A bientôt papa
Write by Les Chroniques de Naty
Chapitre 37
Je regarde le sang
couler le long de mes jambes. J’essaie de ne pas crier, de ne pas laisser
exploser ma rage et ma frustration. Je suis tellement déçue de cet énième échec ;
je passe une main tremblante dans mon entre jambe, je touche le liquide rouge
qui atteste encore une fois de plus de mon incapacité à tomber enceinte. Mais
qu’est ce qui ne va pas ? Pourquoi mon ventre refuse-t-il de
s’arrondir ? Pourtant il ya trois ans de cela, je n’ai pas eu à fournir
autant d’effort pour être enceinte. Au contraire j’ai été agréablement surprise
par la grossesse des jumeaux. Mais depuis lors plus rien ! Chaque mois je
suis attristé par la vue de ce sang, il représente pour moi une faiblesse, une
honte. Je vois en ce flux menstruel, la désolation de mon mari. Son rêve d’être
est à nouveau père s’effrite à chaque fin de mois.
Il veut me faire croire que cette situation ne lui pèse pas
trop, mais je le connais. Il est triste comme je le suis également. Même s’il
ne veut pas l’admettre pour ne pas me frustrer.
Mon Dieu est-ce une punition ?
Sinon je pense avoir déjà payée pour toutes mes erreurs passées.
Dans ce cas pourquoi aucun bébé ne pointe le nez depuis plus de trois
ans ? J’entends le murmure des gens, le bruit des couloirs, je vois les
regards s’attarder à chaque fois sur mon ventre. Mais je fais fi de tout
ça ; ou du moins en apparence, parce que dans le fond, mon cœur est déchiré.
Je pleure sans cesse, chaque fin de mois c’est le même scenario jusqu'à les
fins de mes menstrues, je fais une petite crise d’angoisse. Après ça
passe ; en apparence ça passe. Parce que ce n’est pas une douleur physique,
elle est plus que ça. Elle touche mon essence, elle transcende ce qu’on peut
expliquer ; elle va au-delà de ce que les gens peuvent penser. En ma
qualité de femme, je suis destiné à apporter la vie. Je dois donner naissance à
des enfants à qui j’inculquerais mes valeurs et principes.
A croire que le destin s’acharne sur moi et que je n’ai pas
encore fini de subir mon karma.
—Chérie ? Chérie tu es là ?
—Hum… oui, je suis là. Excuse moi je ne t’avais pas entendu.
Dis-je en ouvrant la porte de la douche.
—Je t’appelle depuis mais tu ne répondais pas alors j’ai eu
peur. Oh là mais qu’est qui ne va pas ma puce pourquoi pleure tu ? Tu ne
te sens pas bien ?
J’ai craquée, c’est plus fort que moi. Cette pression dans
ma poitrine est juste… insupportable.
—Tu peux me passer mon vanity case s’il te plait. J’ai besoin
de mes serviettes hygiène…
Ma voix se brisa, je ne peux pas, je ne veux pas prononcer
ce mot. Il est tout simplement vide de sens à mes yeux. Il me fait tant mal au
cœur et à la bouche, il me brule la langue. Ma gorge chauffe comme si je buvais
la lave d’un volcan et là encore je pèse mes mots.
Il me prend dans ses bras et va me déposer sur notre lit. Je
suis toujours en nuisette, et celle-ci a la particularité de dévoiler plus
qu’elle ne cache. Il promène sa main sur ma cuisse et remonte jusqu'à ma
poitrine ; il adore mes seins. Il les a surnommé mon opium. Drôle de nom…
J’essaie de me relever, mais il me maintient fermement par
les hanches.
—Il faut que je me lève Aly, dis-je faiblement. Les draps
seront tachés de sang.
—Je les laverai moi-même s’il le faut.
Nous nous regardons pendant ce qui me parut une éternité. En
bientôt cinq années de mariage, il n’a pas beaucoup changé ; toujours
aussi beau et séduisant. Même dans la plus simple tenue, il fait chavirer mon
cœur. Mais je le préfère tel qu’il est à cet instant précis. Un simple caleçon
qui dessine à souhait ses attributs masculins. Quand je pense que j’ai failli
le perdre à une certaine époque ; cet homme est un homme, un vrai. Qui
sait aimer et sait se faire aimer. Il m’a appris tellement de chose, il me démontre
chaque jour qui passe que je suis spéciale à ses yeux ; je mérite d’être
aimée et dorloter.
