35- Les couleurs de nos amours

Write by lpbk

Je crois que depuis le début de cette histoire, ce n’est que maintenant que je réalise que je Nowa n’est pas ma chasse gardée. Je réalise qu’autant je la trouve belle autant d’autres hommes la trouvent plus que belle. Inconsciemment, j’avais pensé que son manque de confiance en elle me protégeait d’éventuels rivaux. Et je réalise avec fracas que du jour au lendemain, elle pourrait me filer entre les doigts. Je prends conscience que son cœur pourrait un jour battre au rythme de celui d’un autre.

Mes pensées me nouent la gorge et l’estomac. Je suis bien le seul responsable de cette histoire. Je suis celui qui est en train de faire rentrer le loup dans bergerie.

« Salut Rudy. », dit-elle en s’installant.

« Bonjour Tina. Tu vas bien ? »

« Ça peut aller. »

Elle a pris du poids. Pas plus de cinq kilo je dirai. Sa poitrine aussi a subi. Tina est belle mais là, elle ne me fait rien. Je ne ressens rien dans mon pantalon.

« Tu veux prendre quelque chose ? »

« Oui. »

J’hèle un serveur.

« Une limonade avec des feuilles de menthe, euh… un cheessE burger et double portion de frites. Et toi ? »

« De l’eau. »

Quand le serveur s’en va elle tente de justifier son appétit.

« Tu ne me dois aucune explication. Je voulais te dire que je compte assumer cet enfant. Ma petite amie est déjà au courant. »

« Et comment prend-t-elle la chose ? »

« Je ne pense pas que ça te concerne. Tu comptes dire la vérité à ton futur époux ? Parce que je compte bien donner à mon enfant mon nom et je compte aussi jouir de mes droits en tant que père. »

Elle me regarde l’air surprise.

C’est bien ce qu’elle voulait non ?

« Rudy, c’est plus complexe de mon côté et tu le sais… »

« Tina arrête de me raconter des sottises. Tu ne sais pas la tempête que j’essuie en ce moment alors de grâce, ne me raconte pas que c’est compliqué. »

Elle avale une gorgée de son verre.

« Tu m’écoutes ? »

« Hmm… Tu dois sacrément l’aimer. Quelle chance ! »

« Arrête tes sarcasmes et concentre-toi sur notre enfant. »

« C’est un garçon. »

« Pardon ? »

« Je dis que c’est un garçon. »

Un garçon ? Ça fait tout drôle de connaitre le sexe tout à coup. Je me surprends à sourire en imaginant ma vie. Moi, Rudy j’aurai bientôt un fils. Ma mère n’est même pas au courant. Je me comportais en donneur de leçons avec Ayem alors que je ne vaut clairement pas mieux.

« Ça te fait plaisir ? J’aurai voulu une fille. »

« Pour moi c’est pareil. »

Je la regarde avaler son burger et ses frites. C’est la première fois que nous partageons plus qu’un verre.

« Autre chose. Il faudrait que tu prennes conscience que je ne suis plus l’homme que tu as connu. Aujourd’hui j’essaie de construire quelque chose avec une femme un peu trop bien pour moi alors évite d’être trop présente dans ma vie. »

« Comment ça ? »

Elle est une femme intelligente pourtant.

« Pas d’appels à partir d’une certaine heure, ça vaut aussi pour les messages. Tu comprends j’espère. »

« Je comprends. »

Elle continue de manger.

« Tu peux y aller si tu as fini. », me glisse-t-elle entre deux bouchées.

« Termine ton assiette. Je peux t’attendre. »

Une trentaine de minutes plus tard, nous nous séparons. Une chose de faite mais le plus dur est devant. Je fonce directement chez Nowa avec la ferme intention de lui dire ce qu’elle représente pour moi.

Malheureusement, quand j’arrive elle n’est pas là. Et comme la dernière fois, elle ne répond pas sur son portable. Je refuse de m’imaginer qu’elle est en train de se faire courtiser par un autre. Je m’assois à l’entrée de son immeuble, avec mes roses rouges et je l’attends. Pour la plupart des personnes qui me traversent je suis sans doute un pauvre type qui a vu trop de film. Je m’en fiche parce que je sais ce que je veux.

« Mais pourquoi tu ne m’as pas appelé coco ? », me demande Georgette quand elle arrive.

Je lui souris.

« Tiens, c’est pour toi. »

« Une rose ! Monte l’attendre à l’intérieur. »

« Non. Je ne veux pas te causer d’ennui. »

Elle reste un moment avec moi. Sans doute pour me donner du courage.

Je ne veux pas regarder ma montre de peur de piquer une crise. Il fait déjà nuit et elle ne rentre toujours pas. Je vais l’attendre le temps qu’il faudra.

