66: so unexpected
Write by Gioia
***Thierry Henry Ndouo***
L’être humain est bizarre. J’ai passé des années à compter les heures pour
quitter ma tante et sa famille, car fatigué d’être traité comme un sous-fifre
et maintenant que je le peux, me voilà avec le cœur lourd. Je n’ai fait que
répéter les conseils à Lilou et Rayan hier, leur rappeler qu’ils peuvent
m’appeler n’importe quand, faire le ménage de fond en comble y compris dans la
chambre du papi. Ne parlons même pas des longues soirées de confession entre ma
tante et moi. Bien évidemment, elle m’a réitéré d’être sérieux avec mon argent
et prendre bien soin de Garcelle parce que j’ai une chance inouïe d’avoir une
copine comme elle. Conseils que j’ai pris à cœur puis je les ai finalement quitté,
avec pour bagage la seule valise que j’avais en arrivant ici. Le reste de mes
effets était déjà dans l’appartement de deux pièces que ma copine et moi
avons dégoté il y a un mois. Il se trouve à une vingtaine de minutes de marche
du parc Jean-Baptiste Lebas.
Je lui ai donné ma contribution financière, et choisi avec notre lit. Le
foyer chaleureux dans lequel je pose le pied là, c’est elle seule qui l’a
construit, nuit après nuit. Elle l’a rempli de choses dont j’ignorais quasiment
l’existence, ou encore que je n’aurais jamais pensé avoir. Ou du moins, je ne
me voyais pas à mon âge, goûter enfin au bonheur de la simplicité. Et ça je le
dois à la touche magique de la femme qui m’interpelle depuis la cuisine dont
s’échappe une odeur de cassonade.
Je laisse la valise sur le côté, et m’en vais la trouver en train de mixer
le sucre au beurre dans un bol.
-ça va bébé ? tu n’as pas trop pleuré hein, me taquine-t-elle
-non j’ai tout réservé pour pleurer entre tes jambes, je murmure et
embrasse sa nuque après m’être préalablement lavé les mains
Elle se plaint pour ses cookies qu’elle doit finir de préparer avant notre
sortie, mais je ne l’entends pas de cette oreille. Une main avait déjà saisi un
de ses globes ronds, tandis que mon autre déboutonnait son jean, à la
recherche de son antre. Quelques secondes plus tard, elle capitulait face au
travail de mes deux doigts lui travaillant l’intérieur. Je la soulève pour la
mettre sur le comptoir et m’insinue en elle tout en tétant une pointe érigée.
La ferveur faisant, elle m’écrase la face contre le sein que je lèche, tout en
scandant oh bébé. Je la saute au point de faire tomber des choses au passage.
Ce n’est qu’après la jouissance qu’on trouve le paquet d’œufs au sol.
-regarde ce que tu as fait
-maintenant c’est moi hein ; qui m’étouffait sans s'inquiéter pour ma
vie
-pfff, je ne sais même pas de qui tu parles, dit-elle amusée. Et tu vas le
nettoyer
-lol sans soucis, répondis-je contre ses lèvres
Comme les cookies sont tombés à l’eau sans les œufs, elle n’a plus le choix
que d’aller s’apprêter pour notre sortie. Je finis de nettoyer et range ce
qu’elle avait déjà commencé avant de la rejoindre aussi pour m’apprêter.
-on est obligé de sortir ? je demande tout en l’aidant à faire monter
sa minijupe sur ses fesses gainées par son collant d’hiver.
-mais on va faire quoi sinon ?
-rester ici, devant un film au salon sous la couverture, et je pourrai
te finir, proposai-je d’une voix rauque
-si tu me finis constamment, il va rester quoi pour ma famille ? blague-t-elle
-avec maman qui prie déjà pour les petits-enfants, je préfère profiter au
max de toi, parce que ses prières ont la fâcheuse tendance de se réaliser sans
prévenir
-ça tombe bien on a déjà tout pour un petit Ndouo, dit-elle surexcitée
-pardon, son père vient juste de décrocher son premier CDD, je n’aurai pas
les moyens de le gâter comme il se doit
-oui, mais sa mère travaille depuis un moment, en plus il a une pléthore
d’oncles ainsi que des grands-parents qui seront plus qu’heureux de le couvrir,
m’encourage-t-elle
Je l’enlace et nous dirige vers le lit avant de lui expliquer d’un ton
posé. Ses derniers mois nous avons beaucoup évolué en tant que couple. J’ai compris
qu’avec elle, il faut beaucoup lui expliquer et doucement, avant qu’elle ne
comprenne certaines choses ; surtout lorsqu’on parle des choses auxquelles
elle est attachée. On a eu au passage un épisode avec une nouvelle voiture.
Madame voulait vendre son ancienne pour qu’on s’en prenne une flambant neuve. La
raison : marquer notre nouveau départ. Il m’a fallu de la patience et
divers arguments pour lui faire comprendre que ce n’était pas une utilité, mais
un caprice.
-un enfant c’est beau….
-une bénédiction chéri, c’est l’ultime représentation de l’amour,
complète-t-elle, les étoiles plein les yeux
-je ne refuse pas bébé, toutefois la bénédiction ne paie pas les factures.