Je baisse les yeux sous le poids de son regard. Il me fait
toujours cet effet, je me sens toute petite en sa présence. Il m’intimide et me
fascine ; je le respecte et lui concède sa place d’homme et de chef de
famille. Je sais maintenant de quoi il est capable quand il se sent trahi, cela
dit je ne veux plus tomber dans ce tourbillon de douleur. Je préfère de loin
lorsqu’il est aussi doux et attentionné envers moi. Je ne veux plus au grand
jamais avoir affaire à cet homme qu’il était devenu durant ma grossesse. J’ai vécu
les pires moments de ma vie de couple dans cette période. Rien que d’y penser,
un frisson d’horreur me parcours le corps.
—As-tu froid ? S’enquit-il.
Toujours aussi attentif.
—Non je n’ai pas froid. Je pensais tout simplement à tout ce
qu’on a dû traverser comme situation durant les deux premières années de notre
mariage.
Il sourit gêné. Je sais bien qu’il n’aime pas revenir sur ce
pan de notre vie.
—Ça m’arrive d’y penser aussi ; avoua-t-il à son tour. Mais
je me fais fort de ne pas m’appesantir là-dessus. Je me dis que c’est du passé
tout ça et la seule chose que je trouve être un bon souvenir dans tout ce
chaos, c’était nos enfants qui malheureusement n’ont pas survécus.
—Ils auraient bien grandit aujourd’hui, n’est-ce pas ?
Ils seraient en train de gambader partout. A tout déranger dans la maison.
C’est tellement difficile comme situation ; souvent je pense très fort à
eux. Je me surprends à toucher mon ventre comme si je les sentais encore en
moi.
—Je sais ma douce. Mais ne t’inquiète pas, je te mettrais
enceinte encore et encore. Nous ferons des enfants à n’en point finir. Ils ne
remplaceront peut être pas les jumeaux, mais n’empêche qu’ils nous apporteront
une grande joie dans nos vies.
Je sens que je
commence à saigner de plus en plus. Je voulus me détacher de sa pression, mais
il fut plus prompt et enserra encore plus ses mains sur mes hanches ; il
s’assit à terre de sorte qu’il ait les yeux directement rivés sur mon intimité…
en sang. Je trouve ce geste des plus honteux. Je me sens encore plus mal à
l’aise, mais lui a l’air de s’y plaire.
—Laisse-moi me lever s’il te plait ; juste le temps que
je me protège et on continue.
Il se lève et m’apporte mon vanity case. Je repars dans la
douche me nettoyer et j’en profite pour prendre un bon bain chaud. La nuit dernière
était tellement merveilleuse, qu’il fallait que mon réveil soit aussi
catastrophique. Et rien que d’y penser j’ai envie de cogner dans le mur. Crier à
m’en fendre la bouche.
A ma sortie je
constate qu’il a en effet changé les draps. Il a par ailleurs enfilé un
pantalon et un tee-shirt.
—Tu n’iras pas au boulot aujourd’hui ?
—Non je ne peux pas te laisser dans cet état. Je n’aurai pas
l’esprit tranquille ; te savoir toute seule et sans défense me brise le
cœur.
J’éclatais de rire devant la tête qu’il fait.
—Mais je ne suis pas seule chéri ; il ya les
domestiques. Et dans peu de temps Komba reviendra de l’école.
Komba est la cousine d’Aly. Elle a été orienté dans un lycée
pas très loin de la maison, alors nous l’hébergeons. A son arrivée ici, elle
avait une attitude très peu respectable. Surtout lorsque nous étions seules ;
mais quand elle voyait les autres elle redevenait toute polie et gentille.
