A jamais liés
Write by Farida IB
Cassidy…
Dimanche matin.
Je suis en plein dans ma séance de jogging hebdomadaire avec ma communauté sportif sur le terrain de l’école publique du quartier. Notre coach amateur y consacre toute son énergie. Il nous donne les directives à suivre en frappant des mains et en soufflant de temps en temps dans le sifflet dont la lanière est accrochée à son cou.
Le coach : aller, on sautille ! On sautille, onnn saute !! Inspirez ! Expirez ! On s’arrête ! (enchaînant) Maintenant avec les jambes écartées et les bras tendus au-dessus de la tête (nous regardant faire) oui comme ça, c’est très bien Koffi.
Il ne s’agit pas de mon Koffi, rassurez-vous.
Le coach continuant : Manassé monte un peu les bras. Voilà, c’est bien. Angèle, tu assures comme toujours.
À l’Angèle de faire un sourire aguicheur comme lorsque le coach s’adresse à 80 % des femmes de la communauté. Je n’ai pas besoin de vous dire qu’elles sont plus là pour lui que pour le sport. Notre coach, il n’est pas mal inh, c’est le genre d’homme grand, athlétique, une carnation bronzée de peau avec un visage taillé comme dans de l’acier, arborant des cheveux afro sur la tête. Il fait des ravages comme ça, il les aligne par douzaine. Bon à sa place, je n’allais pas me gêner non plus, c’est ça qu’on appelle « adoufouli moukouna glan woo » chez moi. Si tu te vends à 25 f, on t’achète à 5 f.
J’ai le temps de vous raconter tout ça parce que je ne fous rien, absolument rien. Je suis liquéfiée, incapable de tenir debout. C’est ce qui arrive lorsque tu abuses d’un cocktail champagne whisky martini blanc parce que ce n’est pas toi qui paie et qu’après tu fais la bombe sur la pistede danse pour ensuite te faire ramoner par un homme hyper viril la moitié de la nuit. Cependant, je me devais d’être là, je paie une fortune (va savoir !) pour ces séances et les cotisations à n’en point finir.
Donc je suis là tout au fond, observant juste les autres faire et faisant semblant de suivre les mouvements lorsque je sens le regard du coach dans ma direction. Comme l’aurait dit une actrice dans Pitch Perfect, je fais du jogging horizontal.
Le coach poursuit.
Le coach : c’est bon, ça va. On change de discipline et pour se faire vous allez constituer des duos.
Il choisit un gars et explique en quoi, cela va consister.
Le coach : assis sur le sol en face comme ça, vous collerez vos talons les uns contre les autres et les genoux relevés. Ensuite l’un d’entre vous envoie une balle imaginaire en direction de la poitrine opposée et vice-versa. (ils le font) Vous avez saisi l’idée ?
Nous en chœur : oui !
Je me retrouve donc avec le Koffi qui me fait des yeux de phares que j’ignore pendant l’exercice. C’est vrai que j’ai un faible pour les Koffi, je trouve qu’ils ont un trait particulier qui les rend vraiment séduisants. Mais celui-là non merci. Il pue littéralement et sa manière de profiter du fait que j’aie du mou dans les genoux pour me tripoter les seins à sa guise me met en rogne au bout d’un moment.
Moi lui criant dessus : oh mais ça suffit, on a dit poitrine pas les seins !!
Toute l’assemblée stoppe ses mouvements et braque leurs yeux sur nous. Le coach s’avance vers nous les yeux plissés.
Le coach : Cassie qu’est-ce qu’il y a ?
Moi avec de grands gestes : c’est lui là qui ne sait pas faire la différence entre la poitrine et les seins.
Le Koffi : tu veux que je fasse la différence comment si tout est confondu là-bas ?
Les mecs autour : trop vrai !!
Moi (le pointant du doigt) : c’est ton cerveau qui est confondu imbécile !
Koffi fronçant la mine : c’est qui tu traites d’imbécile ?
Moi : TOI !!
Nous nous levons en même temps tous les deux, prêts à nous battre lorsque le coach vient pour s’interposer entre nous.
