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Write by Lilly Rose AGNOURET

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Le lendemain, Jileska, Gaëlle et moi sommes ensemble chez Jileska, à salsa. Nous sommes assises dans le salon et on s'ennuie en regardant une série télé. Il est 14 heures. Nous n'avons rien de spécial à faire, si ce n'est d'attendre encore quelques jours pour avoir les résultats du bac.
Sûrement les jours les plus longs de nos vies ! Jileska apporte un Scrabble et nous nous mettons à jouer sans grande conviction. La tête est dans l'attente des résultats.
« Sinon, l'école c'est quand même bien, quoi ! Parce que je vois la manière dont Sunita déboule l'anglais au téléphone avec ce Patrick, là ! Je suis que dépassée. On dirait qu'elle a passé 10 ans au Ghana ! »
« Jileska et le sens de l'exagération ! Comme ça, la petite travaille son dossier auprès de Patrick ? », demande Gaëlle.
« Tu veux dire les petites ? Figure-toi que Pupuce et elle nous ont grillé la politesse. Elles auraient pu nous laisser la place, mais non ! Hier, elles étaient au resto avec les types. Et quel resto !? »
« Elles sont efficaces, ces filles ! Elles ont négocié l'affaire comme ça, alors que nos têtes étaient en plein dans l'examen. », fait Gaëlle.
« C'est ce que tu dis petit comme ça ! Depuis le jour à la plage, Sunita joue l'affaire très serrée. Elle ne laisse pas une minute de répit au pauvre type. Je lui ai demandé pourquoi elle veut à tout prix mourir là, et vous savez ce qu'elle m'a répondu ? Elle me dit carrément qu'on ne sait pas de quoi est fait demain. J'ai préféré enlever ma bouche là dedans. »
Gaëlle et moi éclatons de rire.
« J'ai entendu Pupuce et maman discuter ce matin. Elle lui racontait la soirée. Paraît que ce soir, ils sortent encore ensemble. Ils vont jouer au billard ensuite, ils vont au Karaoké ! », fais-je.
« Hummm ! En tout cas, elles s'enjaillent ! Au moins elles ! »
« Comme tu dis. Il y en a qui ont de la chance ! Moi avec qui oh ! »
« Arrête, Jileska. Ton tour arrive. L'an prochain, c'est l'université ! Tu vas forcément trouver le prince charmant là-bas. », fais-je.
« Yo ! Ça c'est quel prince charmant que tu me souhaites ! Donc je vais m'embourber à l'USTM et je vais encore me fatiguer avec un sans espoir comme moi ! Yooooo ! Pardon, autant rester célibataire., fait Jileska.
« Mais sois positive ! Qui dit que tu ne vas pas tomber amoureuse d'un fringant jeune homme, jeune diplômé, tout juste embauché dans une banque ou autre ? À Libreville, tout est possible ! », fait Gaëlle.
« Laisse ça, la go ! La chance n'a jamais été de mon côté. Bref, je suis là pour accompagner les autres. Personne ne me regarde jamais autrement qu'en bonne potesse ! »
« Tu es trop pessimiste, Jileska », conclut Gaëlle.