Mais je n’en ais pas parlé à mon mari ; vue mes antécédent
je ne voulais pas créer d’histoire entre lui et sa cousine. Alors je supportais
son insolence sans rechigner. Elle critiquait tout le temps la cuisine. Elle n’éteignait
jamais le climatiseur à son réveil et laissait l’eau couler dans la salle de
bain. Si j’avais le malheur de lui faire des reproches, elle montait sur ses grands
chevaux en me jetant à la figure que c’est son cousin qui assure les dépenses
dans cette maison, alors elle fait ce qu’elle veut. Vraiment j’ai eu à supporter
tout ce manque de respect sans me plaindre ; il m’arrive même de me
demander maintenant ce qui m’empêchait de craquer et de lui faire payer toutes
ces insanités qui sortaient de sa bouche.
Je sais que l’ancienne Ayana lui aurait refait le
portrait ; mais quand on décide de changer, et bien je crois que c’est du
tout au tout. Je ne veux plus retomber dans ce genre de considération et redevenir
la fille vindicative et effrontée que j’étais. Non maintenant je fais l’effort
de respecter mon prochain en tout lieu et en toute circonstance. Alors Dieu
sachant faire les choses, pendant qu’elle était en pleine crise de colère
infondée bien sûr, Aly est venu la surprendre. Et ce jour-là ce n’était
vraiment pas joli à voir. Il a demandé à ce qu’elle dégage de sa maison, parce
que personne n’a le droit de venir sous son toit et faire vivre un enfer à sa
femme. J’ai encore dû intervenir pour qu’il se calme et arranger la situation.
Elle m’a boudée au début, mais après je crois qu’elle est revenue à de
meilleurs sentiments et la situation entre nous est tempérée. Depuis lors elle
est redevenue un ange et nous cohabitons dans la paix, la considération et un
respect mutuel. Il fallait qu’Aly la remette à sa place pour qu’elle puisse
cesser tout ce qu’elle faisait.
—Si mais je ne veux pas aller travailler en sachant que tu
es toute triste. C’est sûr que je ne serai pas concentré. En plus je veux
passer ma journée à te tripoter les seins.
Je lui balance un coussin qu’il rattrape au vol et me le
relance en pleine figure.
—Haï tu me fais mal. Me plains-je en riant.
—Tu as toujours été mauvaise lanceuse.
—Je sais.
Il m’attrape le bras et me fait asseoir sur ses pieds.
—Viens là madame Diakité. Il faut qu’on parle.
—De quoi ?
—De ton état actuel.
—Quel état ? Je tente de faire l’ignorante. Parce que
je sais de quoi il veut me parler, mais je n’ai vraiment pas envie d’en parler,
en tout cas pas maintenant. Je ne veux pas non plus le frustrer, alors je fais
contre mauvais fortune bon cœur.
—Ecoute ma chérie, je sais que tu ne veux pas qu’on en
parle, mais il le faut. Je veux encore te rassurer, je dois te rassurer. Il est
de mon devoir de t’épargner certaine douleur et celle-là en fait partie ;
c’est à moi que tu es mariée, c’est avec moi que tu vis cela dit c’est à moi
seul que tu dois rendre des comptes et à personne d’autre. Tu m’entends ? J’acquiesce
et il continue. C’est déjà un premier point. Hormis ce fait, cette histoire
d’enfant n’est pas une priorité pour moi, ou si tu veux je n’en fais pas une
priorité. Je veux avoir des enfants certes, je veux être père ; mais je ne
veux des enfants qu’avec toi, parce que c’est toi que j’aime et c’est avec toi
que j’ai décidé de passer le restant de mes jours.
Je me dis que le
moment pour avoir des enfants ne passe jamais, il n’ya jamais de bon moment en
fait. Ces petits être-là ne s’achète pas ma chérie, sinon j’en aurai commandé
une bonne douzaine ; il ne se décide pas d’en faire et paf d’un simple
claquement de doigts on en fait. Non faire des enfants va au-delà de tout ça.
C’est Dieu qui les donne à qui il veut, quand il veut et comme il le veut.
Alors je me dis que si nous n’avons pas encore d’enfants ce n’est tout simplement
pas le moment d’en avoir. Et crois-moi sur parole ma puce, je ne suis pas aussi
pressé que tu le pense.
Je sais que nous n’avons
aucun problème de santé qui nous empêche d’en avoir, donc ce n’est seulement
pas le bon moment. Tout est une question d’opportunité. Sachons être patient,
et Dieu saura nous combler à notre juste valeur. Soyons endurant dans la
douleur de l’attente.