Le coach : hooo Koffi calme toi, on ne tape pas les dames et tu as tort sur ce coup. Ce que tu as fait ça s’appelle des attouchements.
Moi : merci coach !
Il me toise.
Le coach : excuse-toi Koffi.
Il met quelques secondes pour lâcher un désolé du bout des lèvres. Comme si j’avais quelque chose à foutre de ses excuses.
Le coach : on reprend, remettez-vous en place.
Moi : ah non coach moi je suis morte de fatigue.
L'Angèle : comme si tu foutais quelque chose la grosse.
Hehehe celle-là ne sait pas que j’étais enceinte d’elle. Je vais l’accoucher tout de suite même, je vais lui faire ça propre. Je fais un demi-tour sur moi-même pour me mettre bien en face d’elle.
Moi posément : ta maman Marie-Bernadette la grosse ! Ton papa Yema le pédophile inter-quartier, le gros ! Ta bouche de suceuse de bites penchées la grosse !
Les autres : ohhh !??
Le coach soupire, L’Angèle me défie du regard.
L’Angèle : en plus d’être une baleine, elle est vulgaire. Tu aimes trop faire genre tu es la fille cultivée, c’est toi qui a fait les longues études dans le quartier ici. Tout ça pour sortir des vulgarités pareilles, avec tes faux airs de sainte ni touche.
Moi toujours posée : si tu es une femme, vient me dire ça en face.
Je me déplace avec l’intention de de la défigurer, mais je suis bloquée dans mon élan par deux gros bras.
L’Angèle s’échauffant : lâchez-là qu’elle vienne un peu ici, je vais lui montrer ce dont je suis capable. Ne te fie pas à mon corps de liane, je sais me défendre et bien !!!
Voix : tu es sûre ? Elle ne fera qu’une pâte à modeler de toi.
L’Angèle (calant les mains sur ses hanches) : je n’ai pas du tout peur des grosses femmes.
Heee la fille d’autrui, si jeune et pourtant elle veut déjà reposer en paix. Je me débats dans tous les sens, mais quoi qu’on dise un homme reste un homme. Ils me conduisent hors du terrain et me font asseoir ensuite l’un des gars me donne une bouteille d’eau que je bois à moitié. De là, je peux voir l’Angèle qui gesticule devant le coach.
Type 1 : ça va, tu es calme ?
Je soupire bruyamment.
Type 2 : Angèle ne vaut vraiment pas la peine que tu te mettes dans cet état.
Type 1 : c’est sûr ! Celle-là sa bouche va la perdre un jour.
Moi : en attendant qu’elle se tienne à carreau, je n’en ai pas fini avec elle.
Type 2 : ne te rabaisse pas à ça, sincèrement.
Je souffle.
Moi : je peux avoir de l’eau s’il te plaît ?
Il me tend la bouteille et m’informe qu’ils doivent retourner à la séance. Je les remercie et vide la bouteille d’un trait avant de me lever pour faire de même. Je suis à quelques pas du groupe lorsque je vois Angèle faire les gros yeux et des grimaces au coach qui se tourne vers moi en suivant ses gestes.
Le Coach : pas besoin Cassie, la séance est finie pour toi. On se revoit dimanche prochain, n’oublie pas de laisser ta cotisation avant de partir.
L’Angèle : j’espère qu’elle va calmer la chienne mal baisée en elle entre temps.
Le coach (sur un ton de reproche) : Angèle ? (à moi) Je m’excuse pour tout le désagrément.
Moi : excuse accepté, mais la prochaine fois, je n’hésiterai pas à lui donner la raclée de sa vie à Angèle.
L’Angèle : ouais c’est ça, dégages ! Tes pattes d’éléphant vont nous fissurer le terrain.
Une autre voix : hooo la ferme Angèle !! C’est même quoi ton problème ?
L’Angèle hautaine : toi, est-ce qu’on t’a branché ?
Lui (froidement) : ouvre là encore une fois, une seule fois et tu verras. Personne ne pourra me retenir moi.