Quand je l’aperçois enfin, je me lève et je marche vers elle. Et quand elle me  reconnait, elle s’arrête et je l’entends soupirer.

« C’est à ce point difficile de me voir ? », lui demandai-je.

« Si tu es venu pour m’insulter vas y mais fais vite. »

Je lui tends le bouquet de roses. Mais elle ne le prend pas.

« Tu sais, les fleurs ça doit nous procurer de la joie. Toi, à chaque fois que tu m’en as offertes c’était parce que tu avais merdé. »

Je soupire. Elle a raison.

« Tu veux diner avec moi ? Comme on le faisait avant ? »

« Les choses ne sont plus comme avant Rudy. »

« Je sais ! Mais on pourrait essayer de recoller les morceaux. Du moins je veux essayer de les recoller. Je veux juste pouvoir dire que j’ai tout tenté. Juste un diner. »

« OK. »

Elle est toujours amoureuse de moi. Ça se sent.

Nous nous retrouvons une fois de plus à une table. Elle ne dit rien.

« Tu te rappelles la fois où tu as pris peur parce que j’avais sorti un écrin ? »

« Comment l’oublier ? Tu sais, c’est comme les mauvais souvenirs ce genre de truc. On ne les oublie pas facilement. »

Je me sens visé. Il faut que j’assume.

Je sors une feuille pliée en quatre de ma poche et je la pose devant elle.

« Je ne me sens pas de lire une lettre ou un poème. »

« Non ce sont mes résultats. Tu sais les analyses. »

« Et ? »

« Et je n’ai rien. »

« Quelle chance ! »

Elle touche à peine à son assiette.

« Nowa ! Si tu as toujours des sentiments pour moi, c’est le moment ou jamais… »

Elle ouvre grand les yeux. Ses beaux yeux.

« Et pourquoi ? »

« Parce que nous nous sommes terriblement éloignés. J’ai l’impression d’avoir une autre femme devant moi. Et si nous continuons comme ça, tout sera perdu. S’il te plait mon cœur, moi je suis certain que tu es la femme de ma vie. Je sais que c’est moi qui aies tout fichu en l’air et je te demande de me pardonner. »

« Pardonner ! Hmmm… Et quand ton enfant sera là, comment se sera ? »

« C’est résolu Nowa. Elle se trouvera jamais sur ton chemin. Je te le promets. »

« Tu en es bien sûr ? Parce que si je dois reprendre avec toi j’aime mieux te dire que je ne voudrais jamais entendre parler de cette femme, ni savoir qui elle est. Tu comprends ? »

« Oui mon amour. », dis-je en lui caressant la main.

« Mange, se serait dommage de payer si cher pour avaler une tomate. »

« Etre avec toi ça n’a pas de prix Nowa. »

Elle sourit. J’ai l’impression de voir quelques éclaircies dans le ciel nuageux.

 

Nowa NYANE

Je sais ! Je suis stupidement amoureuse de lui. Je le regarde mettre tout en œuvre pour me reconquérir. Je vois bien les efforts qu’il fait mais entre nous il y a comme une barrière invisible qui s’est élevée.

Je n’arrive même plus à me donner à lui. À chaque fois qu’il pose ses mains sur moi, je le repousse. J’ai besoin de temps pour digérer tout ce qui est arrivé. En parallèle, je n’arrête pas de comparer ma vie à celle de ma sœur. Je continue de me demander ce qu’elle prend au petit-déjeuner pour que tout aille si bien pour elle. Elle va épouser l’homme de sa vie. Elle aura bientôt un enfant et moi ? Je suis perdue dans ma vie.

La sonnerie de mon portable me tire de ma rêverie. Je souris.

« Tu as envie de faire quoi ? »

Je souris. Pourquoi faut-Il toujours qu’il soit si agréable ?

« De te laisser faire ce que tu as envie de faire. Pour une fois. »

« Hmm… de te voir. »

Je ne sais pas pourquoi mais je me retrouve en train de répondre moi aussi. Et j’enchaine.

« Je peux passer te voir ? »

« Tu es sûre que tu peux ? »

Je regarde l’heure. Il n’est pas si tard.

« Je peux. »

« Je t’attends. »

Je me lève et je m’en vais dans la chambre. Je me passe de l’eau sur le visage. Au moment d’appliquer mon fond de teint, je ne sais pas ce qu’il se passe dans ma tête mais je finis par refermer le tube et poser mon pinceau. C’est à ce moment que Rudy entre dans la chambre. Il me regarde sans rieb dire.

« Je vais prendre l’air. », dis-je cherchant les chaussures dans le dressing.

« Comment ça tu vas prendre l’air Nowa ? Il y a nos amis dans le salon. »

« C’est juste Calvin, Iris, Loïc et Georgette. Pas la reine d’Angleterre. »

« Justement ! »

Je mets mes chaussures.

