69: set the record straight
Write by Gioia
***Garcelle
Ekim***
Bon ce n’est
pas maman Lucie le problème parce que je lui parle pour la troisième depuis ce
jour où j’ai trouvé TH totalement perdu dans notre chambre, il y a douze jours
de ça.
-je ne sais
pas ce qui lui arrive je t’assure maman, il rentre, mange à peine, se met
devant son ordi et fixe un point blanc sur l’écran. Je commence à sérieusement
m’inquiéter
-il te faut
de la patience ma princesse, c’est comme ça qu’est mon têtu de garçon. Tu vas
penser que quelque chose de grave lui arrive et lorsqu’il t’en parlera tu auras
envie de lui donner un bon coup à la tête
-hum tu dis ça,
mais tu ne vois pas ce avec quoi je vis. Deno aussi dit ne pas savoir ce qui se
passe dans sa vie actuelle, c’est pour ça que je te demande
-tu me fais
confiance Garcie ?
-bien sûr tu
es ma maman quand même
-alors donne-lui
un peu de temps, si c’est important, c’est qu’il cherche comment t’en parler
-j’espère que
ce n’est pas encore une autre fille, je ne pourrais pas le supporter
-oh non
jamais ne t’en fait pas, je lui ai fait passer l’envie d’être un bandit, celui
que tu as actuellement c’est le Thierry que j’ai éduqué
-merci de
prendre le temps pour m’écouter maman, tu as toujours les mots
-le merci
vient d’où ? tu es ma fille, c’est normal, réplique-t-elle ce qui me
réjouit
Nous
nous séparons sur ses mots et je descends en direction d’un institut pour mes
soins que je fais une fois par mois. Ah oui, il faut être détendue pour que mon
corps prenne vite une grossesse. Et je compte bien tirer Thierry de sa léthargie
d’ici la fin de semaine. Mon père a envie d’être papi. Maman c’est une autre
histoire, elle ne sait que répéter qu’il ne faut pas se précipiter dans le mariage,
étudier la personne blablabla, pourtant elle s’est mariée à mon âge. Elle va te
dire qu’elle parle en connaissance de cause, pourtant je lui ai expliqué que
les temps ne sont plus les mêmes. Bref comme TH m’a trompé, elle n’est pas vraiment
disposée à m’écouter concernant ma relation dernièrement, raison pour laquelle
je me tourne vers maman Lucie, que j’aime de toute façon.
Thierry n’est
pas encore rentré à mon arrivée, il m’avait prévenu en partant ce matin qu’il
ferait des heures supplémentaires. L’utilité je ne vois pas quand on sait que l’état
français ravale la grande partie en taxes, mais bon dis lui maintenant et écoute
le te faire la morale. Il aime se tuer à la tâche croyant que c’est comme ça qu’on
devient riche, donc je le laisse. J’investis dans le marché financier pour ma
part. Dormir pendant que l’argent s’accumule et mon conseiller travaille pour
moi, c’est ce que j’aime.
Avant de
dormir, je prends son ordi pour me mater une série, ayant laissé ma tablette au
travail. Son compte Facebook est ouvert, surprise pour moi. Je n’en rate pas
une et cours y jeter un coup d’œil. Rien d’intéressant ne s’y trouve. Mon gars
n’a même pas sa photo en profil. Juste ses vieilles voitures qu’il affectionne sans
que je comprenne pourquoi. Je vais aussi sur messenger, histoire de voir ce que
ça dit là-bas. Sa dernière conversation est avec une certaine Lia Vi Sosa. Je n’ai
qu’un fond noir en photo avec 10 écrit dessus. Il n’est pas ami avec la
personne donc impossible de voir qui c’est. Je me contente alors de lire les
messages.
TH : J’ai
cherché quoi t’écrire pendant des jours, je trouvais un « désolé » risible,
mais au final je n’ai pas trouvé mieux. En dépit de la manière dont les choses
se sont enchaînées entre nous, je veux sincèrement te demander pardon pour la
façon dont j’ai abordé la situation. Je ne prétends pas comprendre ce que tu
ressens actuellement, mais sache que je pense à toi. Si tu as besoin de quoique
ce soit fait le moi savoir. Courage, tu vas t’en sortir
Lia : Respectfully Sir, go fuck yourself
Je n’ai pas
besoin d’en lire plus pour comprendre que c’est la bouseuse et elle confirme
enfin mes doutes, Yes ! elle et son ramassis de cellules sont loin de
nous. Je lâche un gros ouf de soupir. Enfin je pourrais dormir le cœur en paix.
Et comme je ne peux me retenir, je lui envoie aussi un message.
TH : respectfully hoe, I reached
out of pity, but since you’re feeling all high and mighty your crusty pigeon
shaped ass can kick rocks
Ouais elle l’a
mérité avec son cul serré comme les oiseaux là. Je m’empresse de le retirer
juste pour moi, comme ça elle pourra le voir. Si elle est fille, qu’elle le lui
renvoie et si mon mec est garçon qu’il ose me chauffer avec. Il ne saura pas ce
qui va lui arriver tchrrr. Déjà qu’il lui écrit sans m’en parler au préalable,
n’importe quoi. Les hommes sont désespérants.
