BARBARA

Write by queen of africa


Assise  à même le sol, un magazine et une feuille blanche sur les genoux, elle écrivait, les cheveux en bataille, les yeux rougis et bouffis par les pleurs et la longue nuit d’insomnie qu’elle vient de passer. Autour de Barbara, règne un désordre révélateur de  l’état d’esprit dans lequel elle se trouve. Elle a décidé d’écrire une longue missive à la future épouse de celui qui vient de lui briser le cœur et tous ses rêves par de simples mots écrits noirs sur blanc.

Comment une simple lettre, de simples phrases pouvaient-elles anéantir en quelques secondes toute une vie, toute une histoire ? Barbara n’arrivait toujours  pas à y croire. Pourtant c’était bien réel, Florent venait de sortir de sa vie à jamais. Le regard perdu, les yeux fixés sur la feuille blanche, elle écrivait d’une main rapide, déversant le flot de ses émotions sur ce bout de papier. Elle espérait se libérer de l’étau qui serrait son cœur  depuis l’instant  où elle avait ouvert la lettre.

« Je te connais mais toi pas. Tu ignores tout de moi et surtout l’essentiel. J’aurai voulu que jamais tu n’existes ici, mais plutôt dans un autre  monde et je maudis le jour où vous vous êtes rencontrés, c’était bien avant  moi. je vous ai accordé 7 années d’amour sans nuages, de bonheur et de fidélité avant de surgir dans sa vie. Nous nous sommes rencontrés à un concert de gadji celi au plais de la culture ou nous avions des places voisines. Je t’avoue que j’ai tout de suite flashé sur lui au premier regard. Apparemment, lui non plus n’avait pas été insensible  à mon charme vu qu’après le  bonsoir charmeur qu’il m’a adressé avec son  plus beau sourire, il s’est arrangé pour ne pas me lâcher d’une semelle durant le concert. Je t’avoue que quand nous avons commencé à nous fréquenter je ne souhaitais  avoir avec lui qu’une amourette sans lendemain comme j’en avais l’habitude. Mais Florent avait quelque chose de spéciale qui m’avait fait m’attacher à lui en un rien de temps, toujours prévenant, attentionné, câlin bref plein d’autres qualités que  tu dois certainement connaitre et qui t’ont fait craquer pour lui bien avant moi.

Hélas oui le charme de Florent et son attirance légendaire continu de faire des victimes et j’en suis malheureusement une. mes sentiments pour lui se sont mis à grandir sans que je ne puisse rien y faire, je savais que tu existais, et te savoir près de lui certaines nuits alors que je restais seule dans mon grand lit froid me rendaient folle de chagrin.je me promettais à moi-même de mettre un terme à notre relation dès le lendemain, mais au lieu de cela je l’appelais  à la première heure pour juste l’entendre tant il me manquait.je prenais un plaisir fou à appeler chez vous surtout lorsque je savais que vous y étiez tous les deux, tu décrochais de la belle petite voix de femme au foyer et moi j’éclatais de rire avant de te raccrocher au nez.je le sais vu que tu racontais tout cela a Florent qui m’en faisait fidèlement le compte rendu et me suppliait d’arrêter ce petit jeu  stupide et malsain .mais je ne pouvais pas , j’y prenais tellement de plaisir car je savais que cela te mettrait forcément la puce à l’oreille sur la vie extérieure de Florent.

Je savais que  tu avais une place important dans sa vie, ainsi que vos 2 enfants. En parlant d’enfant, j’aurai voulu lui en donner un, avoir un mélange de lui et de moi, une preuve vivante de notre amour , mais malgré tous mes efforts je n’arrivais pas à contracter une grossesse. Je me contentais  donc de vous voler à toi et à tes enfants de petits moments de pur bonheur ou je l’avais rien que pour moi .il était pour moi comme une source d’eau  à laquelle je m’abreuvais après une longue traversée du désert. il devenait  indispensable au fil du temps  de l’avoir près de  moi à tout moment. Nous étions fous l’un de l’autre, il ne me refusait rien, mais sa famille était notre sujet de discorde favori, car il vous aimait au même titre que moi et j’en étais jalouse, je voulais être sa favorite, la seule, la reine de son cœur.

A la naissance de votre 2e enfant, je me suis arrangée pour  qu’i ne soit pas  à tes cotés. Je l’ai piégée et nous avons passé la nuit ensemble .je l’ai enfermé dans notre chambre et j’ai soigneusement caché la clé. Le pauvre il a beau tempêter, crier, menacer de rompre, je n’ai pas céder.il était furieux, mais voyant que je n’allais pas céder. Il a dû faire mauvaise fortune bon cœur et passer la nuit avec moi. Nous avons passé une nuit folle dont je t’épargne volontiers les détails. Au petit matin, pour se faire pardonner, de toi pour ne pas avoir été à tes côtés pendant ton accouchement et de  moi de devoir m’abandonner pour te rejoindre, il à décider de nous faire un cadeau à toutes les deux. Eh oui, ce magnifique collier en or- que selon lui tu avais adoré- c’est moi qui l’ai choisie pour toi. J’en ai un semblable mais le mien est assorti d’un bracelet et serti d’un petit diamant. J’étais celle qu’on abandonnait ce jour-là, j’espère que tu comprends.