Elle le sait du coup, elle marmonne juste quelque chose dans sa barbe et ils reprennent leur sport. Je vais chercher mes affaires et me décide à prendre le train onze pour me changer les idées. Je porte le casque Bluetooth que pépé m’a récemment offert pour écouter du rap français. My life !!
[…]
Je me suis réveillée vers 11 h et là, il est 12 h 31. Je viens de finir de récurer ma chambrette. Je me mets sur le pas de la porte pour admirer mon travail. J’aime trop quand tout est propre comme ça.
Je me suis mise à bavarder avec Mimi la voisine en attendant que ça sèche. Elle me raconte ses épopées avec ses pointeurs toujours à mourir de rire.
J’ai ensuite fait un tour sous la douche et je suis revenue me mettre devant le long miroir mural pour admirer ma silhouette. J’ai tellement admiré au point d’en tomber amoureuse une nouvelle fois. C’est qu’elle doit être pétrie de jalousie Angèle pour m’attaquer à chaque fois sur mon physique. Parce que ce n’est pas sa première fois et ça ne sera pas la dernière assurément. C’est de l’aigrititude, ça je m’en suis rendue compte il y a longtemps. C’est son problème en tout cas. Après tout, c’est elle que ça ronge même s'il faut que je lui apprenne un jour à respecter la différence des autres.
Je me suis faite une petite manucure puis j’ai attendu que ça sèche pour m’habiller. Enfin si je pu dire, j’ai mis un crop top et une jupe en jean qui m’arrive au-dessus du genou. J’ai mis des créoles, mes claquettes, tout ça pour venir suivre les va-et-vient au dehors. J’ai pris place sur le tabouret dans le hangar de ma mère et j’ai porté mon casque pour écouter ma nouvelle playlist de rap français. Je vous l’ai dit, c’est ma vie.
C’est finalement vers 14 h que ma mère et sa copine se sont décidées à rentrer de la paroisse. Rentrer, c’est trop dire étant donné qu’elles ne se sont pas encore séparées. Elles ont une discussion qui m’a l’air intense (comme toujours d’ailleurs) à mi-chemin de la maison et les connaissant, elles ne sont pas à deux heures de la clôturer. A coup sûr elles critiquent leurs enfants chacun à son niveau, l’enfant du mari qui n’obéit plus, les cotisations à l’église; les réunions, les rosaires, les versets bibliques seront passés aux peignes fins; un grand débat sera ouvert sur la messe du jour et le curé passera à la casserole.
J’attends trente minutes pour trouver une parade. Je crie donc pour me faire entendre.
Moi : maman, papa te cherche depuis ce matin.
Maman à sa copine : wouuu, il va encore me faire des histoires. Joceline, on se voit toute à l’heure.
Je ris sous capte lorsque je la vois se hâter ses pas vers la maison. Entre temps, sa copine a tracé.
Moi : viens d’abord par ici, il est en train de faire sa sieste.
Elle s’arrête et fronce les sourcils.
Maman : tu viens de me dire (elle vient de se rendre compte du prank) toi, tu m’as tendu un piège !
Moi me marrant : et tu es tombée dedans gbayayyy !!
Maman tchipant : tu n’es qu’une petite chipie tchhrrrr. (marchant vers moi) Qu’as-tu préparé à manger ?
Moi : rien, je t’attendais pour savoir quoi faire.
Maman : mais ton père qu’est-ce qu’il a mangé ?
Moi : il n’est même pas là, il doit être dans ses faux ken.
Elle me lance un regard de travers en prenant place à ma gauche.
Maman : tes frères sont là ? Qu’est-ce qu’ils ont mangé eux ?
Moi : mes demi-frères !
J’ai droit à un regard assassin.
Moi relaxe : ce sont eux qui savent où je suis. Et puis tu demandes toute la terre, tu me demandes même pas si j’ai grignoté.
Maman : koumm parce que tu es un enfant ?
Moi : Godwin (l’aînée parmi mes frères) lui, c’est un bébé n’est-ce pas ?
Maman : c’est toi la femme, c’est à toi de leur faire à manger.
Moi : eh beh désolée de t’informer que je ne suis pas leur bonne.
Maman : Cassidy ?