Heureusement pour
sa gueule il est rentré de meilleure humeur aujourd’hui et m’a fait l’amour
avec une passion qu’on ne peut décrire en mots. J’ai arrêté la pilule depuis le
mois passé. Si la cigogne ne fait pas un tour dans mon coin d’ici la fin de cette
année c’est que quelqu’un m’en veut.
***Belle Laré
AW***
Cacher une
nouvelle à mes enfants est une tâche compliquée pour moi. Je suis le genre qui
leur raconte tout et les encourage à ne rien me cacher. Mais cette fois, j’ai
jugé que la nouvelle serait plus grandiose si Elikem l’apprenait après
l’évènement et son fiancé qui nous a prévenus de sa visite la semaine dernière
m’a demandé de garder si possible la confidence.
J’ai bien
évidemment averti Antoine qui prévoyait déjà rentrer aux alentours de la date
communiquée par nos invités. Nos rapports se sont plutôt améliorés il y a
quelques années donc j’espérais qu’il reste courtois, mais à trois jours de la
date prévue, il s’est pointé chez moi avec une demande ridicule.
-et pourquoi
devrions-nous les recevoir à l’hôtel quand j’ai une maison ?
-par respect.
Dans la norme, ils devaient être reçus chez moi vu que je suis son père, mais
comme je n’ai pas de maison, le meilleur compromis c’est qu’on les accueille à
l’hôtel.
-tu me dis
respect ? On parle de quelle norme ? C’est dans cette maison, qu’elle
a grandie sous la coupe d’un homme qui a joué le rôle de père pendant que tu te
pavanais à Paris…
-Je ne te
permets pas ! m’interrompt-il avec colère. Perla n’a qu’un père, c’est mon
nom qu’elle porte et si je n’ai pas pu tenir mon rôle à temps c’est entièrement
ta faute. Rien ne t’empêchait de fournir plus d’efforts pour me prévenir, mais
vindicative comme tu es, tu as préféré abandonner.
-non mais je
rêve ? Je rêve ? répétai-je en furie. C’est toi le chien qui m’a
berné pour me mettre dans ton lit et moi la coupable ?
-ho c’est bon
hein ! je me suis excusé, qu’est-ce que tu veux de plus ? ce n’est
pas mon problème si tu ne sais pas évoluer au lieu de ressasser le passé.
-qui d’entre
nous aime ressasser le passé ? Tu as passé son enfance à me rappeler sans
cesse le nombre d’événements que tu as manqué…
-j’avais
amplement le droit de me plaindre ! vous l’aviez neuf mois sur l’année
pendant que je devais me contenter des vacances ! jamais tu n’as essayé
de…
-jamais ?
Toutes les grandes vacances tu l’avais ! toutes sans exception, tu crois
qu’on n’avait pas envie d’être avec elle aussi ? le coupai-je à mon tour.
-C’était mon
droit en tant que père que tu l’aimes ou pas et selon nos coutumes c’est aussi
mon droit de recevoir la famille de l’homme qui veut épouser ma
fille ! Tu ne vas pas me brimer ou me manipuler avec tes émotions
irrationnelles.
J’ignore combien
de temps a duré notre clash, mais c’est le gardien ouvrant suite au klaxon
d’Eli qui nous a fait arrêter. Antoine froussard qu’il est a choisi ce moment
pour s’en aller, tout en me précisant qu’il m’enverrait une confirmation de
l’hôtel ce soir. Il n’aurait pas eu le courage de sortir ses conneries devant
mon mari, mais c’est aussi mal me connaître. Pendant que je servais à Eli son
déjeuner, je lui ai tout raconté sans rien laisser.
-imagine ça,
il vient taper sur sa poitrine comme s’il a habillé et nourri Elikem tout seul,
comme si elle aurait pu étudier aux États-Unis dans sa poche. Je regrette je
t’assure, je ne sais pas ce que j’ai bien pu trouver sur lui jadis qui m’a fait
croire que j’étais amoureuse
-….
-il croit
être le seul qui maitrise la loi, mais je vais lui montrer. Je t’avais bien dit
qu’on ne devait pas lui permettre qu’Elikem porte son nom. Tu vois maintenant
non ? Un ingrat de première. Il veut prendre le bras comme on lui a donné
la main. Mais Eli je te parle, tu m’écoutes ?
-Qu’est-ce
que tu racontes d’intéressant ?
Confuse, j’ai
d’abord un mouvement de recul. Il n’a pas dit ce que j’ai entendu ?
-je te dis
qu’Antoine a…
-Belle, dit-il
calmement, j’en ai marre des histoires d’Antoine. Ainsi que de toi qui sembles croire
qu’une paternité se transfère d’un homme à l’autre dès que tu as des
divergences avec lui. Je n’attends la dot d’Elikem pour me nourrir ni payer mon
logement. Il a sa fille, j’ai la mienne, Dieu merci pour ça donc je me
prononcerai sur la dot de l’enfant que j’ai envoyé sur cette terre. Tu fais ce
que tu veux. Pour ma part je suis rentré pour me reposer.
Ce
choc ci est plus grand que le précédent causé par la stupide demande d’Antoine.
Je reste dans mon petit coin le soir là et songe à ma vie au lieu de dormir. Eli
m’avait dit au retour d’Antoine dans nos vies qu’il n’est pas le père d’Elikem.
