7 - Repartir à zéro

Write by Owali

Partie 7 :


***Prince***


Je saluai Aude et Yves avant de sortir de leur domicile. J’attendais que l’ascenseur arrive à mon niveau pendant que Marie-Claire discutait avec sa sœur sur le palier. De la où j’étais je n’entendais pas leur conversation et de toute façon elle ne m’intéressait pas. Il était minuit et la fatigue de la journée commençait à se faire ressentir. 

Punaise! Dans quelle galère je me suis encore  embarqué. Je suis bien partie pour passer une nuit blanche la.

"DING !"

L’ascenseur venait d’arriver, j’y pénètrai et bloquai la porte car je les entendais prendre congé l’une de l’autre. La porte de l’appartement se referma. J’entendis ses talons claquer sur le sol mais bizarrement je ne la voyais toujours pas. Les pas se faisant de plus en plus lointain, je passai ma tête pour voir où elle était quand je l’aperçu dans la cage d’escalier. 

Okay…

Je remontai dans l’ascenseur et la retrouvai trois étages plus bas dans le hall d’entrée de l’immeuble, les mains enfouis dans les poches de son manteau, elle regardait le plafond en manifestant des signes d'impatience. J'arquai un sourcil en secouant légèrement la tête face à son comportement incompréhensible.

- Tu viens toujours avec moi ou tu as changé d’avis ?

- Non…

- Non ? Non quoi ?

- Non je n’ai pas changé d’avis et non je ne pars pas avec toi mais, chez toi !

- Ok

Je ne me sentais pas d’humeur à beaucoup discuter avec elle. Distante et froide comme elle était et vu mon état de fatigue, si on était deux à se prendre la tête, on n'allait pas s’en sortir. Je sortis calmement les clés de ma poche et me dirigeai vers la voiture de Marcus, une Alfa Romeo Giulietta blanche. Elle marchait derrière moi sur le parking quand les portières de la voiture à coté de laquelle je m’étais garée, une mini Cooper rouge, se déverrouillèrent. 

Hum ! Elle a bien une tête à conduire en mini Cooper celle la…

Pendant qu'elle entrai dans sa voiture, je démarrai la mienne en regrettant déjà d'avoir accepté de l'aider. Cette soirée s’annoncait longue !


==

J’ouvris la porte et me décalai un peu pour la laisser passer. Après quelques secondes d’hésitation, elle entra.

- Suis moi, lui proposais-je en ouvrant la marche après avoir refermé la porte. Le salon est au bout du couloir, ici il y a deux chambres, ici…

- Le tour du propriétaire ne sera pas nécessaire, me coupa t-elle sèchement. Je n’ai pas l’intention de m’éterniser ici.

- Ah…heu ok. Bon fait comme chez toi en tout cas.

Dépassé, je me dirigeai vers la cuisine et allai ranger au frigo le paquet de nourriture que m’avait remis Aude. En revenant au salon je vis qu’elle s’était assise sur le canapé, son ordinateur déjà allumé sur ses cuisses.

- Je…tu veux que je te serve quelque chose à boire ?

- Non merci.

- Ok. Bon je vais aller prendre une douche pour me remettre en forme et après je m’occupe de…

- C’est quoi ton plan au juste ? Tu essaies de perdre du temps pour que je n’ai plus la force de rentrer chez moi ?

- Hein ?!? Mais qu’est-ce que tu racontes ?

Elle ne répondit pas mais sont visage était si expressif que je n'aurai pas pu passer à coté de sa colère sourde. Les narines  dilatées tel un gorille, la bouche serrée comme le cul d'une poule, la respiration aussi saccadée qu'une jument au galop, j'aurais éclaté de rire si l'heure n'était pas aussi avancée.

- Ecoute, je ne sais ce que tu as dans ta tête mais en ce qui me concerne j’ai passé une rude journée aujourd’hui et je n’ai pas les idées très claires pour m’attaquer à ton pc. Je te demande juste de m’accorder 10 min le temps que je me rafraîchisse, c’est tout. 

Elle se renfrogna d'avantage, mais je n'avais pas l'intention de céder à ses caprices.

- Bon je prends ton silence pour un « Oui » alors à tout à l’heure.