Moi : éétoohr ! (elle répond)
Maman : tu ne vas pas les rejeter toute ta vie, ce sont tes frères que tu le veuilles ou pas.
Moi exaspérée : ce n’est pas parce qu’on signe le même nom à l’état-civil que ça fait d’eux mes frères.
Maman : vous avez le même sang qui coule dans vos veines.
Moi : à moitié !! (coupant court) Tu sais quoi maman laisse tomber, cette discussion ne nous mènera pas à bon port.
Maman : nanani nanana, c’est pour me parler ton gros français. Va me faire à manger là-bas, j’ai trop faim.
Moi : tu n’avais pas l’air d’avoir faim toute à l’heure lorsque tu piaillais avec RFI.
Je fais vite de détaler avant que sa chaussure ne m’atteigne. Je troque ma jupe contre un pagne que j’attache jusqu’au genou et prends des gants pour aller puiser le charbon. Oui oui, vous avez bien lu. Une chose que je déteste plus que de faire la lessive, c’est de me salir les ongles avec le charbon. Ça peut me tuer ! Moi Cassie, je suis certaine que l’ange qui a envoyé mon âme au Togo s’est trompé de destination chemin faisant. Je devais être née quelque part dans le Bahamas ou l’Illinois. No mind, j’ai pris un rendez-vous pour la prochaine vie après ma réincarnation.
Bref, je dépose une lourde pâte avec de la sauce gombo aux légumes des minutes plus tard et on se sue dessus ma mère et moi. Les choses de la contradiction africaine, tu fais le sport pour venir reprendre les graisses que tu as brûlées au triple. Une fois repue, je refais une sieste qui me remet d’aplomb. Je reprends une douche, normalement pour venir triper avec ma mère à la véranda. Elle triait ses haricots lorsque je m’y rendais. Sauf qu’à ma sortie elle n’était plus là, ce sont les coups qu’elle frappe contre la porte de la chambre de mes cadets aidée par les voisins qui m’interpelle.
Maman : papa Cassie arrête de frapper l’enfant. Ça ne va résoudre le problème au contraire, ça va engendrer des dépenses médicales.
Papa très en colère : je vais le tuer, je vais le tuer s’il ne me rend pas mes sous. Godwin où sont passés mes cinq cent mille ?
Godwin en pleurs : papa, je n’ai pas pris ton argent, je n’ai rien pris je le jure.
Papa vociférant : imbécile arrête de mentir !! C’est toi que le balaie a désigné, c’est ton cou que ça a serré.
Pardon, laissez-moi passer ma route. Les choses de la maison de Jean-Bosco Attila ! Donc ils ont même une somme pareille dans cette maison et je cherche juste deux-cents mille pour entreprendre en vain. Il a eu ! Heureusement qu’il ne m’a pas impliqué dans ces bêtises.
Je m’habille en mode street, c’est-à-dire un pantalon coupe ¾, un chemisier à pois et des paires basses. Direction chez Saliha. Normalement nos maisons sont contigües et il y a un droit de passage entre nous. Mais pour éviter que sa mère me fasse le bruit, je fais le grand tour malgré moi. La dame Kotokoli là ne m’aime pas beaucoup. Elle trouve que je suis un mauvais exemple pour sa fille. Si elle savait ! Si seulement elle pouvait se douter de la fille sournoise qu’elle a faite d’elle !!
Comme j’ai la poisse ce soir, c’est sur elle que je tombe en pénétrant dans la concession. Je lance un bonsoir qui cale en l’air et en prime on me toise et tchipe comme jamais. Je continue juste mon chemin vers la chambre que Sali partage avec ses petites sœurs. Je la trouve qui compte les épingles dont elle se sert pour hisser les foulards sur sa tête. Je fronce la mine directe.
Moi : laisse-moi devinez, tu t’es disputée avec quelqu’un ?
Le truc c’est qu’elle compte n’importe quoi pour se calmer les rares fois qu’elle se met en colère et il n’y a que sa mère qui réussit cet exploit. Elle me regarde et soupire. Je me déchausse et vais m’asseoir sur le rebord du lit. Elle fait de même avant d’exploser.