À l’époque, j’avais réagi avec crainte, pensant qu’il n’acceptait pas mon
enfant comme le sien. Avec le temps et son attitude, j’ai compris qu’il voulait
juste simplifier la tâche pour tous. Comme il aimait dire, il ne discute pas
les gens et encore moins l’enfant ; de surcroît le plus important c’est
l’épanouissement d’Elikem et tant que son père y contribue, il n’a aucune
objection. Raison pour laquelle le comportement d’Antoine me saoule au plus
haut point, parce qu’un homme autre que mon Eli lui aurait mis de sérieux
bâtons dans les roues.
Est-ce
que dans le passé j’ai déjà verbalisé que tout serait plus simple si Eli était
le père de tous mes enfants ? Oui, dans l’intimité avec mon mari. Je ne
vais pas faire semblant de regretter cette pensée même si elle est égoïste et
Eli me l’avait reproché. Que puis-je dire, je n’ai pas cette capacité à taire
mes émotions comme lui. J’ai essayé d’apprendre, mais disons que je ne suis pas
encore à son niveau et cette fois je l’ai profondément irrité parce que jamais
Eli n’a mentionné qu’il avait son enfant aussi. Jamais, malgré les nombreuses
prises de tête qu’on a eue sur les attitudes d’Antoine.
J’ai eu du
mal à me lever, mais heureusement Eli dormait encore. Je me suis empressée
d’aller lui faire un plateau comme petit-déj et lui apporter au lit.
-tu peux te
rendormir, il n’est que six heures, dis-je quand je l’ai entendu bouger pendant
que je tirais le chariot à roue sur lequel j’avais posé le plateau couvert
Il se
redresse quand même et se frotte les yeux ensommeillés. Je m’installe sur le
bord du lit à ses côtés et lui câline la tête. Avant que je ne place un mot, il
me prend la main, la passe à son cou et m’attire à lui.
-je n’aurais
pas dû dire hier que j’ai une autre fille. C’est juste que…bref je suis désolé,
je n’aurais pas dû tout simplement.
-c’est moi
qui suis désolée chéri, j’en avais gros le cœur et je me suis vidée dans tes
oreilles sans te demander si tu voulais l’entendre
-no come on,
ce n’est pas ça. Je suis toujours prêt à t’écouter, tu le sais. J’en ai juste
marre d’entendre ce qu’Antoine fait ou dit. J’ai accepté depuis belle lurette
qu’il ne veut pas partager Elikem même si on ne partage pas un humain et jamais
je n’ai demandé d’ailleurs. Mais je me suis fait à l’idée qu’il n’aime pas que
je me mêle des décisions concernant sa fille. Ses lubies ne m’intéressent pas.
Je ne veux rien savoir de sa vie ou ses opinions, c’est tout. Je n’aime pas
m’énerver pour des choses qui sont supposées être simples et pire ce que je ne
peux changer.
-d’accord, je
me charge de tout
-hey ne fais
pas de bêtises
-mais non,
dis-je avant de l’embrasser pour le distraire et nous finissons nus les minutes
suivantes. Le petit déjeuner est froid quand nous finissons les réconciliations
sous la couette. Depuis qu’il a laissé la direction de l’hôpital son emploi du
temps est moins chargé donc nous avons passé la matinée au lit, à discuter et nous
amouracher avant qu’il ne se décide à me quitter pour le travail.
Antoine m’a
communiqué les informations pour la réservation d’hôtel l’après-midi là quand
j’allais au salon pour ma coiffure. Je lui ai envoyé un simple OK.
L’organisation continuait dans ma maison. Les Ekim n’ont pas clairement dit
qu’ils venaient pour la dot, mais j’ai cuisiné en conséquence et invité nos
amis proches, les Wiyao. Pour le service je me faisais aider par Imogen, une
fille qui a sonné un jour à la maison, demandant du travail. Comme je ne vis
qu’avec Eli, nous n’avons en dehors de notre gardien et le chauffeur, aucun
autre personnel. Le ménage est assuré par une compagnie qui envoie des gens
chaque dix jours. Nos vêtements vont pour une partie au pressing et j’ai la
machine à laver pour le reste. Mais j’ai quand même dit à la fille de passer
deux fois par semaine, pour balayer, nettoyer ou laver les assiettes, bref des
petites tâches pour justifier le dix mille que je lui donne à la fin du mois.
Ce
que j’apprécie sur elle, c’est son extrême ponctualité. Elle m’a aidé à finir
le dressage de la table tandis qu’Eli me regardait, suspicieux parce qu’il ne
sait pas ce que j’ai derrière la tête. Mais comme j’ai dit, je m’en occupe, et
il était temps pour lui d’aller chercher les Ekim qui atterrissaient dans une
heure. Antoine sait que les invités arrivent aujourd’hui, il ne sait juste pas
à quelle heure et sa réservation est prévue pour deux jours plus tard. Ça nous
donne amplement le temps, de discuter entre adultes chez nous pendant qu’il s’occupe
de ses gamineries.
***Raymond
Ekim***
Je n’ai pas
une grande expérience en voyage, mais se faire escorter dès la descente de l’avion
par un agent et nous fait passer en priorité devant les autres passagers, n’est
certainement pas un traitement inclus lorsqu’on prend un billet en classe
économique. C’est tellement tout ce que mon père aime, qu’il ne cesse de me
demander pourquoi je ne lui ai pas dit que ma copine descendait d’une famille
riche. Je l’ignorais moi-même jusqu’à ce que son père adoptif, Eli vers qui le
garde nous a conduits, nous a à son tour fait monter dans une Bentley dont il a
pris le volant.
