Après...

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J-2 avant le mariage.

La semaine passe à allure folle et heureusement que je suis organisée car je ne saurais plus où donner de la tête.

Mardi, j’ai accompagné Olivia pour les derniers essayages de sa robe de mariée. Elle était resplendissante. Anna a fait des merveilles ; la toilette correspond parfaitement au caractère de la future mariée. Elle lui a même déniché des petits accessoires assortis comme le voile muni d’un diadème, dans lequel Ezra pourra glisser quelques fleurs d’Anaïs. Notre couturière a même créé spécialement pour Olivia une pochette, où la jeune femme pourra mettre son smartphone et d’autres objets qu’elle jugera indispensables d’avoir près d’elle.

La sœur de mon amant… stop ! Je ne dois pas penser à lui !!! La mariée a déniché une magnifique paire de sandales à brides reposant sur un talon pas trop haut, ce qui lui évitera d’avoir mal aux pieds durant la cérémonie et la réception. Elles sont ornées, sur le dessus de cristaux en motif d’inspiration florale, qui rappellent donc le thème bohème mais aussi chic du mariage. La couleur ivoire s’accorde à la perfection avec la robe.

Anna confirme qu’elle livrera en personne la robe à la maison des Felton, samedi en milieu de matinée. Elle sert ma cliente dans ses bras, et semble très émue pour elle.

Elle fait de même avec moi et m’assure qu’elle serait honorée de faire partie de mon carnet d’adresses pour mes futurs clients. Je prends note de sa proposition et je dois bien l’avouer, je suis plus enthousiaste à l’idée de cette collaboration. Anna est tout de même une pointure dans son domaine et l’exclusivité de ses robes font qu’elles sont très recherchées et très chères bien sûr. Cependant, mes clientes fortunées ne cilleront pas face à ces prix qui seront pour elles, dérisoires.

Après avoir quitté Olivia, je checke mon téléphone mais étonnamment, n’ai aucune nouvelle d’André. Je m’attendais à être harcelée par ses soins, à ce qu’il vienne chez moi me demander des explications après mon départ précipité mais rien. J’avoue que je suis en quelque sorte contrariée par cette absence de réaction.

Je ne m’attarde pas sur cette émotion que je chasse de ma tête pour me concentrer sur mon prochain rendez-vous, à savoir Pierre. Il m’attend chez lui, avec son couturier personnel, pour que je puisse voir sa tenue de marié. Il avait voulu la choisir lui-même avec André, le mari de Claire et Anthony. Il veut désormais avoir mon aval car « en tant que weeding planneuse, vous savez mieux que personne ce qu’il convient de porter et le couturier pourra toujours me trouver une autre tenue si celle que j’ai choisi ne correspondait pas à vos critères » dixit Pierre lui-même.

Lorsque j’arrive chez ses parents chez qui il vit depuis quelques jours apparemment, je suis plutôt étonnée par la sobriété des lieux. La famille de Pierre semble excessivement riche mais rien dans la décoration intérieure ne le laisse paraitre. Le hall d’entrée me semble vide, tout comme le grand salon où je suis invitée à rejoindre le futur marié.

J’ai même l’impression que des meubles ont disparu, tout comme certains tableaux. Des empreintes plus claires sont visibles sur les murs à l’emplacement prévus pour ces œuvres d’art.

     Mes parents ont décidé de refaire la décoration, m’annonce Pierre tout de go. Ne soyez pas surprise par le côté spartiate des lieux.

Je me sens bête et honteuse d’avoir été si facilement démasquée.

     Non, je… balbutai-je en rougissant.

     Ne restez pas à l’entrée. Rejoignez-nous, vous me verrez mieux.

Je n’ai que peu rencontrer Pierre et les rares occasions m’ont permis de me faire une idée assez vague de son caractère. Aujourd’hui, je découvre un homme qui aime être le centre de l’attention, chouchouté mais aussi un peu capricieux. Lorsque le couturier le pique involontairement, Pierre a une réaction que je juge disproportionnée. En effet, il le bouscule rudement du pied, ce qui envoie l’homme d’un certain âge sur les fesses.

     Vous pourriez faire un peu plus attention tout de même ! l’admoneste-t-il. Vous ne voudriez tout de même pas que je ruine votre réputation.

L’homme s’excuse platement mais ne s’offense pas de la rebuffade de Pierre. On dirait même qu’il y est habitué. Quoique très surprise, pour une fois, je réussis à cacher ma réaction et reste stoïque. Olivia sait-elle que Pierre peut être impulsif et quelque peu, irrévérencieux ?