Les diners d’affaires, les réunions interminables, le week-end en mission nous étions ensemble, et là je me voyais  partager ma vie avec lui, tout était tellement beau. Souvent lors de nos week-ends en amoureux j’étais dans ses bras lorsque tu l’appelais et tu nous dérangeais vraiment parce que après chacun de tes appels, il prenait  un air   que je n’aimais pas, celle du compagnon triste  qui regrette de faire des coups bas à  sa compagne.je m’empressais de lui faire oublier tout cela par mes caresses et mes baisers qui ne le laissaient pas de marbre. Depuis quelques jours, il n’était plus  le même, et je sentais que  quelque chose le tracassait. Il me l’avoua une fois que nous étions  chez moi, allongés dans les bras l’un de l’autre .il me racontât que tu avais  trouvé un billet doux que j’avais  écrit et sciemment glisser dans l’une de ses poches. J’en avais eu marre de rester dans l’ombre, et je voulais te faire savoir que j’existais. D’après ce qu’il m’a raconté ce soir-là, tu n’avais rien fait à part lui poser quelques questions mais  il  se sentait vraiment mal. Ce n’était pas ce’ que j’avais espéré comme réaction de ta part, mais apparemment, tu n’étais pas très bagarreuse. Mon but était qu’en voyant ce petit mot qui était d’ailleurs assez explicite, tu lui fasses une scène avec des cris et des injures à un tel point qu’il vienne se réfugier chez moi .je l’aurais accueilli avec joie ce soir-là, mais tu as tout foutu en l’air avec ton calme et ta compréhension légendaire de femme au foyer

Une autre fois, j’ai appelé à votre domicile ,j’avais la ferme  intention de te demander de nous rejoindre dans un hôtel de la place où nous nous trouvions Florent et moi.je t’aurais même indiqué la numéro de notre chambre afin que tu viennes nous surprendre et qu’on en finisse  une fois pour toutes mais j’ignore pourquoi j’ai raccroché dès que j’ai entendu ta voix , et jusqu’aujourd’hui je me demande pourquoi je ne suis pas aller au bout de ce que je voulais faire ?je m’en mords les doigts car si j’avais  mis mon projet à exécution je serais surement celle qu’on  conduirait très bientôt  devant  le maire.

Une autre fois, nous devions passer le week-end ensemble, mais il m’a fait faux bond  à la dernière minute sous prétexte que tu étais malade et qu’il devait rester  à ton chevet. J’ai compris alors qu’il tenait énormément à toi, et quand on s’est croisé après cela, je lui ai fait une telle scène que l’on a failli en venir aux mains. je ne l’ai pas reconnu ce jour-là, il était très en colère.il a parlé de  choisir entre toi et moi .je suis tombé des nues car c’était la première fois qu’il parlait de faire un choix, parce que d’habitude il n’y avait pas de choix à faire c’était moi son amour, sa femme, celle qu’il aimait et aucune d’autres. J’ai pleuré toute la nuit rien qu’en pensant à cela.

Après cela, les choses se sont mis à se dégradés  entre nous. Je lui faisais de plus en plus de crises de jalousie, je n’avais  plus confiance en moi, en mon pouvoir sur lui. Je n’arrivais plus à me contrôler et je sentais qu’il se détachait de moi petit à petit .ce que j’ignorais c’est qu’il avait décidé de se ranger et de faire un choix définitif entre nous deux.

Aujourd’hui la seule réponse que j’ai à toutes ces questions que je me pose maintenant, la seule explication que j’ai pour comprendre pourquoi il a décidé  de me quitter, de te choisir toi, c’est ce silence troublant qui fait si mal. Après la lettre de notre rupture que j’ai trouvée glissé sous ma porte il y a deux jours, il n’a pas fait signe de vie. Pas d’appel, ni de message, rien .je tente de le joindre sans succès. Heureusement que souffrir ce n’est pas mourir, sinon je serais déjà six pieds sous terre. Maigre consolation pour moi tout de même, car sans lui c’est comme si j’étais morte. Tu me penseras surement hypocrite et fausse de te dire cela mais je vous souhaite sincèrement  d’être heureux. J’aime ton futur mari à la folie, et s’il est heureux avec toi, alors je le serais aussi d’une certaine façon. Je sais que tu détiens la clé de son bonheur, et que  tu lui as ouvert les portes pour qu’il sorte de ma vie. Rends le heureux, et fais en sorte qu’il ne regrette jamais son choix. Je suis folle de t’écrire tout cela mais je le fais pour que tu saches que ton bonheur à détruit une vie,  la mienne.»

Le stylo qu’elle essaie tant bien que mal de tenir  pour signer sa lettre, lui échappe des mains, et roule à quelques mètres d’elle…

LETTRE A UNE RIVALE....