Heureusement
qu’un parmi nous a toujours sa langue. C’est mon père et il ne cesse de questionner
M Eli. J’écoute de façon distraite, trop occupé à me demander qui est Elikem
Perla Xena au fond. Cette fille rouspète dès qu’elle doit dépenser plus de 300
euros ou dollars par achat, prend les transports en commun régulièrement pourtant
elle a une voiture, traine la même tasse partout qu’elle refuse de changer bien
que je lui en aie offert une autre et son père a une Bentley ?
-le compliment
doit plutôt revenir à ma femme, c’est sa voiture, répond son père avec humour
-une voiture aussi
lourde pour une femme ? dit mon père choqué, ce qui fait rire celui de
Perla
-que puis-je
dire, certaines aiment ce style
Maman
Belle nous accueille avec un sourire charmant quelques minutes plus tard. Elle et
sa fille n’ont peut-être pas la vitesse en commun, mais c’est d’elle que ma femme
tient sa beauté et son élégance, les fois où elle sort de ses tenues d’hôpital.
On
nous introduit également à un autre couple, tonton Magnim et tata Ciara, dont
je me rappelle comme étant des proches à Romelio, de ce que Perla m’a raconté
sur sa famille. La soirée se déroule si bien que je commence à comprendre ma
connerie. Pourquoi j’ai approché son père qui au passage était plus lourd et pompeux
que ses gens ici ? En plus c’est évident dans nos échanges, qu’ils sont sa
réelle famille, elle a grandi et été éduquée ici. Sur les murs il y’a des
photos d’elle ainsi que les autres. Sa mère m’a sorti un album dès que j’ai
pointé une amusante sur le mur. Elle devait avoir dix ans et tirait une joue à
sa grand-mère tandis que sa sœur tirait l’autre et la mamie portait un bébé
dans les bras, Mally je suppose.
-pourquoi elle
fronce la mine sur toutes les photos où elle est seule ? demandai-je au
bout de la quinzième du gros album
-laisse ma
fille, quand il s’agissait d’être en groupe, elle était la première à courir
pour chercher l’appareil, mais dès que tu lui demandais de prendre une photo seule,
elle faisait la tête
-ce n’est pas
plutôt parce qu’elle est se tournait tu avais un téléphone en plein dans son
nez ?
-au point de
les filmer dans leurs sommeils vraiment Belle tu as dérangé les enfants là,
rajoute Mr Magnim après Mr Eli
-arrêtez de
former les cliques sur mon dos, je vous vois venir, dit-elle avec un sourire
amusant, ce qui nous fit rire tandis que je continuais à regarder l’album et
les parents discutaient entre eux
-c’est qui ici
qui danse avec elle ?
-oh c’est
notre chef, Romelio. C’est à notre mariage, mince une éternité du coup, le temps
où j’étais jeune et fraîche, commente Mme Ciara avec humour
-qui a osé
dire que tu n’es plus fraîche, montre-le-moi qu’on se parle en privé
-chéri calme
toi on a des invités, répond-elle à son mari
-OK
souffle-le-moi alors
-Magnim,
dit-elle en lui donnant une petite tape sur la joue
Des choses
que je n’ai jamais vu mon père faire avec sa femme, pourtant il est ici et
sourit à pleines dents.
-ils sont
vraiment ensemble depuis l’enfance, commentai-je à mon tour, face à une énième photo
de Perla et Romelio, cette fois ados en uniforme scolaire
-sans te
mentir, nous pensions pour beaucoup qu’ils allaient finir ensemble, mais je suis
contente qu’elle soit avec toi. Je vous aime beaucoup en tant qu’item
-je partage
votre avis, j’ai énormément apprécié votre fille lorsqu’elle nous a visités. Elle
est très polie et son parcours scolaire est impressionnant, dit mon père
-merci, réplique
sa mère avec joie. Pour la politesse je prends les honneurs, mais sa
persévérance vient de ce monsieur ici, finit-elle en caressant le ventre de son
mari
-elle l’avait
déjà en elle, je n’ai fait que l’encadrer, dit M Eli
-merci pour
lui, il n’aime pas prendre les honneurs dans sa vie en général, rajoute la
maman, ce qui nous amuse davantage
Nous avions prévu
trouver un hôtel une fois sur place, mais au moment de servir le dessert, maman
Belle a demandé si le gardien pouvait sortir nos effets de la voiture pour les
mettre dans nos chambres.
-oui bien sûr,
répond papa avant même que je ne l’ouvre
Je vais faire
quoi sinon abdiquer maintenant. Le dessert fut servi, puis un digestif par la
suite dans le séjour où papa a enfin attaqué le vif du sujet. Nous avions
apporté quelques cadeaux à cet effet donc j’ai ramené le trolley qui les contenait.