Ce ne sont pas les grands-parents ou oncles qui vont suer et gémir pour le
concevoir, mais nous deux. Ils peuvent s’ils veulent le bénir, mais avant tout,
la bénédiction sera notre responsabilité
-OK, mais tu stresses trop TH. On ne peut pas tout planifier dans la
vie ; en plus tu as des junkies qui se prennent des cloques et leurs
enfants s’en sortent très bien. Notre situation est nettement pire que la
nôtre. En plus c’est mieux d’être des jeunes parents. Au travail la majorité de
mes collègues sont entrain d’en parler
-une année ne va pas nous tuer Garcelle. On aura le temps de mieux nous
habituer en tant que couple. Aussi je dois continuer à soutenir maman et Vieira
tu sais
-oui bien sûr je n’ai pas oublié la famille, juste que…c’est l’excitation,
j’ai vu tellement d’idées pour la déco ici et on m’a suggéré des photos de
nursery donc tu connais mon esprit, rigole-t-elle
-je le connais que trop bien. On peut faire ceci, sauvegarde tes photos,
une année est vite passée
-tchiip, me donner l’espoir au début de la phrase comme ça pour le tuer à
la fin
-c’est ça qui est bien, me moquai-je d’elle
Nous sortons tous les deux dans le froid d’Octobre quelques minutes plus tard.
Nous allons retrouver Kristina et d’autres amis pour une soirée entre
amis ; enfin je ne travaille plus comme un forcené, donc on en profite. J’aurais
aimé célébrer ma licence en rentrant au pays serrer ma mère à qui je manque
cruellement ainsi que voir mon bandit de frère, mais bon, j’ai dû envoyer une
partie de l’argent pour aider maman. L’année prochaine, si Dieu le veut. Celle
qui est actuellement au pays c’est Vitalia, en compagnie de sa mère. Les deux
boivent sans arrêt. Les quelques fois où je me suis connecté sur IG, elle était
là, exposant sa vie aux yeux de tous. Son histoire des vacances pour justifier
son comportement de fêtarde invétérée c’était du pipo. Même à Paris, la fille
n’a pas arrêté, du moins si je me fie à ce qu’elle postait. Je m’en vais même me
désabonner tiens. Ça ne me sert à rien de la suivre. On n’a plus rien en
commun.
***Leah Note***
-Allô ? un instant, j’entends ma sœur dire avant de me passer mon
téléphone
Je dépose mon fer à lisser, trépignant à l’idée que l’appel venait de Toni,
mais mon entrain descend de plusieurs étages face au nom sur l’écran.
-Oui allô, dis-je un peu ennuyée
-ça va ma puce ?
-oui et toi ?
-super, tu m’ouvres ? je suis en bas de chez toi
-enfin Arthur combien de fois je t’ai dit de prévenir ?
-cette fois j’ai une bonne raison, j’ai une petite surprise pour toi,
chantonne-t-il
-je suis à Lille malheureusement
-oh…, euh OK, mais tu ne m’en as pas parlé
-je ne comptais pas y aller, mais ma sœur a énormément insisté donc j’ai
flanché cet aprèm. Je comptais d’ailleurs t’appeler avant d’aller au lit
ce soir
Je tourne le dos à Kris qui me regardait de travers suite à cette réponse
-d’accord, continue mon interlocuteur. J’aurais aimé que tu me le dises
quand même. Je vais à Aarhus dans trois jours avec mon boss pour rencontrer le
client dont je t’avais parlé
-oh super, tu parles de celui qui a retenu votre plan hein
-oui et je risque d’y être pour deux semaines donc je venais te prendre
pour qu’on passe du temps ensemble d’ici là.
-ce n’est pas grave, on se verra à ton retour, en plus tu peux profiter de
ta soirée pour te reposer un peu, souviens-toi je t’avais fait la remarque que
tu travaillais un peu trop
-tu es bien la seule qui demande à son gars de se ralentir le rythme mon
cœur, rigole-t-il
-il faut bien que tu sois en vie pour qu’on profite de la vie ou pas
-ha, il soupire d’aise, les choses que tu me dis Leah Note, tu ne sais pas
jusqu’où je les reçois. Je vais laisser ton cadeau chez Macy. J’imagine que tu
ne rentreras pas d’ici trois jours
-je vais voir avec Kris et lui expliquer si tu veux absolument me voir
-non c’est bon je ne vais pas court-circuiter vos plans, on se verra au
retour comme tu as dit
-d’accord, merci de me comprendre.
-toi aussi c’est la moindre des choses, amuse-toi bien et n’oublie pas, tu
es magnifiquement unique et irremplaçable donc qu’est-ce que tu ne vas pas
faire ce soir ?
-me comparer, chuchotai-je touchée et le cœur lourd de honte
-exactement, dit-il avec fierté
Les minutes suivantes, l’appel prend fin et je reçois des photos de Macy
qui me plongent davantage dans l’embarras.
-je ne sais pas ce que tu fous à Paris, mais rappelle-toi que les parents
attendent des résultats et non une grossesse. C’est parce que j’ai donné mon
accord qu’ils t’ont laissé t’installer à Paris au lieu de me rejoindre sur
Lille donc tu n’as pas intérêt à me honnir, m’avertit ma sœur
-c’est bon hein ! je ne me mêle pas de ce que tu fous ici
-bref, tu es prête ou je dois encore attendre ? Garcelle m’a texté
qu’ils sont arrivés
Je prends mon manteau sans répondre et sors. Elle capte le message et me
suit. Heureusement on passe chercher deux autres personnes à cinq minutes de
son appart du coup j’ai réussi à éviter ses questions. Je les laisse discuter
entre eux tandis que j’examine ma vie, le regard perdu sur les lumières qui
défilent.