Que demander de plus ? Il vient encore une fois de me
prouver qu’il est celui qu’il me faut. Quand mon cœur est en morceau, il
devient la colle pour récoler ces morceaux. Il a toujours les mots justes pour
me guider et m’apaiser.
Je me mets à pleurer. Contraient à la première fois, là je
pleure d’émotion. Parce que je sais que j’ai un mari qui m’aime et qui sera
toujours là pour moi.
—Ne pleura pas ma grande. Dit-il en essuyant mes larmes.
J’ai horreur de voir ces jolis yeux humides. Je les préfère plus lorsqu’ils
sont légèrement bridés sous l’effet de l’excitation. Tes yeux deviennent tous petits
quand tu jouis.
Je me cache le visage sous l’effet de la honte.
—Arrête tu vas me faire rougir. Dis-je en éclatant de rire à
travers mes larmes.
—Hum malheureusement les circonstances ne s’y prêtent pas,
sinon je t’aurai fait rougir autrement. Il me fait un clin d’œil, et là mon
cœur fait une embardée.
Nous restons là à parler de tout et de rien. J’aime notre
complicité, elle nous rend complémentaire. Nous pensons souvent à la même
chose, je sais quand il est triste et ce même s’il ne le crie pas. Je sais également
quand il est en colère. Je connais la moindre de ses humeurs ; j’ai appris
à lire les paroles sous ses silences. A comprendre ses regards muets mais en même
temps lourd de sens.
Notre vie de couple n’est pas toujours belle, disons qu’elle
est comme un bouquet de rose. Tantôt nous sentons les fleurs, sa couleur nous égaye,
et l’odeur nous enivre jusqu'à l’oublie total. Mais il ya également des jours
où nous touchons les tiges remplie d’épines. Alors celles-ci nous déchire, nous
blesse au point de nous faire saigner. Mais après nous nous soignons et recommençons
à admirer notre bouquet de rose, tout en prenant soin de lui pour ne pas
qu’elle se fane. C’est un travail quotidien et qui n’est pas de tout repos.
Nous devons être constamment présent l’un pour l’autre, ne pas écouter les
ragots ; et surtout une confiance inébranlable l’un en l’autre et un amour
aussi dur que du granit.
C’est ça ma vie de couple ; j’aime mon mari et je le
lui montre chaque jour qui passe. Je ne changerai ma vie pour rien au monde. Je
l’aime telle qu’elle est ; et je la prends avec mes erreurs commises par
le passé, mes défauts qui font mes particularités. Mais par-dessus tout, ces épreuves
m’ont forgée ; elles m’ont apporté une certaine maturité. Je ne suis plus
la jeune fille écervelé que j’étais par le passé ; j’ai muris et j’ai
gagné en caractère et en savoir vivre. Je connais maintenant l’importance de la
famille ; je sais ce que c’est que le respect des ainés. Je respecte mon
prochain et ne pense plus qu’à moi seule. Je suis devenue plus altruiste et
tout ça grâce à cet homme merveilleux qu’est mon mari. Je remercie toujours
Dieu pour m’avoir donné un homme comme Aly.
L’année dernière a particulièrement été difficile pour nous,
car mon beau père nous a quittés. Il est décédé dans son sommeil, sans avoir
été au préalable malade. Ce fut une période vraiment éprouvante pour toute la
famille. Il ne souffrait d’aucun mal connu de ses proches. Alors se réveiller
un matin en apprenant que son père s’en est allé, aussi paisiblement que cela
puisse être, ça laisse une certaine amertume dans le cœur. En se disant qu’on
n’a pas eu le temps de lui faire ces adieux. Aly en a été beaucoup affecté, étant
le seul garçon de son père, il venait de perdre son complice et son mentor. Il
n’a pas pleuré, ce qui m’a beaucoup surprise. Mais je sais qu’au fond il était anéanti.
Il ne parlait presque plus et passait toutes ces journées à travailler sans relâche.
C’est bien longtemps après le décès de son père qu’il a fait une grave crise de
tension. A notre retour de l’hôpital, il a tellement pleuré que j’ai eu peur
qu’il ne rechute. Le médecin lui a recommandé beaucoup de repos et surtout
qu’il arrête de se ronger les méninges.