Saliha pestant : wallah ma mère va finir par me rendre chèvre.
Moi: l’affaire du mariage ?
Elle hoche la tête.
Saliha (voix inaudible) : il faut vraiment que j’accélère mon processus de voyage. Je ne veux pas qu’on me force à épouser ce vieux. J’ai 26 ans Cassie, tu me vois passer le reste ma vie sur terre avec un sexagénaire ?
Je soupire sans savoir quoi lui répondre. C’est un sujet vraiment délicat donc j’évite d’argumenter, je ne veux pas qu’on m’accuse de l’inciter à la révolte.
Moi biaisant : tu as pu réunir au moins les sous ?
Elle retrouve le sourire d’un coup.
Saliha (tapant dans ses mains) : je suis à vingt mille de les avoir au complet et je sais que je les aurai sous peu.
Moi (perplexe, mais toutefois impressionnée) : nonnn Sali, tu dois me donner ton secret. Où est-ce que tu as pu trouver cinq cent mille en moins d’un mois ? Ou bien c'est à toi que Godwin a remis l’argent qu’il a pris à notre père ?
Saliha : c’est pour ça qu’on le bastonne depuis toute à l’heure ? (oui de la tête) Il est speed inh le frérot. Dérober cinq cent mille à son âge ! Pour faire quoi avec ?
Moi haussant nonchalamment l’épaule : il est le seul à le savoir et puis il a fait pire par le passé.
Saliha : mais ça c’est le summum. Voler son propre père.
Moi : il l’a bien cherché le vieux, il n’avait qu’à bien choisir les mères de ses enfants. Si tu donnes à un chien d’élever ton enfant, ne t’étonne pas de le voir marcher à quatre pattes.
Saliha secouant la tête : ça n’a rien à avoir, Godwin est un voleur de naissance. Je me demande s’il ne souffre pas de la cleptomanie. Ton père doit voir ce cas.
Moi : franchement, je n’en ai rien à cirer. Tant qu’il n’ose rien me prendre life goes on.
Saliha : chérie, tu n’as jamais eu rien à cirer de tes frères de toutes les façons.
Je lui lance un regard appuyé qu’elle soutient simplement, je soupire et reviens sur le sujet de départ.
Moi : alors dis-moi comment tu as obtenu les sous ?
Saliha (balayant l’air de la main): trois fois rien, je me suis fait un pactole dernièrement avec ma livraison supplémentaire. La seule journée d’hier m’a permis de gagner soixante mille.
Moi comprenant : tu t’es encore donné à ces détraqués ?
Saliha : même pas, je me suis fait un seul hier (ton excité) mais il a payé pour trois. Il y a de quoi parce que lui, je l’ai bien senti passer.
Pour la petite histoire, elle est payée pour les faveurs sexuelles qu’elles offrent à ses clients nigériens du grand marché à qui elle est censée ne livrer que ses déguès. C’est le moyen qu’elle a trouvé pour écouler son produit et par la même occasion se faire le max d’argent pour s'échapper d'une union forcée. Je ne suis pas contre l’idée même si je n’approuve pas la méthode. Saliha, c’est un cœur comme femme. Tant elle est belle intérieurement, qu’extérieurement. C’est vraiment dommage qu’elle soit réduite à la prostitution bien qu’elle soit souvent dans le déni.
Moi : est-ce que tu sais au moins que ce que tu fais, c’est de la prostitution ?
Saliha faisant la moue : tu ne peux pas t’empêcher de juger hein ?
Moi : loin de moi l’idée de te juger. Enfin bref, j’espère seulement que tu mets assez d’argent de côté pour traiter tes IST futures.
Saliha : IST ? Rire* j’ai des médicaments « amers-amers » contre toutes sortes de maladies.
Moi secouant la tête dépassée : il y a une chose qui m’échappe dans ton histoire. Si tu es autant avide d’argent, accepte la proposition de tes parents de te marier au vieux riche qui te convoite. Ensuite, tu divorces et tu te fais de l'oseille avec les pensions alimentaires.
Saliha : Moustapha (son petit ami) tu le mets où ?