Il arrive je crois dans la vie de chaque femme d’être partagé entre sa
raison et son cœur. J’ai rencontré Arthur à l’église. Ce n’était qu’un frère
comme on dit. Comme il était chargé du suivi des nouveaux, un petit lien s’est
tissé. Puis il s’est approfondi quand je me suis retrouvée à lui livrer mes
pensées intimes sans aucune difficulté. Le type met si facilement en confiance
que mes lèvres s’ouvraient toutes seules. Il a su tout de moi ; comment
mes parents attendent qu’on soit des modèles ; comment Kristina et moi
n’avons jamais pu être proches bien que j’en ai rêvé ; comment je me sens
facilement nulle en compagnie de filles plus belles et accomplies parce que
maman nous rappelle constamment les accomplissements des filles de ses sœurs et
amies. Et bien sûr il m’a tiré d’affaire financièrement même si j’ai
sous-entendu que l’argent devait servir pour mon loyer. En réalité, je me suis
fait prendre pour vol à l’étalage et la caissière a refusé d’avoir pitié. La
police est intervenue, bref tout un cauchemar, mais je m’en suis tirée avec une
amende de 450 euros. Encore là, Arthur m’a étonné un peu moins que le double,
précisant que je peux garder et rembourser à mon rythme. On ne fera pas mention
des nombreux coups de fil pour me soutenir émotionnellement, passer me
faire sortir sous prétexte que me renfermer quand je traverse des mauvaises
passes n’est pas bien pour le moral.
C’est à cette période qu’il m’a avoué ses sentiments, s’excusant au passage
qu’il prévoyait attendre, le temps que je sois de meilleure humeur, mais il a
craqué quand j’ai fondu en larmes en lui partageant une énième dispute entre
maman et moi durant laquelle elle a encore ramené les accomplissements des
cousines comparées à nous. Il m’a dit les plus belles choses que j’ai entendu
de ma vie. Je l’ai laissé m’embrasser. Le problème c’est que son baiser ne m’a
pas fait l’effet qu’un unique regard de Toni provoque en moi. Lui je l’ai
rencontré au travail. Il n’était qu’un client, mais j’ai eu du mal à détacher
mes yeux de lui. Ce n’est pas juste qu’il est beau et charismatique. Il a un je
ne sais quoi de rassurant et confiant ; bref plein de choses contre
lesquelles mon cœur n’arrive pas à tenir. Le souci c’est qu’il n’a fait aucun
pas concret dans ma direction. Du moins il n’a pas été clair dans ses
intentions comme Arthur. Je ne suis pas
non plus naïve. Je me doute qu’il a des filles autour de lui, mais s’il
continue à me regarder et me faire signe c’est bien parce qu’il a trouvé
quelque chose d’unique en moi.
Il y’a bien des fois où je m’étais décidée de prendre du recul avec lui, et
me concentrer sur Arthur, mais le plus long que j’ai tenu jusqu’à présent c’est
une semaine. Mon cœur se languissait de voir son numéro apparaitre sur mon
téléphone, d’entendre sa voix suave dire mon nom. Je ne peux pas non plus
disparaître comme ça de la vie d’Arthur. Il a trop fait pour moi, en plus c’est
le cousin de Macy, mon amie. Et c’est le seul à qui je peux me confier sans
crainte. J’ai aussi peur que Toni soit juste une tentation et Arthur ma destinée.
On les connaît les histoires de filles qui font les mauvais choix et finissent
malheureuses en fin de ligne. J’ai assez souffert dans ma vie pour qu’on me
mette encore des embûches sur la route dans mon mariage.
Je me dis une petite prière silencieuse avant d’entrer dans le resto. Si
Toni est ma côte, Seigneur envoie-moi un signe et aide Arthur à m’oublier. Nous
entrons dans le resto, et Toni est là, à côté de Garcelle ainsi que son copain.
Mon cœur bat à tout rompre. Le destin ne ment jamais.
***Macy Wiyao***
Envier les autres est un péché, on l’apprend très tôt et pourtant je n’ai pas
pu contrôler la petite morsure qu’a ressenti mon cœur, en sortant du sac, les
cadeaux qu’Arthur a ramené à Leah afin de lui faire des photos. Un coffret
complet de Guerlain « mon Guerlain » et une collection de biscuits belges
dans une boîte dorée. J’ai eu 21 ans il y a neuf jours, et j’ai reçu une carte
de mon copain. Je l’ai prise sans faire de vagues. Notre relation a commencé par
un partenariat professionnel. Il voulait monter un outil électronique pour assister
les gestionnaires dans l’évaluation et la gestion de leur personnel. J’ai
rejoint son équipe de deux personnes à l’époque. Chaque lancement de produit
connait différentes phases et nous sommes dans une très complexe, démarcher
auprès des futurs clients. La double complexité dans notre cas, c’est que Seb
ne veut vendre son assistant qu’aux entreprises africaines, qui ne sont pas
prêtes à payer le prix qu’il demande. Ce qui est tout à fait compréhensible, Halo
(l’assistant) n’a pas fait assez de preuves sur le marché professionnel.
Bref son nez est depuis un mois dans sa comptabilité ; il a dépensé
énormément pour ce produit et je ne suis pas le genre à ramener tout à moi
quand on a plus important sur la tête. C’est juste que…, je sais pas, il aurait
pu personnaliser la carte, y écrire des mots pour la fille qu’il appelle le
cerveau de sa machine. J’ignore si mes parents étaient fauchés à un moment,
mais je me souviens très bien que pour certaines fêtes (anniversaire ou de
mères), papa nous enrôlait dans un programme congés pour maman. En gros, elle
avait trois jours pour jouir de son temps comme elle voulait. Pas de cuisine,
pas de ménage, pas de charges. Et elle était tout aussi contente que lorsqu’il
lui faisait des cadeaux, parce que la finalité c’est qu’en tout temps, avec ou
sans argent, le bien-être de sa famille était une priorité. J’aspire à une vie
pareille, même si je ne suis qu’à six mois de relation avec Seb. J’aspire à ce
que Leah a trouvé avec Arthur. Il m’a laissé deux tickets pour une comédie
musicale Anastasia qui aura lieu demain. Ils faisaient partie du cadeau pour
Leah, mais il m’a dit d’en profiter vu qu’elle n’est pas là.
