- Mais Nadia c'est une excellente nouvelle. Je suis tellement heureuse pour toi s'écria Sarah

- Oui Sofia m'a dit qu'ils ont retiré leur plainte. Sarah je te jure tu ne peux pas savoir comment je suis heureuse. Je suis tellement contente et tellement reconnaissante. Reconnaissante auprès de Dieu qui a écouté les prières de ma mère et mes récentes prières. Parce que honnêtement je me voyais déjà a la cour,forcée de passer plus de cinq ans ici.

Elle souffla puis s'assit un moment pour reprendre contenance.

Elle était tellement excitée a l'idée de sortir mais aussi tellement reconnaissante pour la nouvelle chance qu'on lui accordait.

Elle ne savait clairement par où elle allait commencé mais elle savait qu'elle allait faire quelque chose de sa vie.

- Une fois encore félicitation ma belle. Et je veux qu'une fois dehors tu fasses les choses bien. Rappelles toi ce qui t'as amené ici,rappelles toi toutes les misères que tu as eu, de toutes les façons tes cicatrices seront la pour te le rappeler. Ne fais plus la même erreur, toi tu aurais pu te passer d'être ici. Ce n'est pas comme nous qui avons volontairement commis un délit en sachant ce qui nous attendait derrière. Non toi tu t'es laissée aveuglé par l'opulence et de ce que tu m'as dit, tu étais déjà comme ça depuis petite. Apprends de tes erreurs ma belle,ne tombe plus dans le vice.

Nadia se leva et prit Sarah dans ses bras. Celle-ci paraissait surprise de son geste et eut un mouvement de recul. Nadia sentait qu'elle avait du mal a accepter son étreinte et elle voulu se retirer quand a la dernière minute, Sarah la serra contre elle en retour.

Sarah n'était pas du tout démonstrative,depuis ce qui était arrivée a sa petite fille,elle n'aimait pas les marques d'attention et bien que Nadia ne comprenne pas vraiment pourquoi elle se braquait ainsi et refusait de s'ouvrir au monde extérieur,elle l'acceptait quand même.

Elle se retira de son étreinte quand elle vit une gardienne se positionner devant leur cellule. C'était le signe de départ,c'était le moment de dire a dieu a cette cellule,a cette prison et a ses quelques amies. Mais elle tenait a dire un mot final a Sarah.

- Je te promets de ne plus jamais retomber dans ça,plus jamais je ne volerai quelqu'un. Plus jamais je n'abuserai de la confiance de qui que ce soit. Je suis contente d'être tombée sur une personne telle que toi,prête a se sacrifier pour les autres. Je n'oublierai jamais ces quelques jours passés avec toi. Je prie pour que tu sortes rapidement de cette prison'. Moi,de mon côté, je ferai tout pour que tu reçoives un accueil digne de ce nom quand tu sortiras,alors tiens bon pour moi,pour moi..et pour ta fille,la petite Ikima.

A l'entente du nom de sa fille elle vit Sarah détourner le regard. Mais elle ne fit pas rapide puisque Nadia avait vu ses yeux qui brillaient comme si elle se retenait de couler des larmes.

- Je ne t'oublierai pas crois moi. Je t'attendrai aussi. Pour toi,pour ma mère,pour ma famille je deviendrai quelqu'un de meilleur. Je te le promets.

Sur ces mots elle prit ses quelques affaires et se précipita a l'extérieur.

Elle ne pouvait attendre une minute de plus de peur de craquer et d'éclater en sanglot. Sarah lui avait déjà interdit de pleurer de la sorte. Elle lui avait dit que dans la vie, il fallait pleurer utile.

- Ehh Nadia

Elle respira un grand coup puis se retourna vers la porte de sa cellule où se tenait Sarah.

- A bientôt dit-elle avec un coup de tête

Elle sourit puis répondit a son tour

- A bientôt. Ce n'est pas un adieu ce n'est qu'un au-revoir cria-t-elle sans même savoir pourquoi

Elle n'avait aucune raison de crier certes mais c'était comme un cri libérateur, comme si elle se libérait d'un grand poids qui était sur son cou.

Après un dernier coup de tête,elle se retira effectivement.

Arrivé a l'accueil elle reprit ses affaires dont son téléphone et se changea rapidement.

Elle regarda aux alentours pour chercher Sofia mais elle ne la vit pas. A la place elle tomba sur le regard méprisant d'Alvares la gardienne la plus raciste.

Elle la regarda longuement,lui sourit et lui envoya un doigt d'honneur.

Sans perdre un moment,elle sortit de la prison.

Elle n'eut même pas le temps de respirer qu'elle tomba sur Éric qui l'attendait adossé contre la voiture.

Quand elle le vit,elle perdit tous ses moyens. Elle ne voulait pas être confrontée a son regard et a son jugement. Elle n'avait pas du tout la tête a ça.