Je m'en alla avec la ferme intention d'appeler  le Pilote pour résoudre son cas parce que la, j'étais juste dépassé…


***Marie-Claire***


Non mais j’hallucine quoi ? Tout ça c’est de la faute d’Aude! Si je n’étais pas bloquée avec cette histoire d’organisation de mariage, j’aurai pris mon temps pour trouver quelqu’un pour me réparer mon ordi. Mais la, j’étais juste au pied du mur.

« C’est bon, le message est passé, il a bien compris que tu ne voulais rien affaire avec lui. Maintenant arrête d’être sur la défensive et soit reconnaissante qu’il accepte de te rendre service malgré ton attitude. Moi, à sa place, je t’aurai laissé te demerder ! ». C’était les dernières paroles d’Aude.

 

Franchement je ne comprends pas pourquoi elle fait une fixation sur lui. Si elle le trouve si bien que ça elle n’a qu'à annuler son mariage et se mettre avec lui elle-même, au lieu de me pousser dans ses bras. Non mais ils ont rêvé la ! Ils croient que ne voit pas claire dans leur jeu ? Et puis d’abord, depuis quand ils sont si complices ces deux la ?

Bon il faut que je me calme parce que je commence à avoir mal à tête à force de réfléchir. 

Je posai mon ordinateur sur la table basse devant moi et m’adossai sur le canapé dans un long soupire. Je fermai les yeux et me massai les tempes histoire de calmer ma migraine naissante. Quelques minutes plus tard, je me sentis mieux. J'ouvris les yeux et entrepris d’explorer les lieux. La déco, sur des tons de marron et orange, était plutôt moderne et design. 

Je ne l’imaginais pas du tout vivre dans un endroit comme ça. Première surprise. Je m’attendais plutôt à me retrouver dans une vulgaire garçonnière où régnerait désordre et saleté. Mais peut être qu’il ne vivait pas seul ici, parce que des détails comme des fleurs ou du sable de décoration, ce n’est pas très masculin…

En face du canapé sur lequel j’étais assise il y avait un écran plat géant, un home cinéma, une console de jeu… 

Ah ! Ça c’est des trucs d’homme ! 

Enfin, dans un coin il y avait un petit bureau au dessus duquel se trouvait une petite bibliothèque sur laquelle était disposés ça et la des petites statuettes et des livres.

Mes yeux se posèrent sur la table basse. Des flyers y étaient éparpillés : 

« El Marcus Entertainer organise la soirée Bana Congo na Paris. 

Restez sur le droit chemin et venez à la rencontre 

de la star montante de la musique congolaise Fally Ipupa. 

Dress Code : Rouge, bleu, jaune. » 


Deuxième surprise, je ne l’imaginais pas Prince de la nuit.

A coté des flyers j’aperçu quelque chose de familier. En m’approchant je reconnues la carte de visite d’Aude.

Ah ! c’est elle qui lui a donné sa carte!

En jetant la carte sur la table basse, celle-ci se retourna et ce que je vis, me fis un pincement au cœur, sans que je ne sache pourquoi. 


Un bruit sourd provenant du couloir me fis sursauter. Je me remis immédiatement à ma place. Il ne fallait pas que je baisse pas ma garde. Je savais que j’avais toutes les raisons de me méfier de lui. Sous ses airs d’homme irréprochable, il ne valait finalement pas mieux que les autres. J’avais hâte de voir ce qu’Aude trouverait encore pour le défendre après que je lui ai dit que j’ai trouvé un numéro de téléphone d’une certaine « Lola »  accompagné de lèvres dessinés au rouge à lèvre sur le dos de SA carte de visite !


Il apparu dans le salon vêtu d’un jogging et d’un marcel blanc et se dirigea vers ce que j’imaginais être la cuisine. La douce odeur marine de son gel douche mêlée à celle de son parfum envahirent peu à peu la pièce.

- Tu ne veux toujours rien boire ? Me proposa t-il. Même pas un verre d’eau ?

Ouai c’est ça pour me droguer ?

- Non merci.

- Okay.


Il revint au salon et s’installa sur le pouf posé sur le coin de la table basse. Il pris les flyers et les rangea dans la partie inférieure de la table. Il tomba sur la carte de visite retourné, fronça les sourcils avant de la mettre à la même place que les flyers et pris mon ordinateur.