Je fais signe à Aurore Kekeli, mon âme sœur même si elle m’en veut un peu
dernièrement. Je ne vois son message qu’au retour d’une visite rapide à la
supérette en face de mon immeuble.
-comédie musicale ? tu sais bien que je m’endors quand y’a pas
d’ambiance
-Kekeli qui dit comédie musicale dit chant donc ambiance, arrête de faire
ta difficile et ramène tes fesses demain
-je vais mal ronfler dans tes oreilles et tu n’as pas intérêt à pincer ma
cuisse
-lol viens seulement, on va gérer le reste
Elle a débarqué une heure plus tard avec un sac rempli à moitié des
popcorns de sa mère. Tous volés je précise. Kekeli c’est l’enfant qui emmerde tellement
ses parents. Tata Lou a beau lui répéter que ses affaires ne sont pas les
siennes ; elle s’est même fait punir plusieurs fois quand on était plus
jeunes ; elle jure qu’elle ne recommencera plus jusqu’à la prochaine occasion.
Nous avons vidé les popcorns devant how I met your mother, qu’on a au passage
tellement regardé qu’on connaît certaines répliques par cœur. Le lendemain, on
s’est pouponné tel des célébrités allant à une cérémonie grandiose et nous
sommes parties main dans la main, à notre soirée. On reprendra le travail plus
tard.
***Vitalia Andrade***
Paï déteste l’odeur de la fumée donc je ne fume jamais à la maison, mais
depuis un mois je suis constamment sur les nerfs. Tantôt j’ai envie de crier,
tantôt j’ai l’impression de suffoquer. Et la seule chose qui me calme c’est la
cigarette donc me voilà sur le balcon, faisant l’essentiel tout en me laissant
bercer par le bruit des véhicules au loin.
La portière s’ouvre brusquement me faisant sursauter. Je n’ai même pas le
temps de jeter mon mégot que je me retrouve devant l’air froissé d’Henrique
Andrade.
-é isso que você faz quando eu acho que você esta estudando ? (c’est
ce que tu fais quand je pense que tu étudies ?)
-c’était juste une petite pause
-une petite pause Vita c’est sortir pour marcher ou boire un verre de lait.
Pas inhaler cette immondice qui ne fait que te rapprocher de la tombe comme
ta mère, me réprimande-t-il
-demain j’arrête tu verras, je vais t’étonner
-mmmhmm, grommèle-t-il dubitatif. J’ai étrangement entendu ce refrain de
quelqu’un il y a quelques années et on sait comment elle y arrive fabuleusement
-oh arrête hein elle a quand même fait des efforts, vas-y avoue, dis-je en
rapport à maman
Il me prend par la main et me tire jusqu’en chambre ou je n’ai carrément
plus le droit de continuer à faire mes fiches pour mon cours de coopération en
relations internationales. Je me fais mettre au lit de force et il me ramène un
thé
-il faut savoir arrêter c’est un point non négligeable quand on veut être à
son meilleur
-vu que tu insistes, dis-je en tirant la couverture sur ma tête
Il me souhaite une bonne nuit, éteint la lumière et je m’endors sans aucune
difficulté. Le réveil est brutal le lendemain. Mon vagin encore une fois sec et
inconfortable. Depuis quelques jours je ressens des picotements tellement
gênants là-bas et vu que mon rendez-vous avec l’OB est programmé sur 11h30
aujourd’hui je ne peux pas mettre un peu de lubrifiant sur mes petites lèvres
comme je faisais les jours précédents afin de soulager les tiraillements.
Mon OB me fait monter sur la table d’examen après une petite séance
routinière. Elle m’insère le spéculum et commence à me questionner sur mon
master. C’est ce qui arrive quand tu vois la même personne depuis quatre ans. Elle
sait tout de ta vie.
-tes menstrues ne sont jamais réapparues ? me questionne-t-elle
-non depuis trois ans
-ton cycle était de 28 jours n’est-ce pas ?
-euh oui pourquoi ?
-écoute ce n’est probablement rien, mais juste pour me rassurer je voudrais
te faire une écho. Ton col est un peu mou, mais si ton cycle est resté constant,
je pense que tu es supposée être en phase post-ovulatoire donc il ne devrait
pas avoir cette forme.
-j’ai eu un rapport non protégé, mais je me suis fait tester au retour et tous
les tests étaient négatifs, dis-je quand même paniquée tout en calculant mes
dates. Enfoiré de TH, il n’a pas intérêt à m’avoir refilé une saleté qui est
passée inaperçue ou peut-être j'ai fait mes examens un peu tôt? merde
-comme j’ai dit c’est par précaution, tu sais nous les médecins on aime
tout vérifier, me rassure-t-elle
Je dois changer de pièce pour l’écho en question. Ma tête ne cesse de se
lever de la table, mes yeux cherchant à voir ce qui lui fait répéter les mhmm
depuis qu’elle a commencé le scan même si je n'y comprendrais rien sinon des
images bizarres.
-je vais mourir ? demandai-je avec appréhension
-mais non ma belle, l’infirmière va venir t’aider et on se voit tout à
l’heure
-OK, mais tu as dit que je vais pas mourir hein, je peux te faire confiance
-oui et on en parle dans quelques minutes, ne t’en fais pas
Je relâche le souffle que j’avais comprimé dans mes poumons depuis qu’elle
m’a parlé du scan. L’infirmière n’a presque rien à faire à son arrivée. Je suis
déjà rhabillée et sors à la course pour retrouver mon OB.
-je suspectais au début que ton DIU s’était peut-être déplacé, ce qui pouvait
expliquer tes symptômes comme l’inconfort et les démangeaisons, en plus de
petites pertes vaginales. mais je voulais vérifier ce qu'il en était avec le
col
-haha, comment ça déplacé ? c’est toi qui me l’as mis et ça ne bouge
pas un stérilet non ?