Samedi 8 août, c'est Miro qui me réveille à 6 heures du matin.
« Comment te sens-tu ? », me demande-t-il au téléphone.
« Je me sens endormie, mon chéri. Je te signale que le soleil se lève à peine. »
« Désolé, je pense que je suis trop nerveux depuis hier soir. Les résultats c'est pour aujourd'hui ma belle ! »
« Merci pour la pression, mais on ne saura rien avant cet après-midi ! »
« Ok. Rendors-toi. Je t'embrasse très fort. »
Je ne peux pas me rendormir. Je me lève et abandonne Pupuce dans le lit.
Dans le salon, maman est assise dans le canapé et donne le biberon à Jade.
« Hello ! »
« Hello à toi. C'est le grand jour. »
« Moi, je n'y vais pas. Les autres me raconteront.
« Comment ça ! Et si on te fait une mauvaise blague en te disant que ton y est alors que ce n'est pas vrai ! »
« J'ai pas envie d'y aller, maman. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il peut lâcher à tout moment. »
« Espèce de poltronne. Reste assise à la maison ; tes résultats viendront te suivre ici. », me fait maman.
« Et si je ne l'ai pas ! »
« Ce n'est pas la fin du monde. Tu le repasseras l'année prochaine. »
Nous continuons de discuter de tout et de rien, lorsqu'arrive Pupuce, lavée, coiffée, maquillée.
« J'ai raté un épisode, ou il n'est que 8 heures du matin. C'est quoi toute cette beauté ? Tu veux tuer qui ? », lui fais-je.
« Rabat-joie ! Je veux juste être au meilleur de ma forme aujourd'hui. Je te signale qu'on aura bientôt les résultats. »
« Oui, cet après-midi. Ça ne justifie pas que tu sois déjà pimpante à 8 heures. »
« Oh ! Je me suis faite belle parce que je vais faire un tour. »
« Tu vas faire un tour ? Où ? »
« C'est la police qui demande ? », me répond Pupuce.
« Y en a qui ont pris du galon, dis donc. Heureusement que les petites ont une grand-mère, n'est-ce pas ? »
« C'est fait pour ça les grand-mères », conclut Pupuce avec un sourire espiègle.
« Arrête d'embêter ta sœur, Tania. Elle a l'occasion de s'aérer l'esprit, il faut la comprendre ! », fait maman.
« Faites comme si je n'avais rien dit. », fais-je en allant vers la salle de bains.
Je prends une douche en écoutant sur mon téléphone, le morceau Photograph de Ed Sheeran. Ce morceau me fait penser à Miro. Je me demande ce qu'il adviendra de nous sitôt que j'aurais mes résultats du bac. Ce soir, c'est le soir fatidique.
Je me prélasse sous le jet d'eau comme si je n'avais rien d'autre à faire que rêver.
Mon téléphone sonne. Je regarde l'appelant. C'est l'élu de mon cœur. Je laisse sonner et me contente de m'essuyer.
Il appelle de nouveau dix minutes plus tard.
Je réponds. Il m'annonce qu'il est là dans dix minutes et m'emmène prendre le petit déjeuner au Méridien. Je n'ai pas faim ; mais comme j'ai envie d'être dans ses bras, je réponds ok.
Je vais dans la chambre et je pique à Pupuce une de ses robes paysannes qu'elle ne porte plus depuis longtemps. Je me fais belle en lissant mes cheveux courts qui ont plutôt poussé. Je vais dans la chambre de maman lui piquer du parfum : eau de Kenzo.
C'est bon ! Je me sens fraîche et belle pour attaquer la journée. Miro est là comme promis. Après avoir dit bonjour à maman, il lui annonce qu'elle ne me reverra qu'en début de soirée.
Yo ! Il a prévu quoi pour me tenir occupée ?
Nous allons effectivement prendre ce fameux petit déjeuner. Il y a tellement de choses au buffet, que j'en ai le tournis.
« Et si tu souriais un peu, beauté ! », me fait-il alors qu'il s'assoit en face de moi.
Je lui fais mon plus beau sourire.
« Alors, les filles sont prêtes pour le verdict ? »
« Toutes sauf Jileska qui est en panique. Je pense qu'elle n'a pas dormi de la nuit. C'est tellement important pour elle. »
« Pourquoi ? »
« Oh ! Elle se met la pression depuis qu'elle a eu son enfant en 5ème. Elle se dit qu'il lui faut à tout prix réussir, car ses parents ont eu une charge en plus. C'est psychologique ! Elle se sent redevable envers eux et a hâte d'avoir un diplôme d'études supérieures pour trouver un travail digne de ce nom, et venir en aide en retour à ses parents. »
« Je comprends. C'est très africain cette idée de prendre soin de ses parents dans leurs vieux jours. Je dois dire que j'en ai appris beaucoup sur les traditions en 3 années au Gabon. En France, on a tendance à être plus égoïstes. »
« On ne peut pas se permettre ce luxe ici. Tu as vu tout ce que l'on transporte comme famille ! »
« Je vois ça ! Et je suis impressionné chaque fois que je vienne te voir et que je me rende compte que ta grand-mère est là et qu'elle prend soin des filles de Pupuce. Moi, la mère de mon père va skier en hiver en suisse, elle fait le shopping au printemps à New York. Et elle bronze l'été à Maldives. Ce n'est pas elle qui arrêterait sa vie pour prendre soin de son arrière-petit-fils. »
« Ça me fait tout drôle de t'entendre dire cela. Tu ne me parles jamais des parents de ta mère. »
« Oh ! C'est qu'elle ne m'a jamais emmené au Congo. Ces 5 frères sont tous réfugiés en Belgique. Sa sœur aînée a épousé un Allemand et vit au Luxembourg. Il n'y a plus personne à Lubumbashi. »
« Oh ! Ça fait drôle de savoir qu'elle n'y met plus les pieds. Je n'arrive pas à imaginer un instant ne plus jamais revoir le Gabon. Mais, à chaque famille son histoire. »
« Comme tu dis. Mas dis moi, Tania Akendengué, où vivrons-nous une fois que je t'aurais épousé ? »
Sonnée, je ne sais quoi répondre.
« Tu n'as jamais réfléchi à ce genre de choses ? », fait Miro étonné.
« Je te suivrai partout où tu iras. Ma maison sera là où tu seras. », fais-je pour rattraper le coup. Jamais je n'ai pensé à tout ça.
Monsieur a tout prévu pour moi. Il m'emmène au salon de beauté Cuttie Hair pour une séance de massage intégral. Ensuite, nous achetons une pizza et deux canettes d'orangina et allons manger au bord de la mer à SOGARA. Le temps passe tellement vite que je ne me rends pas compte quand l'heure de la sentence tombe. Il est 14 heures quand il me dit :
« Les filles sont devant le portail du lycée depuis deux heures déjà. Il faut y aller. »
Nous arrivons là-bas. La foule est compacte devant le lycée. J'entends quelqu'un qui me crie : « Tania Akendengué admise d'office ! » 

   

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