Cependant quand il la vit, loin de la toiser et de lui lancer un regard méprisant, il eut un énorme sourire.

Il marcha rapidement vers Nadia et arrivé a son niveau, il eut pour elle un geste qui la surprenait mais qui ravivait son coeur. Il la prit dans ses bras.

Ce contact l'électrisa et elle ri aux éclats.

Elle ne connaissait pas la cause de son hilarité mais c'était plaisant de rire comme ça.

Au bout d'un moment,elle se détacha d'Eric qui la regardait comme s'il l'analysait.

- Nadia ! Tu vas bien ?

- Cest pas la grande forme mais je ne me plains pas t'as vu.

- Je suis heureux de te revoir. Vas-y viens,je vais t'amener manger un peu.

- Ehh je dis que,c'est la seule chose qui pouvait me faire plaisir a l'heure la. Comment je mourais déjà de faim. J'allais même tomber ici tu n'allais rien comprendre.

- Décidément rétorqua-t-il en riant

Elle le suivit puis il lui ouvrit la porte. Elle s'installa sans rechigner et le regarda faire le tour de la voiture.

Heureusement qu'elle s'était liée d'amitié avec quelqu'un comme Éric. C'était un homme absolument incroyable.

- C'est bon de te voir en tout cas dit-il en mettant le contact

- Moi aussi je suis heureuse de te voir. Je ne m'attendais pas du tout a ça. C'est une sacré surprise dis donc. En tout cas merci beaucoup vraiment je t'en serai reconnaissante

- Mais non t'inquiète tu es comme ma petite soeur maintenant non ?

- Oui oui c'est ça répondit-elle avec un grand sourire

Entre eux il n'y avait vraiment aucune ambiguïté. Il avait déjà sa petite femme et un garçon de trois ans.

- Alors c'est rien ça. Dis toi bien que tu pourras toujours compter sur moi et bien sûr quand j'aurai besoin de toi,je viendrai taper a ta porte.

En parlant de porte,elle espérait que la clé de son nouvel appartement était encore dans son Jean parce que c'était là où elle l'avais mis en sortant de chez les Ibrahim y'a de cela quelques semaines.

Elle toucha la poche arrière de son jean et découvrit que c'était bien la.

- Tiens c'est la dit-il en la faisant sortir

Elle voulu le suivre mais elle vit qu'il n'avançait pas. Alors elle se retourna vers lui avec un sourcil froncé alors que lui avait un grand sourire.

- Quoi Éric ? demanda-t-elle en souriant a son tour

- Tu n'as pas quelque chose a me dire par hasard ?

Que pouvait-elle bien lui dire ? Peut-être qu'il s'attendait a un merci mais elle n'était pas ingrate ! Bien sûr qu'elle allait le remercier !

- Pardon Éric mais je te promets que je suis reconnaissante de tout ce que tu fais. Je te remercie pour tout wallah tu ne..

- Hop hop une minute pourquoi tu me remercies d'un coup la ? Je t'ai dit c'est la famille alors arrête moi ça. J'attends toujours ce que tu as oublié de me dire

- Mais je n'en ai aucune idée Éric voyons.

Ce n'est pas qu'elle commençait a s'impatienter c'est juste qu'elle avait de plus en plus faim. Elle ne se nourrissait pas convenablement en prison.

- Tu n'as pas oublié de me dire qu'aujourd'hui c'était ton anniversaire ma chère ?

- Orhh toi inh,donc c'est de ça tu parlais et tu me sortais les énigmes et tout la. Je n'avais pas jugé important de le dire et en plus j'avoue que j'avais complètement oublié. Cette date ne me dit rien.

- Mais voyons ! Pourquoi tant de désintérêt ? Tu sais quoi on va rentrer et tu vas m'expliquer ça devant un bon plat fumant d'accord ?

- D'accord, déjà que je mourrais de faim

- T'inquiète pas j'ai entendu ton ventre gargouiller dit-il avec humour

- Oh le menteur répondu elle en riant

Ensemble ils rentrèrent dans l'établissement.

C'était un joli endroit, bien cosi, assez familial dans l'ensemble.

Ils s'installèrent a une table et quasi aussitôt après,un serveur vint prendre leur commandes.

Ils choisirent au hasard et celui-ci se retira en leur souhaitant un bon moment.

- Alors Nadia dis-moi tout.

Elle n'aimait pas particulièrement se remémorer cet moment sombre de sa vie mais aujourd'hui, cinq années jour pour jour, elle sentit le besoin de se confier.

