Cauchemars (2)
Write by Saria
***Selma***
Moi (désespérée) : Tim crois-moi… Ce n’est pas lui ! Il est comme en transe, il se tient la tête et crie. Je crois que c’est la douleur qui le rend violent. Il voulait partir et je l’ai retenu…
Tim : Pardon ?!
Moi : Il est amnésique ! Il n’a nulle part où aller ! S’il veut prendre un logement on lui demandera des documents qu’il n’a pas. Il est hors de question que je le laisse dans la rue… Quoi qu’il m’en coûte.
Tim : Ok… On se calme… C’est la première fois que je te vois comme ça !
***Plus tard en soirée***
Je rentre esquintée, mon premier réflexe est de passer à la cuisine me laver les mains et prendre une bouteille d’eau fraîche. J’avale de grandes rasades quand j’entends juste derrière moi :
Kader : J’ai une fille qui s’appelle Chérifa
Moi (recrachant) : Pfrrrrr !
Je suis prise d’une quinte de toux qui manque de m’étouffer. J’essaye de respirer tant bien que mal. Kader est adossé à l’évier. Son visage est aussi imperturbable que s’il me parlait du temps qu’il faisait. Un lourd silence s’ensuit comme pour mesurer chacun de notre côté les propos qui viennent de sortir de sa bouche.
- Tu as recouvré la mémoire ?
Kader : Non… J’ai énormément dormi aujourd’hui et à mon réveil cela s’est imposé à moi. Une certitude mais après c’est le flou total. J’ai beau chercher mais rien, ni visage, ni souvenirs… C’est… C’est douloureux et… Frustrant.
Je m’avance vers lui pour le serrer fort contre moi.
- (murmurant comme pour lui-même) Qu’ai-je bien pu faire au ciel pour qu’il me punisse ainsi ?
Moi : Rien mon cœur… Tu es quelqu’un de bien, je le sais et je le sens dans les tréfonds de mon âme.
On reste comme ça un moment. Avant que d’un ton faussement gai, je décrète qu’on mange dehors ce soir.
Kader : Non, je n’ai pas la tête à ça !
Moi (têtue) : Si si on va aller manger des grillades, puis on ira écouter de la musique au « Yes Papa » !
Kader : Sel…
Moi : Non non non, on obéit au général Pépin Trois Pommes point à la ligne !
Je ne sais pas si c’est ma fausse mine sévère ou ma posture, il éclate de rire. On se retrouve à rigoler comme des gamins. C’était bon et libérateur. Il passe ses doigts dans mes cheveux, puis de son pouce me caresse les lèvres, avec beaucoup de tendresse.
Kader (murmurant un peu comme pour lui-même) : Que ferai-je sans toi ?
***Plus Tard au Yes Papa***
On s’éclate comme des fous : ce soir les Wood Sound se produisent ; en plus ce sont des potes à moi. Je me trémousse. Kader lui, est fasciné par tout ce que les gars font grâce au bois, les percussions. A voir son visage on sent bien qu’il passe une belle soirée.
A un moment, je suis prise d’une envie d’aller aux toilettes et je demande à mon chéri de m’y accompagner. Ah pardon ! Lors des manifestations qui drainent les foules comme ça, j’ai toujours peur d’aller au petit coin seule. Je me dis qu’un drame est vite arrivé. Bref, il me tient par la taille et on avance. Lorsque nous revenons, d’autres personnes ont pris nos places.
Surprise désagréable : Phil et sa bande de tarés auxquels je n’ai jamais pu m’intégrer. Il y avait lui, Elisée son pote, Marie-Lou la maîtresse de ce dernier et une autre personne que je n’ai encore jamais vue. Probablement, une nouvelle recrue. Avant que je n’aie le temps d’ouvrir la bouche, il attaque.
Phil : Ah tu as décidé de faire sortir Musclor ?!
Moi : Bonsoir Phil, ta bande et toi êtes installés à notre place ! Tu as bien vu les consommations à peine entamées non ?
Phil : Non ! Je n’ai rien trouvé et puis… Tu as mis un titre foncier là ?! Tu ne nous présentes pas !
Moi (bouillant de colère) : T’es…
Je sens la pression de la main de Kader. Il ne veut pas de scènes mais c’est mal connaître Phil quand il a bu et qu’il est lancé.
Phil : Oui ? Tu veux dire quoi ?
Moi : Tu es juste pitoyable ! Un pauvre type !
Phil : Oui c’est ça, un pauvre type que tu viens supplier à genoux de te reprendre ! Espèce de vieille fille aigrie !
Là, c’en était trop, je prends la première bouteille qui me tombe sous la main et je lui renverse l’intégralité du contenu sur la tête. J’étais la première à être choquée, il lève la main probablement pour me frapper… Rapide, Kader le bloque, lui broie les doigts l’obligeant à se rasseoir… une bordée de jurons à la bouche.
Corniaud va ! Tu n’as pas dit j’ai fait sortir Musclor ? Voilà il t’a vendu ça ! Tchiip, il fallait vraiment qu’on tombe sur lui quoi !
Le chemin du retour se fait en silence, je suis mal à l’aise, mortifiée : un, j’ai fait une scène dans un lieu public, ce dont Kader a horreur ; deux, entendre Phil dire ces horreurs sur moi devant tout le monde… Oui je le suppliais souvent et à genoux pour qu’il me pardonne une faute qu’il avait commise lui. Lorsque nous arrivons à la maison, je descends rapidement ouvrir le portail.
***Kader***
Selma est muette depuis que nous sommes revenus. C’est vrai que je n’ai pas reconnu la furie de ce soir au « Yes Papa ». Mais je crois qu’il y a autre chose. Je la rejoins dans la douche, elle se prépare pour la nuit. Je me mets juste derrière elle et quand nos regards se croisent dans la glace, elle détourne le sien… En tout cas, pas assez vite pour que j’y lise… de la honte !
Moi : Bébé ?
Je pose mes mains sur sa taille. Elle se dérobe et murmure d’une voix à peine audible :
Selma : Pas ce soir s’il te plaît… Je suis fatiguée.
Moi : Ça ne compte pas !
Selma : Pardon ?
Elle ouvre ses grands yeux sur moi ; des larmes perlent mais elle fait un effort pour ne pas s’effondrer.
Je l’attire à moi et lui caresse la nuque.
Moi (chuchotant à son oreille) : C’est un sombre idiot qui ne te méritait pas, Selma. Un homme, un vrai ne déballe pas ce genre d’information… Donc ça ne compte pas.
Selma (pleurant en silence) : C’est vrai ?!
Moi : Oui
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