-Tout d’abord
nous tenons à vous remercier pour cet accueil chaleureux, digne de celui qu’offre
une famille à ses membres. Mon fils m’avait plusieurs fois parlé de votre fille
et c’est avec joie que j’ai accueilli son intention d’honorer, votre, je veux
dire, notre fille. Voici quelques présents, témoignage de notre appréciation,
dit-il quand je venais d’ouvrir le trolley
-nous
apprécions votre geste et ne le prenez pas mal, mais en ce qui me concerne, je
ne peux les accepter, dit Mr Eli. Ce que je demanderai à Ray spécifiquement, c’est
de prendre soin d’Elikem. Vous êtes ensemble depuis un moment, donc je suppose
que tu la connais. C’est facile de penser qu’une personne autonome comme elle n’a
besoin de personne, mais on a tous besoin de quelqu’un, ne serait-ce que pour nous
écouter sans jugement. Tant qu’elle est heureuse, je le suis. Je laisserai ma
femme et les autres, discuter de la dot avec vous.
Il n’a réellement
pris aucun présent, pareil pour sa femme et les autres. Maman Belle nous a
demandé d’attendre qu’on rencontre papa Antoine avant de discuter de la dot. Papa
et moi avions des chambres distinctes, mais il est venu dans la mienne pour qu’on
parle de la soirée.
-je suis fier
de toi fiston, dit-il me prenant par surprise
-tu…tu es
fier ? balbutiai-je
-très. J’admets
que nous avons eu des relations compliquées, mais mon intention était de t’endurcir,
parce que la vie est cruelle pour les hommes. Malheureusement nous ne nous
sommes pas souvent compris
-tu n’as
jamais empêché ta famille de colporter et rire ouvertement de moi ! dis-je
amèrement, en quoi ça devait m’endurcir ?
-ça t’a
endurci d’une certaine manière Raymond. Tu crois que n’importe quel homme
aurait pu tenir une fille venant d’une famille si aisée ? il te faut un
certain caractère pour t’imposer devant une fille qui a déjà tout. Ou tu n’as
pas entendu ce que la famille a dit sur le fameux meilleur ami qui n’a pas
pu l’avoir bien que tout le monde pensait que les deux finiraient ensemble ?
ce caractère la vie te l’a donné. C’est ce caractère que j’ai. C’est ce que j’espère
que Toni et Denola deviendront. Tu es mon
fils Raymond, Tu diriges l’entreprise d’une main de maître, je suis fier de toi,
dit-il en me prenant le visage en coupe
C’est
la première fois. La toute première qu’il me dit des mots pareils. 30 ans de
vie, je pensais m’en foutre, mais me voilà luttant contre l’émotion pour ne pas
monter ce que ses mots me font. Mais je me suis retenu jusqu’à ce qu’il ne
sorte. Puis dans l’intimité de ma chambre, j’ai adressé quelques mots à ma défunte
mère dont je n’ai pas assez profité. J’y suis arrivé. Je suis enfin un homme
accompli.
Le lendemain
nous avons eu une visite guidée d’une partie de la ville avec maman Belle. Je
confirme, elle aime sa vitesse, mon père qui était en avant s’accrochait en
douce à la poignée.
Nous avons
débarqué chez un tailleur, pour qu’on prenne nos mesures. Au moins ça s’est
fait, elle disait. Elle ne perd jamais le nord, ce qui me tue et me plaît à la
fois. J’ai proposé de passer aux fourneaux le soir là, pour les remercier de leur
accueil hier, vu qu’ils n’ont pas accepté nos présents. Mon père était dans le
mini home cinéma, affalé dans le fauteuil massant des gens comme si le lieu lui
appartenait. J’étais en cuisine ave la petite fille qui aidait hier à faire le
service tandis que maman Belle allait passer une commission au gardien.
-sors moi les
endives et la roquette s’il te plaît, dis-je à la fille
-OK, réplique-t-elle
tout en allant fouiner dans les sacs de course qu’on a ramené de notre sortie, puis
revient même pas une minute plus tard avec tous les sachets en main, « pardon
frère, endives et puis roquette c’est qui dans ça ? »
-Heee Imogen
je t’ai fait les cours sur les pronoms ici, qui remplace un sujet et est suivi
d’un verbe et complément
-c’est long madame,
frère a compris ce que j’ai parlé, ou bien ? rigole la fille
-tu es
terrible hein, voici les endives et ceci c’est la roquette, une sorte de
salade, rappelle-toi pour l’avenir, lui dit maman Belle avec humour
-d’accord ma,
de faire comment dans endives ? je tchop ou bien ?
Le rire s’est
échappé avant que je puisse le retenir. Comme Maman rigolait aussi, ainsi que
la petite, je ne me suis pas trop senti coupable
-tchop hein ?
tu vas me dire maintenant que c’est l’anglais que je t’ai appris ça
-oui ma tu as
dit que c’est couper ou bien ?
-chop jeune
fille pas tchop et sors de la cuisine, c’est l’heure d’aller chercher ton neveu,
se marre maman. Prends le reste du hachis parmentier dans le frigo, on se voit
demain
-ehh maaa tu
connais les choses, dit-elle joyeusement tout en ouvrant le frigo. Et soudain
comme si elle venait de se rappeler d’un fait, elle se tourne et demande, « pardon
ma, c’est hachis qui envoie sur w.c. beaucoup comme ça ? »
-je t’ai dit
de sortir de ma cuisine hein Imogen, rigole davantage maman et la petite s’en
va quelques minutes plus tard, avec le plat emballé sous les bras
Je cuisine, assisté
de maman qui se révèle être un cordon bleu. Elle m’étonne en m’avouant qu’elle
est l’auteure des pétoncles sautés nappés d’une sauce au citron et aux câpres
qu’on a eu en entrée hier.
