A bâtons rompus
Write by Saria
***Amal***
Cette fille est juste incroyable...Elle est capable d'être parfaitement professionnelle (on sent tout de suite quelqu'un qui est habitué à diriger) et le moment d'après elle veut bien aller déjeuner avec moi. Je vous promet que je n'avais pas prévu ça, c'est sorti tout seul et au moment où je me préparais mentalement à me prendre un râteau, elle dit oui...Avec un beau sourire.
Elle revient vers moi juste avec son sac à main.
Yaa : On y va?
Moi : Oui oui bien sûr.
***Quelques minutes plus tard***
On était attablé et elle avait commandé un plat d'attiéké avec de la banane frite et du poisson, moi j'ai demandé de la pâte noire et la sauce man*. Dès que nous sommes servis, elle attaque son plat avec appétit, je la regarde manger fasciné. Généralement, les femmes sophistiquées comme elle chipote avec la nourriture, Yaa elle mange avec enthousiasme.
Yaa : Euh vous ne mangez pas? Ce n'est pas bon?
Moi : Si si...je vous regardais manger...apparemment vous aimer votre plat.
Yaa : Oui c'est bon...En fait moi j'aime manger...Je ne suis pas le genre à être dans les régimes...Après je fais du sport et je bois beaucoup d'eau.
Moi : Vous êtes ghanéenne et vous parlez français sans accent
Yaa : Ma mère était ivoirienne...J'ai ma meilleure amie qui est béninoise donc l'un dans l'autre je me suis perfectionnée.
Moi : était?
Yaa : Oui...J'ai perdu mes parents très tôt...J'ai été élevé par mes grands-parents...Ils sont mon monde! Et vous?
Moi : Moi quoi?
Yaa : Que faîtes-vous quand vous ne bossez pas et que vous ne coller pas les petites en boîte?
Moi (surpris) : keuf keuf (je manque m'étouffer)...Vous m'avez reconnu alors!!
Yaa (éclatant de rire) : Vous vous êtes collé à mon pare-choc pour reprendre les termes de PearlA mon amie. Donc je vous reconnaitrai même dans l'obscurité!
Étrangement je me sens flatté par ses paroles. En même temps très embarrassé! C'est quoi cette situation.
Moi : Euh ce n'est pas dans mes habitudes...Mais vous vous déhanchiez si bien...Je n'ai pas compris ce qui s'est passé. Mais...Vous n'avez pas semblé me reconnaître lors de votre prise de service, je me suis dit que j'étais sauvé.
Pour toute réponse elle fait un sourire en coin.
***Yaa***
Je l'ai pris par surprise, j'aime bien ça. Il n'en menait pas large le pauvre! Je sais que je les intrigue tous dans l'entreprise et je sais qu'il voudrait savoir plein de choses sur moi. Je prends garde à ce que je dis, j'ai voulu redresser la barre en le déstabilisant et c'est plutôt réussi. Mais c'est sans compter son endurance.
Amal : Que signifie Yaa?
Moi : Je suis née un jeudi d'où mon prénom, et il paraît que les Yaa sont de grandes bosseuses, elle sont intelligentes, persévérantes, optimistes et ont une confiance en soi très développée.
Amal : Wow! Je devrais m'inquiéter?
Moi : Non! Pourquoi? Je suis pas compliquée, juste des principes...Et en général très peu de choses m'échappent. Mais dites-moi ça fait combien de temps que vous êtes à Klemp?
Amal : cinq, six ans bientôt...Je suis rentré de la France avec mon diplôme et j'ai été recruté dans le service marketing, puis j'ai connu une promotion. Et vous?
Plutôt fin ce gars. il ne donne rien sans rien. Ok alors, je souris et je réponds.
Moi : Euh moi c'est une longue histoire...J'ai travaillé dans le groupe tout en étudiant...Puis je suis partie aux USA d'où je suis revenue diplômée de la Havard Business School...Et j'ai continué à gravir les échelons au sein de l'entreprise.
Il émet un sifflement admiratif! Je me sens flattée et en même temps intimidée...Je baisse le regard.
Je regarde ostensiblement ma montre pour signifier qu'on devrait abréger la pause, ce qu'il comprend parfaitement. Il paye l'addition et nous prenons le chemin du retour. J'ai été ravie de ce break, j'ai pu voir l'homme de près en dehors du cadre de travail. Je me sens bien en sa présence, c'est le seul qui oublie un peu mon statut : en général quelqu'un dans ma situation fait face soit à l'hypocrisie des gens, soit à leur crainte. Avec Amal je n'ai senti ni l'un, ni l'autre. Il m'a posé plein de questions aussi bien pendant le repas, qu'au retour...Ce n'était pas malsain...Juste de l'intérêt.
*** Mike***
Je retrouve Amal à la fin de la journée, sa voiture est au garage depuis quelques jours donc je joue les chauffeurs. Dès qu'il monte en voiture j'attaque!
Moi : Djo je vais commencer à te facturer mes prestations hein, ça fait 15 mn que je t'attends en bas!!! C'est quel travail tu fais et qui ne finit pas ?!
Amal : Oh! Quel genre de frère tu es même? Tu me prends 2 jours et puis il faut que tu me chantes ça!
Moi : Ingrat va! En tout cas tu m'achètes une bière ce soir avant qu'on ne rentre...Sinon tu prends un taxi
Amal : Eh l'homme noir! Bon allons-y.
Nous nous installons au Code Bar près de l'aéroport et passons nos commandes.
Moi : Raconte comment ça se passe avec ta boss?
Amal : Hum...On a déjeuner ensemble aujourd'hui. Eh stop! ce n'est pas ce que tu crois. Moi-même je ne m'y attendais pas.
Il éclate de rire tout seul avant de me raconter, comment elle lui a sorti leur rencontre en boite.
Moi : Mon cher...C'est un gros morceau hein belle, riche et intelligente.
Amal : A qui le dis-tu? J'ai l'impression qu'elle maîtrise les situations que rien ne lui échappe vraiment, comme si elle jouait aux échecs...En même temps elle n'est ni fausse, ni maniérée. C'est déroutant!
Moi : Frangin...fais gaffe à toi
Amal : Mais elle me fait un de ces effets! Aujourd'hui elle a opté pour des jeans moulants noirs et une veste à manche 3/4 blanche. Cela lui allait comme un gant et ses fesses! Gosh. On peut pas être aussi sexy ce n'est pas normal!
Son ton plaintif me fait rigoler. on dirait que mon frère est atteint. En même temps, cela ne lui ferait aucun mal de se frotter à plus fort. J'ai toujours combattu le type de femme qu'il fréquentait, il les choisi jolie...Mais sans rien dans la tête à part les techniques pour dépenser les sous des gens. Je suis pressée de voir comment les choses vont se passer entre ces deux-là!
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