-en général non, mais il existe des cas. Comme tu sais aucune contraception
n’est à 100% fiable
-naaahh nuh-uhan, je suis dans la majorité, affirmais-je vivement
Elle me fixe sans un mot et continue son charabia incompréhensible.
-je comprends, c’est inattendu, mais pas forcément critique. Ce qui se
passe dans ton cas c’est que ton col était souple comme je l’avais mentionné.
Et la raison selon le scan c’est que tu es enceinte.
-hehehehe, merveilleux, primo le stérilet se tire la malle et maintenant
j’ai un môme en moi, bientôt la caméra sortira avec tout le staff derrière me
disant de faire un coucou à la France ? Salut la France, coucou paï, dis-je
en secouant les deux mains dans tous les sens, tandis qu’elle continuait à
m’observer
-il faut qu’on te retire le stérilet ma belle, ce n’est pas….
-oh non je vais te dire moi ce qu’on doit me retirer, c’est cette capacité
à rêver debout. Merde quoi il est quoi midi ? C’est ça, je n’ai rien mangé
ce matin. Tout s’explique, je vais me….
-Vitalia, dit-elle après avoir pris ma main
Le mur d’incompréhension s’écroule petit à petit devant le bleu azur de ses
yeux. Les mots tombent de mes lèvres avec nervosité. J’entends, "respire,
respire", plusieurs fois, ma gorge se rétrécit et ma poitrine commence à
s’alourdir.
Je reviens à moi pourtant je n’ai pas l’impression d’avoir dormi. Mon cou
est tendu et mon corps douloureux. Mon OB est assis sur la chaise à mes côtés, avec
ma main encore dans la sienne.
-tu as eu une crise d’angoisse, m’explique-t-elle avant que je la
questionne
Je n’ai plus les mots pour le restant du rendez-vous. Je me souviens quand
même qu’elle me remet des prospectus à lire sur la grossesse, et me programme
une prochaine rencontre pour le retrait de mon stérilet.
Au lieu de rentrer à la maison, je me prends un billet sur le site de la SNCF
et monte l’heure suivante en direction de Lille. Je vais exploser si je n’en
parle pas à Mãe. Je vais mourir et Paï me ressuscitera pour me tuer par la
suite.
Je descends à la gare et me rends à la maison de thé où elle travaille. Je
lui avais fait signe dans le train, mais je n’ai pas eu le courage de lui
expliquer.
Je m’apprêtais à tenir la poignée quand la porte fut ouverte par le
responsable de ma condition, habillé soigneusement, lunettes au nez, tandis que
mon cerveau était en compote et ma vie possiblement sur la ligne.
-Il fallait que tu me baises au point de déplacer mon stérilet andouille !
m’écriai-je d’une voix tremblante
-c’est pas le boudin de nounou ça ?
J’ai plongé les mains en avant ne sachant même sur qui je les ai refermé. Le
"boudin" m'a fait bondir. On ne va pas me mettre dans les problèmes
et m'insulter aussi. Mes oreilles bourdonnaient, mais je sentais quand même
qu’on retirait mes mains de la personne que j’étranglais. Une fille. Ma vision se stabilise petit à petit. C’est
une fille. TH la tient contre lui et me
lance un regard meurtrier. Je vois du coin de l’œil des collègues de Mãe à mes
côtés et j’entends sa voix réconfortante me demander ce qui m’arrive. C’est le
déclic dans mon esprit. Je m’accroche à son cou et répète en détresse,
-paï va me tuer, j’ai fait n’importe quoi
***Thierry Henry Ndouo***
Les gens font des erreurs et vivent quand même leurs vies dans le bonheur,
mais je n’y ai pas droit, il semble. Il fallait que j’accompagne ma copine dans
la boutique où la mère de l’autre travaillait. Il fallait que l’autre débarque
de nulle part et en présence de Toni saute comme un guépard sur ma copine. Le
soir où nous allions rencontrer ma tante et son mari pour des présentations
officielles avec Toni. Au lieu de nous rendre à Douai avec les thés achetés
comme cadeau pour eux, nous avons dû rentrer à la maison.
Nier, c’est ce que les gens conseillent dans ce cas, mais je n’ai pas eu ce
courage quand Garcelle m’a demandé le pourquoi la nounou a parlé de son
stérilet. J’ai reçu en pleine face la télécommande. D’autres objets auraient
suivi si Toni ne l’avait pas restreint, mais ce qui me peine davantage ce sont
ses larmes que j’entends parvenir du bureau où Toni l’a conduit. J’ai commencé
par plusieurs pas, mais finalement j’ai fini accroupi au sol. La porte s’ouvre
enfin et je me redresse aussitôt, mais Toni est seul, et son visage dur.
-non, me dit-il quand j’essaie de m’avancer pour entrer
-j’ai besoin de lui parler, lui expliquer
-qu’est-ce que tu vas expliquer dans cette voix tremblante ? elle n’a
pas besoin de « je ne sais pas ou je pense que », mais de réponses
claires. Qui est la pouilleuse ?
-c’est une aventure ; rien de sérieux et…
-et pourquoi elle a sauté sur ma sœur ? tu ne sais pas garder tes à
côté dans leurs sentiers ?
-j’ignore ce qui lui a pris, elle n’est pas….
-eh je n’en ai rien à foutre de ce qu’elle est ou non pour toi, tu me suis
-oui
-à cause de ta bite qui ne sait pas être sélectif, ma sœur est entrain de
pleurer sa vie dedans. Pourtant on t’a fait confiance avec elle. Vous n’avez
même pas fait un an et c’est ce que tu emmènes dans sa vie ?