Alors qu'il commençait à taper dessus, je sortie mon téléphone de mon sac et commençai à jouer dessus pour faire passer le temps. Il était déjà une heure du matin, la nuit s'annonçait interminable. Dix minutes venait à peine de s'écouler lorsqu' il se leva et disparu dans le couloir avant de revenir les mains chargée de cd et d’une grosse boite noire qu'il connecta à mon ordinateur.

- Heu…qu’est-ce que tu fais la ?

- Je sauvegarde les données de ton ordinateur sur mon disque dur externe, me répondit-il sans décoller ses yeux de l’écran.

- Ah. Et pourquoi tu es obligé de faire ça ?

Il stoppa son geste, me regarda avant de répondre:

- Je sauvegarde tes données pour que tu puisses les retrouver quand j’aurai fini de « réparer » ton ordi.

- Okay, je peux regarder ? 

- Bien sur, répondit-il calmement en tournant légèrement l’ordinateur pour que je puisse voir l’écran de la où j’étais.

Je retirai mes chaussures qui me faisaient mal et le contact de mes pieds avec le tapis à poil long me fit un bien fou. Je sortis les lunettes de lecture de mon sac et me rapprochai pour mieux voir ce qu’il faisait. Il m’expliquait pas à pas tout ce qu’il faisait et même si je ne comprenais pas tout, je voyais bien qu’il n’avait pas l’intention de pirater mon ordinateur ou quelque chose dans ce genre. 

Au bout de deux heures, la fatigue commençait à me gagner et je ne contrôlait plus mes bâillements.

- Tu peux aller te reposer dans ma chambre si tu veux, j’en ai encore pour un petit moment.

- Heu…non merci je vais patienter et rentrer chez moi par la suite.

- Hum. Si tu crois que je vais te laisser prendre le volant dans ton état, tu te mets le doigt dans l’œil. Si tu ne veux pas aller dans ma chambre, tu n’as qu’à t’allonger sur le canapé, il y a un plaid derrière.

- Je vais attendre je te dis !

- Ok.

Ok, ok quoi ?!? C’est tout ce qu’il sait sortir de sa bouche. OK, OK pfff il m’énerve !

- Je…je voudrais aller au toilette

- Deuxième porte sur ta droite. Tu l’aurai su si tu m’avais laissé te faire le tour du propriétaire, se sentit-il obligé de rajouter avec un sourire en coin. 

Sans commentaire, je le remerciai et m'’étirai de tout mon long pour détendre mes muscles endoloris à force d’être restée trop longtemps dans une position inconfortable. Derrière la deuxième porte à droite j’entrais dans la salle de bain. Après mettre soulagé, je lavai mes mains et je remarquai deux brosses à dents dans le verre prévu à cet effet. Sur l’étagère à côté il y avait des déodorants dont un pour femme. 

Voilà! Maintenant j’ai bien la confirmation qu’il ne vit pas seul ici. Les hommes ! Il vit avec sa copine et il veut carrément que je dorme dans leur lit ! Quel irrespect !

Je sors de la salle de bain un peu plus en forme après m’être débarbouillé et avisait l’heure sur ma montre, 3h30. 

Bon j’espère qu’il n’en a plus pour longtemps parce que j’ai plein de chose à faire demain, il me faudra au moins trois de sommeil pour pouvoir tenir toute la journée. Je pénétrai dans le salon, aucune trace de lui. Il avait allumé la télé et mis une chaîne d’info. 

Je me laissais tomber sur le canapé. Il revint avec un plateau sur lequel il y avait deux tasses et une bouilloire qu’il posa sur la table basse.

- Je t’ai pris une tasse au cas où. Je n’ai pris que des infusions, c’est meilleur à cette heure ci, ça ne t’empêchera pas de dormir.

- Je préférerai du thé à la menthe si tu en as, j’ai besoin de rester éveillé pour rentrer chez moi.

Il me lança un regard menaçant mais ne répondit pas tout de suite.

- Je n’ai pas de thé à la menthe. Tiens ça, c’est bon pour ce que tu as, rajouta t-il en me balançant un sachet d’infusion à la lavande.

- C’est quoi ça ? Tu veux me faire boire un truc qui a un gout de lessive ?

Il éclata de rire. 