Il va mieux maintenant. Je crois qu’il avait besoin de faire
son deuil à sa manière ; pleurer son père sans se sentir regarder par
tous. On n’oublie jamais la perte d’un être cher, mais aujourd’hui je peux dire
qu’il a accepté cette situation.
***
SIX MOIS PLUS TARD
***
Je regarde ma montre encore une fois.
Merde !!!
Pourquoi faut-il qu’il ya ait toujours des embouteillages
sur cette voie ? Je suis salement en retard pour mon rendez-vous chez le médecin.
Cette journée est très chargée. Je devais être à la clinique depuis 8H mais il
est déjà 9H30 et je suis toujours bloquée dans ce maudit bouchon. Je dois
rejoindre mes sœurs après mon rendez-vous. C’est l’anniversaire de mon mari ce weekend
end et je veux lui faire une petite surprise en lui organisant un diner avec
nos proches. Les filles se sont proposées pour m’aider. Mina n’a vraiment pas
le temps avec la petite Raphiatou qui est constamment souffrante, et les cours
de Nafi ne lui laissent aucun répit ; mais en dépit de tout ça elles ont
voulu m’aider. Nous sommes très proches maintenant et c’est rien de le dire. On
se chamaille souvent pour des broutilles, mais après ça passe. Je n’ai pas
d’amie en tant que telle, alors mes sœurs sont mes seules amies. Je sympathise
avec d’autres femmes çà et là, mais ça ne dépasse pas le cadre de la simple
camaraderie.
Malheureusement
Zhoura ne sera pas là ; mais bon je ne vais pas trop m’en plaindre. Parce
que même si nous nous entendons assez bien maintenant, je ne supporte pas qu’elle
s’approche trop de mon mari ; je n’oublie pas qu’elle m’a avoué il ya
trois ans de cela qu’elle était amoureuse d’Aly. Ce dernier n’a pas l’air de remarquer
les regards qu’elle pose parfois sur lui. Moi j’y prête attention car je protège
ce qui m’appartient et tant qu’elle ne sera pas marier, je la verrai comme une
menace. J’ai certes confiance en lui, mais comme on le dit la confiance
n’exclut pas la prudence et le contrôle. Alors je fais de mon mieux pour ne
jamais les laisser tout seul. Même durant notre voyage en Tunisie, j’étais
toujours présente. Je trouvais pour prétexte que c’est notre lune de miel cela
dit il ne devait pas travailler.
Bref je ne veux pas de mauvaise surprise, parce qu’un homme
reste un homme et je ne dirais pas qu’Aly fait exception à la règle selon
laquelle le cerveau des hommes arrête de fonctionner correctement lorsqu’ils se
retrouvent devant un joli minois et un beau corps ; là ils sont guidés par
leur pulsions sexuelles qui tant qu’elles n’ont pas été satisfaite ne se
taisent pas. Donc Je suis prudente et je protège mon mariage du mieux que je
peux.
J’arrive enfin à l’hôpital, et je trouve le médecin sur le
point de partir. J’essaie de lui expliquer la cause de mon retard et grâce à
Dieu, il est assez compréhensif et accepte de me recevoir.
Nous rentrons dans son bureau et je m’assois. Lorsqu’il
prend l’enveloppe contenant mes résultats d’analyse, je ressens une certaine appréhension.
J’étais venu deux semaines plutôt pour des examens de routine. Après le
résultat des premiers, il me demanda d’en faire encore avec à l’appui un
frottis cervico-vaginal. Cet examen consiste à détecter la présence du papillomavirus
qui est à la base du cancer du col de l’utérus. J’avoue que j’ai eu peur
lorsqu’il me l’a conseillé.
Alors je suis un peu inquiète quant aux résultats. Mais
Grace à Dieu, il ya eu plus de peur que de mal. Il me prescrit quelques médicaments
et prodigua assez de conseils. Je sors de l’hôpital, rassurée et heureuse.
J’appelle mes sœurs pour annuler le rendez-vous de cet après-midi.