Je préfère toutefois mettre cette réaction sur le compte de la nervosité ; à quelques jours de la cérémonie, cela peut s’expliquer.

     Alors, qu’en pensez-vous ? m’interpelle l’objet de mes pensées.

     Vous êtes sublime, le complimentai-je, sincèrement. Olivia n’aura d’yeux que pour vous.

     Personne ne peut m’égaler ou me surpasser, se vante Pierre avec un petit sourire satisfait.

     Surtout le jour de votre mariage, tempérai-je avec un sourire professionnel. Les mariés doivent être les plus beaux.

     Bien sûr, me rétorque Pierre qui visiblement n’a pas écouté un traitre mot de ce que je viens de dire.

Je continue d’assister à la fin des essayages, écoutant les commentaires du client et les excuses de son employé.

Pierre me parait à chaque instant un peu moins sympathique. Mais qui suis-je pour le juger ?

     Au fait, Mélanie, je peux vous appeler comme ça, maintenant que nous nous connaissons bien ? Bref, Mélanie, continue-t-il après que j’eus acquiescé d’un signe de tête, avez-vous pensé aux alliances ? Olivia ne m’en a pas parlé et cela me chagrine…

     Les alliances ? m’écriai-je, ébahie. André et Olivia m’ont affirmé que vous vous en occupiez personnellement.

     Eh bien, je n’ai pas eu une minute à moi ces derniers temps. Et puis, je n’y connais rien en colifichets. Bref, il faudrait que vous vous en chargiez rapidement car la cérémonie approche à grands pas.

Je n’avais pas du tout prévu ce contretemps. Malgré tout, je saurais faire face.

     Je m’en charge demain, sans faute, répliquai-je calmement alors qu’il commence sérieusement à me taper sur le système.

     Parfait ! s’exclame mon client. Si vous êtes satisfaite de ma tenue, je ne vous retiens pas, me renvoie-t-il ensuite. Je suis sûr que vous avez encore énormément à faire pour mon mariage.

     Bien sûr, approuvai-je avec un rictus crispé. Je vous laisse dans ce cas.

Mais Pierre ne m’écoute plus et continue déjà à faire des remarques au couturier qui les concède toutes.

 

Le jeudi est déjà là et je ne sens plus mes jambes à force de courir partout, de rendez-vous en rendez-vous.

Hier, j’ai rencontré le DJ qui s’occupera de la musique tout au long du mariage. Même si son nom ne me disait rien qui vaille, il était le plus compétent de tous les candidats dont j’avais pu recevoir les curriculum vitae. Et il s’avère que mon choix se révèle judicieux ! Il est excellent. Je sens qu’il va faire des merveilles ; mes clients ne pourront qu’en être satisfaits. Il est jeune et n’a que peu d’expérience mais il connait très bien son métier. Il avait déjà préparé toutes les musiques pour chaque moment. Je suis épatée par son investissement.

J’ai aussi été revoir ma chère Anaïs, ma fleuriste, qui a même préparé une petite composition pour moi. « C’est un cadeau, ça me fait plaisir ! » m’a-t-elle assuré.

J’ai rendu visite à Jacques, notre traiteur qui avait une proposition à me faire. Et comme il l’avait prédit, elle était fabuleuse. En effet, il a été contacté par des amis pour leur repas de fiançailles. Ceux-ci cherchent quelqu’un pour organiser leur mariage et ne trouve personne qui leur semble compétent pour répondre à leurs exigences. Il a donc pensé à moi ! Je n’arrive pas à y croire ! Il ne leur a toutefois pas donné mon numéro, voulant me demander si j’avais des disponibilités pour eux. Je le remercie chaudement et lui affirme que je suis intéressée par ce contrat. Je suis tellement flattée et ravie ! Je pourrais l’embrasser et lui sauter au cou en même temps. Un second contrat très lucratif s’offre à moi. C’est une chance inouïe.

Je suis littéralement sur un petit nuage lorsque je le quitte après avoir validée une nouvelle fois le menu. Il avait même apporté une part de son délicieux fondant au chocolat, spécialement pour moi. « Pour vous donner des forces dans ces derniers instants, il faut toujours une bonne dose de chocolat. » selon Jacques.

Je le déguste donc tout en me rendant chez le plus grand bijoutier de la ville. J’ai réussi à avoir un rendez-vous avec Armant, le joaillier, à qui j’ai demandé de me faire une sélection de ses plus belles alliances.