-je vais régler le problème, dis-je et m’en vais sans attendre sa réponse
Mon passé ne va pas gâcher mon futur. Je ne le permettrai à personne et
encore moins une cinglée de le toucher. La montée à Douai n’est pas possible
sans voiture depuis Lille donc j’ai dû prendre celle de Garcelle. Avant de
démarrer, je préviens la cinglée par un message sur messenger. Je n’ai jamais
eu son numéro. Dieu me montre maintenant pourquoi je ne lui ai jamais demandé.
En réalité il mettait en moi les barrières pour que je reste loin de cette face
de rat, mais l’humain ne veut jamais écouter son créateur. Si tu me sors d’ici
Seigneur, je ne toucherai plus jamais une autre en dehors de ma femme.
Je me gare devant la maison de sa mère avant de lire le message que j’avais
reçu durant la conduite.
Putain de pute de merde d’enculé de fils du diable ! cette fille
cherche la guerre et je suis prêt pour. Je rallume le contact et me rends chez
ma tante où elle a dit qu’elle se trouvait. L’appréhension me noue le ventre
dès que je croise l’air renfrogné de ma tante après qu’elle m’est ouvert
-prends place Thierry, dit son mari
Je m’installe en face de celle qui veut la guerre et la fixe droit dans les
yeux. Ma tante s’assied à côté de son mari et ce dernier reprend la parole
-tu connais cette fille Thierry ?
-c’est la nounou des enfants
-pourquoi la nounou des enfants est ici avec sa mère et les deux prétendent
que tu es le père de son enfant ? demande ma tante sur un ton amer. Je ris
de dérision et pendant un bon moment
-mes excuses tata et tonton, permettez que j’adresse directement celle qui
m’accuse. HEY je ne sais pas qui tu crois que je suis, mais sache que mon père
est décédé depuis mon adolescence. Je n’ai pas un rond si ton but c’est de me
dépouil…
-Firmin nous ne sommes pas venues nous faire insulter ici, sa mère
m’interrompt sur un ton nerveux
-mais qui vous insulte hein Marcia, intervient ma tante avant que je puisse
parler. Mon oncle tente de l’apaiser, mais elle est déjà lancée et ne se laisse
pas faire tout comme la mère de Vita. Pendant ce temps, celle qui a causé tout
ceci est assise comme un robot et fixe Dieu sait quoi. Tu crées les problèmes
et quand on te fait face tu n’as plus ta langue pfff.
-Ma fille avait accepté de donner un coup de main à ta famille parce qu’on
se connaît depuis des années Firmin. Comment se fait-il que tu ne l’aies pas
protégé de la menace dans ta maison ?
-menaaceeee ? Madame, je n’ai pas abusé de votre fille, je me défends
farouchement.
-si c’est pour nous offenser que tu es venue Marcia il vaut mieux t’en
aller, dit ma tante
-Ah bon ? Vita dit quelque chose punaise, s’offusque sa mère
Elle se lève, le visage livide, me dévisage puis se tourne vers mon oncle
et ma tante.
-nous sommes désolées pour le dérangement, on y va maman ?
***Vitalia Andrade***
Pourquoi je me suis laissée traîner ici par Mãe ici et qu’est-ce que je
fous à Lille d’ailleurs ? J’aurais dû retourner à l’appartement après la
visite chez l’OB au lieu de me soumettre au cirque actuel.
-laisse les partir Firmin ! j’entends de la tante tandis que je tire Mãe
qui ne veut pas lâcher l’affaire
-tu vois quand j’ai dit pas de famille ici ? mais non tu pleurais ton
neveu, le voilà qui me gâche les relations de voisinage avec son comportement
des bandits du quartier
-tu l’as vu faire quoi d’ailleurs ? Qu’est-ce qui nous confirme que
l’enfant est celui de Thierry d’ailleurs ?
-si déjà elle est réellement enceinte et ne ment pas juste pour détruire
mon couple tonton
-j’en ai quoi à foutre de ton couple ? criai-je à bout de nerfs
-à toi de me le dire donc. Tu te prends pour qui pour porter la main sur ma
copine ? ta chance c’est qu’on m’a inculqué des valeurs
-elles étaient où tes valeurs quand tu me rentrais dedans comme un forcené
qui n’a jamais goûté de vagin de ta merdique de vie
-Vitalia, me dit Mãe sur un ton conciliant
-écoute la vulgaire que tu défends Firmin.
-tais-toi un peu, répond-il
-mes valeurs ne te regardent en rien, continue Thierry. Je te jure que si
tu approches encore Garcelle…..
Je sors avant de lui lancer ma chaussure dans ses dents. Mãe râle durant le
trajet entier.
-pourquoi ton père me demande si mon pied va mieux ?
-je lui ai dit que tu avais eu un petit accident au travail, lui
répondis-je une fois à la maison
-en plus tu te permets de mentir à ton père
-je…je suis désolée maman, je ne savais pas quoi lui…lui dire pour…., balbutiai-je
au fur et à mesure que mes larmes tombaient
Elle m’insulte encore tout en m’ouvrant ses bras pour que je m’y réfugie.
Je passe la nuit dans son lit, plus perdue que jamais concernant mon avenir. Manquer
des cours n’est pas bien vu dans mon programme donc je ne traine pas à Lille. Mãe
promet par contre de monter lorsque j’aurais besoin d'elle. Mon OB n’a pas
réussi à retirer le stérilet à la rencontre suivante. Elle m’a dit qu’avec l’expansion
de mon utérus causé par le fœtus croissant, le DIU lui était inaccessible et essayer
de le chercher pourrait mettre en danger la grossesse. La vive angoisse que
j’ai ressenti à cette nouvelle fut étrange et incompréhensible.
