.
« Donc vous êtes à nouveau ensemble. », demande-t-elle alors que je me dirigeais vers la chambre.
Je reviens sur mes pas.
« Iris, je n’en sais rien. Et franchement ce n’est pas comme ça que tu m’aides. »
« Comment ça tu n’en sais rien ? Moi je veux juste savoir s’il faut mettre un parachute sur ton cœur parce que crois-moi, je sens que tu risques d’en baver encore avec lui et la mère de son gosse à venir. »
« Iris ! », fait Georgette.
« Laisse tomber Georgette ! On n’a pas toute la chance d’avoir un gars parfait comme Calvin. Je crois que je vais aller me coucher. »
Je n’y peux rien si je suis amoureuse d’un salop. Je tire les rideaux, je m’installe dans mon lit. Cette fois, je ne vais pas pleurer. Je vais juste respirer et c’est tout. Ma main croise mon portable. Je n’ai pas sommeil. Je soupire en me retournant. Je vais écrire à qui ne se sentira pas de me juger. Appel ou message ? Message au cas où il serait en train de bosser. Finalement, je crois que je vais le laisser tranquille en plus, il est presque 19h. Je pose mon portable et je m’allonge. Mes cils n’ont pas le temps de battre quatre fois que mon portable vibre. Rudy !
« Hey. »
Il veut quoi ? Je doute qu’il ait fini avec ses prises de sang.
« Bonsoir. »
« J’ai oublié de te le dire, tu es magnifaïk. »
Il croit m’avoir comme ça ?
Au même instant, une autre bulle apparait.
« Un samedi soir spécial ? »
Je souris. Même dans ses messages il dit le moins possible.
« Surtout ne réponds pas en même temps. », poursuit-il.
Nouveau sourire.
« Pourquoi ? », finis-je par répondre.
« Il ne faudrait pas que tu fasses une bêtise. »
Je me marre comme une belle idiote. Tellement qu’Iris vient s’assurer que je ne suis pas victime d’un gaz hilarant.
« Tu vois que tu réfléchis. »
« Même pas ! Je parlais avec ma cousine c’est tout. »
« OK ! Et avec son mec ça s’est arrangé ? »
« C’est sur la voie je pense. »
« OK ! »
Il y a comme un blanc.
« Tu connais Assinie ? », lui demandais-je histoire de faire la conversation.
« J’en entends parler par des collègues. »
« Comment ça se fait que tu n’y sois jamais allé ? Avec tes horaires de malade, tu le dois bien à ta petite-amie. »
« Pas de petite-amie. Je suis trop complexe pour vous les femmes. »
« Je ne te trouve pas complexe. Il est certain que tu es différent. »
« Tu veux y aller ? »
« Où ? »
« Assinie petite rêveuse. »
Il ne sait vraiment pas où ça se situe. Le pauvre.
« En général, ça se prépare. Il faut quand même quelques deux heures pour s’y rendre. »
« Si on y va dans une heure nous y serons donc vers 22h. En plus, demain c’est dimanche, tu as de la chance, aucun risque que tu te fasses virer. »
« Et toi ? »
« Je suis trop bon pour me faire virer. Oui ou non ? »
Ça tourne dans ma tête. Je fais vite les analyses, le calcul et il faut se rendre à l’évidence, je pense que je préfère aller passer mon temps ailleurs. Babi devient étouffant pour moi.
« Oui. »
« A dans une heure. »
« Mais où ? »
« Où tu voudras. C’est toujours ce que tu veux. »
Il ne serait pas en train de me draguer par hasard ? Tic tac… Non ! Il doit avoir des centaines de filles mieux que moi aux trousses.
« Couleur café ! »
Je m’en vais me rincer, il ne faudrait pas que je pue le sexe. Je mets quelques affaires dans un sac et je suis prête à me rendre à ce petit café où il m’a tant faite rire.
« Et tu vas où ? », me demande Iris avant que je ne ferme la porte.
« Je vais faire un tour Iris. Juste un tour ! », criais-je en claquant la porte avec toute la rage du monde.
Je le retrouve garer devant le petit café. Il me fait un signe de la main quand il me voit arriver.
« Hey ! »
« Hey ! »
« Tu ferais mieux de monter. Au lieu de sourire ainsi. », dit-il en me tenant la porte. « Et tu sens bon. »
Mika BIAM
En arrivant ici ce soir, j’étais sûr qu’elle allait m’envoyer un message pour m’envoyer sur les roses. Elle se serait excusée et se serait endormie tranquillement. Mais là, elle sourit, c’est bon signe.
« Tu connais le chemin ? »
« Oui ! Je te rappelle que je suis née ici. »
« Tu me l’apprends. », dit-il en démarrant.
« Tu sais, j’ai pris les pouls de mes amies. »
J’étais bien loin d’imaginer que ce simple truc la rendrait presque dingue. J’adore son sourire.
« Bravo ! Tu pourras bientôt être mon assistante. »
« Je suis faite pour être une boss lady Mika ! Oh des fleurs, elles sont bel… », s’exclame-t-elle alors que nous passons devant un étal très coloré.
« Tu aimes les fleurs ? »
« J’en suis folle. Surtout les roses, les rouges. »
« Les roses ou les rouges ? », demandais-je en me moquant un peu d’elle.