Je suis reçue par une jeune femme qui m’invite à la suivre. Lorsque j’entre dans le bureau d’Armand, celui-ci se lève et congédie gentiment l’hôtesse.

Armand semble être français. Je suis saisie par ses manières : il s’avance vers moi, bras tendus et me prend par les épaules avant de me claquer deux bises sonores sur chaque joue. J’ai l’impression de le connaitre depuis toujours alors que nous venons de nous rencontrer depuis quelques secondes seulement.

Installez-vous ma chère, me propose-t-il en me désignant un siège matelassé rouge. Je vous ai préparé mes plus belles pièces. J’espère que l’une d’entre elles vous plaira.

     Je n’en doute pas, l’apaisai-je.

Sous mes yeux défilent des sommes astronomiques en diamants et autres pierres précieuses, en or blanc, jaune ou rose. Je ne sais plus où donner de la tête. Armand me présente chaque pièce comme s’il s’agissait d’une personne.

Je fais une présélection de trois modèles féminins : le premier en or jaune incrusté de minuscules diamants alignés en ruban ; le deuxième est ce qu’Armand appelle demi-alliance, allez savoir pourquoi. Elle est en or blanc et neuf diamants arrondis y ont été montés. La dernière est une couronne de fleurs en or rose. Les pétales s’ouvrent pour dévoiler un cœur en minuscule diamant.

     Passons maintenant à l’alliance du futur mari.

Le premier modèle que me propose le joaillier se compose de trois anneaux entrelacés, fait chacun d’un or différent. Je le trouve trop ostentatoire et le met de côté.

Les autres sont trop tape-à-l’œil ou trop discrètes. Nous arrivons sur les derniers modèles lorsque j’en remarque un qui irait parfaitement avec la bague que j’avais choisi pour Olivia. L’alliance est en or jaune, avec un ruban au milieu en or blanc assez fin, qui rappelle les diamants de la bague de la mariée.

Armand met des deux modèles l’un à côté de l’autre sur le coussin de velours, et je suis totalement charmée. Les tourtereaux ne pourront jamais regarder leur main sans penser l’un à l’autre, tellement les anneaux sont semblables.

     Voulez-vous les faire graver ? me demande Armand.

Cela va sans dire et je note le message pour la gravure, choisit la police d’écriture et la taille lorsque nous sommes interrompus par l’hôtesse.

     Monsieur Armand, je vous prie de m’excuser mais votre prochain rendez-vous est arrivé.

Le bijoutier regarde sa montre et semble aussi surpris que moi par le temps qui a défilé à une allure folle.

     Le temps passe toujours vite lorsque l’on est en bonne compagnie, m’assure-t-il. Puis il ajoute à l’adresse de la jeune femme qui attend toujours à la porte : merci Miranda. Dites à Monsieur Felton que je n’en ai que pour quelques instants, je termine avec Madame et je suis à lui.

Miranda opine de la tête et sort, nous laissant terminer rapidement.

     Ce moment ensemble fut un réel plaisir, ma chère.

     C’est partagé !

     J’espère vous revoir prochainement, peut-être pour vous.

     Plutôt pour d’autres clients, je pense.

     Si vous le dites, me répond Armand avec un petit sourire en coin. Je vous laisse entre les mains de Miranda qui va voir avec vous les derniers détails pour la commande.

     Merci encore de m’avoir reçue aussi rapidement.

     Pour les Felton, je suis toujours disponible.

Nous sortons de son bureau et je tombe nez-à-nez avec mon amant. Non ! Je tombe nez-à-nez avec André, qui patiente en faisant glousser l’hôtesse. J’ai envie de l’étriper alors qu’elle me paraissait sympathique quelques instants plus tôt.

Je me force à sourire et m’approche du couple en compagnie du joaillier.

     Monsieur Felton, l’interpelle-t-il. Nous y allons ?

     Armand ! Combien de fois devrais-je vous dire de m’appeler André ? Depuis le temps que nous nous connaissons…

     Une fois encore, j’en ai bien peur, s’esclaffe-t-il.

     Bonjour Mélanie, me salue André. Tu as trouvé ton bonheur ?

     Bonjour André, lui repondis-je la gorge serrée. J’ai trouvé le bonheur de ta sœur et de son futur mari.

     C’est parfait alors. Tu m’enverras la facture dans ce cas, ajoute-t-il avant de passer devant moi pour rejoindre le bureau d’Armand. On se voit samedi.

     Oui… euh… à samedi ! bafouillai-je sottement.

J’expédie les derniers détails avec Miranda et je sors de la boutique de manière précipitée. J’ai besoin d’air.

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