34. Mise au point

Write by Samensa

ERIC

-Alors tu m’as envoyé ici pour que je voie ton ex-femme à moitié nue dans ton lit ? Me crie Nancy au visage.

Pendant un instant, mon cerveau arrête de tourner. Je regarde Ela avec incompréhension avant de reporter mon attention sur Nancy.

-En tout cas pour une surprise, c’en est une ! Bravo !

Elle fait volte place pour s’en aller alors je la retiens.

-Qu’est-ce que tu me veux encore ? Tu ne penses pas que j’ai assez souffert ? Je n’en peux plus Eric, vraiment j’ai eu ma dose. Laisse-moi partir.

-Ce n’est pas ce que tu crois ?

Nancy se dégage de mon emprise et se dirige, à pas rapides, vers la sortie. Je la suis pour essayer de lui faire comprendre que je suis autant confus qu’elle. Elle doit me croire. Dehors dans les rues de la cité, aucun taxi en vue, elle est donc obligée d’attendre. J’en profite donc pour lui parler.

- Nancy, écoute-moi. Je te jure que je ne sais pas ce qu’elle fait ici.

Les yeux larmoyants, elle me regarde mais ne dit mot, accentuant mon malaise.

-Je suis désolée que tu aies eu à subir cela. Mon intention n’était pas de te faire plus de mal mais plutôt de te faire une bonne surprise. Tu ne sais pas à quel point, je m’en veux. Je te promets de régler cette histoire.

- Tais-toi s’il te plait ! murmure-t-elle. Tes promesses, tu peux te les mettre où je pense. Et je te demanderai de me laisser tranquille. Oui, laisse-moi en paix ! Ton histoire avec cette femme commence à me sortir par les pores. J’ai fait ce que je pensais bien pour toi mais apparemment, cela n’a pas suffi.

-Nancy, ne dis pas ça.

Un taxi passe en ce moment-là et elle lève la main pour l’arrêter.

-Mettre mon doigt entre l’arbre et l’écorce, je l’ai fait une fois et je me suis blessée alors plus jamais, je ne le tenterai. Eric, s’il te plait, fais comme si je n’existais pas !

Elle monte dans le taxi et j’insiste pour payer sa course.

Pendant notre conversation, elle m’a parlé calmement. Seule sa voix brisée et ses larmes témoignaient de sa douleur. Moi qui comptais faire quelque chose de bien ce soir, j’ai tout raté. La cause principale : Ela.

Je me souviens alors que mon ex-femme est encore à l’intérieur, je retourne donc la voir.

Je la retrouve assise sur mon lit, les bras croisés et le visage fermé. Elle a troqué ses sous-vêtements affriolants contre une robe marinière. Je reste dans l’embrassure de la porte pour l’observer comme un parent observerait son enfant après une gaffe.

-Je croyais que c’était du passé, Nancy et toi. Dit-elle en remarquant ma présence.

-Qu’est-ce que tu fais ici ? Demandai-je, préférant ignorer le reste.

-Je voulais te parler de quelque chose d’assez important.

-Vraiment Ela ? Me parler ? Tu aurais pu me téléphoner au lieu de faire cette mise en scène inutile.

-Tu dis ça parce que tu étais avec elle.

-Bien évidemment ! Tu crois qu’elle est contente de t’avoir vu ici ?

-Je me fiche de cette fille et tu le sais bien.

-Moi pas !

Elle tique à ma réponse puis se lève.

-Ah bon ? Je n’y crois pas. Elle t’importe plus que moi ?

-Je ne vais pas te suivre dans ce discours inutile. Dis-moi ce pourquoi tu es venue et qu’on en finisse.

-Tu n’es pas venu me voir depuis que je suis sortie de l’hôpital. Je peux savoir pourquoi ?

-Je ne sais pas pourquoi tu changes subitement de sujet mais je vais te répondre. Je venais te voir parce que tu n’allais pas bien. Maintenant que tu te portes comme un charme, je ne trouve pas nécessaire de continuer les visites.

-Alors c’était uniquement ça les raisons de tes visites ?

Soupirant, je ferme les yeux pour ne pas dire de bêtises.

-Ela, qu’est-ce que tu voulais me dire ?

-Répond d’abord à ma question. Et comprend que je suis confuse. Tu me montres que tu m’aimes et maintenant je te vois venir dans ta chambre avec Nancy. J’ai besoin d’explication.

J’éclate de rire devant l’air sérieux d’Ela.