Changement de programme ; j’ai un imprévue, un heureux imprévu que je dois
régler à tout prix.
Assise dans ma voiture, j’essaie de Contrôler le tremblement
de mes mains. Il faut que je me calme.
Calme-toi Ayana ! Calme-toi ! Répétais-je intérieurement.
Il est déjà 14h lorsque je me gare devant la pâtisserie
Abidjanaise ; je dois faire assez vite pour rattraper le retard accumuler
dans la matinée. Je fais un calcul mental pour fixer mon programme de la
soirée. Je dois être à la maison au plus grand tard à 17h si je veux être dans
le temps. Aly sera là aux environs de 18h30. J’ai juste une heure pour tout préparer.
Je vais directement au comptoir choisir un gâteau. Aly adore
le chocolat noir, alors je pense que le choix ne sera pas aussi difficile.
Je suis occupée à parler à la vendeuse, lorsque je sens une
main se poser sur mon épaule. Et quand je me retourne, le temps d’un battement
de cil, je retombe six ans en arrière. Ce visage, je l’aurai reconnu entre
mille ; il n’a pas vraiment changé. A part l’affirmation de ses
traits ; il a la même carrure, son teint est encore plus clair que dans
mon souvenir, le même sourire avec les fossettes se creusant dans la joue
gauche. Les sourcils toujours aussi fourni, et les lèvres encore plus roses. Il
sent le luxe à plein nez ; son parfum doit couter des centaines de
milliers de francs. Sa montre est loin d’être discrète avec un gousset à faire pâlir
de jalousie tous les hommes ; même si l’on ose encore douter de son opulence,
son accoutrement finira par nous en convaincre. Une chemise Guess d’une blancheur
impeccable et un jeans à la hauteur de sa fortune vient compléter le joli
tableau luxueux qu’il représente.
Cet homme dégage un feeling de malade, il est toujours aussi
beau, un charme sûr qu’il lui a valu mon amour et mon innocence. Mais tout ça
c’était-il ya cinq ans. Moi aussi j’ai changé en six ans. Oui Léon j’ai changé
plus que tu ne peux imaginer.
—Salut Ayana ! Tu vas bien. Commença-t-il en me plaquant
deux grosses bises sonores sur la joue. Il agit comme si nous nous étions quittés
que la veille. Et par-dessus le marché, comme si rien ne s’est passé depuis
notre dernière rencontre.
Je prends ma voix la plus naturelle. Parce que je ne peux
certainement pas cacher ma surprise.
—Salut Léon. Je vais bien merci et toi ? Répondis-je.
Il me tenait toujours par le bras.
—Pas aussi bien que toi en tout cas. Mon Dieu tu es encore
plus belle que dans mes souvenirs. Il me détaillait sans cacher son intérêt et
son admiration.
Il croyait surement que je serai morte après son départ.
Mais il n’a pas tort d’une part, car au fond j’étais réellement morte quand il
m’a lâché. Sauf que je suis comme un phœnix qui renait de ses cendres ; et
grâce à l’amour, le vrai et l’affection de mon mari, j’ai pu me reconstruire à
nouveau.
—Merci. Mais là il faut que je file ; dis j’en me dégageant
de son emprise. Je suis super en retard.
Le fait qu’il me touche ne me fait ni chaud ni froid dans la
mesure où je me rends compte que je ne ressens absolument plus rien pour lui. Aucun
amour, aucune affection ; mais encore je ne ressens ni colère ni haine à
son endroit. Il me laisse tout simplement indifférente. Je ne le regarde que
comme une simple connaissance qu’on a perdue de vue depuis plusieurs années
déjà et qu’on retrouve au détour d’une ruelle. Il a été mon premier homme
certes, il m’a appris à aimer, avec lui j’ai connu des sensations sans nom. Une
passion dévorante et presque destructrice. Je l’ai aimé de toute la force de
mes 21 ans. Je l’ai aimé sans cachoteries ni faux fuyants ; d’un amour pur
et sincère. Mais là je me rends compte que le vrai Amour, je ne l’ai connu
qu’avec mon mari. Un amour constructif et non destructif ; un amour
simple, compréhensif, tolérant. Un amour qui pardonne et qui est basé sur la confiance
et le respect mutuel des engagements. C’est un amour qui vous soutien et par
lequel vous pouvez respirer à plein poumon, un amour qui guéri les cœurs
endolorie. Qui accepte l’erreur, qui prône le don de soi, le bonheur de
l’autre. Un amour altruiste si je peux me le permettre.
