Alice FOTSO

Write by Badgalkro



23 ans plutôt

                                               Alice 


La porte de ma chambre s’ouvre brusquement et je sursaute dans mon sommeil. Le temps que mes yeux s’adaptent à l’obscurité, papa tombe sur moi

Papa : oh Christine, J’ai tellement envie de toi.  

Moi : c’est moi Alice papa ; ce n’est pas maman. 

J’ai l’impression qu’il n’entend pas ce que je dis, qu’il se met à parcourir mon corps de sa main. 

Moi : papaaaaa !!!! 

Je crie ; il ne s’arrête pas mais il répète le nom de maman. 

Moi : papa stp arrête

Je me bats comme je peux à quitter sous lui presqu’en pleurs quand je vois maman entrer et appuyer sur l’interrupteur

Maman : Alice j’ai… OHHH MON DIEU ! 

Elle se précipite vers mon lit et tire papa de son mieux afin que je me libère de son emprise. Dès que c’est fait, elle se met à crier à son encontre

Maman : non mais ça ne va pas la tête Martin ? ta propre fille ? 

Je suis de l’autre côté de la pièce en pleurs et je vois papa essayant de se mettre debout mais son état ne lui permet pas. 

Maman : ça suffit : j’ai déjà assez supporté comme ça. Là c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Je veux que tu t’en aille de cette maison. Je n’en peux plus. 

Elle me tient par la main et on sort de ma chambre. Elle me conduit dans sa chambre et m’allonge sur le lit, elle aussi en pleurs. 

Maman : il t’a fait mal chérie ? 

Je dis non de la tête

Moi : ça va maman. Tu es arrivée à temps. 

Elle s’allonge près de moi et me prend dans ses bras. 

Maman : je suis désolée mon bb. Il ne le fera plus. 

En se levant à l’aube, papa n’est toujours pas sorti de ma chambre. Je vaque à mes occupations ménagères tandis que maman apprête les ingrédients pour la cuisine. Alors que je veux passer par la porte centrale pour aller déposer de l’eau à la cuisine pour maman, je me fige. Mon regard croise celui de mon père ; du coup, je panique

Moi : maman ! 

Papa : n’aies pas peur Alice

Il dit en essayant de se rapprocher de moi. Je suis soudainement prise de légers spasmes mais maman déboule de la cuisine d’un pas pressé et vient se placer près de moi. 

Je m’appelle Alice FOTSO, camerounaise âgée de 7 ans. Traumatisée, mon père alcoolique a failli abuser de moi. 

 Je suis tétanisée… tout mon être le repousse à ce moment M. J’ai peur qu’il me touche à nouveau. Maman me prend la bassine des mains, la dépose et me serre contre elle. A cet instant, je peux ainsi le regarder sans avoir peur. Ses yeux brillent de larmes et je peux y lire de la peine et la culpabilité. 

Maman : tu étais surement dans tes états cette nuit, alors je vais répéter ce que je t’ai dit ; j’ai assez supporter, faut que tu partes

Il ne me quitte pas des yeux

Papa : tu as bien dit que j’étais dans mes états. Comment j’aurais pu faire une telle chose en étant conscient ?

Maman : c’est tous les jours la même chose. Tous les jours tu rentres saoul. Tu es devenu dépendant de l’alcool. J’ai beau parlé mais tu ne comprends pas. Hier a été la goutte de trop. Si tu as pu le faire ; tu le feras une autre fois. Et ça je ne peux pas le tolérer. 

Silence. Il me regarde toujours et je vois les larmes rouler sur ses yeux

Maman : mes sentiments pour toi s’amenuisent au fur et à mesure que tu rentres saoul

Lorsqu’elle dit ça il détache rapidement son regard du mien et la fixe d’un regard affolé et apeuré

Papa : ne me dis pas ça mon amour stp

Maman : de toute façon tu es d’habitude trop saoul pour le remarquer. Mais ça suffit Martin. J’en peux plus

Sa voix se brise. 

Maman : je… j’en peux plus

Elle éclate en sanglots. 

Moi : ça fait deux ans que j’endure ce calvaire. J’avoue que ça n’a pas été facile pour toi mais au lieu de te battre à relever la pente avec moi, tu t’es réfugié dans l’alcool. J’ai pris sur moi. Je me bats tous les jours pour qu’on survive. Tout ce que tu fais c’est te saouler la gueule et rentrer à des heures tardives. Tu ne m’aides pas. Tu ne m’aides plus. Et je suis fatiguée de te voir réduire tous mes efforts à néant . Faut que tu t’en ailles. Stp

Il se déplace à grands pas vers nous je sers maman plus fort. Il se met à genoux à nos pieds

Papa : Alice, papa ne t’aurais pas fait une chose pareille consciemment , tu le sais ça ?! 

Je hoche la tête

Papa : alors je te demande pardon pour ce comportement ignoble de ma part. je te demande pardon ma fille. Papa est tellement désolé. Pardonne-moi bébé. 

Moi : je te pardonne papa. D’accord

Il veut me toucher mais se retient ; il prend les mains de maman dans les siennes. 

Papa : j’ai été très égoiste. Je n’ai pas réalisé le mal que je t’ai fait durant ces deux dernières années. Je suis allé trop loin. Mais je t’en prie, donne-moi une autre chance de te prouver que je vais me battre pour vous, ma famille ! 

Maman : la dernière était la chance de trop. 

Papa : stp Christine ! 

Il se retourne vers moi

Papa : parle à maman stp, je vais changer… je… je suis désolé de vous avoir fait autant de mal

Maman : faut que tu partes Martin. Tu nous as assez traumatisées ; c’est terminé ! 

Il fixe maman, les yeux larmoyants. Son cœur doit être brisé à cet instant. Nous restons ainsi sans dire un mot. Juste les pleures de papa et maman qu’on entend dans le salon. Je me détache tout doucement de maman et je prends papa dans mes bras. J’encercle mes bras autour de son cou et repose ma tête sur son épaule. Il entoure ses bras autour de moi

Moi : ça va aller papa ! tu verras

Il pleure de plus en plus ; un moment après, il se lève, moi dans ses bras et il s’adresse à maman. 

Papa : je te promets de revenir clean. Je te promets de revenir pour vous. Je ne vous abandonne pas, je reviendrai. Je vais m’atteler à guérir de cette dépendance et te revenir mon amour. 

Il me regarde

Papa : tu prends soin de ta mère pour moi ? 

Moi : oui papa ! tu vas me manquer

Il me fait un bisou sur le front, me dépose et se dirige vers leur chambre. Il en ressort quelques minutes plus tard avec une valise entre les mains. 

Papa : ne m’oubliez pas je vous en prie…. Alice 

Je le regarde

Papa : je t’aime mon bébé

Moi : (petite voix) je t’aime aussi papa

Il fait un long baiser sur le front de maman avant de s’en aller. 

Elle essuie ses larmes et me tient la main. Ce geste suffit pour me rassurer. 

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