-C’est l’hôpital qui se fout de la charité là. Ela, je ne crois pas avoir de compte à rendre à quiconque encore moins toi. Je suis un homme libre… Si tu n’as rien d’intéressant à dire alors je vais te raccompagner à la porte.

-Tu as bien changé. Il y a quelques semaines, tu me jurais amour. Tu disais m’aimer.

-Oui, c’était il y a quelques semaines et depuis les choses ont changé. Je ne nierai pas que je t’aime Ela car ce serait mentir. Toutefois, j’ai fini par ouvrir les yeux au fil du temps et grâce à plusieurs personnes qui ne veulent que mon bien. J’essaie d’aller de l’avant alors je ne te donnerai pas l’occasion de me tirer vers l’arrière.

Sur son visage, on peut lire sa stupéfaction. Elle ne s’attendait pas à un tel discours.

-Eric, je sais que je t’ai fait du mal. Je regrette vraiment et je te trouve un peu dur de me parler comme ça. Tu veux me sortir de ta vie, c’est ça ?

-De ma vie et surtout de mon cœur.

-Je ne crois pas que ce sera aussi facile que ça. Affirme-t-elle en fouillant son sac.

-Tu as raison. Ce ne sera pas facile mais je compte bien faire des efforts et y arriver.

-Je t’ai dit que je voulais te dire quelque chose. Tiens.

Elle me tend un petit paquet cadeau de forme rectangulaire. Je l’ouvre rapidement en la fixant. Quand je vois le contenu, mon cœur rate un battement.

-Tu te souviens de cette nuit, sur le parking ? Eh bien, félicitations !

Je prends entre mon pouce et mon index le test de grossesse et l’inspecte. Mon attention reste scotchée sur les deux barres rouges.

-C’est impossible. Tu ne peux pas être enceinte. Affirmai-je en essayant de garder mon sang froid.

-Tu sais très bien que cela est possible. J’attends ton enfant Eric, c’est ce que j’étais venue t’annoncer.

-Et qu’est ce qui garantit que c’est le mien ?

Je vois Ela manquer de s’étouffer tant elle est choquée. Elle ne s’attendait sans doute pas à ce que je nie la paternité de sa grossesse. Néanmoins, qu’elle me comprenne, ce n’est pas une certitude que je sois le père de cet enfant.

-Tu étais encore avec mon frère à cette époque-là alors il peut bien être le père. Repris-je.

Elle se rassied en tremblant avant de me crier dessus.

-Tu me prends pour qui ? Je ne suis pas le genre de femme à ne pas savoir qui l’a mis enceinte et c’est quand je dis que c’est toi, c’est toi.

Après avoir déposé le test sur la commode, je viens m’assoir près d’elle. Un ange passe et repasse.

-En considérant que cet enfant est le mien, dis-moi, qu’attends tu de moi ?

-Ce que toute femme attends du père de son enfant. D’abord, que tu le reconnaisses puis que tu t’en occupes.

-Ok !

-Ok, quoi ?

-Tu me connais, je ne suis pas un lâche. Je prendrai soin de toi pendant tout le temps de ta grossesse. Et même si cet enfant n’est pas le mien, je m’en occuperai. Après tout, c’est le même sang. Ajoutai-je ironique.

-Comment tu peux penser que je veuille te coller la grossesse d’un autre sur le dos ? crie-t-elle en se levant brusquement. Je ne suis pas ce genre de femme !

-Excuse-moi de rester logique ! Répondis-je à haute voix en me levant à mon tour. Mais comment veux-tu que j’en sois sûr si tu couchais avec deux hommes à la fois ? Qu’est ce qui prouve que tu sais ce que tu avances ? Peut-être bien que tu t’es trompée dans tes calculs. Je t’accorde le fait que ce n’est pas facile de gérer tout ça quand on jongle entre deux hommes.

La claque qu’elle me donne me faire taire sur le coup. Elle me lance un regard empreint de haine et de colère.

-Tu n’es qu’un imbécile !

-…

-Je ne sais même pas pourquoi je suis venue te faire part de cette nouvelle. Tu n’es qu’un irresponsable ! Et tu sais quoi ? Je n’ai pas besoin de toi. J’ai tout ce qu’il me faut pour prendre soin de mon enfant.

-Arrête ton cinéma Ela !

-Moi qui rêvais d’une belle famille pour notre enfant, pour nous, ce n’était qu’une illusion.

-Tu rêvais de quoi ? Demandai-je en riant. Ne me fais pas rire. Tu croyais te pointer ici avec un ventre rebondi et tout régler ?

