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Write by Lilly Rose AGNOURET
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Il est 7h quand le lendemain matin au réveil, j'appelle
Sharonna et lui demande de m'accompagner à l'église avec maman et les jumelles.
Elle est d'accord.
Je sors de la douche quand mon téléphone sonne. Au bout du
fil, Gaëlle me dit :
« Miro a vraiment des délires. Figure-toi qu'il veut des
pétales blancs pour la déco pour l'anniv de sa mère. Là, me voilà obligée de
tourner dans Port-Gentil pour trouver des fleurs aux pétas blancs ! Tu
t'imagines ! »
« Oui, j'imagine très bien. Et je suis sûre que si tu
réussi ton coup avec ce dîner, tu auras forcement d'autres clients qui vont
appeler. »
« Mais, t'as raison, tiens ! J'avais pas vu les choses
comme ça. Ça vaut bien un dimanche à vadrouiller dans Pog. Il dit qu'il
m'envoie Alec pour jouer au chauffeur parce que Samba est de sorti aujourd'hui.
Donc, je m'habille vite et je t'appelle en début d'aprèm. Enfin, si je trouve
ce que je cherche. »
« Courage ! Ça ira. bisou »
Elle raccroche et moi, je me dépêche de prendre mon petit
déjeuner. Ensuite, j'aide maman à habiller les petites. Elle n'ose même pas me
demander où se trouve Pupuce. Elle n'ose même pas se fâcher du fait que la mère
des petites ne les accompagne pas à la messe. Bref, je sens qu'au fond, elle
garde les questions pour plus tard, quand elle aura Pupuce devant elle.
Je prends mon téléphone et lui envoie un message pour lui
demander où elle se trouve. Elle ne répond pas.
Sharonna arrive à temps pour la messe. Elle porte Ruby et
moi, Jade. Nous traversons la rue pour aller à l'église St Paul. Madame ma mère
est contente de voir l'effet que font les petites aux gens de la paroisse. Tout
le monde vient les admirer tellement elles sont jolies. Certains leur refile de
billet de 500 francs, de 1000 francs et même de 5000 francs CFA.
Quand Sharonna compte le tout, on se rend compte qu'elles
ont obtenu la coquette somme de 40 mille francs.
Il est midi trente lorsque nous arrivons à la maison. Je
dis à Sharonna :
« J'ai une doc à te lâcher. », je n'ai pas le temps de
finir de parler, car mon téléphone vient de sonner.
Je réponds à Pupuce qui me dit : « Je vais voir Sunita. On
a des choses à régler.
Je ne réponds rien car je n'ai pas envie de me prendre la
tête avec elle. Maman de sa chambre et nous annonce qu'elle emmène les petites
rendre visite à la famille Mbeng. Alors que je fais rapidement les biberons des
petites, papa Jimmy arrive et Sharonna et moi aidons maman à s'installer dans
la voiture.
13 heures nous trouvent Sharonna et moi en train de
réchauffer les marmite s et mettre la table à la terrasse. Au moment où je veux
lui parler, on entend Jileska qui m'appelle depuis le salon.
Elle a le visage des mauvais jours. Comme lorsqu'il vous
semble que le ciel vous est tombé dessus. Elle s'assoit dans le canapé en se
prenant la tête dans les deux main et nous lâche :
« Les fangs me dépassent. »
« C'est comment Jileska ? Tu oublies que tu es fang. »,
lui fais-je.
« Donc ce sont les fangs de Ndjolé qui me dépassent. »,
réplique t-elle.
« C'est comment. », lui demande Sharonna complètement
paniquée.
« Les filles, laissez ! Je suis que trop trop dépassée. On
dirait qu'on va me lancer un fusil nocturne. »
« De quoi parles-tu Jileska ? Tu nous inquiète là ? », lui
fais-je.
« Vous aussi, vous auriez dû me dire pour Alec et Gaëlle !
»
« Quoi Alec et Gaëlle ! », s'étonne Sharonna.
« Qu'est ce qui se passe entre Alec et Gaëlle ? », fais-je
à notre amie.