-et si je ne veux pas garder la grossesse, on peut le faire maintenant?
demandai-je la gorge sèche et un peu gênée. Je sais que les OB ne jugent pas vu
que c'est leur profession, mais c’est quand même déplaisant comme situation. La
première fois que je mettais pied dans son bureau j’étais encore vierge, et
quatre ans plus tard me voilà discutant d’avortement. Je sais même pas ce que
je pense de ça putain.
-bien sûr c’est une option, mais il te faudra prendre un autre rendez-vous
et d’ici là je te conseille de peser le pour et le contre. J’imagine que c’est
un imprévu, mais la grossesse ne s'étend pas sur quarante semaines pour rien.
Tu as le temps de t’adapter à la venue de ton bébé
-ouais sauf que mon père ne nous laissera pas en vie pour que ça arrive
donc non merci
-tu sais que même contrarié il n’a pas le droit de…
-c’était une blague, je me dépêche de rectifier. J’ai déjà créé un souci,
ce n’est pas le moment d’en causer un autre à mon père
Elle me laisse partir avec une longue liste de recommandations, dont la
première, bien sûr, ne plus toucher à la cigarette. Pourtant je n’ai qu’une
envie en sortant de l’immeuble c’est d’en fumer une dizaine.
Une semaine plus tard, je n’ai toujours pas pris de rendez-vous à la
clinique. Je suis à dix semaines aujourd’hui. Je lis sur l’application
téléchargée ce qui est supposé se passer dans mon corps. L’ironie c’est qu’en
dehors de la nervosité due au manque de nicotine je ne ressens vraiment rien
d’autre. Je continue de me rendre en cours, mange normalement et la crème que
m’avait prescrite l’OB a réglé le problème de sécheresse vaginale. En réalité
personne ne se douterait de mon état si je n’en parle pas. J’ignore si c’est
pour ça que je ne prends pas ce foutu rendez-vous ou peut-être les vlogs de
famille que j’ai commencé à regarder. Je suis tombée sur pas mal de meufs âgées,
mais certaines comme moi. Des mamans célibataires. Je m’endormais parfois avec
leurs vidéos jouant dans mes oreilles et sur un autre côté mes bouquins
scolaires.
Au bout de la onzième semaine, Mãe commençait à s’inquiéter pour moi. Étrangement
je me sentais bien. J’avais fait un plan, acheté une petite grenouillère et
cuisiné les mets favoris de Paï. Les bonnes négociations doivent toujours
commencer par un échange de bons procédés. Ce que je veux négocier ? Ma vie.
-o que estamos celebrando ? me demande-t-il admiratif devant la table
-toi bien sûr, un papa merveilleux et mon divorce avec la nicotine
-le divorce n’est pas un sujet sur lequel on rigole Vitalia, dit-il sur un
ton tranchant. Ça nous a pris….
-oui je sais, deux ans pour finaliser le tien avec Mãe mais tu peux aussi m’encourager
un peu paï je fais des efforts
-viens ici bobo, dit-il et m’enlace par la suite. Bobo c’est mon surnom d’enfance,
on me l’a collé parce que j’étais la reine des gaffes bêtes il parait. Depuis
il est resté
Je profite de sa chaleur et ses mots réconfortants le temps de puiser du
courage et nous nous mettons à table. Deuxième objectif d’une négociation, mettre
l’autre partie en confiance, lui faire baisser la garde. Une bouteille de vin m’aide
à accomplir ma mission. Je rajoute le sucre par-dessus dans la forme d’une crème
brulée. Le gourmand ne sait pas dire non aux petites douceurs. J’achève par un léger
digestif et place la grenouillère juste en face.
-ob bobo Paï est vieux bebê je ne peux plus te donner de petit frère,
rigole-t-il bruyamment devant la grenouillère
-justement j’ai enfin trouvé THE solution, je fais le petit frère et tu seras
âvo (papi) hein, hein ? c’est une bonne idée ou bien, fais-je avec un
immense sourire bien faux, tout en secouant devant ses yeux somnolents le vêtement
sur lequel était écrit « If you think I’m cute you should see my grandpa »
Il rigole, me câline la tête en prononçant des paroles incompréhensibles et
titube jusqu’à sa chambre sans oublier de me rappeler qu’il faut me coucher tôt.
C’était plutôt pas mal non ?
Le réveil est agressif et mouillé. J’ouvre les yeux en recevant un liquide
froid sur le visage. Paï se tient en face l’air furieux, et pichet à la main. Je
reçois une deuxième douche glacée avant de pouvoir l’ouvrir.
-tu vas m’expliquer ce que ceci veut dire ! dit-il avant de me jeter en
pleine face la grenouillère que j’avais oublié au salon hier
-je vais trouver un emploi prom…..
La gifle qui suit est sonore et me fait siffler les oreilles. Je me tiens
instinctivement la joue, mais la douleur commence en premier dans ma poitrine
-des milliers d’euros que j’ai dépensé parce que tu voulais faire Sciences
Po au lieu de l’université publique Vitalia ! tu sais ce que ça représente
des milliers d’euros ?
-J’ai déjà commencé à postuler paï, avec ma licence je pourrais me trouver
un emploi facilement et le bébé sera à ma charge
-quel bébé ? se déchaine-t-il. Tu vas l’enlever et plus….
-Non ! criai-je à mon tour en détresse. Je….je veux pas. J’ai envie de
le garder. Y’a plein de filles sur Youtube qui ont mon âge et sont mamans. Je peux
y arriver
-Mais tu t’entends Vita ? dit-il comme si je venais de lui sortir la
plus grosse connerie au monde. Qu’est-ce qu’une fumeuse invétérée qui traine
ses fesses de club en club sait de l’éducation d’un enfant ?
La douleur à la poitrine s’intensifie. Je me sens tellement honteuse sous
son regard rempli de déception.