-tu as pris des
cours de cuisine ? m’enquis-je
-si top chef
et « un dîner presque parfait » sont considérés comme des cours je
suis un chef, s’amuse-t-elle
-je te donne
les étoiles, j’ai mangé des pétoncles en restaurant qui ne rivalisaient pas
avec les tiennes
-oh merci,
quelqu’un qui apprécie enfin la bonne cuisine. En dehors de mon Mally, le reste
dans cette maison n’aime pas la variété. C’est la venue d’Imogen qui m’a même
encouragé à reprendre mes recettes. Avec sa petite taille là, elle mange tout
ce que tu lui proposes et après vient me raconter comment elle a passé la nuit
aux toilettes.
-c’est quelqu’un
de la famille ?
-non une petite
que j’emploie pour m’aider quelques fois, je me fais vieille hein
-où ça, tu as
la pêche et bientôt je te donnerai de petits enfants qui mangeront tout tes
plats
-s’ils ne ressemblent
pas à ma Perla dans ce cas, rigole-t-elle
Comme elle me
l’avait confié, je n’étais plus étonné de voir son mari manger peu bien que j’avais
mis ma meilleure combinaison dans l’assaisonnement formant une croûte autour du
flétan, accompagnant la salade d’endives et roquettes en plus du riz pilaf. Mon
père à l’inverse a mangé triplement. Maman belle aussi a honoré mon plat, mon
travail était accompli.
***Antoine
Akueson***
Qui conduit
une voiture luxueuse dans un pays rempli de routes cabossées, Belle bien sûr et
il fallait qu’elle aille chercher nos invités avec, pour leur jeter l’argent à
la face, typique comportement de nouveau riche. Heureusement ma fille ne lui
ressemble en rien et je me suis assuré de ça en lui donnant les valeurs nécessaires.
Son mari n’a pas non plus daigné se pointer, après on me dira qu’il est père ?
Bref je suis là pour mon enfant, c’est l’essentiel.
-j’espère que
vous aimez votre séjour jusqu’à présent, dis-je à nos invités après que nous ayons
pris place
-oh énormément, madame Belle est une hôtesse
parfaite, me répond le père de Ray, ce qui me fait tiquer
-Hôtesse ?
Belle explique toi
-euh j’ai
droit à la parole ?
-arrête de
jouer à l’ingénue ! qu’est-ce que ce monsieur vient de dire ?
-doucement,
pas besoin de crier sur la maman, intervient Ray
-je…je ne comprends
pas Antoine, j’ai fait quelque chose de mal ? la sorcière se permet de
dire d’une voix tremblotante et les yeux de nos invités se remplissent de
reproche à mon égard, tandis que le père de Ray la rassure
-mes excuses,
nous avions convenu que la rencontre concernant la dot devait se dérouler ici
et non chez elle, je me reprends tout en essayant de contrôler ma colère.
-oh il n’y a
eu aucune rencontre concernant la dot, monsieur, clarifie le père de Ray, nous
étions simplement en famille
Je ne manque
pas l’emphase sur le mot famille et Belle qui continue avec son faux air de
biche coincée dans un piège. En fin de soirée, je suis incapable de dire ce sur
quoi nous nous sommes entendus, pourtant nous avons passé deux ou trois heures
ensemble. J’ai quand même remis la liste de la dot, mais j’ai cette impression
de m’être fait doubler. Et si mon intuition n’était pas suffisante, c’est avec un
sourire narquois qu’elle me dit au revoir, avant de s’engouffrer dans sa
voiture avec nos invités qui ont décliné mon invitation d’aller faire un tour à
la plage, le père prétextant être fatigué.
***Elikem
Akueson***
Me surprendre
au point que je perde mes mots est rare, mais Ray vient d’y arriver. Non seulement
il est chez moi, mais en plus au milieu de mes parents, intégré comme s’il l’a toujours
été. Les choses qui me rendent émotive, mais comme on est en vidéo j’ai retenu
la larmichette.
-je te
trouvais plutôt charmante avec l’appareil dentaire serti de blings
-non, elle n’a
pas osé, dis-je horrifiée après une minute de réflexion
-oh que si, j’ai
tout vu, ironise-t-il. De comment tu n’aimais pas les photos en solo, à tes
robes bouffantes de l’enfance
-je vais me
venger je te jure, je vais me venger
-lol bébé on n’a
tous un début hein, au moins tu as des photos pour voir le tien. Je n’ai rien
de moi avant douze ans, dit-il et l’ambiance rigolote disparaît aussitôt.
-tu étais probablement
mignon comme tout
-on verra sur
nos enfants. Vu comment le sang de ta mère est fort, mes gènes vont avoir du
mal à s’imposer. Au passage, ce n’est pas que je compte l’argent de ta famille
han, mais tu peux vite fait me renseigner sur quel genre de métier maman a fait
pour s’offrir une Bentley ? comme ça je me réoriente, dit-il et j’éclate
de rire
-tu peux être
femme au foyer de deux enfants prématurés, un garçon turbulent et un mari dont
l’horaire de travail est aussi variant que les changements climatiques ?