Moi : il est à l'étranger chérie, il n'en saura rien. Enfin tu peux même le mettre dans la confidence. C'est un combat que vous devez mener ensemble.
Saliha : pas besoin, je le rejoins sous peu et tu le sais mieux que quiconque (avec humeur) D'ailleurs tu es la moins placée ici pour me parler de mariage, toi madame je déteste les hommes.
Moi : je ne déteste pas les hommes ! Ils m’ont laissé de mauvais souvenirs, c’est tout.
Saliha : peu importe ! Moi j’assume bien le fait de, entre guillemets me prostituer comme tu le dis. Si tant est que ça me paye mon billet de la liberté. (Traduction : son voyage au Koweït) C’est la fin qui justifie les moyens.
Moi (me confondant en excuse) : je n’ai pas dit ça dans le but de te vexer.
Saliha : je te crois sur parole.
Moi : rhoo ne prend pas la mouche pour si peu, je te présente mes excuses.
Saliha : je ne suis pas fâchée.
Moi la charriant : dit la fille qui tire la tronche (elle sourit) quoi qu’il en soit, je suis trop préoccupée par le désastre qu’est ma vie en ce moment pour débattre sur la tienne. Nous avons tous nos démons qui nous rongent, tu sais ?
Saliha acquiesçant : je le sais trop bien, c’est pour ça que je t’ai proposé mon alternative.
Moi soupirant : ça me tente bien, seulement je serai limitée côté finance.
Elle se couche en travers du lit, les mains croisées derrière la tête. Je l’imite dans son geste.
Saliha : on va trouver !
Il y a un flottement pendant lequel on gamberge chacune de son côté. Ensuite, elle énumère les différentes pistes possibles à exploiter.
Saliha entre autres : un prêt dans une agence de tontine. La banque, c’est mort.
Moi : pour ça, il va falloir épargner dans l’agence sur une période donnée.
Saliha : c’est vrai (supputant) mais demande à ton pépé ? Il se fera une joie de t’aider.
Moi : tu sais bien que je ne suis pas particulièrement à l’aise de lui quémander de l’argent, il fait déjà assez pour moi. Cinq cent mille, c’est beaucoup. Il a sa petite famille aussi hein. Et même s’il me donnait cet argent, je préfère entreprendre quelque chose que de partir à l’aventure.
Saliha : entreprendre ? À chez nous pays ? Dis-moi ce que je n’ai pas entrepris depuis le collège ? Ça a déjà construit quel étage ?
Moi : au moins tu arrives à t’en sortir.
Saliha : pas faux, mais quand est-ce que je vais réaliser quelque chose ? Construire ma maison de rêve pour quitter ce bas quartier ? Ouvrir ma société d’import et export ? Envoyer mes parents à la Mecque ? Que mes petites sœurs puissent compter sur moi ? Quand ???
Je lui jette un coup d’œil et soupire en sachant qu’elle a raison. Je me remets dans mes pensées lorsque soudain, je me rappelle d’une chose. Je me relève brusquement.
Moi : mais j’ai de l’argent, des millions en plus !
Saliha (se redressant lentement) : ah ouais, dans ta caserne d’Ali baba n’est-ce pas ?
Moi : mon terrain, enfin l’équivalent en numéraire que George me doit.
Elle se décompose.
Saliha se recouchant : ah ça ?
Moi : oui, ce terrain doit valoir au moins 7 millions présentement.
Saliha : Cassidy, franchement oublie.
Moi la fixant : je te signale que c’est mon héritage qu’il détient là, c’est de l’usurpation.
Saliha : tu l’as déjà traîné devant les autorités pour ça et ça n’a rien donné.
Moi : il les a corrompus et puis de l’eau a coulé sous les ponts depuis lors. J’irai le voir demain, peut-être qu’il entendra raison cette fois.
Saliha : ce véreux là ? (secouant la tête avec détermination) Cassie ce n’est pas une bonne idée de te fourrer à nouveau dans ce guêpier. Tu t’en sortiras très blessée et à ramasser à la petite cuillère comme la dernière fois.