« Non, vous n'êtes pas au courant !? »
« Au courant de quoi Jileska ? », lui fais-je.
« Moi-même, est-ce que je savais. La nouvelle est
seulement venue me bastonner là, dans la chambre. », nous dit-elle.
« La go, qu'est ce qui se passe. Alec a fait quoi ? Gaëlle
a fait quoi ? », lui demande Sharonna.
« Moi, tout ce que m'a dit Miro ce matin, c'est qu'Alec a
insisté pour aller faire les courses avec Gaëlle. Parait que le gars est fou
d'elle depuis le premier jour. Et qu'il a dit la chose à Sunita. »
« Non ! Mais à quel moment tu comptais me raconter tout
ça, Tania ? », me lance Sharonna.
« Oh ! La go, on sort tout juste de l'église. Je comptais
le faire maintenant. Mais Jileska est arrivée. Jiji, dis-nous. Qu'est ce qui
t'arrive ? »
« Il m'arrive que la petite sœur que j'ai, veut ma mort,
vous comprenez. Elle a utilisé tout son vocabulaire pour me dire que
franchement, je ne suis pas une grande sœur. », lance Jileska.
« Reprends tout depuis le début que je comprenne bien.
Donc, Alec n'est plus avec Sunita ? Il est maintenant avec Gaëlle ? », demande
Sharonna. « Ce changement a eu lieu à quelle heure ? On a dormi avec la copine,
elle ne nous a rien dit !!! »
« Ah ! Il comptait faire sa déclaration ce matin. C'est
pour ça que Miro l'a laissé conduire Gaëlle pour qu'elle trouve les fleurs dont
elle aura besoin pour la déco pour l'anniversaire de la mère de Miro, mardi. »
« D'accord ! Donc en ce moment, la copine est sensée être
dans ses bras, c'est ça ! », demande Sharonna.
« Apparemment, ils ont fait plus que ça, d'après ce que
dit Sunita. J'étais dans ma chambre à 10h. La go arrive comme une tempête. Elle
me tend son téléphone pour que je regarde la photo de profil d'Alec sur
Whatsapp. Me voilà que les yeux scotchés là sur cette photo. Le type a fait un
selfie avec Gaëlle. En statut, il a écrit que franchement, le Gabon est trop
doux quoi ! »
« Yo ! Mais, ça ne veut rien dire. On fait des selfies
avec tous nos amis. », lance Sharonna.
« C'est ce que j'ai dit à la fille qu'on appelle Sunita.
Elle me traite de menteuse et de traîtresse. En attendant, je ne savais même
pas qu'Alec veut Gaëlle ! Elle me dit carrément que je ne suis pas une bonne
grande sœur. Elle dit que je préfère défendre les intérêts de mes copines au
lieu de l'encourager et de l'encadrer, elle. Elle est allée sur son profil
Facebook. Elle met carrément en statut : Je pensais qu'être sœur c’était plus
fort que l’amitié ; mais toi ma sœur, tu m’as vendue ! »
« Tu rigoles, Jileska. Elle n'a pas fait ça ! », fais-je
étonnée.
« Je vous dis qu'elle m'a parlé comme si je l'avais prise
là, je l'avais découpée et l'avais enterrée. Elle a jeté le corps par terre.
Fallait la voir pleurer toutes les larmes de son corps en disant : pourquoi tu
ne m'aimes pas, yaya. Me voilà maintenant que dépassée ! Ça c'est quelle histoire
que je suis partie ramasser ? Est-ce que c'est de ma faute si le gars préfère
ma copine ? Qu'est-ce que je viens faire dans une histoire dont je n'ai pas
suivi le début ? »
« Oh ! C'est si grave que çà ? », lui fait Sharonna.