-si ça vient
avec une Bentayga, montre où je signe, je serais un bon mari au foyer
-dommage pour
toi, ce n’est pas mon argent qui ira dans une Bentley, au passage c’est une
flying spur pas une Bentayga
-excuse l’inculte
que je suis, je ne connais que Bentayga
-lol j’étais
aussi inculte jusqu’à ce que la famille de mon père Eli la lui offre pour
célébrer ses soixante ans ainsi que les vingt-trois ans de bons services qu’il
a rendus en reprenant la direction de l’hôpital. Il l’a donné à maman,
préférant sa Tesla que tu as dû voir, j’imagine
-soixante ?
où ça ? dit-il abasourdi, ce qui me fit rigoler
-ah c’est ce
que tu as vu ça, 60 ans ferme qu’il va célébrer cette année, j’ai trop hâte
-comment il a
sept ans de plus que mon daron et on croirait qu’il est son petit frère ?
-ce n’est pas
gentil Ray, dis-je amusée
-tu sais que
je n’ai menti nulle part. Je vais m’assurer de prendre les conseils pour rester
frais chez lui, on comprend pourquoi ta mère est aussi attachée à lui
-lol est-ce
qu’il y’a des secrets là-bas ? les fois où certains lui ont demandé à l’hôpital,
il a dit qu’il remercie ses parents qui ont très bien vieilli et sa femme qui malgré
les années s’est toujours assuré qu’il mange régulièrement et jamais trois
heures avant son coucher, Quelque soit ses heures de travail
-elle m’a dit
que vous étiez des mangeurs ennuyants
-ne l’écoute
pas, comme elle a eu deux filles prématurées, elle s’est mise en tête que nous
devions manger varié et l’utilisait comme excuse pour tester tout ce qu’elle lisait
sur nous. Quand je te dis tout, je n’exagère pas. Ma mère est une ancienne prof
de lettres donc crois-moi elle lit comme si sa vie en dépendait. La femme a
même écrit des recettes qu’elle garde jalousement pour nous
-je crois que
je suis amoureux de ta mère
-faut te
calmer hein mon frère, dis-je et il éclate de rire
-la jalousie sur
sa propre maman c’est bien bébé ?
-moi je parle
pour toi hein. Mr Eli a l’air gentil, mais je t’assure, si tu tiens à ta vie, garde
tes sentiments loin de son bijou
-vu qu’on parle
de comportement, tu devrais peut-être appeler ton papounet après chérie, je n’ai
pas trop compris, mais il a été un peu sec avec ta mère et quand nous partions,
je l’ai vu tapant plusieurs fois sur le volant de sa voiture
-OK, je le
ferai. Vous allez faire quoi maintenant ? demandai-je quand maman a crié son
nom
-c’est pas
papa pff, il a demandé si on pouvait sortir pour découvrir un peu plus, mais je
t’assure que c’est la voiture, il ne sait plus se tenir depuis qu’on est entré
dedans. Dommage pour lui, il n’est pas un assez bon frère pour que sa famille
décide de lui en acheter une
-mais quitte
le dos du gars, rigolai-je, si sa grande famille ne lui achète pas, vous le
ferez
-qui ?
que quoi ? j’aime tes blagues, en attendant ma carrière d’homme de foyer
débutera bientôt chérie. Je vais bien prendre soin de toi. L’intérieur rouge bordeaux
comme celui de maman c’est ce que je veux merci
-va découvrir
Lomé monsieur, dis-je amusée
Nous nous séparons
sur ces mots et j’appelle papounet aussitôt.
-Perla mon
sucre d’orge, tu ne pouvais pas mieux tomber, dit-il soulagé
-tu ne fais
plus de scènes à ma mère, est-ce qu’on est clair ?
-des scènes à
ta mère ? C’est ce qu’elle t’a raconté ?
-ce qu’elle a
raconté n’a aucun lien avec le fait que je ne veux plus entendre que tu as fait
des scènes à ma maman. Je n’aime pas ça. Ne lui en fais pas, c’est tout ! Elle
n’est pas ton enfant, je le suis, si tu veux mal parler à quelqu’un je suis là.
-et c’est
comme ça que je t’ai appris à me parler ? dit-il irrité
-tu ne m’as
pas appris à dire ce que je pense ? Ou je me trompe ?
-avant de
juger, il faut écouter chaque partie, c’est ce que je t’ai appris
-c’est toi
qui supposes que j’ai écouté une partie en dehors de toi. Quelque soit les
versions, il n’y en a aucune dans laquelle, faire des scènes à ma mère sera
acceptable. Jamais ! J’écoute maintenant, si tu as quelque chose à me dire
-je suis déçu
que tu prennes parti ainsi sans me laisser le choix
-le choix est
là papa, tu peux parler, mais tu ne dis rien, si tu es déçu comment penses-tu
que je me sens quand j’ai appris que tu étais au courant de l’intention de
Ray depuis le début et tu n’as pas jugé bon d’en parler à ma mère ? C’est
une poubelle ?
-non bien sûr
que non, mais…
-mais quoi
alors ? C’est ma mère, je n’en ai qu’une, pourquoi tu la minimises ?
j’en ai ma claque
-mon petit
canard, ce sont des choses qu’on doit régler entre adultes, les enfants n’ont
pas besoin de s’en mêler
-celui qui me
pousse à m’en mêler c’est toi, parce que crois-moi je n’en ai nullement l’envie.