-j’ai pas fait exprès paï, je…j’étais prudente, mais la science m’a laissé
tomber
-et qui est le scélérat qui t’a fait ça ?
-on ne se parle plus
-j’ai demandé qui il était !
-c’est quelqu’un qui est retourné dans son pays, il était là pour les vacances
Il secoue la tête l’air dépité et sort de ma chambre sans mots. Je me
laisse tomber sur le lit, la gorge serrée d’émotions. Je lui aurais dit la
vérité qu’il accuserait Mãe pour les cinq années à venir. Déjà qu’il lui a
toujours reproché le fait que je sois délurée. Comme chaque papa, il voulait
une fille sage qui passe son temps à étudier et regarder Hannah Montana. Parce
que je n’avais presque aucune des qualités qu’il espérait trouver chez sa fille
unique, je me suis toujours efforcée d’être excellente dans mes études,
espérant compenser un petit peu. Et je ne vais pas arrêter. Donner l’exemple des
filles sur Youtube paraît totalement puérile, mais je me sens motivée par
elles. Je vais continuer mon master, avoir mon bébé et montrer à mon père que
tout est possible, même pour les fêtardes invétérées.
***Garcelle Ekim***
Tous mes rêves sont à l’eau. Je ne sais plus qui haïr entre TH et cette
bouseuse qui a osé me porter main. En plus de cette humiliation, il a fallu que
sa tante informe sa mère et que cette dernière se rende chez maman pour lui
présenter des excuses. Résultat ma famille sait qu’on m’a trompé en même pas un
an de relations, mais en plus papa exige que je le quitte. Comme si lui n’avait
pas fait pareil avec maman et l’un des résultats est Ray. Le simple fait de
penser que cette fille donnera à mon copain son premier enfant me fait si mal
que j’en perds le sommeil quelques fois. Je l’ai entendu aussi de la tante qui
venait me faire le "rapportage". Le concerné n’a pas pu me confirmer
quand je lui ai demandé. Il ne cesse de répéter qu’il n’a jamais voulu me
blesser, qu’elle n’a rien représenté sinon un vide trou pour lui et qu’il est
prêt à tout pour me prouver son sérieux. Je ne vais pas mentir ; le fait
qu’il grouille depuis deux semaines pour me convaincre me touche. Au moins je
sais qu’il tient à nous même s’il est un con.
Toutefois je ne lui accorde aucune attention pour le moment. Il dort dans
le bureau. J’occupe la chambre et ça restera ainsi jusqu’à ce qu’il m’ait réellement
prouvé ses sentiments. Pour le moment je me rends à Paris. La boîte pour laquelle
je travaille demande une fois par mois qu’on se rende au siège pour un
séminaire.
N’ayant aucune envie de me farcir le service de chambre, la deuxième journée,
je me rends au bistro où travaillait Ray pour manger. En bonus je pourrai voir
Leah avec qui j’ai beaucoup sympathisé la dernière fois. J’ai aussi remarqué
son faible pour Toni. En même temps elle ne le cachait tellement pas que même mon
TH aussi m’a demandé une fois à la maison. Et elle a confirmé lorsque je lui ai
demandé si elle en pinçait pour mon frère. Tout le contraire de Kris dont j’ai abandonné
le cas. C’est une cause perdue. J’ai promis de l’aider à avancer son cas avec Toni.
Au moins il est célibataire et cette fois je le fais de bon cœur. Vu que je l’avais
prévenue avant mon arrivée, c’est Leah qui m’apporte mon menu à la table qu’elle
m’avait réservé.
J’allais l’ouvrir quand je vois la chienne de mon mec adossé au comptoir
non loin, en pleine discussion avec le barman.
-tu m’écoutes Garcie ? me dit Leah
-non pardon tu disais
-je demandais ce par quoi tu voulais commencer comme entrée
-laisse l’entrée. La fille en avant tu la connais ? celle avec les
pastèques comme seins
-oh ; eum c’est la troisième fois que je la vois. Je pense qu’elle
demande au barman s’il y’a des postes disponibles ici hein, pourquoi ?
-je t’en prie ma chérie, c’est important si tu peux te renseigner à fond
sur elle pour moi
-heu c’est que….., hésite-t-elle
-Leah tu sais que je ne te supplierais pas si ce n’était pas sérieux. Cette
meuf prétend être enceinte de mon gars
-Tata Nzambe ! depuis quand ?
-elle est venue nous l’annoncer il y a quelques semaines et m’a en plus
frappé
-Quoi ? fit-elle davantage scandalisée au point d’alerter certains
clients à côté
-je te donnerai plus de détails après, mais je t’en prie….
-toi aussi tu n’as même pas besoin de me prier, je vais la pister pour toi
ma coco. Regarde là avec ses maigres jambes et son torse on dirait Johnny
Bravo. Et puis tu l’as laissé te porter main ? Merde fallait que je sois
là-bas et qu’elle tente ça, s’échauffe-t-elle. Et ton gars aussi excuse moi,
mais un chien. Il va te tromper et ne cherche pas une de ton niveau au moins ?
Beurk chérie, il est certes beau, mais à revoir.
-laisse-le je lui fais sa fête tranquillement, mais la meuf des basfonds aussi
mérite sa part spéciale
-ne t’inquiète même pas. Je ne supporte pas non plus les petits coups qui
ne connaissent pas leurs places. J’espère que tu as pris des photos pour une
plainte hein. Je vais pendant ce temps te chercher plus d’infos dès que
possible.
Qu’est-ce que j’avais dit ? Rien de « Kristinique » en elle
et tant mieux. J’aurais vraiment aimé qu’elle soit là et que surtout TH m’ait
laissé le champ libre. J’allais trainer le garage à bites de Lille à Douai par
son pauvre tissage de trente euros. Mais ce n’est que partie remise. Je serais
ma propre police.