Aly m’a rendu meilleure, il a cru en moi. Il a su faire
ressortir la bonne personne qui sommeillait en moi ; quand tout le monde
lui disait que j’étais mauvaise, il me défendait. Il m’a toujours protégé
envers et contre tous, au risque de se mettre en froid avec les gens qu’il
aime. Il a été patient avec moi, n’en attendant rien en retour. Il voulait
juste que je le regarde avec d’autres yeux et sous un autre angle.
—Tu peux prendre un verre avec moi s’il te plait. J’ai
vraiment besoin de te parler Ayana. Il faut que je puisse t’expliquer tout ce
qui s’est passé. Tu es très loin d’imam…
—De quoi veux-tu me parler ? Le coupais je avant qu’il
ne se mette à déblatérer des inepties.
Il semble prit au dépourvue par ma repartie et essaie de se
justifier tant bien que mal.
—Comment dire… en fait... je veux que tu me pardonne pour
tout ce que j’ai eu à te faire.
Je me mis à rire ; il est de plus en plus perplexe.
—Mais de quoi t’excuses-tu encore ? Il a bien longtemps
que je t’ai pardonné Léon. J’ai même oublié ce qui s’est passé entre nous.
—Vraiment ?
—Mais bien sûr. Pourquoi en doutes-tu ?
—Merci Ayana ! Tu as toujours été une fille formidable
et c’est moi qui ait été le con dans cette histoire, je n’aurai pas du te
laisser comme ça. Et surtout je n’aurai pas dû me marier car je n’ai jamais été
heureux avec Aude ; je suis même en instance de divorce. C’est toi la
femme de ma vie, et si tu me le permets, je saurai me faire pardonner. Je t’en
prie Ayana reviens avec moi ; redonne-moi la chance de te montrer à
nouveau le sens du mot aimer ; je n’ai jamais cessé de t’aimer ma puce et
jamais cela ne cessera.
Bon là j’éclate carrément de rire. Il est vraiment culoté ce
Léon. Il me regarde rire, et je pense qu’il était bien surpris par ma réaction ;
il n’est pas le seul parce que même les vendeuses ont commencé à nous regarder.
Il me prend la main et essaie de me tirer vers une table qui
semble être la sienne ;
—Lâche-moi, lui ordonnais-je en retirant ma main.
—Mais…
—Il n’y a pas de mais qui tienne. Je t’ai dit que je suis
pressée ; par ailleurs je t’ai même dis que je te pardonne alors que veux-tu
de plus. Ne dépasse pas les bornes non plus ; comment oses-tu me faire une
proposition aussi indécente ? Ton manque de respect est vraiment sans
limite ; te rends-tu un peu compte de la portée de ce que tu me
demande ? Bon on va faire comme ça, primo je n’en ai rien à foutre de ta
vie et de ton mariage ; secundo ton bonheur m’est complètement égal, que
tu sois heureux ou pas cela m’importe peu; et tertio je ne veux plus jamais te
revoir sur mon chemin. Tient toi loin de moi, et ne m’approche plus jamais. Et
au risque de me répéter, je dois partir, mon mari m’attends. Sur ce je récupère
mon gâteau et m’en vais prestement.
Mais il me suivait.
—Tu es encore mariée ? demanda-t-il d’une toute petite
voix.
Je lui fais mon plus beau sourire en prenant ma petite voix mielleuse.
—Bien sûr que je suis mariée. En plus je suis fière de l’être ;
dis j’en brandissant fièrement mon alliance en or. Et tu as raison, c’est toi
le con dans l’histoire.
Je monte dans ma voiture et démarrais en trombe. Je le regardais
dans le rétroviseur ; il a la mine complètement défaite. Adieu très
cher !!! Et merci de m’avoir ouvert les yeux.