Mais c’est te gourer royalement si tu crois que ce qui touche ma mère ne me
regarde pas. Si tu veux que je reste à ma place d’enfant, respecte sa place de
mère. Elle n’essaie en rien de toucher à la tienne. En fait tout le monde s’en
fout, on n'a tous nos places, respecte la tienne et celles des autres, merci et
je ne veux plus me redire à l’avenir
-compris, dit-il
après un moment
Je ne suis pas
d’humeur à rigoler avec lui donc nous nous séparons sur ses mots. Quelqu’un devait
lui dire, non je devais le faire. Maintenant c’est fait et il me connaît, s’il
récidive, on se contentera des salutations chaque fin d’année.
***Arthur
Sodji***
Romelio m’a
conseillé de garder le calme et jouer le jeu pour récolter des preuves, mais la
tâche me semble impossible au fil des jours. Je suis de retour depuis presque
deux semaines et dois me faire violence pour ne pas foncer chez Leah et secouer
la vérité de son corps. Comme je ne me fais pas confiance, je l’évite soigneusement
et le pire c’est qu’elle ne me cherche même pas, du moins pas comme je l’aurais
cherché si j’étais à sa place.
Je sens une
tape dans mon dos, me retourne et tombe sur Toni qui recule dès que je me lève
-ah je prends
des précautions hein parce qu’on pourrait penser que tu as envie de cogner quelqu’un
depuis ton retour, dit-il après que j’ai soulevé un sourcil en guise de
question
-je suis
juste sur les nerfs à cause du travail mec, désolé
-doucement
quand même, j’ai appris que la fièvre typhoïde t’a terrassé quand tu étais au
pays
-les pies l’ont
encore ouvert hein, dis-je en rapport à mes deux potes avec qui je traîne en
dehors du travail
-ne leur en
veux pas, je les ai cuisinés un peu poussé par la curiosité. Je sais qu’on t’a
mis en priorité sur le dossier danois pour rattraper le retard accumulé en ton
absence, mais si tu as besoin d’un coup de main vite fait, n’hésite pas hein. J’ai
déjà travaillé sous pression donc je sais ce que c’est
-merci grand,
j’aurais besoin d’un coup de main de temps en temps, si tes week-ends sont
libres
-ils le sont
-super, je…dis
tu t’y connais un peu en relations ?
-s’y
connaître hein, ironise-t-il, ça dépend, qu’est-ce que tu as pour moi ?
-c’est plutôt
mon frère, il s’est entiché d’une fille et a découvert récemment qu’elle a appelé
un autre gars chéri, pourtant la fille connaît ses sentiments et les deux sont
ensemble, même si leur couple est tout frais. Du coup mon frère est perdu parce
qu’il ne comprend ce à quoi la fille joue
-je vois. Il y’a
deux options. Soit l’autre gars est l’ex de la fille et elle n’a pas encore coupé
les ponts avec
-impossible,
l’interromps-je, la fille n’a jamais eu de copain, elle lui a dit
-ton frère a
quel âge ? il ne sait pas que les filles mentent ?
-pas cette
fille, il en est persuadé
-dans ce cas,
elle se joue de lui
-comme ça ?
Sans raison ? pourquoi jouerait-elle avec un homme qui est droit et sincère
avec elle ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’elle gagne ? Elle n’a pas de
conscience ?
-bro du calme
hein, je ne fais que supposer
-oh…euh
désolé, me repris-je. Je veux…dire, je ne comprends pas comment on peut être si
mesquin envers quelqu’un qui ne vous a rien fait si ce n’est du bien
-est-ce que
ton frère donne de l’argent à la fille ? demande-t-il me prenant de court
-il le lui a
prêté, elle était dans le besoin, me défendis-je et il me sourit, d’un sourire
moqueur
-ton frère
est un novice bro, les filles auront toujours des besoins, s’il doit donner à
chaque meuf qui lui plaît il risque de finir les poches vides. Et très peu de
filles laisseront passer un garçon qui leur prête de l’argent. Le prête il le
dit entre guillemets. Les temps sont durs, la plupart des filles cherchent des
hommes qui les soulageront. Toi-même dis-moi si en tant que fille tu aurais la
force mentale pour refuser de l’argent « prêté » d’un garçon qui dit
t’aimer.
Je me sens
tellement con actuellement. Le pourquoi elle ne répondait pas à la même fréquence
que moi dans nos messages, sa petite réserve, bref tout s’explique. Et le fait
que la révélation vienne de Toni n’aide pas ma colère parce que son fameux copain
s’appelle aussi Tony. Je me calme. Il ne faut pas que je saute sur un innocent
pour rien.
-qu’est-ce
que mon frère doit faire dans ce cas ? je demande
-récupérer
son argent et évoluer, la fille lui perd le temps
-et comment
il le fait si elle est encore étudiante ?
-lol, mais il
en a quoi à foutre ton frère ? L’argent connaît le statut d’étudiant ici ?
qu’il récupère tout ou s’il ne peut pas tout prendre qu’il la baise comme il
faut et sans retenue
-merci grand,
je vais lui expliquer
***Toni
Ekim***
Bien sûr que
je sais qu’il parle de lui et de Leah. Mais que puis-je dire, j’ai eu
compassion. Entre hommes on doit se soutenir et aussi la meuf m’a sapé le week-end
en intimité avec son gospel. De quoi tuer l’érection de l’humain avant même qu’elle
se pointe. Si je ne peux pas manger là-bas pour le moment, ça ne veut pas dire
que mon frère doit rater son opportunité. Je l’encourage ; il déverrouille,
je récupère pour mieux la travailler.