Elle baisse le regard, apparemment gênée. Je suis conscient que je suis un peu méchant sur ce coup avec mes paroles et les airs que je prends. Malheureusement, il ne peut en être autrement. J’ai tellement gros sur le cœur qu’il m’est difficile de me contrôler.

-Ela, je serai présent pour ta grossesse. Mais, si tu t’attends à ce que j’efface d’un coup de chiffon tout ce que tu as fait jusqu’à présent, je suis désolée de te dire que ce n’est pas possible.

Joignant les mains, elle se rapproche de moi pour poser sa tête contre ma poitrine.

-L’amour peut tout effacer Eric. Se radoucit-elle.

-Justement Ela, je ne sais plus si c’est de l’amour que je ressens pour toi.

Elle raidit automatiquement à ces mots. Moi aussi, je ne peux pas croire que je viens de lui dire cela. Le fait de pouvoir lui dire que je ne suis peut-être plus amoureux d’elle, n’est-il pas un pas vers l’avant ?

-Qu..quoi ?

-Je crois que je ne suis plus amoureux de toi. J’ai toléré tellement de choses qu’aujourd’hui e me dis qu’il faut que j’aille de l’avant. Ela, ma vie ne peut pas toujours tourner autour de toi. Je ne suis pas un animal de compagnie que tu peux laisser et revenir chercher quand cela te chante.

-Eric, je suis désolée. Crois-moi. Soupire-t-elle en chassant les larmes dans ses yeux.

-Oui, je sais ma chérie. Pourtant, ça ne change rien. Je suis en train de tourner les pages de ce chapitre avec toi. Aussi long qu’il fut, je suis en train d’y arriver.

-Eric, tu ne peux pas dire ça. J’ai commis des erreurs je le reconnais. Cependant, ne crois-tu pas que je mérite une seconde chance ?

-Tout le monde mérite une seconde chance. Par contre, j’ai aussi le choix de la donner. Cette fois-ci, je ne le veux pas car je crois que j’ai eu trop de tentatives pour essayer de te faire changer d’avis. Tu as épuisé ton stock de chances avec moi.

Pleurant à chaudes larmes, elle manque de s’évanouir. Je l’aide donc à s’étendre dans le lit et lui sert un verre d’eau. Je décide de la laisser dormir mais elle essaie de me retenir.

-Ne t’en vas pas. Reste avec moi.

-Je ne peux pas. Je dois être juste envers moi-même, envers les efforts consentis jusqu’à présent. Je risque de faire des bêtises en restant ici. Repose-toi, je te raccompagnerai demain.

-Mais je ne veux pas rester seule. Supplie-t-elle.

-Pourtant, c’est ce qui va arriver.

-Eric ?

-Oui Ela.

-Je t’aime.

-Tu comptes beaucoup pour moi aussi Ela.

Alors que je suis à la porte, j’entends sa voix dans mon dos.

-Je ne saurais justifier ce pourquoi je suis sortie avec ton frère. C’était surement parce que c’était nouveau et différent de tout ce que j’avais vécu jusque-là. Il y avait l’euphorie du moment et il faut dire qu’il a su me retourner la tête.

-C’est bien bas de faire porter le chapeau à mon frère. L’interrompis-je. En tant que femme mariée, je crois que tu n’aurais pas dû te laisser retourner la tête aussi facilement. Et quand tu cherches à expliquer cela, j’ai juste envie de vomir. Ela, tu vas aussi m’expliquer pourquoi tu as couché avec lui avant notre mariage ?

-…

- Réponds-moi !

-…

-Plus le temps passe, plus je me rends compte à quel point j’ai été idiot. L’amour m’avait rendu vraiment aveugle… Maintenant repose toi, il se fait tard. Je te ramène à ton réveil.

Ignorant tant bien que mal ses sanglots, je la laisse seule dans la pièce pour rejoindre la chambre d’amis. Je mentirai si je disais que mon cœur ne bat pas d’une tout autre manière quand je suis avec elle. Toutefois, ma décision est prise depuis bien longtemps. Je veux refaire ma vie avec quelqu’un qui connait ma valeur. S’il faut que je décroche la lune, je le ferai pour reconquérir Nancy car cette femme est un don du ciel. Elle me réapprendra ce qu’est l’amour.

J’essaie de l’appeler. Mes appels sont systématiquement rejetés. Afin d’être sûr qu’elle reçoive mes messages, je lui écris sur Whatsapp pour m’excuser. Les deux traits bleus s’affichent pourtant sans réponse.

Je considère déjà comme un exploit qu’elle lise mes messages. Je me couche imaginant plusieurs scénarios de ma vie, dans quelques années.

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