Moi : no mind, je ne suis plus la fille faible et sans défense qu’il a connu. Je vais le livrer un combat de titans.
Saliha débitée : il n’y a pas moyen de te décourager ?
Moi avec une ferme conviction : non, je l’aurai mon argent.
Elle lève le sourcil, mais n’émet aucun commentaire.
Lundi, 8 h...
Je suis assise dans le bureau de George, ne me demandez pas comment j’ai fait. Son assistance a eu la délicatesse de m’offrir un thé que je bois à petite gorgée en mordant dans des croissants. Comme toujours, j’ai pointueusement inspecté le lieu et je ne suis pas passée à côté du changement radical qui s’est opéré ici en deux ans. Le cabinet a été agrandi, totalement rénové et arrangé avec goût, fort bien décoré à la Française. L’assistance a laissé entendre qu’il y a un réfectoire pour le personnel qui a notoirement augmenté d’effectif. Pas besoin de contacter le service des renseignements (une cousine à lui) pour savoir que le type a connu une ascension fulgurante pendant que je lutte encore les gratins avec mes frères. Bref, c’est la vie qui est là là comme le dit une célèbre blogueuse. Nous ne sommes plus au temps où les ex deviennent misérables après la séparation et c’est bien dommage.
Donc j’étais assise là malgré une certaine insécurité, mais déterminée jusqu’à la lie. Il y a longtemps que j’ai fini la tasse de thé, j’ai pris un gros document sur le droit administratif que je feuillette. Je ne lis pas, je perds juste le temps. J’ai horreur d’attendre. Heureusement que sa majesté a abrégé ma souffrance en nous faisant honneur de sa présence une quinzaine de minutes plus tard. Je l’ai su à sa discussion houleuse avec l’assistance.
George : comment tu peux laisser un inconnu dans mon bureau.
L’assistante : c’est votre femme monsieur.
George ton perplexe : quelle femme ? Je viens de laisser ma femme à la maison.
L’assistance (une pointe d’embarras dans la voix) : elle a dit que c’est elle la première dame, j’ai supposé que.
Elle n’a pas le temps de finir sa phrase qu’il la ramasse.
George lui criant dessus : supposer quoi, Rose ? Tu es virée, tu laisses n’impor…
Il vient d’ouvrir la porte d’où il reste statique, comme s’il venait de voir un fantôme. Je me redresse en prenant une posture suffisante, c’est moi la chose. (rires)
George (clignant des yeux, enfin) : Cassi..Dy ? Cassie, c’est toi ?
Moi me levant : elle-même en chair et en os.
Ça lui prend deux secondes pour recouvrer sa contenance. Il entre.
George : quelle belle surprise ! Si je m’attendais à ça en me réveillant ce matin.
Moi ton altier : ce n’est pas une visite de courtoisie.
George : tu as pris la peine de te déplacer jusqu’à mon cabinet donc je le prends comme tel.
Il se place devant moi pour me faire une révérence avant de tendre la main pour saisir la mienne, pour un baisemain je suppose. Je l'enlève avec un geste d'agacement.
Moi : il y a une chose qui ne change pas, tu es toujours aussi burlesque.
George (ne cédant pas à mon attaque) : et toi toujours aussi ravissante (me reluquant) tu m’as l’air en forme. Très en forme.
Moi haussant l’épaule : je me maintiens.
George (me tirant la chaise) : prends place, ce n’est pas bon pour ma réputation de te laisser debout aussi longtemps.
Je ne me fais pas désirer, il contourne pour s’asseoir dans sa chaise et croise une jambe sur l’autre.
George : alors que me vaut l’honneur de ta visite ?
Moi (au tac) : je suis venue réclamer mon due.
Il hausse les sourcils d’incompréhension.
Moi : je parle de l’héritage de mon grand-père que tu as confisqué.
George (me montrant un doigt désapprobateur) : rectificatif, duquel j’ai usé avec ton consentement.
Moi : en principe, pour en faire notre foyer à tous les deux. Pour qu’on y habite ensemble. Mais là nous sommes divorcés et vu que nous étions mariés sous le régime de séparation des biens, j’ai le droit de reprendre mon bien.