« Ne fais pas ça ! », lance-t-il en me prenant dans ses bras.

Il caresse mes cheveux.

« Tu veux que je vienne avec toi ? », finit-il par me demander.

« Non ! J’ai besoin de respirer. » , répondis-je en me dégageant de lui.

Je traverse le salon et nos amis sans un regard. Il leur dira ce qu’il voudra.

 

Mika BIAM

J’arrange mon tee-shirt et j’ouvre la porte.

« Hey ! »

Je n’arrive pas à croire qu’elle soit là. En plus, elle n’est pas maquillée. Je la trouve jolie.

« Entre. »

Elle passe devant moi laissant trainer derrière elle un parfum fort. Un parfum masculin.

« Il est là Noah. », demande-t-elle.

« Donc c’est pour lui que tu venais. », dis-je en avançant jusqu’à elle.

Le moment serait parfait pour prendre ses lèvres. La tentation est trop grande.

« Tu es jaloux ? »

« Tu devrais déjà savoir que non. »

Elle fait la grimace.

« Alors, on fait quoi ? »

« On va jouer à la console. Xbox ! Need for speed. Tu connais ? », lui demandais-je en m’éloignant pour préparer le terrain de notre affrontement.

J’installe des coussins sur le tapis. Je connecte la console à la télévision. Je vérifie l’état des piles dans les manettes. Pendant qu’elle installe de trucs à grignoter qu’elle à choper à la cuisine.

Quand tout est prêt, je la laisse s’installer. Et moi, je m’installe derrière elle. Sans que je ne lui demande, elle s’adosse sur moi.

« Allez ! C’est parti ! »

 Elle se débrouille comme elle peut et termine avant dernière. Au moins, elle essaie vraiment. Pour me faire perdre mon avance, elle mord ma main. C’est agréable. Elle ne le sait pas. Elle ne s’arrête pas de rire. Elle s’amuse bien je crois. Et tout à coup moi, j’en ai marre de ce petit jeu entre nous. Je dépose ma manette entre ses jambes et je dégage son cou délicatement. Je ne veux surtout pas qu’elle s’enfuie. Elle a une tache à l’oreille. Je pose mes lèvres sur son cou. Doux contact. 1 baiser. 2 baiser. Elle penche la tête. L’une de mes mains glissent sur le tissu de sin chemisier. A mesure que je le retrousse, je sens le contact électrique de sa peau sur la mienne.

« S’il te plait Mika. Ne fais pas ça. »

Une seule phrase et tout s’arrête. Je colle mon front sur son épaule.

« Pourquoi ? »

« Je ne peux pas. Je ne veux pas lui faire de mal. Tu comprends ? »

« Je comprends. »

Je remets son chemisier bien en place.

« je peux te poser une question ? »

« Oui. »

Je prends le temps de respirer.

« Il vit dans cet immeuble n’est-ce pas ? »

Elle dépose sa manette et ses doigts s’unissent aux miens.

« Oui. Je suis désolée. Je n’aurais pas dû venir. »

« Ne dis pas de bêtises. », lui répondis-je après avoir posé un dernier baiser dans son cou.

« Je crois que je devrais y aller. »

« A cause de cette tension entre nous deux ? Elle a toujours existé, nous nous efforçons d’y résister alors je ne pense pas que si tu restes on fera des bêtises. Reste. »

Je m’éloigne d’elle tout de même. Nous passons le reste de temps qu’elle reste à parler de son projet professionnel. Je lui recommande de créer d’abord son entreprise sur les réseaux sociaux. C’est beaucoup moins de risques.

Quand elle s’en va, j’ai l’impression qu’on m’arrache le souffle de vie.

 

Nowa NYANE

Quand je rentre dans l’appartement, Rudy est dans le salon. Assis face à la porte. Il ne me laisse pas poser la clé qu’il commence son interrogatoire.

« Tu étais où ? »

« Je te l’ai dit, j’avais besoin de faire un tour. »

« Ne me prends pas pour un idiot Nowa. Tu n’es pas sortie de l’immeuble. »

Là mon cœur va sortir de ma poitrine s’il continue.

« J’étais chez des amis. C’est bon ? »

« Et depuis quand tu as des amis dans mon immeuble ? »

« Je ne savais pas que tu en étais le propriétaire. J’ai des amis c’est tout. »

Je m’enfonce dans le couloir. Il me suit.

« Un ami ou des amis Nowa ? Il ne s’appelle pas par hasard Mika ton ami ? »

Mon sang se fige. Mika !

« Où as-tu vu ce nom ? »

« Ton portable ! Je peux espérer une réponse ? »

« Tu as fouillé dans mon portable ? De quel droit ? »

Il entre dans la chambre et commence à se déshabiller pour aller sous la douche. Je le pousse folle de rage.