« Le film que cette fille m'a tourné ! Elle a pris son
téléphone pour appeler Ndjolé. Elle raconté ce qu'elle a raconté jusqu'à dire à
la grand-mère que moi Jileska, j'ai pris ma bouche pour aller arranger
l'affaire de ma copine alors que je savais qu’elle, Sunita, mourrait là chez
Alec et qu'ils vivaient une grande histoire. Quand la grand-mère aussi entend
l'affaire, elle démarre sur moi au quart de tour ! »
« Non ! A ce point ? Je suis désolée pour toi Jileska. »,
lui fais-je en passant mon bras autour de son cou.
« Comment la grand-mère peut carrément me dire que j'ai
gâche la vie de sa fille ! Ça c'est qu'elle vie qu'on gâche à 17 ans ? »,
s'étonne notre amie.
« Je ne comprends pas Sunita ! Si le type est avec Gaëlle
ça veut dire que forcement, elle a mal joué ses cartes. Pourquoi aller ameuter
tout le monde pour te causer du tort ? Pourquoi se montre t-elle aussi méchante
? Elle avait déjà une dent contre toi, c'est sûr ! », fait Sharonna.
« Elle a tellement crier, tellement versé de larmes,
qu'elle ne s'est pas rendue compte que la vieille arrivait. Maman l'a seulement
soulevée de terre et lui a foutu une bastille carabinée, parce qu'elle l'a
entendue me dire, écoutez bien, qu'elle voulait Alec pour la baise simplement.
Vous comprenez non ! Moi j'étais là en train de lui dire que j'étais désolée
qu'elle ait le cœur brisé. Et le go me crie carrément : J'ai tellement baisé
avec lui qu'il ne restera plus rien pour ta copine. »
« Non ! C'est un film que tu me racontes, Jileska. Tu
inventes. », lui fais-je.
« Je vais encore inventer quoi ! Je ne sais même pas si je
pourrais dormir cette nuit dans la même chambre que cette fille. Une fois que
la vieille l'a rossée, elle a pris le téléphone pour appeler la grand-mère.
Comme celle-là aussi ne tarde jamais quand il s'agit de me ramasser, voilà
qu'elle me dit que j'aurais dû aider la petite à attraper le gars. Jusqu'à me
dire que je suis jalouse parce que Suinta a eu la chance de trouver un
américain ! »
« Popopopopo ! Ça c'est quelle histoire ? Comment la
grand-mère peut réagir comme ça ? Effectivement, ça fait très peur. Je ne sais
pas quelles sont les intentions de Sunita, mais à ta place, je me méfierais »,
fait Sharonna.
« Je pense la même chose. Elle ne va pas en rester là. Le
problème, c'est qu'on ne peut même pas lui parler pour lui remettre les idées
en place. », fais-je ; « ta sœur est trop vicieuse et imprévisible. Jamais on
n'aurait parié qu'elle réagirait ainsi. »
« Ça c'est vrai, Jileska. Nous on était là en disant la
petite Sunita. Mais vu ce que tu racontes, j'ai l'impression qu'elle ne nous a
pas montré toutes ses couleurs. », renchérit Sharonna.
« C'est la grand-mère là, la mère de papa, qui passe son
temps à attiser la discorde entre cette fille-là et moi. Comme je porte le nom
de la mère de maman et que madame Sunita c'est son homonyme à elle, donc elle a
toujours estimé que je suis l'enfant des gens d'Essassa et qu'elle doit prendre
soin de son homonyme, quoi. Je suis fatiguée. J'ai envie de partir une semaine
à Essassa pour changer d'air. »
« Tu ne peux pas partir Jileska. », fait subitement
Sharonna. « On a un programme toi et moi, ne l'oublie pas. »
Je les écoute pendant qu'elles parlent en code. Mes idées
sont ailleurs. J'ai hâte de savoir ce qui se passe en ce moment entre Gaëlle et
Alec.
« Viens rester chez moi. On va t'accompagner prendre tes
affaires ; ta mère m'aime trop pour me dire non. », propose Sharonna.
« D'accord. Heureusement que vous êtes là, parce que je
suis vraiment vidée. », fait Jileska en se levant.
Nous allons nous installer derrière à la terrasse pour
manger. Je suis obligée de donner un comprimé d'efferalgan à Jileska pour
adoucir ses maux de tête.