- Tu sais quand j'étais petite j'étais plutôt du genre tête en l'air,je prenais des decisons sans réfléchir et ça n'a pas changé aujourd'hui d'ailleurs. Mais le hic c'est que dans le temps j'avais une mère aimante qui était là a me conseiller, a me mettre sur le droit chemin mais j'étais vraiment entêtée. Y'a cinq ans jour pour jour, j'ai fais le mur pour aller rejoindre mon..mon..ex petit copain,malgré que j'avais reçu l'interdiction formelle de ma mère. Je n'en avais fait qu'a ma tête et je suis sortie derrière son dos. Oh mon ami pensait que ma famille était au courant de notre escapade alors que pas du tout. Bref,nous sommes arrivés chez lui,il y avait une fête qui se tenait la. Il était du genre a ne pas supporter l'alcool mais cette nuit la,il avait bu comme un trou et avait fini par abusé de moi. Le jour de mes 18ans !

Elle se tut et lança un regard a Éric. Elle vit dans ses yeux un mélange d'émotion mais il n'avait pas l'intention de prendre la parole. Comme s'il savait que ce n'était pas tout, qu'elle ne lui avait pas tout dit.

Il n'était pas insistant,il lui laissait le choix de continuer ou pas.

Après un bref soupir elle prit la parole.

- Ma mama m'attendait de pied ferme a la maison',elle a su que j'étais sortie. Quand je suis rentrée je lui ai dit pour ma mésaventure et elle m'a soutenu tout au long. Quelques mois plus tard,j'ai appris que j'étais enceinte. C'était comme si le ciel m'était tombé sur la tête. Cette nouvelle a détruit le foyer de ma mère et ces 30ans de mariage. Mon père,poussé par ses soeurs, m'ont jeté ma mère et moi dehors sans aucune autre forme de procès. Depuis,je déteste fêter ce jour. Ça me rappelle qu'a cause de moi, un mariage,en l'occurrence celui de ma mère avait été réduit en poussière. De plus, s'il n'y avait pas eu ce bébé qui était en route j'allais devenir folle. Sans mon petit chéri, je ne serai rien a l'heure actuelle. Rien qu'une coquille vide.

- Nadia écoute je ne vais pas te juger je pense que durant toutes ces années,tu as assez entendu de jugement. Je ne suis pas du genre a caresser dans le sens du poil. Tu as tort, vraiment tu as eu tort de désobéir a ta mama et de vouloir agir coûte que coûte comme une grande fille. Mais aujourd'hui tu l'as appris a tes dépends. Je peux juste dire que ce qui est fait est fait et dans certains cas,ne peut plus être défait. Et ne te sens pas responsable de ce qui est arrivé a tes parents, la personne a le plus blâmé ici c'est ton père. Si toutes les familles devaient se disloquer parce que l'un des enfants a amené une grossesse hors mariage, la majorité des foyers aller être détruit depuis tu le conviens avec moi n'est-ce pas ?

- Oui en effet,chez moi au Bénin dans nous notre culture la,il n'est pas rare de voir des femmes se marier a un jeune âge, après tu apprends que c'est parce qu'elle est tombée enceinte que ses parents ont voulu vite la marier. Ou d'autres qui accouchent et font le mariage après. Sur dix mariages des jeunes de mon pays,huit sont des cas comme ça je te jure.

- Voilà. Est-ce que tous ses gens la leur père les a foutu dehors ? Je ne pense pas. Si ton père après 30ans de mariage n'a eu aucune scrupule a mettre sa femme dehors, eh bien excuse moi mais il devrait se revoir. Il...

Il se tut et regarda derrière elle et aussitôt elle vit un sourire se dessiner sur ses 'lèvres. Elle voulu se retourner pour voir ce qui le faisait sourire mais il l'en empêcha en prenant ses mains.

- Maintenant parle moi de ton fils, j'ai cru comprendre que tu l'aimais énormément

- C'est peu de dire mon frère. Je l'aime tellement que j'ai presque peur de cet amour la. Éric je t'ai dit que sans lui j'aurais flanché alors imagine un peu comment je l'aime cet enfant. Il est tellement mignon,doux avec tout le monde. Ce n'est pas parce que c'est mon fils que je te dis ça mais je t'assure que c'est le petit garçon que tout le monde rêverait d'avoir. Il fait mon bonheur même de loin, rien qu'a l'idée de savoir que je le reverrai bientôt je suis contente.

- Eh bien dommage qu'il ne soit pas encore en mesure de comprendre ses phrases la. Il aurait été ravi de savoir comment tu lui voues un amour inconditionnel. Inh Samir ?

Elle se retourna lentement s'attendant a une farce de la part d'Éric.

Mais en se retournant elle ne s'attendait certainement pas a voir la compagne d'Éric, tenir Samir dans ses bras un doigt posé sur ses lèvres comme pour l'empêcher de parler.

- Samir ! s'écria-t-elle dans tout le restaurant

Le petit ayant reconnu sa mère gigota dans les sens pour descendre et aller vers sa mama.

La compagne d'Éric le posa a terre et Nadia eut a peine le temps de sortir de table qu'il fonçait déjà vers elle.

Elle le récupéra au même moment où deux larmes roulèrent sur ses joues.