J’arrive assez rapidement à la maison. Ce gredin m’a pris
tout mon temps ; heureusement qu’Aly n’est pas encore là, mais il ne saurait
tarder. Je me dépêche de mettre le gâteau au réfrigérateur ; Komba est
déjà là. Elle m’aide rapidement pour faire la cuisine. Je m’applique mieux que
d’habitude et je lui fais tous ses plats préférer en un temps records.
Après la cuisine, j’ai juste le temps de prendre une douche
que je l’entends qui arrive. Mon cœur bat la chamade. Comment va-t-il réagir
quand je le lui dirais ? Après m’être enduit le corps d’huile de karité
pur qui m’a été remis par ma tante Fatima, selon elle il contient des essences
qui lorsqu’elles sont absorber par l’homme agisse sur lui comme un aphrodisiaque ;
j’enfile une robe assez ample en flanelle. Je prends le soin de ne pas porter
de sous vêtement. Il adore me voir nue sous mes vêtements ; et ce soir il
sera servie à souhait.
J’ai dressé la table dans notre petit salon. J’ai misé sur
une ambiance douce et chaleureuse. Tout est propice à l’amour et à
l’abandon ; je compte tout donner cette nuit. Quand il me rejoint au
salon, il est agréablement surpris.
YES !!! Ça commence bien.
—Que me vaut l’honneur de cette tête à tête madame Diakité.
Il m’embrassa en prenant place sur la chaise que je lui tire.
—C’est un remerciement pour tout le bonheur que vous me
procurez monsieur Diakité. Mais pour l’instant, tu dois juste aller prendre une
bonne douche chaude. J’ai déjà tout préparé et je t’ai fait couler un bain. Je t’appends
pour qu’on passe à table.
—Vos désirs sont des ordres ma chère Dame.
Il me sourit. Et pars dans la douche.
Lorsqu’il en ressort propre et frais, je commence le service
et nous nous mettons à manger dans un silence complice. En mettant par moment
la nourriture dans la bouche de l’autre. Nous ne parlons pas beaucoup, que
valle mille mots dans un cas où le silence est aussi bavard et lourd de
sens ? Pas grande chose, alors nous nous contentons de manger, et de nous
embrasser. C’est ça aussi ma vie de couple, elle ressemble tantôt à un roman
d’amour tantôt à la vraie vie ; avec ses pleurs et ses douleurs.
Quand le repas prend fin, je le fais passer dans la chambre
pour le dessert.
—Mais pourquoi on ne prend pas le dessert ici en même temps
ma chérie ? Ainsi dès qu’on retourne dans la chambre, je peux te manger en
complément nutritif ; dit-il avec un clin d’œil.
—Non viens, c’est une surprise.
Je le tire par le bras, et je vais le faire asseoir sur le
lit. Je passe me changer rapidement dans la douche et ressors vêtue d’une
nuisette aussi indécente que révélatrice.
Son regard changea immédiatement et il gloussa.
—Hum je sens que cette nuit sera très longue et je m’en réjouis
déjà…
Je lui envoie un baiser du bout des doigts, Et récupère le gâteau
dans le réfrigérateur. Je le dépose sur le lit ; mais avant j’inspire
longuement pour me donner une contenance.
—Ça n’a pas toujours été facile entre nous, dès le début
j’étais tout simplement opposée à notre mariage. Mais Dieu m’est témoin que je
t’ais aimer depuis le premier jour. Cet amour a certes pris son temps,
seulement il a fait ses preuves. On a connu des moments difficiles, et on en
connaitra toujours ; sauf que pour moi les difficultés importe peu, c’est
la personne avec laquelle je traverse ces épreuves qui retient mon attention et
près de toi, je serai prête à relever tous les défis possibles ; à braver
tous les vents et orages. Tout simplement parce que je t’aime ; mon mari,
mon ami, mon amant, mon amour, mon homme… mon papa
Après avoir versée quelques larmes, je dévoile le gâteau. Il
le regarda, lit ce qui est écrit dessus ; l’expression de son visage
changea. J’appréhende sa réaction.
Un gâteau spécial pour une occasion tout aussi spéciale :
« A BIENTOT PAPA ! RDV DANS 9 MOIS »…
FIN…
*************
MERCI POUR VOTRE DISPONIBILITE ET VOTRE PATIENCE.
NATY…