Hum…je n’avais pas pris le temps de voir à quel point il est beau quand il rit. « EH ! Qu’est-ce qu’il t’arrive ? Ressaisit toi ! » . La fatigue, c’est la fatigue qui doit me faire avoir ces idées.

- Ça agit sur l’anxiété et la nervosité, c’est bon pour toi. Ça te décoincera deux minutes.

- Hein ?!? Je te demande pardon ? m'indignai-je.

- Quelle est la partie de ma phrase que tu n’as pas saisie ?

Non mais je rêve où il est en train de se payer de ma tête la ?

- Ecoute, je ne sais pas ce que j’ai bien pu te faire pour avoir déclenché autant d’animosité à ton égard mais, si mon tord a été de t’avoir offert un verre, je te présente mes plus plates excuses, je ne recommencerai plus, promis!

- ...

- J’ai bien compris que je ne suis pas ton genre de mec. Ça me touche j’avoue, parce que je ne me doutais pas que tu étais le genre de fille à s’arrêter à une première impression mais bon, nul n’est parfait donc je ne vais pas te blâmer pour ça… 

- Je ne m’arrête pas à une première impression, c’est juste que…

- Je n’ai pas fini de parler, ne m’interrompt pas s’il te plait. Me coupa t-il en me regardant durement.

- Pardon…répondis-je en baissant les yeux n’osant pas à soutenir son regard.

- Je t’ai abordé parce qu’il est vraie que tu es une très belle femme mais aussi, et surtout parce que ça faisait trop longtemps que j’attendais l’occasion de pouvoir le faire…

Je levai les yeux vers lui et le fronçai les sourcils pour lui montrer que je ne le suivais pas.

- Je t’ai dit que je t’ai déjà vu et tu ne m’a pas cru mais c’était vrai. L’année dernière pendant quatre mois on s’est retrouvé dans la même rame de métro, certaine fois j’ai même bloqué les portes pour toi quand tu arrivais en courant.

 J’écarquillai les yeux ! 

- Mais qu’est-ce que… ?

- Bref je ne veux pas passer pour un mec obsédé ou quoi mais je t’ai observé et j’avais l’impression de te connaitre. Seulement je n’ai jamais pu franchir le pas et aller au-delà, sauf ce fameux soir…Mais bon tout ça c’est anecdotique. Je te propose de faire une croix sur notre première rencontre et de repartir sur de nouvelles bases. 

J’hochais la tête en signe d’approbation.

-  Ça te va si on essaie juste d’être des amis ? Rajouta t-il en me tendant sa main.

Je la regardais longuement avant de tendre à mon tour la mienne.

- Amie?

- Ami.

- Très bien, Prince Tchikaya, 25 ans, Ingénieur en Système d’Information en recherche active d’emploi

- Marie-Claire Le Blanc, 24 ans, Architecte d’Intérieur indépendante.

- Enchanté

- Moi de même.

Il lâcha ma main et se remis sur l’ordinateur. 

- Bois ton infusion ! m'intima t-il

- Mais, je ne veux pas boire ça c’est dégueulasse, boudais-je avec une voix d'enfant.

Il me regarda en arquant un sourcil avant de rajouter plus calmement:

- Allonge toi alors, je te réveille quand j’ai fini.

- Tu promets de me réveiller ? J’ai trop de chose à faire demain, je ne peux pas me permettre de dormir trop longtemps.

- Ok

Ok, encore ce foutu ok ! D’abord je mets mon réveil parce que je n’ai pas confiance.

Je m’allongeai et me couvris avec le plaid qu’il m’avait indiqué. Je commençais à sombrer dans le sommeil quand je sentis une présence au dessus de moi. Mes paupières étaient trop lourdes pour que je puisse ouvrir mes yeux. Je sentis comme si on me recouvrait d’une deuxième couverture, puis cette odeur d’agrume, d’épice et de bois enivrant irradia mon corps d’une douce chaleur…

Des lèvres se posèrent délicatement sur ma tempe. Dans un murmure, je crus distinguer un " Repose-toi bien Princesse…"

Je devais déjà être en train de rêver. Ce n'était pas possible qu'il ai fait ça !


-----------------------------------------------------------

A vous maintenant ;)

L'histoire que vous lisez

Statistiques du chapitre

Ces histoires vous intéresseront

MOKONZI