Blessures
Write by Aura
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Les jours qui ont suivi la visite de Vincent, j’ai eu droit à un silence total de sa part. Moi qui croyais que je lui plaisais, j’ai fini par me sentir un peu lésée. Je n’ai aucune envie de me jeter dans une relation de couple à présent, mais faire une entorse à la règle ne me ferait aucun mal. Je suis une femme et j’ai besoin de savoir que mon charme a encore de l’effet ou encore que je ne suis pas une statue de pierre. Cela flatterait un peu mon ego. Mais loin de là, ce cher Vincent n’a rien tenté : aucun message, aucune carte, aucune fleur, en tout cas rien de ce qui peut éveiller de la passion ou même du désir. Il n’y avait que ce mot et cette enveloppe d’argent qu’il m’a laissé. J’ai fini par tirer la conclusion selon laquelle ce cher monsieur préférait se tenir à carreaux pour éviter de me brusquer. Alors j’ai décidé de me concentrer sur l’essentiel c’est-à-dire mon séjour ici. En parlant de séjour, je suis restée complètement cloitrée à l’hôtel. Je me goinfre d’un peu de tout et je ne sors pratiquement pas au risque d’être exposée à un quelconque danger d’origine inconnue. Je préférais diminuer mon nombre de visites qui ne se résumaient qu’à me rendre chez Safiya. Mais là encore, mes tentatives étaient vaines, puisqu’on m’avait refusé l’accès. Malgré tout ce que j’avais pu dire, les policiers étaient restés sur leur décision : je ne pouvais la voir. J’ai tenté à maintes reprises d’intervenir, mais échouant chaque fois un refus de leur part, j’ai fini par me lasser et laisser tomber. Avant de lâcher prise, j’ai quand même insisté qu’ils remettent mes coordonnées téléphoniques à Safiya pour qu’elle me contacte au sortir de ce trou. Mes activités se résumaient donc à manger, visionner, dormir et surtout chater. Je prenais la peine entre temps de consulter constamment mon téléphone pour ne pas rater un quelconque appel de sa part. Malheureusement aucun appel n’est arrivé entre-temps jusqu’à ce qu’un soir tard dans la nuit, je reçoive un appel d’un numéro inconnu. Tirée du sommeil, j’ai tout de suite paniqué pour prendre le téléphone avant de décrocher finalement à la cinquième sonnerie. La voix masculine qui s’élevait au bout du fil était froide, ferme, tranchante et autoritaire au point d’être vraiment terrifiée. Le monsieur me demandait de me rendre à la prison de l’hôtel pour retirer mon « colis ». Il m’avait souligné que je devais y entre dans la prochaine heure sans retard avant de me raccrocher au nez. Je suis restée choquée et je ne savais comment réagir à cette situation. C’est là que me vint l’idée de contacter Vincent. A cette heure-ci il était sûrement endormi et c’était dommage de déranger son sommeil et de le mêler à tout ceci. Mais je n’avais pas d’autre choix que de m’adresser à lui. Je lançai l’appel et contrairement à ce que je pensais, il était éveillé. Il était surpris que je l’appelle et à l’écoute de ma voix enrouée et cassée, il a compris que j’avais besoin de son aide. Je n’avais pas eu à lui poser le problème qu’il m’avait déjà répondu par un « J’arrive dans 20 minutes. Ne perds pas patience ». Après cet appel, je suis sortie de cette terreur, j’ai remis de l’ordre dans mes idées pour me concentrer sur la situation actuelle en allant me débarbouiller. J’ai fini par enfiler une tenue de circonstance avant de l’attendre. Quelques instants plus tard, j’ai été informée par la réceptionniste de son arrivée. Je suis descendue plus tard pour le joindre. Ce n’est qu’en montant à bord de sa voiture que je lui ai expliqué la situation en long et en large.
En arrivant sur place tous les deux, j’ai juste couru vers l’entrée de la prison. Là je me suis renseignée de la situation. On a fini par ramener Safiya. Elle était toute pâle, amaigrie, couverte de bleus aux mains, le visage tuméfié et des menottes aux poignets. Elle n’avait rien à voir avec la fille que j’avais rencontré deux semaines auparavant et c’était compréhensible. Elle avait vécu de durs moments dans cette prison et nul besoin d’être psychologue pour le deviner. Dès qu’elle m’aperçut, elle esquissait un sourire et moi je n’ai pas su me retenir que je me suis jeté dans ses bras et j’ai pleuré à chaudes larmes. C’était tellement désolant de la voir dans cet état et je haïssais tout comme je maudissais tous ceux qui lui avaient fait subir ce genre de traitement. Nous y sommes restés quelques temps afin de signer tous les papiers administratifs avant de quitter finalement les lieux.
Sur le chemin du retour, j’ai pris place avec elle du côté passager du véhicule pour être près d’elle. Vincent, lui n’avait soufflé aucun mot. Il se contentait d’observer la scène plutôt que de dire quelque chose. J’étais sûre et certaine qu’il le faisait juste parce qu’il ne savait pas trop comment réagir et tout lui tombait dessus comme moi. Nous nous sommes rendus à l’hôpital pour vérifier si Safiya n’encourait aucun danger. Dès notre arrivée, elle fut prise en charge. Elle était complètement déshydratée. On la mit sur perfusion jusqu’à cinq heures du matin. Pendant ce temps, Vincent était resté veiller sur elle avec moi. A 5heures du matin, nous avons supplié le médecin pour qu’elle rentre avec nous. Cela nous a valu une décharge rédigée. On lui prescrit quelques produits et on exigeait qu’elle repasse le lendemain pour récupérer les résultats des différents examens. Finalement, Vincent nous a ramené à l’hôtel, déposé jusque dans la chambre que nous devrions occuper, et s’est rassuré que nous n’avions plus rien à craindre. Il devait piquer une somme d’après ce qu’il me disait pour ne pas avoir une gueule de bois au boulot. Je le remerciai encore pour son aide avant de le laisser rentrer chez lui.
En retournant dans la chambre, j’ai fait couler un bain chaud à Safiya et passer la commande du petit-déjeuner afin qu’elle reprenne des forces. Malheureusement, elle était trop affaiblie. La preuve en est qu’elle s’est jeté sur le lit juste après s’être lavée. Pauvre fille !!! Elle a dormi pendant longtemps. A son réveil, elle a fini par dévorer ce qui était mangeable avant de me regarder en face et me lancer :
- Assieds-toi Arielle. Je vais te raconter l’histoire de ma vie. Crois-moi, elle est bien longue et triste.
- Je suis toute ouie…..
- D’accord ! Alors, les choses ont commencé…..