Il était 21h50 à la montre d’Ayana. Le fracas de tonnerre accompagné d’une pluie torrentielle avait sorti la jeune femme de son assoupissement.  Absorbée par ce travail, et prise de fatigue elle en avait presque oublié l'heure de rentrer. Ayana se décida enfin à quitter l'entreprise afin de rentrer chez elle. Elle ferma son bureau et s'apprêta à rentrer quand, elle remarqua  la lumière dans le bureau de son chef.  

« Que fait-il  là, à cette heure ? Travaille-t-il  lui aussi ?  Mais pourquoi ? Essai-t-il lui aussi de fuir quelque chose de chez lui ? Devrais-je aller le voir ? Peut-être qu’il traverse lui aussi une mauvaise passe ? Cela se ressent dans son comportement avec moi… et puis pourquoi dois-je m'inquiéter pour lui ? » Ayana prit beaucoup de temps de réflexion, elle resta là, sans savoir que faire. Etait-il approprié qu’elle soit à  son chevet si jamais il avait une épreuve à traverser? Cela n'allait-il pas à l’encontre de son discours habituel ? Tout était clair dans sa tête à présent, elle  pris son sac tourna ses talons : elle allait rentrer tout simplement chez elle.

— Ayana attend !!!

Surprise, elle se retourna puis reprit son souffle

—Monsieur c'est vous ! Vous m’aviez fait peur ! Je pensais que vous étiez occupé…

—Oui mais je viens de finir mon travail, apparemment toi aussi  il se fait tard et j'insiste pour te déposer.

—Non merci je saurais me débrouiller toute seule ! Rétorqua Ayana 

—Il est déjà plus de 22h, prendre un taxi à cette heure n'est pas prudent, surtout en tant que jeune femme. En même temps, avec le tonnerre qu’il y’a prendre la route maintenant n’est surtout pas conseillé, renchérit Faridh

Ayana allait donc attendre que la pluie ou le tonnerre baisse considérablement afin d’essayer de rentrer chez elle. Cela, en « bonne compagnie », et  pas des moindres… Ayana se racla la gorge, à vrai dire elle en était perdu, c’était peut-être le moment de vérifier toutes les théories sur le changement d’attitude du chef, mais comment ?

—Comment cela se fait-il que tu n'aies pas de voiture ? C’est quelque chose que je ne comprends pas, demanda Faridh.

—Si vous voulez vous moquez de moi vous aurez  d'autres occasions de le faire, ce n'est ni l'heure ni l'instant pour !

—Je m'excuse je ne voulais pas me moquer ! Par contre j'insiste pour t’accompagner, je te promets que je ne ferai que ça, et puis, tu sais il pleut.

—Pourquoi vous justifier ? Aviez-vous prévu autre chose ?

—Je sais juste que tu ne me fais aucunement confiance…

Avait-elle vraiment le choix ? En même temps que pouvait-il arriver de pire ? Elle avait vu qu'il avait changé, c'était d'ailleurs la première fois qu’il se moquait d'elle, trop occupé dans le passé à la complimenter. Oui, mais pourquoi devait-elle lui faire confiance ? Un verre de bissap, oui ; mais se rendre chez elle, c’était une tout autre chose. Pourtant, Ayana acquiesça …