« Tu n’avais pas le droit tu m’entends ? »

« Tu as couché avec lui ? », le demande-t-il en saisissant mes poignets.

« Mais tu es malade toi. Tout le monde ne trompe pas. Moi je n’étale pas mon intimité comme ça. Tu entends ? »

Il finit par me lâcher.

« Regarde-toi Nowa. Tu étais avec lui. Tu es allée chez lui sans te maquiller, sans ta carapace. Y a-t-il plus intimes que tes taches ? Tu sais quoi ? J’aurai préféré que tu couches avec lui maquillée. »

Splash…

Sa mâchoire se crispe. Deux secondes après, ses lèvres sont contre les miennes. Ce soir, je ne pourrai me refuser à lui.

 

Sa langue cherche et creuse un passage jusqu’à trouver la mienne. Nos dents s’entrechoquent. Il me fait mal avec ses doigts dans mes cheveux. Min souffle est coupé, happé par le sien. J’essaie de le repousser mais je n’y arrive pas. Quand il est ivre du gout de ma bouche, il se recule tout seul.

Nous restons un moment à nous regarder. Et puis, je commence par défaire les boutons de mon chemisier un à un. Il n’a aucun mal à courir le long de mes bras pour s’écraser sur le sol froid. Il déglutit à la vue de mes seins emprisonner dans ce soutien gorge couleur caramel.  

Je défais le bouton de mon jean, sans le quitter un seul instant des yeux. Il fait un pas vers moi. Se retient de continuer. Je fais descendre mon pantalon. Je me passe une main dans les cheveux. Il aime la nouvelle longueur de mes cheveux. Dans un geste féminin à souhait, je débarrasse mes seins de leur geôle. Je vois des étincelles dans son regard. Ça faisait combien de temps qu’il ne m’avait pas vu nue pour lui. Son cœur bat fort et l’objet de sa masculinité se gonfle de désir.

Je fais doucement descendre ma petite culotte. Elle est déjà mouillé de ce désir qui me brûle entre les jambes.

Un ange passe. Le vice est là. La perversité s’invite.

Je marche jusque sur le lit et je m’y allonge sur le dos, les jambes repliées et écartées. Me suis offerte de cette façon à un autre ? Il serait stupide de penser que oui. Et ma main qui glisse jusque vers les tréfonds de ce trésor caché. Je me fou bien de ne pas m’être épilée depuis une semaine. Ce soir se sera comme ça. Je la sens chaude, douce, humide ma fournaise. Brulante pour cet homme. Je fais pression sur le bouton rose. Je le vois se passer la langue sur ses lèvres. Je sais à quel point il est tendu.

Je me caresse la fleur sous son regard admirateur. Tantôt dans des mouvements lents tantôt ils sont rapides. Et quand je veux y enfoncer un doigt, il s’approche de moi. Prends mes jambes et me tire jusqu’aux bords du lit pour venir gouter à ce fruit qui lui avait été interdit.

Ses lèvres sont une véritables torture. Sa langue se faut meurtrière et ses doigts qui s’enfoncent dans mes cuisses ne sont que des indicateurs de son désir.  

Rudy aime mon gout. Il aime mon odeur. Il est insatiable. Il ne s’arrête pas de me butiner, de me brouter. Et il finit par me faire jouir. Il se redresse et ouvre le tiroir.

« Je ne veux pas de préservatifs. », dis-je.

« Now… »

« Non Rudy, je veux te sentir complètement nu. »

Il revient à moi, s’allonge de tout son poids sur moi et dans un geste d’une rare brutalité, son sexe gonflé à bloc s’insinue en moi. J’ai si mal que je ne peux m’empêcher de crier. Mais mes gémissements lui sont sourds. Il ne s’arrête pas de me prendre violemment. Passion ou punition. Je n’ose lui poser la question.

« Tu es si étroite Nowa. »

« C’est comme ça que tu m’aimes. »

« Je ne pourrai tenir longtemps. »

« Baise moi Rudy. »

Aussitôt dit, aussitôt fait.

« Ooh... ooh… ooh… »

Dix minutes d’éternité et il me faisait traverser le septième ciel.

Il s’écroule sur moi. Je l’écoute respirer. Puis il se met sur ses coudes et me regarde.

« Tu sais que je suis extrêmement jaloux Nowa. »

Je ne réponds pas.

Il va se rincer. Je le suis. Nous sortons ensemble de sous cette douche sous laquelle il ne s’est empêché de me caresser insolemment pour nous affaler sur le lit.

« Mon cœur, tu ne veux pas que j’aille à la pharmacie ? »

« Nous irons demain. »

« D’accord. Je t’aime. »

Que lui répondre ?

« Moi aussi. »

Les couleurs de nos...