« Les roses rouges et puis, arrête de te moquer de moi. », répond-t-elle en me poussant gentiment.
Je continue de rouler en l’écoutant. Au carrefour, je fais demi-tour en faisant bien attention de ne pas nous tuer.
« Qu’est-ce que tu fais ? Assinie c’est par là-bas ! Mika, c’est derrière nous. »
« Du calme, je ne te kidnappe pas. »
« Tu n’oserais pas. Je suis tellement chiante que tu me rendrais sans rien demander en retour. »
Je te garderais, pensais-je.
« Non mais sérieux, tu fais quoi Mika ? »
Je roule calmement jusqu’à un autre carrefour où je tourne encore. C’est une boucle. Elle ne s’arrête jamais de parler cette fille ? Je ralentis devant les fleuristes, je coupe le moteur et sans dire un mot, je descends de voiture. Je m’en vais lui faire le plus beau bouquet de sa vie. Du moins, j’espère que ce sera le plus beau. Il y a des roses c’est tout ce que je sais.
« Pour toi ! », dis-je en remontant dans la voiture.
Ses yeux, ils ont comme une pluie de diamants. Des tout petit. Elle reste un moment, je crois qu’elle ne réalise pas vraiment qu’il est pour elle. Elle roule des yeux, se pince la lèvre et saute dessus. Je peux à nouveau démarrer. Direction Assinie.
« Regarde, ça c’est des … »
« Des roses ! »
« LOL ! Tu fais le malin… Et ça c’est du lilas, là, des pivoines et je n’aime pas les pivoines. Oh les immortelles, du lys. Humm c’est un beau bouquet Mika. Merci. »
« Tu me racontes ta journée ? »
« Non ! Je n’en n’ai pas vraiment envie. »
« OK ! »
« Je préfère qu’on parle de chose plus amusantes. Tu as déjà fait quelque chose de dangereux ? De vraiment dangereux je veux dire. »
« Dans le genre quoi par exemple ? »
Elle cherche, se perdant dans un hmm… qui lui donne un air sexy. J’ai presque envie de lâcher ce volant pour l’embrasser.
« Du genre traverser la route sans regarder à gauche ou à droite, euh… faire l’amour avec une fille sans préservatif. »
« Et se serait quoi le risque dans ce cas ? »
« Une MST ! »
« Je préfère ne pas aborder ce sujet. »
« Je vais faire un truc, toi tu te contentes de conduire. Ne t’arrête surtout pas. D’accord ?! »
« D’accord chef ! »
Je la regarde baisser la vitre. Elle sourit en haussant les sourcils. Là, je crois bien que mon cœur va s’arrêter. Elle passe sa tête par l’ouverture, puis c’est sa poitrine, son ventre. Elle est maintenant assise, la moitié de son corps à l’extérieur.
« Nowa, arrête s’il te plait. »
Elle n’a pas l’air de m’écouter. J’ai envie de m’arrêter mais je lui ai promis que non. Je roule en la regardant tellement j’ai peur de ce qui pourrait arriver. Je crois que mon cœur va lâcher quand elle recommence à bouger pour revenir à sa place.
« Mais tu es dingue ou quoi ? Tu aurais pu te tuer Nowa. »
Ma réaction lui arrache un fou rire.
« C’est le but Mika ! Avoir le grand frisson tu sais. A ton tour maintenant. »
Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire qui soit à la hauteur de ça. Il y a ce truc que j’ai vu une fois dans un film. Je l’avais trouvé stupide mais là, je dois faire quelque chose.
« Tu me fais confiance ? »
« Oui ! »
« Alors regarde-moi. »
Elle se tourne vers moi l’air interrogateur. Je prends une profonde inspiration avant de me lancer.
Le regard perdu dans le sien, j’appuie sur l’accélérateur. Doucement d’abord puis, mon pied se fait plus pressant sur la pédale. Je lis la peur dans son regard.
« Arrête. »
« Compte jusqu’à 10. »
« Ne fais pas ça Rudy ! »
Rudy ! Alors, il s’appelle Rudy.
« Mika ! Moi c’est Mika petite rêveuse. Compte et je m’arrêterai. »
Je ne peux dire si c’est la peur qui m’envahit ou si c’est l’excitation de la savoir craintive. De sentir que même si elle a peur, elle a décidé de s’abandonner à ce jeu stupide avec moi.
« 1. 2. 3. 4. …8. 9.10. »
Et elle baisse les yeux. Je souffle intérieurement, remerciant les cieux que ça en soit terminé.
« C’était assez dangereux ? »
Elle a la voix haletante. Comme si elle venait de courir un marathon. Son cœur doit courir. S’arrêter en même temps. Et courir encore et encore. Je préfère attendre qu’elle soit plus calme pour lui poser cette question qui me brûle les lèvres.
« Alors il s’appelle Rudy. »
Elle laisse aller sa tête dur le dossier du siège et tourne son visage vers la vitre.
Mon cœur a dû prendre une fissure.
« Oui, il s’appelle Rudy et je suis stupidement amoureuse de lui. », me répond-t-elle les mains posées sur ce bouquet.