Il part dans un rire sarcastique.
George : divorcer ? Quand est-ce que j’ai signé ce divorce ?
Moi perplexe : qu’est-ce que tu racontes ?
George martelant : aucun divorce n’a été prononcé Cassie, nous sommes toujours légalement mariés. Tu t’es simplement dédotée. (si ça existe lol)
Je lève les yeux pour le fixer au bord de l’hébétude. Je garde néanmoins un calme olympien.
Moi : ne te fiche pas de moi George, j’ai moi-même enclenché le processus de divorce…
George m’interrompant : qui n’a pas abouti ! Pour rappel, je n’avais pas donné mon accord et je n’ai jamais signé ces fichus papiers.
Il se lève et va vers un placard, il décale des classeurs et prend finalement un qu’il ouvre. Il fouille dedans un instant et en ressort une chemise qu’il me jette pratiquement à la figure.
George : voici la grosse (pendant que je lis) ne te donne pas la peine de la lire en entier, va directement à la dernière page.
Je m’exécute malgré moi et manque de tomber des nues devant cette révélation. La bêtasse ! Comment ai-je pu être négligente à ce point ? Je suis anéantie là, donc je suis toujours mariée à ce fumier ? Non ! Ce n’est pas possible, pas possible.
George cinglant : tu es ma femme et tu le resteras à jamais, c’est ce que nous nous étions promis n’est-ce pas ?
Moi :…
George (dans sa lancée) : tu regagneras notre foyer quand tu auras fini de faire la girouette. Je ne suis pas pressé. Le temps, c’est ce que j’ai de plus précieux.
Il le dit avec une pointe de sarcasme dans la voix et ce sourire moqueur qui reste figé dans le coin de ses lèvres, peut me tuer. Ce qu’il ne sait pas, c’est que mon cerveau est en mode bug en ce moment, tellement je cherche une porte de sortie. Je vais trouver, je dois trouver et j’ai trouvé !
Moi d’un trait : avec ton accord, ou pas, nous sommes bel et bien divorcés par altération pour les deux années de rupture de vie commune.
Il fronce les sourcils et me regarde un moment pendant lequel il semble assimiler l’information avant d’éclater d’un rire bruyant.
George : j’attends donc la convocation du juge, hahaha.
Un rire cynique inh.
George : apparemment, tu as oublié qui je suis réellement et de quoi je suis capable. Rappelle-toi notre dernier rendez-vous devant le juge et en même temps la dernière fois qu'on s'est vu. Je n'ai pas besoin de te faire un mémorial.
Je soupire intérieurement de reddition.
Moi me radoucissant : George, on peut régler ça à l’amiable. Tu as refait ta vie, ne cherche pas à hypothéquer la mienne.
George : ce n’est pas mon but, Cassibae (loleuhhh) je ne t’ai jamais oublié. Je n’ai jamais désespéré de te récupérer.
Moi : mais George, tu t’es marié.
George : c’est le choix de ma mère.
Moi : que tu n’as même pas attendu deux mois après notre séparation pour épouser.
George ton dur : arrête de dire que nous sommes séparés, merde alors !
Je soupire seulement.
Moi : ok, mais au moins rend moi mes sous.
George (me prenant les mains qu’il caresse) : Cassie revient je t’en prie, je te donnerai tout ce que tu veux. La voiture, le château, trente billions dans ton compte, j’irai te chercher la lune si tu veux.
Moi : je veux seulement mon argent, mon patrimoine.
George : tu seras une associée à part entière de ce cabinet, je sais que tu as besoin d’un travail.
Moi interloquée : comment est-ce que tu sais ça ?
George zen : je me suis arrangé personnellement pour que tu n’en trouves pas.
J’écarquille les yeux.
George : qu’est-ce qui t’étonne encore ma belle ? Tu me connais pourtant.
Je l’ai regardé comme le diable qu’il est et je me suis levée pour psortir en trombe du bureau. Je sors ensuite de l'immeuble totalement dépassée, sérieusement déboussolée et certainement détruite.
Seiiiignnneeur !!!! Qui m’a envoyé ici ?????